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Compte-rendu analytique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (05/06/1999)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Environnement

L'avenir des transports dans les villes

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1 - Nous avons récemment eu des modifications dans la ville à Caen. Il y a eu la mise en place d'un plan d'aménagement de certaines rues privilégiant les piétons. Des mécontentements se sont élevés, émanant notamment des commerçants qui ont vu leurs chiffres d'affaire baisser. Quels sont les intérêts mis en place? Nous pouvons aborder des questions de l'ordre de la pollution, de la facilité de circulation. Tout cela nécessite un changement de mentalité dans l'utilisation du véhicule. On pourra voir aussi d'autres aspects du problème. Le dépliant que l'on m'a distribué parle du remplacement des automobiles par des vélos ou d'autres engins moins bruyants, moins polluants. Cela pose aussi la question suivante : du fait pour une population de vouloir qu'il y ait du changement, notamment concernant la pollution, et de sa propre implication dans ces changements. On se rend compte qu'aller chercher une bricole nécessite l'utilisation de la voiture alors que l'on adhère aux grands projets anti-pollution. Pour les déchets, il en va de même. Quand il faut y mettre du sien, c'est un peu plus dur. Je crois qu'il y a une grande différenciation entre réfléchir et y mettre du sien.

2 - Pourquoi veut-on venir dans le centre de la ville? Parce qu'il y existe une certaine activité. Les activités d'une journée font qu'il existe des déplacements au sein d'une ville. C'est peut-être cela qui n'est pas au point finalement.

3 - Vous remettez en cause la structure de la ville.

4 - C'est le principe des rythmes pendulaires et des mouvements migratoires. Il faudrait trouver autre chose que le système des périphéries.

5 - Vous remettez jusqu'ici en cause le fait de rentrer dans une ville. Ne pouvons nous pas plutôt remettre en cause la place des grands magasin pour faire nos courses?

6 - En centre ville, il y a les magasins mais aussi l'aspect social de l'animation. Lorsque je veux prendre un pot en ville, je me vois mal le prendre à la Folie-Couvrechef sur une terrasse. Il y a en effet nécessité de déplacer des population pour qu'elles se retrouvent en un endroit, c'est aussi l'intérêt de la ville mais par contre la question est de savoir comment y aller. Au niveau de l'urbanisme, la structuration des villes s'est à priori faite sur les commerces au vingtième siècle mais à la base c'était surtout les bâtiments, les édifices sociaux, que ce soit les églises, la mairie, la préfecture, la gendarmerie, qui structuraient la ville. Les commerces s'installaient autour. A la base, ce qui structure la ville, c'est plus les centres administratifs que les centres commerciaux.

7 - Je ressens une certaine opposition entre le citoyen et le pouvoir. Le citoyen a l'impression que l'on veut faire le bien malgré lui. Et cela, il ne l'accepte pas. On ne lui accorde pas la parole non plus. Il serait préférable quand même d'expliquer aux gens les bienfaits des mesures et leurs demander une participation. On pourrait demander aux gens un peu plus leurs avis. Il y a aussi l'affaire de la rue Saint-Pierre et son projet de la rendre piétonne. Alors on a vu fleurir sur les vitrines des commerçants des protestations.

8 - Quand on veut flâner en ville, on aime bien être à pied et posséder le calme et la charme de la rue piétonne. Cependant, chargé de paquets, encombrés de courses, nous avons recours à la voiture qui doit être disponible devant les magasins. On voit bien l'ambiguïté. Mais ces protestations ne sont peut-être là que pour un laps de temps nécessaire au changement des mentalités. Le centre piéton de la rue Saint-Pierre est attractif et agréable après tout.

9 - J'ai remarqué que certaines personnes possédaient un comportement réglé sur l'utilisation intempestive de l'automobile. J'ai une voisine qui prend la voiture pour aller chercher son pain dans la boulangerie qui se trouve à trois cents mètres. J'ai l'impression que les gens ont perdu la notion des distances. Je crois que c'est une éducation.

10 - Une simple question : est-ce que les bus sont adaptés aux personnes ayant des enfants en bas âge, en poussette, des paquets, etc.? Les transports en commun et leurs inadéquations invitent aussi à prendre la voiture individuelle.

11 - Je rajouterais un paramètre concernant la voiture et son utilisation, à savoir le côté de la société qui tend toujours à s'accélérer. Les gens ont tendance à vouloir perdre le moins de temps possible. La voiture correspond à ce rythme. En révisant ce rythme, on pourrait peut-être favoriser la marche ou d'autres moyens de locomotion beaucoup moins stressants, beaucoup plus reposants.

