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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (14/01/2015)

Animateur du débat : Laurent Watrin

La liberté d'expression en question (après les attentats)

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(Synthèse du café citoyen de Nancy - Mercredi 14 janvier 2015)

A l’unanimité des personnes présentes, le thème de la discussion voté le mois précédent (l’avenir du travail) est reporté, en raison de l’actualité dramatique.

L’assemblée choisit donc de discuter de la « liberté d’expression" et de ses limites éventuelles, après les attentats terroristes, ayant fait 17 morts et plusieurs blessés, et ayant notamment visé le journal 'Charlie Hebdo'.

Une quinzaine de participants entament la discussion, à La Taverne du Livre, café librairie de la rue des Quatre-Eglises. A l’entrée du lieu, une affichette annonce : « nous sommes Charlie ».

Au-delà de l’émotion suscitée par les attaques terroristes, une opinion majoritaire se dégage, que Nelly résume par cette phrase : "la liberté d’expression devrait être utilisée avec tact et mesure".

« On ne peut pas engendrer la paix avec des dessins obscènes », estime Noëlle, considérant la liberté d’expression comme un objet « non-violent ».

Pour Valérie, « la forme de l’expression est aussi importante que le fond », et « le respect de l’autre » est, à ses yeux, fondamental.

Josie évoque les « limites morales » de la liberté d’expression.

Maxime, étudiant, ne partage pas non plus la position de Charlie Hebdo, « ignoble », selon lui, « à l’égard de la communauté musulmane ». Maxime se méfie aussi de la réaction du gouvernement et des mesures sécuritaires annoncées « au nom de la liberté d’expression ».

Franck, très ému, raconte avoir pensé, aussitôt après les attentats, à ses anciens « copains musulmans en Algérie ». Son intervention digresse largement, pour aboutir à une sorte de mise en cause collective : « nous sommes tous responsables de ce qui arrive », selon Franck, « parce que si, dans nos banlieues, il y a 30 ans, on avait fait autrement, on n’en serait peut-être pas là. Aujourd’hui, nos jeunes dans les quartiers n’ont plus d’espoir ».

L’espoir peut-il renaître ? « Il faut qu’on se parle plus », affirme Franck : « je le dis notamment aux jeunes : ne restez pas sur vos réseaux sociaux ». L’éducateur sportif bénévole, « avec [ses] 75 ans », pense aussi aux « valeurs morales » qui ne sont plus « inculquées » par l’école publique.

Véronique se dit « dérangée » par la formule : « je suis Charlie ». Elle aurait préféré : « je suis citoyen du monde ». Malaise partagé par Ingrid, qui trouve les manifestations « tellement orchestrées que ce n’est plus la liberté, justement ! ». De son côté, Josie conteste ce qu’elle a ressenti comme une injonction « civique » d’affirmer « je suis Charlie ».

Xavier cite Desproges - « on peut rire de tout mais pas avec tout le monde » - pour affirmer que la liberté d’expression « a quand même des limites ». Selon lui, derrière les manifestations qui ont suivi les attentats, « il y a surtout la peur de l’islamisme ». Xavier estime par ailleurs que « l’anonymat des réseaux sociaux représente un danger ». Le phénomène contredit, en quelque sorte, la liberté d’expression, au sens où elle ne peut s'exercer sans responsabilité. Plusieurs participants semblent approuver cette position.

Didier estime que ces « tueries ont des bases religieuses », au sens où la religion véhicule « des archaïsmes, des mensonges, des rites, que les puissants savent instrumentaliser ».

Pour y faire face, la liberté d’expression doit toujours être défendue, estime Didier : « les rigolos de Charlie Hebdo se moquaient des puissants. Les terroristes leur ont reproché le blasphème ». Et Didier relaie l’idée lancée par le président de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire, demandant aux représentants de tous les cultes de signer une charte en faveur du droit au blasphème. Didier salue l’affichette « je suis Charlie » apposée à l’entrée de la Taverne du Livre, où nous sommes.

Laurent, qui modère la séance, et a choisi volontairement de ne pas trop "cadrer" les débats, apporte une précision régionale : les cultes d’Alsace et de Moselle viennent de demander l’abrogation du blasphème, toujours contenu théoriquement dans le droit local (héritage du code pénal allemand du XIXè siècle). Cette demande officielle a d’ailleurs été formulée avant les attentats.

Anne s'interroge : « si la liberté d’expression est limitée, existe-t-elle encore ? ».

La conclusion est laissée à la gérante de la Taverne du Livre ; Marie se dit très émue d’avoir participé, à titre personnel, à la manifestation après les attentats, et elle trouve normal d’avoir relayé le slogan « nous sommes Charlie » dans sa librairie, pour marquer, son attachement à des valeurs de liberté qui sont celle de « ma patrie ».

Prochain rendez-vous le mercredi 11 février à 18h30, à La Taverne du Livre.
Sur le thème : "quel avenir pour le travail ?".

DANS LE RESPECT DE LA LIBERTE D'EXPRESSION ET DE LA PAROLE DE L'AUTRE !!!

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