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Compte-rendu synthétique par Guy GrandieuCafé Citoyen de Val de Lorraine (21/10/2011)

Animateur du débat : Guy Grandieu

» Économie

La crise monétaire européenne. Quel avenir pour l'euro ? Quel avenir pour l’Europe?

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REUNION DU 21 OCTOBRE 2011 AU BUSHIDO (PONT-A- MOUSSON)
15 participants + les organisateurs.
Présentation de l’Arcadie Val de lorraine et rappel de la charte de la LNA par le président.

LA CRISE MONETAIRE EUROPEENNE : QUEL AVENIR POUR L’EURO ? QUEL AVENIR POUR L’EUROPE ?

Problème des pays et de l’endettement (ex. la Grèce).
Origines de cette crise ? Conséquences ? Solutions ?
L’avenir de l’Europe est-il lié à celui de l’euro ?
Peut-on avoir une monnaie commune sans politique commune ?

Problème des pays et de l’endettement.
J.L.M. : la Grèce entre 2008 et 2009 a emprunté aux mêmes taux que les Allemands alors qu’elle n’avait pas les moyens.
La crise est due aux délocalisations qui se multiplient entrainant toujours plus de chômeurs : l’euro est un mythe.
Le système de l’euro va éclater, il faut anticiper cette sortie de l’euro La France a un endettement de 1700 milliards d’euros ayant pour conséquence une politique d’austérité. Trichet, dans l’Express, dit que l’Europe actuelle est due aux risques souverains car certains Etats n’ont pas joué le jeu : il ya plus de délocalisations, plus de chômeurs et plus d’Etats surendettés insolvables.
Depuis 1973, la France a emprunté l’argent auprès des marchés financiers et non plus auprès de la Banque de France !

GUY : si on revenait au franc, la dette serait-elle supprimée ?

J.L.M. : l’économie c’est pour les spécialistes, je parle comme un citoyen politisé et pas comme un spécialiste. Il faut recréer une monnaie nationale avec une parité 1€=1franc.

J.P. : le niveau d’endettement global de l’Europe n’est pas insurmontable par rapport à la crise grecque. La charge de la dette suffit-elle à justifier la sortie des pays de l’euro ?
La charge de la dette est liée au rapport de la dette et du PIB qui, lui-même est composé des investissements et des règles de consommation.

J.L.M. : créer des fonctionnaires fait monter le PIB ?

J.P. : non, mais cela pèse sur les finances de l’Etat. Les taux d’intérêts sur les dettes souveraines (financées par des emprunts) sont aux mêmes taux d’intérêts que quand on est passé à l’euro. Dans les années 70 avec un salaire moyen un emprunt pouvait être remboursé rapidement.

J.L.M. : Avant le 5/01/73, les emprunts se faisaient auprès de la banque de France, maintenant ça se fait au niveau des marchés financiers. La Grèce paie des taux de plus en plus importants, les banquiers s’en mettent plein les fouilles !

GUY : Quelles sont les origines de la crise monétaire ?

J.L.M. : la crise vient des Etats-Unis, des surprimes. Il faudrait des banques séparées des affaires et de l’argent des citoyens.

GIOVANNI : qu’est-ce que représente l’euro, l’Europe pour nous Français ? C’est un territoire où on peut travailler, s’épanouir ?

J.L.M. : l’idée de Schuman est une bonne idée mais au lieu de faire l’Europe de la culture on a fait l’Europe économique.
J.P. : les spéculateurs profitent de la crise ; on est dans un système complètement véreux au détriment de la communauté européenne, des états et des peuples.

J.L.M. : Il faut que la politique reprenne le pas sur l’économique.

J.L.M. et J.P. sont d’accord sur la nécessité de séparer les banques de dépôts des banques d’affaires.

GUY : le politique a un rôle à jouer, c’est évident. C’est la dette des pays qui met la zone euro en difficulté (la zone euro c’est 17 pays sur les 27 pays de l’union européenne). Le total des PIB des différents pays de l’UE est plus important que celui de la Chine et des Etats-Unis. Le surendettement des pays européens est relativement élevé mais, au Japon l’endettement est pire. Le pays s’endette auprès de ses habitants.

