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Victor Hugo (1802 - 1885)

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Que faire contre le chômage ?

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Ce débat a eu lieu le 11/04/2009 à Caen. Vous pouvez continuer à échanger sur le sujet.

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Michel MOREL

jeudi 30 avril 2009 09:08:54 +00:00

Je n'ai pas pu participer au café citoyen, mais j'ai quelques idées qui n'ont été que partiellement abordées.
On entend surtout parler de recettes pour réduire le chômage, mais sans vraiment prendre de recul.
Or beaucoup de recettes proposées ne marchent pas, ne peuvent pas marcher.
La plus en vogue est la relance de la consommation (comme on disait dans les années 70), ou l'augmentation du pouvoir d'achat (comme on dit maintenant). Or si on incite les gens à consommer, l'effet ne peut être que faible, car une fois endetté, il faut bien réduire sa consommation, d'où un rebond en négatif. La création de monnaie est une variante qui marche un temps mais aboutit rapidement à de l'inflation qui en réduit considérablement l'effet.
Autre inconvénient de cette relance, qui est pour moi rédhibitoire : il s'agit d'une fuite en avant, cela ne traite pas le vrai problème, qui est l'échec du système à gérer une activité en décroissance. C'est vouloir continuer à tout prix à avoir de la croissance. Or on sait qu'il faudra bien s'arrêter, la population mondiale est déjà 3 fois trop nombreuse pour le niveau de consommation européen.
Puisqu'il faudra renoncer à la croissance (volontairement ou non), le seul moyen d'augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui ont moins que la moyenne est de réduire l'échelle des revenus. On est bien loin des recettes de cuisine proposées.
On pourrait ainsi faire le tour des recettes et montrer qu'elles ne peuvent pas marcher.
Revenons à des raisonnement simples en utilisant notre bon sens : pourquoi le chômage augmente-t-il ? Parce que les créations d'emplois sont moins nombreuses que les suppressions d'emplois, tout simplement. Que faire pour inverser cette tendance ? C'est là qu'intervient le machiavélisme des politiques qui veulent perpétuer le système : on nous présente les suppressions d'emplois comme inéluctables, donc comme seule solution l'accroissement de la création d'emplois, donc on propose des avantages financiers pour les entreprises, qui vont surtout profiter aux patrons. La boucle est bouclée. Pas de résultat et les inégalités augmentent.
Considérons donc les suppressions d'emploi comme n'étant pas inéluctables et attaquons-nous à elles en priorité pour les rendre moins nombreuses que les créations. Le reste, c'est du pipeau.
A quoi sont dus les licenciements ? A des dépôts de bilan, à des restructurations, mais aussi à des délocalisations, à des gains de productivité… Bref, des raisons qui ne sont pas toujours bien nettes.
Est-ce vraiment inéluctable ? Les gens y croient de moins en moins, l'intoxication est arrivée à un tel niveau qu'elle ne fonctionne plus : on entend parler de parachutes dorés, de patrons qui coulent leur société en continuant à empocher d'énormes salaires. Les gens ne sont plus dupes, les inégalités sont vraiment dans le collimateur, avec un parfum de scandale.
Alors que faire ?
Un gouvernement qui le veut vraiment peut faire quelque chose. Il y a des dépôts de bilan ou des restructurations qui pourraient être évités ou reculés si les plus gros salaires étaient diminués.
Voici quelques pistes :
- Interdire les licenciements dans les entreprises qui ont fait au moins 5 % de bénéfice dans l'année,
- Interdire la rémunération des actionnaires dans les entreprises qui ont licencié dans l'année (hors licenciement pour faute grave).
- Taxer les produits sur l'éloignement du lieu de production par souci d'économie d'énergie, mais aussi avec un effet de relocalisation.
- Taxer le dumping social, y compris en Europe, avec là aussi un effet de relocalisation.
- Inciter les autres pays européens à faire de même.
Et pour faire encore plus fort, dans les entreprises dont au moins un salarié ou dirigeant a un revenu dépassant 10 fois le revenu médian français :
- Interdire les licenciements, même en cas de résultat négatif.
- En cas de dépôt de bilan, obliger les gros salaires à renflouer les caisses sur la partie de leur revenu qui dépasse 10 fois le revenu médian.
Ca paraît révolutionnaire ? Pourtant c'est très raisonnable. On s'est habitués progressivement à accepter des inégalités de plus en plus extrêmes.
Pourquoi cette limite de 10 fois le revenu médian ?
C'est simple : si on tient compte des années d'étude, de la dureté du travail, des risques financiers, de l'utilité pour la collectivité, on peut probablement admettre que quelqu'un gagne (mérite ?) 4 ou 5 fois plus que la médiane. Pour rester un peu libéral, allons jusqu'à 10, c'est un chiffre rond et ça fait déjà une belle somme. Cela représente par exemple 3 maisons 3 fois plus grandes que la normale, 3 voitures 3 fois plus luxueuses, des vacances 3 fois plus longues et 3 fois plus chères, bref le grand luxe ! Plus serait de l'indécence. Qui peut prétendre mériter davantage ? Ne peut-on pas considérer que si on trouve le moyen de gagner plus, c'est pour la collectivité ? Que si on veut le garder pour soi, c'est à la limite du vol ?
Voilà, j'espère avoir apporté ma pierre à cette difficile entreprise.

Michel MOREL

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