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Compte-rendu synthétique par Céline ChabutCafé Citoyen de Saint-Denis de la Réunion (19/03/2013)

Animateur du débat : Céline Chabut

» Éducation

Le suivi de l'agresseur

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COMPTE-RENDU DU DEBAT
19 mars 2013

LE SUIVI DE L’AGRESSEUR

Etaient présents : Thérèse Baillif, présidente du CEVIF ; Maître Léopoldine Settama, avocate et bâtonnière au barreau de Saint-Denis ; Céline Chabut, présidente de l’Arcadie de la Réunion. +17 participants.

- Rappel de la problématique : une fois la sanction posée, quel est le suivi de l’auteur de violences ? A quoi servent des années de prison s’il n’y a pas de prise de conscience, de travail sur soi, de thérapie durant le séjour en prison ? Quels sont les moyens pour accompagner les auteurs de violences ?
- Maître Settama rappelle que la sanction ne suffit pas, mais elle est indispensable en tant que rappel à la loi, autant pour la victime que pour le violeur. Après le dépôt de plainte, la réception au commissariat, il y a le procès, où l’on assiste parfois au déni de l’agresseur. La sanction est donc indispensable pour reconnaître au ou à la plaignante son statut de victime.
Le but est que l’agresseur comprenne où est le problème.
Il y a une échelle des sanctions :
o une peine sans prison avec obligation de soin : dans ce cas, il y a une obligation de contrôle socio-judiciaire, surveillée par le juge d’application des peines, parfois assortie d’une peine complémentaire. Le juge doit contrôler si le condamné souscrit à ses obligations. Les soins peuvent être des séances d’addictologie, la participation à un groupe de parole, un suivi psychiatrique (notamment dans le cas des violences sexuelles). Le juge s’applique à observer l’efficacité de ce suivi.
o Une peine de prison :
 soit il n’y a pas de soin ; dans ce cas, les condamnés essaient de faire bonne figure et montrent de l’intérêt pour s’en sortir, ou font un travail sur eux-mêmes.
 Soit il y a une obligation de soin. S’il ne s’y soumet pas, ça joue sur l’aménagement de peine.
- L’obligation de soin est donc nécessaire mais parfois pas suffisante. Il n’y a pas de souscription volontaire à cette démarche. Et souvent, elle est dictée par le sésame : l’aménagement de la peine.
- Les condamnés disent qu’il n’y a pas suffisamment de professionnels ; et les rendez-vous sont très longs à obtenir. Pourtant, l’Etablissement Public de Santé Mentale intervient, les psychologues ou psychiatres aussi, mais ils ne sont pas assez nombreux. Le Centre régional de prise en charge des violences sexuelles et le SPI interviennent aussi.
En milieu ouvert, il y a le suivi socio-judiciaire. Les injonctions de soins amènent les auteurs à consulter en CMP (Centre médico-psychologique). Mais l’insuffisance de moyens persiste (2 rendez-vous par an…).
- De plus, les travailleurs sociaux sont parfois agressés par les auteurs, notamment les éducateurs spécialisés et les assistants sociaux. Le responsable du GUT (Groupement d’Unités Territoriales) peut décider d’envoyer un courrier de rappel à la loi, au nom de la Présidente du Conseil Général. Il y a environ une centaine de protections juridiques de ces travailleurs sociaux actuellement, et elles sont en nette augmentation depuis 10 ans.
- On souligne l’existence de drames, après la prison, lorsque le détenu sort et se venge sur ses proches, son ex compagne…
- Le problème de la violence dans les relations hommes-femmes nécessite un travail en amont, dans l’éducation des enfants. Il faut faire de la prévention, dès la maternelle, dans les établissements scolaires. Les enseignants doivent sensibiliser leurs élèves, filles et garçons, aux règles à respecter dans la relation homme-femme. Les mères aussi doivent éduquer leurs enfants sans faire de leurs fils, notamment, des « dominants », des coqs. On entend encore des petits garçons dire : « Les femmes ne commandent pas les hommes ! ».