12 - Il y a toute une série de faits qui se dégage de cette discussion, des faits culturels, sociologiques, etc. D'un point de vue culturel, la voiture est un signe extérieur de richesse. Je parle bien sûr d'une époque révolue, après la guerre. Elle s'est ensuite popularisée. Tout le monde a voulu jouir des bienfaits de la voiture, c'est à dire montrer que l'on en a une. La voiture correspond à une certaine évolution de la société. La société a changé de rythme. Je crois que le gros problème serait de retrouver le temps, celui qui semble nous échapper. A la campagne par exemple, on vit au rythme des saisons. Ces rythmes biologiques, nous les avons perdu. Comment faire pour les retrouver? Je crois bien sûr qu'il est question d'éducation, d'exemplarité. Notre sujet passe par des problèmes techniques. Ce sont des problèmes sociaux et démocratiques, économiques également. Je n'ai pas de solution à proposer. On entrevoit cependant quelques propositions. On assiste à la réduction de l'encombrement des voitures, à la régression du nombre des voitures, à la baisse de leurs fréquences. Il est certain que la ville possède un attrait culturel. C'est le centre des activités. Il faut donc adapter les transports. Empêcher les voitures de pénétrer dans la ville, c'est possible. Des essais ont été fait, notamment au Danemark. Avant toute chose cependant, il faut une réflexion politique. L'essentiel pour moi est que les gens aient conscience de ces problèmes. Les résolutions doivent être discutées par tous. Néanmoins, lorsque l'on fait une consultation générale, il n'y a pas grand monde.

13 - Il y a à priori une notion importante sur le rythme de la vie. Ne pourrait on pas essayer de relier le rythme de la vie aux besoins des hommes?

14 - Je me rappelle d'une histoire. Quelqu'un ayant fait un trajet rapidement s'adresse à une autre personne et lui dit : "aujourd'hui, je suis content, j'ai gagné cinq minutes". Et l'autre de lui répondre : "c'est très bien mais qu'est-ce que vous allez en faire ?".

15 - Oui, cela me fait repenser à Saint-Exupéry qui traverse le désert et, rencontrant un bédouin, lui adresse en ces termes la parole.

16 - Il y a une notion importante, c'est celle du pétrole, cette ressource limitée et polluante. L'évolution des transports nécessite une remise en question des énergies utilisées.

17 - La question posée sur ce prospectus distribué en ville et qui a été le précurseur de ce débat concerne le centre ville. Voulons nous qu'il soit réservé aux piétons, aux vélos, bref à d'autres systèmes de locomotion moins bruyants ? Il faut donc savoir s'il est utile qu'un centre ville retrouve une animation ? Si nous répondons oui à cette question, je crois que la procédure de satisfaction ne peut se dérouler que si le centre ville est débarrassé de ces voitures. A partir de là, il y a quand même des conditions techniques à remplir. Une de ces conditions, c'est de pouvoir l'approcher avec une relative proximité. On peut constater des incohérences chez les individus. Vous allez dans une grande surface. Vous voulez une baguette et un poisson. Vous y allez à une heure de pointe. Vous avez peu de chance d'avoir un stationnement proche des portes. Et vous faites facilement à pieds aussi loin de l'église Saint-Pierre jusqu'aux Tribunaux. Alors que faire cinq cent mètres à pieds en centre ville exaspère et l'on râle à l'idée de ne pas pouvoir s'approcher plus du petit commerce. Pour revenir à la question, il est difficile de savoir exactement ce qu'il faut faire. Par contre, on est sûr de se tromper lorsque l'on fait des choses hybrides. Si l'on fait un centre piétons dans lequel on permet le passage des autos, des motos et des vélos, autant laisser les choses telles qu'elles étaient auparavant. Et ce n'est pas en tout cas de cette manière là que l'on va remporter l'adhésion du public. Je reste persuadé que si l'on ne veut pas que ces monstres commerciaux, ceux qui par ailleurs s'éloignent de plus en plus des noyaux des villes, citons Mondeville pour n'en citer qu'un, ne se développent, il faut redonner de l'attrait au centre ville.

18 - C'est vrai que du point de vue architectural, ces centres commerciaux sont des halls de gare. Il n'y a rien d'humain là dedans. Le côté humain n'a pas été développé chez les personnes. L'éducation manque peut-être.

