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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (10/05/1999)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

La politique est-elle un métier ?

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[Débat animé par Charles-Edouard Leroux du Café Philosophie du Mémorial et Marc Houssaye, président du Café Citoyen de Caen]

De nos jours, la politique semble s'être désintéressée de l'ensemble des individus de la société. Elle se donne un aspect fade, presque insipide, et se veut de plus en plus réservée à une élite dont la fonction serait de gérer les besoins politiques de la nation. Dès lors s'insinuent dans l'esprit de tous les interrogations suivantes : la politique est-elle un métier ? Dans quelles mesures pouvons-nous considérer qu'une personne est politiquement compétente ?

Pour répondre à cette question, il nous a fallu déterminer ce qu'est la compétence en politique, et si la politique se doit d'être du ressort de seulement quelques personnes, puis ce qu'elle représente vraiment pour l'ensemble de la société. Dans un premier temps, il nous a fallu définir le terme de métier puis le rôle de la politique dans une société. Tout individu naît à la fois homme et citoyen. De cet évident axiome, nous pouvons ainsi dégager le rôle de l'individu dans la société, sa place, ses droits, ses devoirs.

La notion de métier semble trouver sa place dans l'organisation même d'une société. En effet, la création d'une société s'apparente à un rassemblement d'individus. Cela sous-entend donc une répartition des tâches au sein de celle-ci, chaque individu assurant au travers d'une spécialisation les besoins de la communauté et jouissant lui-même des activités de ses congénères au sein de la structure sociale à laquelle il appartient. Le métier semble donc être une spécialisation concourant à une meilleure organisation de la société, à sa cohésion, à l'interdépendance entre chaque individu. Le métier trouve ainsi son utilité dans la répartition des tâches nécessaires aux besoins de l'individu.

Mais alors, la gestion de la société étant établie, chacun ayant une activité bien précise au sein du groupe, il nous reste à mettre en place les structures traitant de son évolution, de son développement. Tel est le rôle de la politique.

Dès lors, la citoyenneté nous apparaît comme le moyen de participer à l'organisation de la société. Chacun se doit donc de participer à la vie et à l'organisation de la société. La politique semble ici inhérente à chaque individu. Nous nous sommes donc interrogés sur le fonctionnement de ces activités citoyennes. Comment établir une structure sociale en rapport avec le rôle politique de chacun. Un des outils important de la citoyenneté est le vote qui consiste à exprimer son opinion et à déléguer des charges politiques à un représentant.

Mais l'acte citoyen ne se résume pas au vote et à l'élection de représentants. Toutes les activités sous-jacentes à l'Etat, telles les associations et les regroupements d'individus qui ont pour but de discuter de la société, qu'elles soient perçues au niveau de la ville, de la région ou d'un autre degré d'organisation, participent à la politique de la société. Nous pouvons ainsi réfléchir sur les raisons de l'intérêt grandissant porté aux associations de débats. Peut-être avons nous tous à exprimer notre avis sur la société de demain ? Il semble en effet raisonnable de penser que les individus doivent se préoccuper des problèmes dont souffre leur société et apporter des solutions pour les résoudre. Durant le débat, certains ont insisté sur le fait que la politique est du ressort de chacun, d'autres arguant le fait que les politiciens sont des spécialistes de la politique et qu'à ce titre, ils devraient totalement s'y consacrer. Nous allons voir que ces deux propositions ne sont en fait pas incompatibles : le lien entre le peuple et les instances dirigeantes doit se nouer grâce à des forces réciproques.

Le vote permet, nous l'avons vu, d'élire des représentants qui sauront exprimer l'opinion publique et la volonté du peuple. L'homme politique représente la synthèse de l'ensemble des politiques établies par la totalité des citoyens. A ce titre, connaissant les aspirations des individus de la société qu'il dirige, il donne un élan général, une direction commune. Telle est l'image du dirigeant que nous avons pu esquisser pendant le débat : à l'écoute du peuple et capable de donner une voie de développement de la société issue de l'entendement général. Ce schéma semble pourtant compromis actuellement et le trouble paraît grandissant dans l'esprit de chacun.

Dès lors, conscients du fossé qui les sépare du monde politique professionnel, les citoyens tentent d'aborder les problèmes de la société en s'investissant dans les activités associatives. La politique actuelle se désintéresserait-elle de l'opinion publique ? Qu'est-ce qu'une élite peut prétendre diriger sans l'accord du peuple ? Comment une société peut-elle évoluer si son développement ne tient pas compte de ce qui la constitue : l'ensemble des citoyens.

Alors que la confiance du peuple envers ses dirigeants se dégrade, alors que les dérives du pouvoir sont de plus en plus fréquentes, la véritable lucidité semble néanmoins provenir des citoyens qui, s'interrogeant sur l'actuelle politique menée, s'adonnent à la réflexion sur une société que les politiciens délaissent et perdent de vue. Ainsi, s'instaure une entente entre les citoyens sur le vrai sens du mot "politique", un sens qui ne leur échapperait pas, un sens qui leur appartiendrait.

Annexes :
- "La garantie des droits de l'Homme et du citoyen nécessite une force publique; Cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'activité particulière de ceux à qui elle est confiée."
Article 22 de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789.

- "1° Toute personne a droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis.
2° Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
3° La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publiques. Cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté de vote."
Article 21 de la déclaration universelle des droits de l'Homme du 10 décembre 1948.

- "Il résulte que l'acte qui institue un gouvernement n'est pas un contrat, mais une loi, que les dépositaires de la puissance exécutive ne sont point les maîtres du peuple mais ses officiers, qu'il peut les établir et les destituer quand il lui plaît, qu'il n'est point question pour eux de contracter mais d'obéir, et qu'en se chargeant de la fonction que l'État leur impose, ils ne font que remplir leur devoir de citoyen, sans avoir en aucune sorte le droit de disputer sur les conditions"
in "Le Contrat Social", Chapitre XVIII, Livre III, de Jean-Jacques ROUSSEAU.

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