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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (14/03/2002)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

La dictature du "Paraître"

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La formulation du sujet a paru à certains particulièrement violente, en même temps elle révèle le malaise engendré par la pression sociale et économique.

En effet quelques participants déplorent le fait d’être obligé de se plier à un ensemble de normes ( vestimentaires, comportementales…) pour être accepté et reconnu par l’entourage tant privé que professionnel. Il faut toujours paraître au mieux de sa forme : suivre les mouvements de mode, jouer un rôle, se protéger, sans cesse faire illusion , porter un masque. La publicité nous conditionne, nous manipule pour nous transformer en consommateurs dociles. Certains se contentent d’exister à travers ces seules images socialement « correctes ».

Toutefois toute vie sociale suppose un ensemble de règles normatives qui ne sont pas forcément répressives mais constituent, au contraire, un héritage riche de toutes les évolutions passées, sans lequel chaque nouveau-né retomberait à l’état d’enfant sauvage. Même dans les sociétés primitives, la vie sociale est constituée de rituels et de parures qui contribuent à l’existence même de l’individu. Dans notre société personne n’a choisi de parler français : ceci nous est imposé et pourtant chacun peut s’exprimer librement par le truchement de cette langue.

Un des domaines où l’apparence joue un rôle déterminant est celui de la séduction : à l’instar des animaux qui réalisent leur parade au moment de leurs amours, les êtres humains mettent en scène des attitudes plus ou moins calculées dans le but de plaire à l’autre, c’est à dire de paraître.

Cependant on peut se demander si le terme dictature n’est pas excessif : Chacun reste libre de ses choix et de ses comportements, peut prendre conscience des normes auxquelles il semble se plier sachant que l’habit ne fait pas toujours le moine. Chaque citoyen peut réagir et influer sur le cours des choses en décidant de ses actes de consommation.

Toutefois à opposer sans cesse paraître et être, ne met-on pas en avant une image mythique de la vérité ? Il faut éviter de tomber dans la dictature d’un naturel qui pourrait bien être aussi illusoire. Comment peut-on être sans paraître et paraître sans être ? Toute vérité doit se manifester sous une apparence. Celle-ci s’inscrit inéluctablement dans un jeu de communication et de perception dans lequel on n’est pas maître des images véhiculées. La perception que nous avons les uns des autres est forcément morcelée, variable et fluctuante. On n’est jamais sûr de l’image que les autres perçoivent même quand on a l’impression d’être parfaitement soi-même : Le regard des autres peut être un miroir déformant. Quant à la perception que chacun a de lui-même, elle est encore plus incertaine et fragile.

Comment savoir quelle est la part de l’être réel et de l’être façonné par la société dans l’image unique d’un individu ? Pour certains, des situations humaines telles que la grande douleur ou la joie extrême laissent se manifester l’être dépouillé du masque social.

Finalement on peut distinguer deux types de paraître : celui qui cherche à tromper autrui et se trompe lui-même et un paraître existentiel, amalgame des acquis ancestraux et de tendances innées, indissociable de l’être et utile à sa manifestation.

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