19 - Peut-être faudrait-il élargir la réaction à l'aspect comportemental des individus. Il a été souligné la relation au temps. Il y a aussi l'aspect individuel et collectif. Nous sommes dans une société qui tend à l'individualisation. Dans ces conditions là, cela devient une gêne d'emprunter les transports en commun. On a la proximité d'autres personnes. On est plus tranquille dans sa petite voiture avec sa musique. Les gens qui réfléchissent sur les transports en commun ont apporté des solutions à ce problème, solutions qui sont plus ou moins testées dans certaines villes. Il y a par exemple l'individuel partagé; des véhicules électriques qui sont mis à la disposition des gens, qui n'appartiennent pas aux gens, mais au collectif. On l'utilise pour son propre intérêt puis on le remet à la place où on l'a trouvé, c'est à dire près d'une borne de rechargement. C'est un mode de transport qui permet d'éviter l'excès de voitures en ville.

20 - Les clients des commerces de la ville proviennent de la ville mais aussi de la campagne environnante. De nos jours, les commerces dits de proximité disparaissent dans les campagnes et la ville possède cet attrait nouveau. Avec l'essor de ces grandes surfaces en périphéries, faire ses courses n'a plus le même sens qu'avant. Autrefois, nous faisions du lèche-vitrines, on se promenait. C'était une distraction que d'aller à la ville. Mais maintenant que les grandes surfaces "filtrent" l'entrée des villes… Il y a donc deux mouvements, un centrifuge, celui correspondant aux gens de la ville allant aux grandes surfaces, et l'autre, centripète, correspondant aux gens de la campagne s'y rendant. En ce qui concerne les transport en commun, je voudrais dire que c'est un exercice difficile surtout le soir et dans certains quartiers. Le caractère dissuasif provient aussi de l'aspect malfamé de la fréquentation des transports en commun. Et encore, Caen est une ville calme. Ce n'est pas Marseille ou Paris. Le métro possède une mauvaise réputation. Le problème des transports est effectivement lié à celui de l'urbanisme, à celui des équilibre sociaux. Ce n'est pas commode. Dans une ville comme Caen, c'est encore relativement concevable. Pensez aux grandes mégalopoles. Pensez aux États-Unis, pensez à Mexico.

21 - Je ne conduis pas. J'ai donc été amené à apprécier les transports en commun. Ce qui me plaisait dans ces modes de locomotion, je parle d'il y a trente ou quarante ans déjà, c'était la sécurité. On ne se faisait pas agresser comme maintenant. Et puis il y a avait autre chose. Lorsque j'étais à Paris, je lisais souvent dans le métro car il y avait un bruit, une ambiance, une atmosphère. Finalement, on gagnait du temps. Je lisais beaucoup, ce qui n'est pas permis en voiture, le journal étant remplacé par le volant, la lecture par la concentration routière.

22 - C'est très intéressant ce que vous dites. C'est le côté culturel des transports en commun. Cela dépend des régions. Dans le Sud Ouest, les gens discutent, de leurs maladies en général. A Paris les gens sont moins conviviaux. Et la lecture prend le pas. Dans le métro, on peut remarquer des heures. Le journal le matin, les magazines ensuite. Enfin cela dépend des âges aussi.

23 - Le problème des transports est effectivement lié aux problèmes de l'urbanisation, c'est à dire à celui des concentrations. Il existe des concentrations de logements en périphérie, des concentrations de lieux de travail et des concentrations de services. A ma connaissance, il n'existe pas de système de transports en commun en couronnes. Le problème est difficile à dissoudre. Des mesures politiques fortes seraient à mettre en œuvre. Pour prendre l'exemple de Lisieux, lorsque Madame Roudy a décidé que la rue Pont-Mortin serait piétonne, quatre vingt pour cent des commerçants de cette rue ont manifesté leurs mécontentements. Huit ans après, il sont aussi quatre vingt pour cent à être favorable.

24 - Je voudrais renchérir sur l'aspect culturel des transports en commun et les habitudes qui y sont liées. Il y a me semble-t-il, j'y vais peut-être un peut fort, un problème de civilisation. Depuis le début du vingtième siècle, avec Ford en 1904, la voiture a pris une expansion dans toute la société occidentale, la civilisation occidentale. Tout s'est donc construit autour de ce symbole de liberté, de voyage, de déplacement dans l'espace. je me demande si l'on n'arrive pas aux limites de la civilisation dans laquelle nous vivons. La voiture a été la reine des reines. On devrait revenir à un juste milieu, non vers le voyage à tout prix, dans tous les sens, avec la voiture, mais vers un autre voyage, celui relié au développement de la proximité.

