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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (05/05/2001)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Quelles réponses apporter à la violence des jeunes ?

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La violence des jeunes ne doit pas être stigmatisée, il ne s'agit pas de faire d'eux des boucs émissaires ; cependant, elle nous interpelle par sa médiatisation et son mode d'expression particulier. Elle semble être le symptôme d'un malaise profond de la société. Les intervenants ont dans un premier temps cherché à comprendre les causes de ce phénomène et ont proposé, ensuite, un certain nombre de solutions.

La démission parentale a d'abord été évoquée comme un des facteurs de la violence : certains parents ne savent plus fixer de limites à leurs enfants. Il existe un culte de l'enfant-roi à qui tout est permis. Parfois, la famille n'est plus le lieu de transmission des valeurs morales et des principes républicains. Certains parents délèguent à l'école leur responsabilité éducative et avouent être dépassés par leurs enfants (violences verbales, physiques au sein de la famille). Une intervenante évoque les difficultés que subissent également certains enfants dans leur histoire familiale (familles déstructurées, histoires lourdes…). Tout enfant a besoin de modèles, et d'exemples positifs autour de lui. Parfois les adultes sont eux-mêmes des « loosers », ou se conduisent eux-mêmes de manière incivile ou violente à l'égard des autres ; comment leurs enfants pourraient-ils échapper à cette influence ?

L'école est également un lieu où s'exprime trop souvent la violence. Elle y répond en général de manière inadaptée. Elle, qui pourrait être le creuset des valeurs de la république, est souvent vécue, par des jeunes en échec, comme un lieu d'enfermement, où on les oblige à rester jusqu'à 16 ans. Elle se donne pour seul but de former les jeunes à un métier, alors qu'elle devrait plutôt développer le goût d'apprendre et favoriser l'émancipation des individus. Une intervenante s'inscrit en faux en soulignant l'impact énorme que possède encore l'école dans la transmission du savoir et des valeurs républicaines ; malheureusement, dit-elle, on lui demande également de remplacer des parents démissionnaires, ce qui est difficilement possible.

La société marchande, dans laquelle nous vivons, distille également une violence diffuse dont la violence juvénile n'est qu'un épiphénomène. En exacerbant les valeurs de l'argent et de la compétitivité comme seules garantes de la réussite et du bonheur, elle incite les jeunes sans autre repère à rechercher le plus vite possible la « tune », quel que soit le moyen d'y parvenir, légal ou non. Face à cette situation, tout le monde se renvoie la balle et personne ne veut assumer sa responsabilité propre : école, parents, police, justice…

Cette société est génératrice d'un rapport de forces permanent, où le sens de la citoyenneté, du respect de l'autre , et le lien social se perdent. La télévision a également été montrée du doigt comme médiatisation nocive des faits d'armes en tous genres. Elle échoue à éduquer les spectateurs en proposant des programmes « effarants de bêtise et de violence », elle les incite à des comportements de pure consommation, au détriment de toute réflexion, en les matraquant de publicité (grandes marques, sexe, argent…). Cependant il ne faut pas diaboliser la TV, chacun reste libre de regarder ou pas ces programmes, là encore les parents doivent être responsables en exerçant leur autorité.

Pour ce qui est des solutions tout le monde constate que les institutions échouent à répondre de manière efficace à ce problème. Dans les solutions proposées deux axes se dessinent : prévention et répression.

Il faudrait tout d'abord développer le sens de la responsabilité des parents, développer l'esprit citoyen en chacun de nous. Plutôt que laisser des jeunes livrés à eux-mêmes dans la rue, les pouvoirs publics pourraient mettre en œuvre des programmes d'activités ( sport, théâtre, …) gratuits et accessibles à tous. L'école pourrait aussi insister d'avantage sur l'éducation aux droits de l'homme en appelant chacun à respecter les devoirs qui en découlent. Enfin chaque adulte devrait faire en sorte d'avoir une conduite exemplaire : parents, éducateurs, policiers, hommes politiques, simples citoyens…

Dans l'ensemble ce sont les mesures de prévention qui ont eu la faveur des intervenants. La répression a été reconnue comme inadaptée et inefficace.

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