“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

Bienvenue en Arcadie

Vous êtes ici : Accueil > Comptes-rendus > Pourquoi la violence dans les quartiers ?

Compte-rendu synthétique par Béatrice ChevalierCafé Citoyen de Caen (29/11/2006)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Pourquoi la violence dans les quartiers ?

ShareThis

Selon les participants la violence peut s'expliquer par un sentiment d'inégalité, d'injustice, une jalousie entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas, d'où une convoitise. L'indifférence de ceux qui sont bien installées envers ceux qui n'ont rien peut être un déclencheur. Pour certains participants, ce sont toujours les mêmes qui ont le pouvoir, l'accès à tout et ils imposent les lois auxquelles ils dérogent sans arrêt.

Mais la violence fait partie de l'homme. C'est un état de fait, c'est la nature humaine, on l'a en nous. Elle permet également à l'individu de se construire et de progresser. Mais, en société, des règles doivent poser des limites. Pour beaucoup, brûler des voitures est le signe d'un débordement de violence. C'est par ailleurs considéré comme une réaction instinctive, spontanée qui n'est pas réfléchie.

La violence est propre à notre société. Elle est inscrite dans tous les domaines. Les individus ne font pas d'effort pour comprendre l'autre, sa culture, sa différence. On passe devant les personnes sans se dire bonjour, même au sein du quartier. Ce manque de dialogue entraîne un repli sur soi, un cloisonnement des personnes. Mais, on attend trop des autres et de la société, ce n'est peut-être finalement pas à elle de proposer des solutions. C'est une sorte de "ras le bol", d'exaspération. Tout le monde est responsable, lâche et hypocrite, notamment l'État, l'éducation qui démissionne, les parents qui ont démissionné. Auparavant, les adultes savaient cadrer dès qu'ils voyaient un enfant qui dérapait.

Le chômage avec les licenciements sauvages qui l'accompagnent est aussi une forme de violence qui peut entraîner un manque d'autorité, ou dévaloriser l'autorité des parents. Le manque de moyen financier du à cette situation est une violence pour l'ensemble de la famille.

Dans certaines familles les parents ne discutent pas et la violence est le seul mode de communication, la seule référence pour les enfants qui peuvent alors sombrer également dans la violence. Il est nécessaire d'apprendre à se parler et ne pas communiquer uniquement par la violence.

Les enfants sont laissés seuls du fait du manque de disponibilité des parents. Lorsque l'enfant sort de chez lui, s'il n'a pas de centre d'intérêt, il va naturellement se tourner vers les autres, et malheureusement quelques fois vers les bandes qui, par l'effet de groupe et de surenchère, peuvent conduire à un suivisme inquiétant.

Actuellement, certains enfants ne sont pas assez maternés à la maison du fait des contraintes de leurs parents : contraintes subies ou qu'ils s'imposent. Il serait important de faire des choses à la maison avec les enfants, des dessins, du coloriage par exemple. Les pères doivent s'imposer. Dire non. Cela aide à la construction de l'enfant.

D'autre part, il peut y avoir dévalorisation de l'autorité de la mère par le père lorsqu'il y a violence. Cette violence au sein de la famille, peut être reproduite à l'extérieur du foyer. Il peut aussi y avoir dépassement des limites. Dans certains milieux, les parents ne veulent plus de contraintes. Il y a moins de partage au sein des familles. Chacun fait ses activités dans son coin. Si les parents sont moins présents il peut y avoir dérive vers la violence, la délinquance. Certains parents ne sont plus à la hauteur.

Il est noté que la violence commence à l'école, on n'apprend pas aux enfants à se respecter entre eux. L'agressivité est partout, même chez les tout-petits. Elle peut apparaître dès la maternelle, et certains parents ont souvent une mauvaise réaction qui ne fait qu'aggraver la situation et conforter l'enfant dans son bon droit.

Une personne indique que sur le quartier, la carte scolaire est une forme de violence puisqu'il n'y a pas à l'école de mélange des populations de l'habitat social et de l'habitat privé.

Les personnes n'ont plus les mêmes rapports à l'autorité. Le contexte n'est plus le même, il est un peu plus laxiste. Les limites sont repoussées.
Une autorité qui émane de quelqu'un que l'on admire sera respectée. On la trouve peut-être un peu plus juste.

Une personne s'interroge : comment évaluer l'autorité de chacun ? On ne sait pas si ce que l'on fait est une bonne autorité (bon exemple, mauvais exemple).
Plus de points de repères. Nous sommes tous responsables. Quand on voit quelque chose qui n'est pas normal, malheureusement peu intervienne en osant s'immiscer.