25 - Je pense que ce qui pourrait déclencher cela, c'est la redécouverte des autres. Je crois que le plus important est la création de centres de convivialité. Autrefois, il y a avait le bistro et les retrouvailles du quartier. Maintenant, il n'y a plus d'agglomération. Il faut à mon avis retrouver le temps de vivre et connaître l'autre. Nous assistons à des frémissements. Le Café de l'Arcadie en est une preuve. Il faut retrouver le temps de parler, le temps du pastis ou bien d'autres petits plaisirs. C'est tout l'art de vivre et d'être citoyen. La politique vient avec la discussion.

26 - Nous pourrions nous diriger vers ce qui a été esquissé dans une prise de parole précédente, à savoir les degrés de liberté de chaque individu dans une société.

27 - Lors d'une émission, j'ai été sauvagement surpris par une proposition de réseau routier consistant schématiquement en un quadrillage rectiligne de la France. J'ai eu très peur. Je ne voudrais pas qu'un tel projet se réalise.

28 - Je voulais quant à moi appuyer la dernière remarque concernant la civilisation de l'automobile. Actuellement, il y a aux Etats-Unis une civilisation qui est en train de naître, celle d'Internet ; L'utilisation de l'espace aux Amériques est différente de celle de la France car la vision des distances ne se fait pas à la même échelle. Néanmoins, je suis persuadé que le traitement des transports sera facilité par ce réseau ,Internet, notamment du point de vue des achats. Il y aura vraisemblablement sur Internet des centres commerciaux permettant de taper sa liste des courses. Il restera peut-être le côté plaisant du lèche-vitrines. Dans le même esprit, il y a en France depuis quinze ans le catalogue "La Redoute".

29 - Si nous voulons combattre ce mouvement individualiste qui nous apparaît pour tous très dommageable, il nous faut recourir aux transports en commun. Jusqu'à quel point à votre avis il est possible d'imposer une perspective de développement des transports en commun ? Il existe des degrés d'incitation. D'un point de vue politique, lequel doit être usité ?

30 - Je voudrais dire un mot sur Internet. C'est un outil d'informations remarquable. C'est aussi à mon avis un obstacle à la communication. A voir les jeunes gens tapoter à longueur de journée sur des clavier, je ne puis m'empêcher de me remémorer les échanges d'autrefois, les images de discussions directes. Il y a pour moi un effet pervers dans cet outil. Toute innovation demande une réflexion pour son insertion. Pour revenir au sujet, je pense qu'il faut moduler les transports en commun avec d'une part les besoins en densité de population, les besoins plus spécifiques d'autre part. Je crois qu'il y a un réel besoin dans la détermination des nécessités de transport.

31 - Nous avons eu aujourd'hui un exemple de prise de décision politique assez incisive concernant la mise en voie piétonne d'une rue à Lisieux, je pense que l'avancée ne peut provenir que d'un déclic de la sorte. A mon avis il faut que les gens réfléchissent sur le progrès en commun. Je trouve dommage que l'on ait pas eu le T.V.R. à Caen. On pourrait, notamment pour résoudre le problème des personnes handicapées, penser à un système de tapis roulants.

32 - Je voudrais revenir au problème de la motivation des pouvoirs publics dans l'incitation à l'utilisation des transports en commun. Nous avons abordé le marché du transport automobile et il faut concevoir ce que représente le secteur automobile pour l'État; en matière d'emplois, de recettes fiscales, etc. Les pouvoirs publics ont des intérêts autres. Il ne faut pas à mon avis s'attendre à quelque chose de leur part.

33 - Je crois que si l'on veut que les transports en commun marchent, il faut les rendre particulièrement attractifs ; séducteurs même. Que je puisse préférer prendre le collectif plutôt que mon auto. On peut réfléchir sur des systèmes confortables qui prennent en compte l'individualisme des gens. Ce sont les constructeurs qui devraient inventer ces choses là. Le gens sont individualistes. On ne peut peut-être rien y faire. Transformons son environnement en conséquence.

34 - Quelles sont les limites de la voiture dans une ville? D'un point de vue pollution, d'un point de vue circulation. Il faut aussi connaître la limite des responsables politiques pour interdire, pour prendre des engagements. On pourrait imaginer une ville imposant ses règles en interdisant la circulation des voitures dans l'agglomération dans un rayon de x kilomètres. Mais ne serait ce pas une atteindre à la liberté des gens? Pour formuler d'une manière différente : les gens accepteraient-ils que les politiciens prennent de telles décisions ?