- La relation avec l’avocat peut être utile pour faire entendre à l’auteur de violences qu’il a agi d’une façon pathologique. L’avocat peut faire entendre raison à son client. De plus, le procès en lui-même amène l’accusé à réfléchir sur ses actes. Mais pendant le procès, l’accusé pense surtout à avoir une peine minimum ; ce n’est pas le moment, pour lui, de réfléchir au bien-fondé de ses actes.
- On souligne le rôle des adultes envers les enfants, et envers les parents, notamment dans les établissements scolaires. Il n’y a pas toujours quelqu’un pour les accueillir, et parler de leur problématique avec leur enfant. Il existe une carence d’écoute. Or, dès le primaire, on constate de nombreux accidents, notamment lors de la pause méridienne. Des parents sont obligés d’intervenir, parfois, pour veiller à la sécurité des enfants. On remarque une difficulté pour communiquer à ce sujet avec les enseignants.
- Carmen Allié nous fait part de 5 messages laissés par ses mais sur Facebook, suite à la publication de l’annonce du débat. Le 1er suggère que la prison est plus une usine à récidive qu’autre chose. Le 2ème pense que les sanctions devraient être plus importantes. Le 3ème affirme que le travail avec le psychologue devrait permettre à l’auteur de comprendre où est le problème, dans son attitude ; ce travail est donc indispensable. Le 4ème propose un encadrement militaire assorti d’un travail sur soi. Le 5ème évoque la peine de mort pour les pédophiles car il pense que c’est insoignable ; même des années après les faits, cette personne a vu toute sa vie détruite par ce qu’elle a vécu dans l’enfance.
On voit donc que le public est partagé entre un accompagnement psychologique pour les auteurs, et des sanctions plus sévères.
- On observe que la violence est souvent véhiculée par les médias, par la télé notamment. Or, ça devrait être une émission de service public, puisque les télés sont parfois publiques, de sensibiliser les gens à la non-violence.
Mais, ne sombrons pas dans le pessimisme ! On a vu récemment 2 émissions sur Réunion 1ère, traitant du viol et des violences intra-familiales. On a vu aussi l’émission de Clémentine Autain, sur une chaine de service public, avec des témoignages de femmes violées ; elle a aussi publié un manifeste et un livre. Michèle Bachelet, à l’ONU, a réussi à faire paraître un nouveau texte de loi interdisant les violences sexuelles et le viol conjugal….
Il faut toujours être sur le feu, et toujours remettre cette problématique et cette réalité sous les yeux de nos dirigeants, pour ne pas qu’elles tombent dans l’oubli. C’est l’affaire et de tous, que l’on soit un homme ou une femme.
- Un agent de médiation rappelle que les marches blanches, la journée de la femme ne suffisent pas. Jusqu’en 1980, les affaires de viol n’étaient pas médiatisé, il n’y avait pas de plainte. Aujourd’hui, les gens doivent agir, sans attendre qu’il y ait des viols, des drames, des meurtres.
- On pose la question de savoir si l’homme est déstabilisé, actuellement, par le nouveau statut de la femme.
- Dans le groupe de déni, animé par l’AFPDS, à St Pierre, les hommes expriment parfois leur incompréhension. L’animatrice de ce groupe souligne que c’est dommage que la thérapie soit la carotte qui motive les auteurs de violences. Leur but est seulement l’aménagement de la peine. Mais maître Settama explique que malheureusement, l’être humain est ainsi fait qu’il n’avance parfois que sous la contrainte. C’est parfois le seul moyen de progresser. Il a besoin d’être aidé, mais la victime aussi a besoin d’être aidée, car les scénarios sont souvent complémentaires. On découvre ainsi qu’il n’y a pas de profil d’auteur ni de victime. C’est une relation d’emprise et le couple fonctionne d’une façon automatique sur ce mode. C’est pourquoi il faut un travail de fond, de qualité, à long terme, pour faire évoluer les choses. Il faut donc des professionnels, des travailleurs sociaux formés.
- Une thérapeute familiale explique que les scénarios se répètent de génération en génération, et qu’il faut travailler sur la systémique.
- Un travail en réseau est donc indispensable, et nécessite des financements, et l’appel à plusieurs professionnels.

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