Chez les jeunes, la violence commence de plus en plus tôt et elle est de plus en plus grave : incendie, attaque du matériel du voisin. La violence est irrespectueuse et gratuite. Elle se manifeste par le non respect des lois, des biens d'autrui. On brûle une voiture peut-être sans raison et le propriétaire ne peut plus aller travailler.

Il n'y a pas d'écoute des jeunes, il n'y a pas de réponses concrètes qui leur sont faites. Il faut discuter pour les calmer et essayer de trouver le phénomène déclencheur de leur violence. Mais on ne peut pas toujours intervenir. Il peut y avoir un risque d'escalade si on est agressif.

La violence envers les jeunes est implacable, on leur laisse des difficultés qui seront au fil du temps de plus en plus importantes. Les jeunes n'ont plus de repères, ils ne croient plus en ce qu'ils vivent. Ils ont envie de prendre leur revanche sur les vieux.

L'information télévisuelle est aussi une forme de violence. Le verbe informer vient du latin « informare » signifiant "mettre en forme". Par là même, l'information structure la pensée. Est-ce que cette formation de l'esprit est réalisée aujourd'hui par ce que l'on nomme les informations ? Il est difficile aujourd'hui de structurer, car il y a trop d'informations et il ne reste que l'image. On ne va pas dans le détail de chaque information, on passe de l'une à l'autre rapidement. On ne peut pas avoir d'esprit critique. On reçoit celle-ci en pleine figure. Le summum de la violence télévisuelle c'est la guerre (bonne ou mauvaise guerre…). Les images de morts nous sont imposées. On finit par être insensible, et c'est grave. Il n'y a rien de positif, les informations sont toujours catastrophiques.

Le gros défaut de l'information, c'est de mettre des choses qui choquent, qui sont violentes, ce qui peut provoquer une violence. Le catastrophisme présent dans toutes les lignes éditoriales n'invite pas à prendre des initiatives et démoralisent plutôt que de motiver. Mais d'un autre point de vue, le manque d'information est également une violence.

Pour arrêter la violence, il y a des choses simples à faire. Qu'est-ce qui nous empêche de faire des choses ensemble ? Les maisons de quartier et les centres socio-culturels sont des lieux de vie pour faire ensemble des animations, pour mélanger la population. On doit vivre ensemble. Si on ne se côtoie pas cela peut engendrer de la violence. L'appartenance au quartier doit primer avant tout, ne pas cloisonner. Quand on appartient à quelque chose de plus grand on se sent plus fort, et surtout pas seul.

Mais a-t-on le sentiment d'appartenance à quelque chose de plus grand. Les personnes se rencontrent-elles régulièrement ? Plutôt une propension à ne pas se mélanger, à se retrouver entre nous. On ne va pas chercher l'inconnu. Mais, on ne peut pas forcer des gens à se côtoyer, c'est pour cela qu'il faut utiliser des lieux neutres où l'on peut se rencontrer.

Dans d'autres temps, les religions, les lois, les codes ont été mis en place pour réguler les choses, mais les intérêts personnels et individuels ont primé.
Il y a de la violence naturelle qui n'a pas de conséquence. Il y a des violences que l'on peut supprimer : aller courir, faire du sport, aller marcher, cela peut aider à canaliser sa propre violence.
Faut-il chercher à réprimer la violence ? On avait réussi en partie par les arts, mais elle est générée par le haut : le politique, le financier et le crapuleux.

Les différents thèmes pour le prochain Café-Citoyen du 29 janvier 2007 à 14h

1 - A qui profitent les informations ? (8 voix)
2 - Jusqu'où pourrai aller le progrès technologique ? (5 voix)
3 - Plus de technologie entraîne-t-elle moins de consommation ? (6 voix)
4 - Comment résoudre le problème du chômage ? (7 voix)

Interventions

_avatar_30

Bastide Geneviève

mardi 28 février 2012 17:20:58 +00:00

La violence n'est pas en nous, La violence s'apprend, s'installe en nous avec l'exemple des adultes, nos parents, notre famille, nos amis...
L'humain possède en lui l'énergie et l’agressivité qui lui sont nécessaires pour dépasser les étapes plus difficiles.
La violence est importée par les malades qui ne se rendent pas compte de leur violence mais qui contrôlent leurs environnements d'une main de fer et un coeur de plomb. Je pourrais juste citer les pervers narcissiques !

Participer au débat

Les champ marqués d'une * sont obligatoires

Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.

Premier ouvrage des Cafés Citoyens

Où en est l'esprit démocratique aujourd'hui ?

La démocratie, c'est nous !

En savoir plus