35 - On s'aperçoit dans les grandes villes qu'un mouvement inverse naît. Les voitures encombrent, gênent, la densité automobile est telle que son utilité et son efficacité s'annihile, je pense à Paris notamment, et l'esprit de déplacement sans voiture devient plus pratique. Je crois que le plus important est de raisonner ce qui ont de mauvaises habitudes. Dans l'avenir, je pense que les individus seront beaucoup moins préoccupés par les voitures. L'élargissement de ce mouvement s'obtient avec l'éducation, avec le civisme. On parle des pouvoirs publiques, on oublie souvent que cette entité n'est autre que des fonctionnaires obéissant à des directives politiques et que la pression amenant ces influences proviennent de la base, c'est à dire du peuple. On nous dit qu'il y a des problèmes de chômage, de pollution, etc., et c'est vrai. Mais tous ces problèmes sont liés.

36 - Il a été dit d'interdire aux voitures la circulation en centre ville. L'interdiction possède toujours un côté agressif. Les répercussions pourraient être différentes de celles que l'on attend. On pourrait imaginer une campagne de sensibilisation aux problèmes à longs termes. C'est vrai que le pétrole risque de manquer. Il en a déjà été consommé les trois quarts. A un moment donné, la voiture devra de toute façon être limitée dans son utilisation. On peut peut-être expliquer aux gens que le fait d'interdire la voiture en centre ville revalorise l'utilité de la voiture, dans des cas dans lesquels la nécessité automobile s'impose, se balader à Ouistréham pour prendre un exemple s'inscrivant dans la vie caennaise. Expliquer peut peut-être permettre aux gens d'acquérir un caractère responsable.

37 - En ce qui concerne le stationnement, le plan d'urbanisation impose lors de la construction d'une résidence un certain nombre de parkings. Toute cette place, tout cet espace réservé aux automobile est préoccupant.

38 - Dans les Pays du Nord, il existe un système de parkings à l'orée des villes et la circulation intra-muros, dans la ville elle-même, se fait par l'intermédiaire de tramways et de location de vélos. Le déplacement à l'intérieur de la ville devient ainsi plus aisée.

39 - Les politiques actuels sont effectivement intéressé par le système de la voiture. Il ne faut donc pas s'attendre à de réelles décisions de leurs parts. J'ai pu voir une émission sur l'alimentation dans laquelle il était rapporté que le consommateur possède les clefs de la solution. C'est effectivement à lui de choisir son alimentation, s'il veut telle ou telle qualité. Je crois que pour la voiture, c'est la même chose. Si l'on sait ce que l'on veut, alors on choisit en conséquence. C'est le rôle du citoyen, c'est tout.

40 - Je vais me faire l'avocat du diable. Les gens que je fréquente au boulot, ils s'en foutent de tout cela. Ils veulent leurs bagnoles, ils veulent aller dans le centre et puis c'est tout. Si tu les emmènes dans la forêt, ils s'embêtent. Alors les responsabiliser … Peut-être faut-il répondre à leurs propres centres d'intérêts pour pouvoir ensuite essayer de les convaincre.

41 - C'est vrai que contrairement aux problèmes liés à l'alimentation, par exemple celui dernièrement concernant la viande, le problème posé par la voiture c'est qu'il ne nous touche pas directement. On mange de la mauvaise viande, on est malade. Lorsque l'on est en voiture, ce sont les autres qui sont embêtés par le bruit, par les gaz. La responsabilité n'est pas la même.

42 - Je crois néanmoins que des efforts sont déjà faits dans le domaine des transports en commun. Mais ce qui est dérangeant, c'est la dépendance à la collectivité que cela engendre.

43 - N'ayant pas le choix, les citoyens peuvent faire pression sur les pouvoirs publics.

44 - Nous avons plein d'idées reçues sur les transports en commun. Il est souvent parlé de leur lenteur. Mais c'est une fausse idée. Ce qui dérange, c'est d'attendre tout au plus cinq minutes à l'arrêt de bus. Les bus, pour les déplacements en centre ville sont beaucoup plus pratiques que les automobiles avec lesquelles il nous faut d'abord nous insérer dans la circulation, ensuite trouver une place de stationnement. J'ai redécouvert cela il n'y a pas longtemps. Le bus n'est pas plus lent que l'automobile. Une décision forte doit être prise et je crois que l'interdiction de la voiture en centre ville serait bénéfique. Nous pourrions imaginer un périmètre allant de l'Orne jusqu'à l'avenue Maréchal Juin.