J.P. : Avec une dévaluation la charge est payée par tous mais en Europe on ne peut plus.

GUY : Le traité de Maastricht avait limité le taux d’endettement des pays européens à 60% du PIB et on s’aperçoit que la France et l’Allemagne sont nettement au-dessus : la France est endettée à 87% de son PIB, l’Allemagne à 85%. La France est endettée à hauteur de 1700 milliards d’euros et l’Allemagne à plus de 2000 milliards d’euros.

J.P. : Les spéculateurs en ont largement profité.

JULIEN : La Grèce est un labo à grande échelle qui montre les conséquences de la libéralisation de l’Europe et les conséquences de la spéculation financière.
La BCE prête à des banques privées auprès desquelles les Etats s’endettent. Les banques privées prenant des marges, elles prêtent aux Etats à des taux élevés. Il faut créer un pôle ; social, économique, écologique, européen. La BCE devrait prêter directement aux Etats ce qui a été aboli par le traité de Lisbonne. 55% des Français ont voté contre ce traité en 2005.

Pour remédier à la crise il y a 2 solutions :
- Créer une politique sociale européenne forte en créant un pôle social et écologique européen. Le traité de Lisbonne a été imposé en 2008 par le pouvoir législatif.

J.P. : Conséquence de ce traité : L’Europe ne peut plus intervenir directement auprès des pays de la zone euro pour les aider.

- Mettre en place un protectionnisme européen qui permette de consommer nos produits (meilleure hygiène et avantages non négligeables au niveau écologique).

MARCO : Lors de la tempête de 2009 on achetait le bois en Allemagne alors qu’il venait de chez nous.

J.P. : L’Allemagne a maintenu toute son industrie alors que la France l’a abandonnée. L’Allemagne a, de plus, une balance commerciale excédentaire alors que la France est en déficit. Quand on sait que l’essentiel des échanges en Europe se fait entre l’Allemagne et la France, on n’est pas trop bien situé.

JULIEN : Il faut arrêter de prendre l’Allemagne pour un modèle magnifique car la France produit plus et mieux et a un meilleur état de santé pour ses travailleurs. Notre système n’est pas trop mauvais, c’est l’harmonisation des différents systèmes qui est à remettre en cause. Il faut une harmonisation politique et sociale de l’Europe.

GIOVANNI : l’économie n’est qu’un outil de gestion du projet européen.

JULIEN : la France est la 2ème puissance européenne, on ne peut rien faire en Europe sans la France. Les politiques ont appliqué l’autorégulation avec les thèses de Friedman et Ford, le gouvernement a cédé par intérêts aux particuliers pour soumettre la France.
GIOVANNI : il faut donner une consistance à l’euro, l’objet euro. On spécule sur rien, c’est juste un calcul économique. L’idée de l’euro disparaît.

JULIEN : la politique des années 50 n’est plus valable aujourd’hui.

J.L.M. : Je suis pour l’Europe des Nations, pour un protectionnisme national. On doit avoir des barrières douanières pour lutter contre certains pays, comme la Chine, qui ne respectent pas les normes européennes. Le système européen va tomber.

JULIEN : comment arriver à 1€ = 1 franc ?

J.L.M. : le franc sera symbolique car ce sera une politique nationale. La France pourra faire un certain nombre d’investissements en empruntant à la banque de France. Des économistes disent que c’est possible.

JULIEN : Comment fera-t-on pour réguler ailleurs qu’en France ?

J.L.M. : grâce à l’Europe des Nations.

JULIEN : on est dans l’euro, si on s’en retire il sera impossible pour la France de survivre. Ce sera alors la faillite directe.

J.L.M. : c’est faux.

JP : c’est le problème de l’euro par rapport à l’évolution du monde. Sortir de l’euro ? Rester dans l’Europe ? Ne vaut-il pas mieux une Europe mieux régulée, plus réglementée avec des moyens autres, nouveaux, plus rigoureux ?
On parle des pays émergents, de la monnaie, de l’endettement. Les Chinois détiennent la majorité de la dette américaine. Faut-il plus d’Europe ? Moins d’Europe ? La Chine s’en sort bien car la production se développe énormément, fonctionne bien. Elle ne consomme pas ce qu’elle produit. L’export de l’excédent permet la rentrée des devises mises à la disposition des Etats-Unis ou autres pays.
On ne peut plus s’enfermer dans des raisonnements nationaux car nous sommes tous des maillons d’une chaine.

