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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (10/02/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Démocratie et Citoyenneté

Démocratie participative et décentralisation

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Tout d'abord, soulignons que la démocratie ne peut que s'appuyer sur la participation des citoyens. Et si ce terme de « démocratie participative » devient à la mode, c'est que l'essence de la démocratie a été perdue. Nous faisons souvent référence dans les Cafés aux facteurs responsables de l'essoufflement de l'esprit démocratique. Et il est vrai que les partis politiques perdent de leur légitimité et que nos dirigeants semblent incapables de proposer un projet de société. Mais la population est loin d'être citoyenne. L'abstention, et plus généralement l'indifférence à l'égard de la vie publique, fuient l'idéal démocratique. La «démocratie participative » suggère donc de redonner aux citoyens les clefs d'un nouvel élan démocratique.

La démocratie est un régime politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple. Cela signifie d'une part l'existence d'un entendement général et l'émergence de l'intérêt général, et, d'autre part, le jaillissement d'une volonté commune. C'est en effet le peuple qui décide dans quelle direction doit aller la société. Le peuple participe en démocratie au plus haut niveau de la politique, le niveau stratégique. Mais comment peut s'exprimer cet entendement général ? Se retrouver en petits groupes pour traiter des maux de notre société est déjà un premier pas vers l'établissement de l'entendement. Mettre en commun nos réflexions, rester à l'écoute des arguments d'autrui, réussir à exprimer en public sa vision des choses, proposer des solutions aux problèmes étudiés, voilà qui revitalise la démocratie. « Pour être citoyen, pour prendre part aux décisions, il faut oublier cette fausse idée que la politique est un métier ». Les représentants consacrent certes plus de temps aux affaires publiques. Mais cet engagement civique n'est aucunement plus important que ceux des citoyens eux-mêmes. Les élus sont « les serviteurs du peuple ». Contrariés par les promesses électorales sans suite, par les pseudo débats sans fond, certains intervenants s'interrogent sur le moyen que possèdent les citoyens de contrôler leurs élus. Il fut proposé de créer un conseil de citoyens, tirés au hasard dans la population, assistant le conseil municipal.

D'un point de vue spatial, comment pourrait s'organiser cette participation de l'ensemble des citoyens ? Le débat remis en cause le système centralisateur né au début du dix-neuvième siècle et encore aujourd'hui en vigueur. Un intervenant rappelle néanmoins que la centralisation jacobine était une exigence de la période révolutionnaire. « Le gouvernement devait être assez puissant pour repousser toutes les armées monarchiques qui guettaient aux frontières ». Le modèle girondin, quant à lui, envisageait une décentralisation. Dans ce système, les départements possédaient une totale autonomie en ce qui concerne les affaires intrinsèques. L'État s'occupait de la politique national et des liaisons entre les départements.

Cette décentralisation supposait l'élection de représentants départementaux. Dans la salle, un citoyen propose alors qu'en suivant ce modèle nous puissions élire directement le préfet. La démocratie participative, alliée à une politique de décentralisation, aurait le mérite de rapprocher les décisions des citoyens.

Le référendum est aussi un outil démocratique. En Suisse, rappelle un intervenant, il est largement utilisé. Il a le mérite de ne pas suivre le calendrier électoral. Les citoyens peuvent par le biais du référendum s'exprimer sur une importante décision qui survient en plein milieu d'un mandat. Les représentants restent ainsi à l'écoute de la population. Mais « l'outil référendaire n'est-il pas qu'applicable à petite échelle ? » questionne un citoyen.

Quelles sont les limites de la démocratie participative ? Pour certains, la France ne pourrait supporter dans sa globalité une telle démarche. La démocratie participative ne pourrait qu'être appliquée au niveau local. Cette réflexion est appuyée par le fait que chaque localité possède ses propres spécificités, ne serait-ce que climatiques. « Une bonne idée à Marseille pourrait ne pas convenir à Lille ». Mais la France pourrait très bien se construire par intégration de ces démocraties participatives à plus petite échelle. Certaines interventions firent référence à Porto Alegre. Par ailleurs, on nota que la démocratie n'existe pas dans les entreprises.

Le débat fit un bref rappel sur la distinction entre la politique et la gestion. La politique suppose une dimension temporelle. Il s'agit de transporter la société d'un point à un autre. On parle de vision politique. La gestion est du ressort de l'administration. Elle met concrètement en application une politique décidée.

Il y a de multiples formes de démocratie. La démocratie représentative en est une. De multiples outils sont au service de la démocratie, le référendum, le vote, les cahiers de doléances, etc. Toujours est-il que la souveraineté du peuple en est le cœur. Et s'il paraît important à notre époque de renforcer la démocratie avec l'adjectif participative, c'est que nous nous rendons compte que la démocratie ne peut rester vivante sans la participation de l'ensemble des citoyens.

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