45 - Dans votre exemple, en imaginant que l'on arrête la circulation de l'Orne jusqu'à l'avenue Maréchal Juin, est-ce que l'on est pas en train de faire une société à deux vitesses; les riches en centre ville, les pauvres en périphérie. Alors que dans le sens actuel, la voiture devient un pouvoir d'égalité. Il est possible par des procédés tels que le votre de renforcer les clivages dans la société.

46 - Les lignes de bus actuellement partent de très loin pour arriver dans le centre. La personne habitant dans une des ceintures que vous appelez périphérie, se retrouvant sur une ligne de bus concernant un rayon bien précis de l'agglomération, serait à même de côtoyer toutes les catégories de personnes. Tout le monde se retrouverait dans le bus en fait. Cela ne me semble pas forcément un facteur de clivage. Il n'y aura plus les gens qui prennent le bus et les gens qui ne prennent pas le bus. Prendre le bus, c'est quand même un trait de "pauvreté". A Caen les étudiant, les gens de la Guérinière, se mélangent dans les bus.

47 - Nous avons abordé le problème important de la liberté individuelle. Actuellement nous sommes dans une société permettant de jouer avec la vie de ses concitoyens par l'utilisation de la voiture. Les accidents de la route, les pollutions de toutes sortes. La France n'est pas la plus touchée, cela reste néanmoins inadmissible. Aux États-Unis, il y a un problème beaucoup plus important, écrit dans la Constitution, celui des armes légitimement utilisables. Je crois qu'ils faut des décideurs pour qu'un équilibre démocratique se rétablisse. Le problème est : Qui va prendre ces décisions? Il va de soit que c'est le rôle du politique. Mais sous quelle influence? Je pense qu'il faut s'interroger sur qui décide, comment décider, et comment provoquer les décisions. Les élus doivent servir la volonté générale avant tout.

48 - Je reviens au sujet des bus. Prendre le bus n'a jamais été pour moi synonyme de pauvreté. C'est la mentalité qu'il faut changer, voilà tout.

49 - Revenons aux décideurs ayant établi un programme, ayant été élus pour cela, respectant leurs promesses, n'est-ce pas cela la solution.

50 - Mais comment les obliger à respecter leur programme c'est à dire les vœux des citoyens?

51 - Il y a d'ailleurs une très belle citation dans le compte-rendu qui nous a été distribué aujourd'hui de monsieur Jean-Jacques Rousseau. Je vous invite à la lire. (Citation incluse dans le compte-rendu synthétique rapportant le débat commun entre le Café Citoyen et le Café Philosophie du mémorial du Lundi 10 Mai 1999 intitulé "La politique est-elle un métier".)

52 - Si effectivement les collectivités ont des décisions à prendre qui ne sont pas toujours d'accord avec la population, à ce moment là, qu'elles les prennent franchement. Une rue semi-piétonne, la rue Saint Jean par exemple, est une semi-décision.

53 - A priori, les bus fonctionnent au colza. Cela semble moins polluer. Pourquoi ne ferait-on pas des voitures au colza?

54 - Parce qu'il n'y a pas assez de colza.

55 - Une intervention juste pour sourire. Une étude a été faite sur le remplacement des voitures par des calèches. D'énormes problèmes sanitaires surviendraient. Les déjections des chevaux seraient impossible à évacuer. Tout cela pour dire qu'il est parfaitement impossible de revenir en arrière.

56 - Des solutions existent en matière de carburant. On exploite le GPL. Le méthanol pourrait être une source d'énergie. A mon avis des études devraient être déclenchées massivement pour faire enfanter le carburant de demain, celui qui succédera au pétrole.

57 - Nous sommes amenés aujourd'hui à regretter les petites lignes secondaires desservant des petites gares, notamment celle cheminant le long des côtes. Ces lignes ont été remplacé par des bus qui ont ensuite été supprimé ensuite pour cause de mauvaise rentabilité.

58 - On a parlé du GPL et de sa non pollution. Il n'est effectivement pas nocif directement. Cependant, il accentue, par des rejets trop important d'eau, l'effet de serre. Les problèmes pourraient se répercuter autre part. Il faut regarder dans l'ensemble.

59 - L'aspect économique n'a pas été abordé. Cela pourrait être l'objet d'un autre débat. C'est de toute façon un sujet à approfondir et à morceler pour mieux étudier.

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