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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (09/04/2010)

Animateur du débat :

» Politique et Société

Les réseaux sociaux sont-ils les nouveaux réseaux d'influence ?

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Cette synthèse reflète les échanges aussi fidèlement que possible mais ne prétend pas être exhaustive. Vous pouvez, ici, continuer le débat, ou le porter dans votre café citoyen.

Une quinzaine de participants pour ce café citoyen en pleine actualité locale. Coïncidence ! La veille, un « apéro géant » réunissait, à Nancy, environ 400 personnes, sur la place Stanislas. Antoine, l’animateur, rappelle que cet « événement » nancéien, lancé sur internet, a recueilli plus de 8.000 inscrits, avant d’être « annulé » par son initiateur, sous la pression des pouvoirs publics. Témoin de la scène, Clémentine, 26 ans, analyse : « beaucoup de jeunes sont venus par provocation contre la mairie. Et finalement, il y avait surtout des gens ‘bourrés’... ».

Clémentine fait le parallèle avec les « flash-mob », ces appels à mobiliser des gens dans la rue, autour d’un thème plus ou moins idéologique. Antoine demande aux participants de bien vouloir exposer leur manière d’utiliser les réseaux sociaux. Quasiment tous les participants ont un « compte » internet sur ce type de réseaux. Ahmed, la cinquantaine, apporte son regard personnel sur facebook : « pour moi, c’est le bistrot. J’adore les bistrots. Je suis content d’y croiser des gens. Mais c’est très difficile de construire quelque chose dans un bistrot. » La majorité des personnes présentes, au café citoyen, semblent d’abord s’accorder sur un point : un réseau d’influence construit des liens de manière discrète, voire « secrète », comme le note Pierre, qui ajoute : « le problème de facebook, c’est que c’est public. »

D’après Catherine, néanmoins, « sur les réseaux internet, facebook ou twitter, un tas de personnes ont de l’influence efficace pour le pouvoir en place ». Catherine souligne aussi ce qu’elle appelle le « panurgisme » des internautes : « une pente naturelle dont il est difficile de se défaire ». Quelques participants affirment, en substance, que les réseaux sociaux créent effectivement du « suivisme » mais pas forcément du « sens ». Tout dépend des « objectifs poursuivis » et des « intérêts » des gens, estime Olivier, qui anime un réseau professionnel passant « du virtuel au réel ». Il affirme que la moitié des membres de ce réseau s’implique réellement.

Pour Vincent, les réseaux sociaux font plus de la « résistance » que de « l’influence », car ils sont avant tout des « médias de contre-pouvoirs». Vincent évoque ce qui se passe en Egypte, où Mohammed El Baradei, l’ancien président de l’agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), envisage de se présenter à l’élection présidentielle. « El Baradei a 250.000 supporteurs sur facebook mais pas de parti. A-t-il un avenir politique ? » interroge Vincent. Laurent a le sentiment « que ce qu’on appelle ‘réseau social’ est plutôt destructeur du lien social. Même si j’ai une page facebook, c’est très souvent inintéressant et inutile ». Pierre témoigne que, sur le réseau, il n’a « pas de relations avec les gens qu’il ne connaît pas » dans la vie réelle. Même point de vue exprimé par un jeune lycéen : « on s’échange surtout des photos, des trucs qu’on a en commun ». Expérience différente pour Catherine qui dit s’être fait « des amis » après des échanges sur Facebook.

Revenant plus précisément dans le thème de ce café citoyen, Olivier pense qu’un réseau social est « clairement un réseau d’influence ». L’enjeu, selon lui, est d’y être « connu, promu, reconnu ». Laurent rebondit : c’est « du pop art moderne, pour faire référence à Andy Warhol : aujourd’hui, on peut avoir sa seconde de gloire plusieurs fois par jour sur facebook. Et après ? ». Pierre estime qu’un réseau traditionnel (club service par exemple) s’avère plus efficace pour concrétiser quelque chose. « Facebook est un réseau de liens faibles, et donc d’influence faible, mais tout de même…», d’après Olivier. Chacun sa réalité du réseau virtuel ? Christophe explique qu’il utilise les réseaux sociaux, à titre professionnel, pour recruter des personnes et « chasser des candidats ». Sur l’aspect médiatique de l’internet, Vincent évoque l’expérience des journalistes enfermés avec des ordinateurs pour seules sources d’information : « il n’en est rien sorti ! ». Catherine note que ça a tout juste permis de vérifier que certains journalistes vérifiaient leurs sources et d’autres pas… Laki rappelle que l’affaire de l’EPAD – concernant Jean Sarkozy – est tout de même « sorti e » sur un réseau social, avant d’être reprise dans la presse.

Influence ou simple caisse de résonnance ? Revenant sur le terrain du réseau qui crée de l’influence, Clémentine pense qu’un réseau social peut « entretenir » une idée ou un projet, mais que ce n’est pas « l’étincelle » du projet. Vincent estime que les réseaux sociaux nous apportent surtout une « rapidité » et « une massification » des messages, mais aussi un lien géographique qui nous donne l’impression d’une « appartenance globale ». La question technologique n’est évidemment pas neutre, selon plusieurs citoyens présents, mais « est-ce que c’est vraiment nouveau ? » se demande un enseignant : « des pratiques innovantes, moi, sur les réseaux sociaux, je n’en vois pas ». Laki estime que le réseau social est surtout un outil qui simplifie les « phénomènes marketing mais que les hommes ont besoin de contacts physiques et durables ». Avis majoritairement partagé.

Prochain café citoyen de Nancy :
vendredi 7 mai 2010 : « Peut-on se passer de la voiture ? »
Deux autres thèmes ont été proposés :
Zemmour dit-il tout haut ce que tout le monde pense tout bas ?
Quelles sont les limites du journalisme ?

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