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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (27/11/1999)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

La responsabilité du citoyen face à l'exclusion

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On pourrait croire que durant les périodes les plus critiques pour les masses défavorisées, l'ensemble de la société s'inquiète miraculeusement du problème de l'exclusion. Remettant en cause les fondements d'une société, ces préoccupations, au lieu d'être récurrentes, devraient être permanentes. Le décès d'une femme survenu à l'approche d'un hiver rigoureux dans une de nos rues caennaises, fait resurgir ce problème grave et révoltant de l'exclusion. En effet, suite à cette mort qui passe pour insignifiante, à peine relatée par la presse, nous nous sommes interrogés sur nos responsabilités de citoyen et sur nos comportements à l'égard des exclus qui vivent en marge de notre société. Ce débat nous a demandé dans un premier temps de cerner la notion d'exclusion, tout d'abord en en recensant les différentes manifestations avant de dégager les valeurs sociales qui les engendrent. Dans un second temps, nous nous sommes préoccupés de l'implication de chacun et des mesures collectives susceptibles de résoudre le problème.

Les personnes sans domicile fixe, les mendiants et les clochards sont les premières personnes auxquelles nous pensons lorsque le mot "exclus" est prononcé. En effet, ces personnes sont démunies de leurs droits les plus basiques: ils ne possèdent ni logement ni travail et ne peuvent pas répondre à leurs besoins essentiels. Cette exclusion sociale, presque totale, est donc celle qui choque le plus. C'est d'autant plus alarmant qu'il est stipulé dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen que la société doit à l'individu - dans un premier temps - la satisfaction de ses besoins primaires. Réciproquement, l'individu se doit d'assurer un travail social. Les fondements mêmes de la démocratie sont donc bafoués.

Cependant, il ne faut pas oublier que le sentiment d'exclusion peut naître chez des individus alors même que leurs besoins primaires sont satisfaits. La solitude des personnes âgées et l'isolement des marginaux l'illustrent bien. Ainsi, nous observons différentes formes d'exclusion. Quelles sont alors les valeurs sociales qui les engendrent?

"Que fais-tu comme métier ?". Cette question coutumière nous renseigne sur ce que représente le travail dans notre société. En effet, le travail, souvent précaire de nos jours, favorise la reconnaissance sociale. Le regard porté sur les chômeurs par les personnes exerçant un métier s'accompagne généralement d'un manque d'intérêt voire d'un jugement. Aussi, les chômeurs souffrent-ils d'un certain délaissement. Les personnes âgées, n'exerçant plus leur profession, sont aussi victimes de cette valeur du travail qui tend à séparer la population en actifs et en inactifs.

Ainsi, le travail est souvent la première valeur par laquelle est générée l'exclusion. D'autres valeurs normalisatrices favorisent par ailleurs la marginalisation. C'est le cas de l'apparence physique. En effet, toutes les périodes de l'Histoire possèdent leur canon, leurs critères de beauté.
Toutefois, une société ne saurait créer des normes. Les seules règles sociales à respecter par chaque individu sont les lois; elles proviennent en effet de l'entendement général et régissent les rapports entre individus.

Devant l'exclusion, que pouvons nous faire? Le premier niveau d'implication est personnel. Les personnes exclues sont marginalisées par l'ensemble de la société, a fortiori par chacun d'entre nous. Aussi, nous faut-il être indulgent envers eux. La tolérance est en effet une notion importante - intrinsèque à l'éducation - qui permet d'accepter les différences d'autrui. Ainsi, changer notre propre comportements vis-à-vis des exclus est la première - peut-être aussi la plus difficile - démarche.
Les associations caritatives sont aussi un moyen pour combattre l'exclusion. Ainsi, différentes structures tentent d'aider les plus défavorisés soit en les secourant soit en les aidant à se réinsérer dans la société. Nous connaissons "Les Restos du Cœur", créé par Coluche, qui fournissent des repas aux personnes de la rue. D'autres associations ont pour but de réintégrer les exclus. C'est notamment le cas de nombreuses associations de Caen ou de ses environs telle "Tremplin" ou "Revivre". Néanmoins, malgré la bonne volonté de ces bénévoles, la démarche associative ne peut être que palliative. La multiplication des associations n'est elle pas le reflet de la négligence du gouvernement? En effet, l'État ne doit pas oublier ses devoirs et ses responsabilités.

Des mesures politiques sont donc nécessaires. Les mesures de circonstance ou d'urgence, principalement effectuées par des systèmes associatifs, témoignent de la vision à court terme de la politique actuelle. La rigidité du système administratif est de plus contestée. L'implication des municipalités dans les problèmes d'exclusion est préconisée. L'associatif n'est qu'un palliatif pour de tels problèmes. Le gouvernement se doit d'appliquer des mesures efficaces et durables. Il s'agit d'une véritable réorganisation sociale. Les citoyens attendent de leurs élus des actions et des projets politiques à la hauteur de leur statut citoyen.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

L'exclusion est un grave problème qui remet en cause les fondements d'une société. Malheureusement, les préoccupations envers les exclus semblent récurrentes alors qu'elles devraient être permanentes et initiatrices de mesures à long terme. Nous avons constaté que différentes formes d'exclusion existaient. Les S.D.F., les marginaux et les personnes âgées représentent en effet de multiples formes d'exclusion. Le travail semble être actuellement la majeure valeur marginalisatrice. On sépare en effet la population en actifs et en inactifs. La normalisation engendre aussi l'intolérance. L'indulgence est alors un effort personnel que chacun d'entre nous se doit d'effectuer. Les associations caritatives permettent de pallier à de telles situations inacceptables. Cependant, l'action politique est essentielle afin de mettre en place des mesures à long terme dans un but de réorganisation sociale.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du 1 décembre 1999 :
- Les hommes politiques sont-ils des justiciables comme les autres ? 5 voix
- La déontologie journalistique. 7 voix
- Des remèdes contre le chômage ? 3 voix
- Le problème de la Corse. 2 voix
- Le Grand Caen. 5 voix
- Faut-il mieux voter blanc, voter contre, ou s'abstenir ? 9 voix
- Travaille-t-on de moins en moins ? 7 voix
- La corrélation entre les partis politiques et les associations. 5 voix
- Les trente-cinq heures. 11 voix

Interventions

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