JULIEN : il faudrait étudier réellement les dettes ; il est important de savoir comment a été faite une dette. Si une dette est créée par spéculation il faut l’annuler car elle set illégitime. Il faudra sanctionner les spéculateurs. La Grèce ne pourra pas payer. Demain l’Italie, l’Espagne ou la France ne pourront pas payer si la même chose leur arrive.

GIOVANNI : On pourra en profiter pour proposer une nouvelle politique.

JULIEN : pour créer une nouvelle Europe, il faut développer un salaire européen unique.

MARCO : On va enterrer la France, l’Allemagne et la France sont les deux grandes nations de
l’Europe, alors si on doit encore donner aux autres pays… Il ne faut pas qu’on aligne les SMIC car on ne veut pas que notre niveau de vie baisse et les autres pays ne pourront pas l’augmenter !

JULIEN : aujourd’hui les entreprises délocalisent en Roumanie car le SMIC est moins élevé. Il faut un SMIC à 1700€ pour toute l’Europe.

UN ANONYME : pour 1700€ plus personne ne travaille.

JULIEN : l’Europe n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties.
JP : pour en revenir à la dette, dans les siècles passés les monarques ont toujours emprunté de l’argent à ceux qui en avaient, même pour faire la guerre (ex. l’emprunt russe, le plan Marshall et la dette allemande après le Traité de Versailles).
La dette est-elle gênante en elle-même ? Utilité de la dette ? Un pays est comme une entreprise, si la dette permet d’investir dans un outil de production et d’avoir un retour sur investissement, c’est bien. L’économie ne s’est jamais aussi bien portée que le jour où on a pu emprunter de l’argent. La dette en elle-même n’est pas forcément négative, elle peut être utile pour accélérer le mouvement. C’est la mission des banques mais elles ne jouent pas leur rôle.

JULIEN : pour qu’il y ait le moins de mécontents possible il faut toujours taper sur les mêmes.

GUY : faut-il inscrire la réduction de la dette dans la Constitution française ? Rembourser en France la dette avec les intérêts nous empêche de faire autre chose alors qu’elle devrait nous aider à développer notre pays, à avoir des rentrées d’argent supérieures à celles que nous avions avant d’emprunter. La dette ne fait qu’empirer car les déficits l’augmentent tous les ans. Il y a un dérapage entre les salaires les plus élevés et les plus bas.
Le double dérapage augmentation de la dette et augmentation des écarts de revenus, s’intensifiant. On ne peut plus rester sans rien faire car on va vers la catastrophe et ce sont les citoyens les plus démunis qui en subiront les conséquences.

JULIEN : pour réduire le déficit à 3%, il faut soit augmenter les recettes soit baisser les dépenses. Il faudrait une politique d’austérité mais en comprimant les dépenses on affaiblit la consommation donc on s’enferme dans une crise durable.
Comment augmenter les recettes ? La solution serait de taxer la finance, les hauts revenus. Le salaire minimum a été mis en place il y a bien longtemps, pourquoi ne pas mettre en place aujourd’hui un salaire maximum pour relancer l’économie? On prend un revenu médian et on le multiplie par 20 pour définir le salaire maximum.

GUY : Il faudrait essayer de baisser les dépenses et augmenter les recettes au niveau de l’Etat pour trouver un équilibre. Les dépenses ont été beaucoup diminuées mais peut-on toujours évaluer les effets de cette diminution ?

JULIEN : Les dépenses ont été diminuées mais pas les bonnes : les écoles ont des moyens de plus en plus faibles et c’est difficile d’aller à la pharmacie sans son porte-monnaie.

GUY : l’avenir de l’Europe est-il lié à l’avenir de l’euro ?

