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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (11/11/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Le contrôle de la santé par les citoyens

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Préserver la santé des hommes est une activité qui remonte à la nuit des temps. Il est indubitable qu'elle a largement progressé jusqu'à nos jours. Et pourtant, la santé publique est controversée. Des préoccupations, entre autres l'inquiétude quant à notre alimentation (O.G.M., "vache folle" ), sont certes à l'origine de cette controverse. Mais il est apparu au cours de ce Café que d'autres motifs animent les citoyens, des motifs de l'ordre de la responsabilisation.

Le débat s'est attardé sur les différentes formes de médecine . Des interventions ont durement critiqué notre conception actuelle de la médecine « inadaptée et dangereuse ». Il nous faut cependant garder à l'esprit ce que représente cette noble science et les combats qu'elle mena et qu'elle mène toujours contre les multiples maux de l'Homme. Nous ne pouvons dénigrer la médecine mais nous pouvons néanmoins dénoncer quelques dérives.

Ainsi, certains citoyens dénoncent-ils un enclin certain à la spécialisation. Le nombre de généralistes en France a diminué considérablement. Et l'on a tendance à segmenter notre approche du corps humain, à considérer celui-ci comme un ensemble de composants indépendants. Il est ici question de remettre en cause une méthode cartésienne trop simplificatrice. « Les ordonnances sont surchargées. Un médicament en implique souvent d'autres pour contrer ses effets secondaires.» « Notre corps est bien plus que la somme de ses constituants. Nous négligeons les relations entre tous nos organes. » De plus, le développement de la science apporta beaucoup à la médecine. L'esprit scientifique la crédibilisa fortement en effet. D'autres médecines, telles l'homéopathie, l'acupuncture, la phytothérapie, ce que l'on appelle les médecines douces, les conceptions psychosomatiques, les innombrables sortes de relaxation, etc., revendiquent aussi la confiance des Français. Les citoyens s'entendent sur le fait que ces médecines dites "parallèles" devront être prises au sérieux, soit que la science devra s'investir dans ces domaines, soit qu'elle devront se concilier les faveurs d'un public sans la "garantie scientifique".

Le problème de notre santé pose aussi celui de l'organisation même de notre société. Les citoyens s'accordent à dire que notre société est agressive, que son rythme ne contribue pas à notre équilibre. En l'occurrence, le monde du travail est harassant. Le stress fait partie intégrante de notre vie. Par ailleurs, « notre conception de la santé est conditionnée par la peur de la mort. On l'aborde alors sur le plan émotionnel; ce qui nous empêche de raisonner convenablement. Le médecin n'est-il pas un nouveau prêtre ?» « Un médecin de famille inspire confiance, les relations qu'il entretient dépassent le cadre strictement professionnel. »

Concernant la publication dans la presse de tableaux comparatifs relatif à la qualité des hôpitaux, les citoyens y voit une information supplémentaire pour mieux se faire soigner. Certains proposent que le journal Ouest-France développe cette initiative au niveau local. D'autres de souligner les dangers d'une telle classification qui s'établit selon des critères que le grand public ne peut apprécier.

Mais la santé, c'est aussi la prévention. L'alimentation est le premier niveau de contrôle de notre propre santé. Peu d'interventions ont fait allusion à " l'affaire de la vache folle". Il n'en reste pas moins que cette affaire est du ressort de la santé publique et que « les citoyens devraient avoir leur mot à dire ». Des citoyens insistent sur le rôle du secourisme qui sensibilise aux premiers soins. Certains proposent la création de maisons de la médecine afin non seulement d'assurer une permanence 24h/24 mais aussi de responsabiliser chaque citoyen à sa propre santé. « On peut déjà être habilité à se faire des piqûres soi-même », déclare un intervenant. Un citoyen a proposé la création d'un conseil des citoyens rattaché au conseil de l'Ordre des Médecins. Ce conseil citoyen aurait soit un rôle d'observatoire, à l'instar de ce qui se fait en prison, soit participerait aux décisions de façon consultative ou non.

La question de la responsabilisation a amené une grande question : celle de la démocratisation de la médecine. En effet, le médecin est un professionnel. A ce titre, le malade, à partir du moment où il se fait soigner, transfère ses pouvoirs au spécialiste du corps médical, le patient pouvant être aveuglé par sa maladie. Mais l'acquisition d'un droit de regard sur les traitements est souvent réclamé. D'autant plus que les erreurs médicales sont de moins en moins acceptées. Les citoyens devront développer leur responsabilité s'ils veulent espérer pouvoir faire rentrer un jour l'esprit démocratique dans le corps médical.

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