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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (21/11/2002)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Faut-il s'inquiéter du devenir de la famille ?

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Selon le sens étymologique, « familia » désigne la famille composée du père , de la mère et des enfants. Dans les faits cette cellule nucléaire a subi depuis quelques décennies des métamorphoses : le modèle de la famille traditionnelle s’est élargi aux familles monoparentales, recomposées, homosexuelles… Comment définir aujourd’hui la famille et quel est son avenir ?

On peut distinguer la famille juridique de la famille affective : beaucoup de personnes décident de vivre ensemble sans se situer dans un cadre juridique réglementaire ( concubinage). Ce qui semble à la base de la notion familiale c’est le désir et le projet pour un couple qui s’aime de mettre au monde et (ou) d’élever un ou plusieurs enfants. En même temps l’état semble contraint d’adapter son système juridique à l’évolution des mœurs afin de tenir compte des aspirations des citoyens ( création du P.A.C.S.).

Comme toutes les institutions, la famille a évolué ces dernières années sous la pression d’un certain nombre de facteurs liés à la mutation de notre société : les contraintes économiques sans cesse grandissantes, ont entraîné une mobilité accrue des travailleurs et donc une fragilité de la cellule familiale ; les femmes se sont émancipées grâce au travail et ont pris leur indépendance intellectuelle et financière, ce qui fragilise les couples ; de plus la contraception a entraîné une libération des mœurs dissociant la procréation de la sexualité.

Les parents consacrent moins de temps à l’éducation ce qui fragilise les liens filiaux et les repères des enfants ; le troisième âge est relégué dans les maisons de retraite, faute de temps et de considération de la part de leur entourage.

La place prépondérante de l’enfant au sein de la famille induit une démission de certains parents qui ont tendance à se décharger sur l’école de leurs responsabilités éducatives. Tout ceci concourt petit à petit à dévaloriser le lien social et la solidarité entre les générations. La famille, entité collective, se détériore au profit d’une montée individualiste de chaque élément qui la compose. Créer une famille c’est s’engager et donner tout son sens au partage, mais est-ce encore une valeur d’actualité ?

Cette évolution induit des troubles psychologiques plus ou moins prononcés chez l’enfant, d’autant qu’ils s’ajoutent à la déstructuration ambiante de notre mode de vie.

Face à ce constat plutôt pessimiste, il nous faut pointer les aspects positifs de la situation actuelle. Il faut se garder d’idéaliser la famille d’autrefois, qui pouvait souvent être source de tension, d’égoïsme et de rancœur et qui ne perdurait, peut-être, que grâce à l’hypocrisie (secrets de familles). L’évolution de ces dernières années a au moins le mérite de la transparence, de remettre au centre des relations les sentiments authentiques entre les gens : mieux vaut sans doute un couple homosexuel qui vit une relation harmonieuse, avec une volonté réelle de transmettre des valeurs et d’éduquer des enfants au sein d’un foyer aimant, plutôt qu’un couple classique où règne le conflit permanent.

Les changements sont de toute façon inéluctables et irréversibles. Charge à nous de réinventer de nouvelles règles conduisant au plaisir de vivre ensemble. L'État doit assumer son rôle de guide dans l’élaboration d’une véritable politique familiale adaptée au mode de vie moderne, en prenant conscience de l’importance de l’enjeu que constitue l’avenir de la famille, sous toutes ses différentes formes, dans la construction de la société de demain.

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