JL H: oui, nous ne sommes pas comme les Etats-Unis qui peuvent faire fonctionner la planche à billets comme ils le souhaitent, sans contrepartie. S’il y a arrêt de la spéculation il faut des gendarmes de la bourse et taxer ou supprimer les spéculateurs.
D’une façon générale le commerce ne marche plus aussi bien, il n’est pas rare que des commerçants soient au SMIC aujourd’hui et que les enfants donnent un coup de main.

JULIEN : Total gagne des milliards d’euros par an et licencie alors qu’il ne paye pas un euro d’impôt à la France. Prenons l’argent où il est et redonnons de la valeur au travail. Pour les petites entreprises c’est l’inverse. 90% de la population subit 10% de grands patrons, de spéculateurs. L’Union fait la force donc on peut faire quelque chose avec ces 90% de victimes du système.

GUY : peut-on avoir une monnaie commune sans politique commune ?

LES PARTICIPANTS : non !

J.L.M. : L’euro va s’écrouler de lui-même. Moi j’ai une vision patriotique et toi (JULIEN) citoyenne.

GUY : 17 prix Nobels en économie misent sur la survie de la zone euro, elle doit donc avoir un certain intérêt. Si l’Allemagne sort de la zone euro, son économie se casse la figure car il y aurait une telle inflation sur le mark que plus personne n’achèterait les produits allemands.

JULIEN : Il faut se méfier de certains prix Nobels, je doute de certains prix, le prix Kadhafi existait aussi.

J.L.M. : combien de prix Nobels avaient prévu la crise ?

GIOVANNI : Marx l’avait prévue.

GUY : cette crise était prévisible.

GUY : faut-il une Europe fédérale pour tout gérer ?

L’Europe ne vit heureusement pas en autarcie donc on voit bien par rapport à l’euro où on en est aujourd’hui.
Doit-on parler de démondialisation ou aller vers une gouvernance mondiale ?

UN ANONYME : A vous entendre j’ai l’impression que la politique a encore un pouvoir.

GUY : La démondialisation a été un peu abordée tout à l’heure. Le pouvoir politique n’est pas exercé mais il a la possibilité de l’exercer. Le seul domaine qui a un vrai pouvoir, c’est le domaine politique.

JP : il ya bien une perte du pouvoir politique face au pouvoir économique.

JULIEN : La politique a été le protagoniste des modifications mondiales, européennes, françaises et ce, à tout temps.

JP : les grandes lois sont votées au niveau de la communauté européenne mais le problème de l’Europe c’est qu’elle n’a pas assez de maitrise au niveau financier.

J.L.M. : 80% des lois qui sont votées en France découlent des directives européennes, il faut donc reprendre notre souveraineté.

GUY : Doit-on aller vers un repli sur soi ou vers une ouverture maitrisée ?
L’Europe existe aujourd’hui tout en n’existant pas vraiment. Qui fait les lois en Europe ? Qui va désigner le Président européen ?

JULIEN : Le système autarcique ne peut plus fonctionner. Le problème aujourd’hui est que les idées originelles semblent bien loin. Le repli sur soi serait une erreur fondamentale car comme nous ne pouvons pas tout produire, nous ne pourrons pas vivre. Il faut se rendre compte de ses limites.

JP : la population française ne représente que 1% de la population mondiale, elle ne pèse pas lourd, il faut en être conscient. De plus, avec l’évolution des populations des pays émergents on sera un peu moins de 1%.

JULIEN : L’expansion de l’Amérique du Sud n’est pas gérée comme le développement économique occidental, l’économie est gérée avec l’écologie, en rapport avec l’environnement.

J.L.M. : au Brésil, ils construisent un ipod. Les politiques ont exigé que la production ne soit pas délocalisée.

GIOVANNI : Le Brésil et les autres pays ont une grande superficie nous, nous n’avons pas les réflexions continentales.

Interventions

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Le Ché

vendredi 24 janvier 2014 16:12:04 +00:00

D'après jacques Sapir l'euro va sombrer avant la fin
2014, jacques SAPIR est directeur de EHESS l'école la plus renommée de France en économie.
Voir le site www.signezpourunprotectionnismeeuropeen.fr.

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