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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Céline ChabutCafé Citoyen de Saint-Denis de la Réunion (28/08/2013)

Animateur du débat : Céline Chabut

» Démocratie et Citoyenneté

Démocratie et citoyenneté : quel est l'état des lieux ?

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COMPTE-RENDU DU DEBAT
Démocratie et citoyenneté : quel est l’état des lieux ?
28 août 2013, La Cerise
Introduction
Les dysfonctionnements de la démocratie actuellement :
-1eer problème : Démocratie ou oligarchie ? Nous votons pour élire des élus qui nous représentent ; et ensuite, ils exercent le pouvoir, prennent des décisions. Alors : démocratie = pouvoir par le peuple ? Non ! « Démocratie » actuelle = donner le pouvoir à quelques-uns pour décider et exercer le pouvoir, se décharger de l’exercice du pouvoir sur quelques-uns = oligarchie.

- 2ème problème : la corruption de certaines élites, de certains partis : combien d’élus ou de candidats ont déjà fait de la prison ? Ont été condamnés pour détournements de fonds, pour conflits d’intérêt, pour avoir détenu un compte en Suisse ?

-3ème problème : la sclérose des partis politiques : un parti est une machine à gagner des élections, un lieu de lutte pour le pouvoir en interne et à l’extérieur. Est-ce un lieu de réflexion, de formation, d’analyse, porteur d’un projet de société ? De plus, on constate le non renouvellement de la classe politique : toujours les mêmes qui se présentent, soutenus par leur parti même s’ils ont échoué auparavant, et cumulant les mandats, au lieu de laisser la place à d’autres.

-4ème problème, de taille : c’est la confiscation de la démocratie, du pouvoir du peuple par la tête de l’Etat, ou de l’Europe. Ex : référendum de 2005 pour approuver ou non le traité établissant une Constitution pour l'Europe: les français ont voté contre ; le gouvernement l’a fait passer quand même. + Aujourd’hui, qui dirige vraiment ? Les politiques ou les lobbies et le marché de la finance ? Ex : Monsanto, Dexia

- Alors, que faire ? Comment faire ? Comment agir ?
Défendre les droits du citoyen, c’est le rôle des syndicats, des associations de consommateurs…
L’action citoyenne, c’est ce que font les ONG, certains mouvements sociaux comme Attak, le mouvement Occupy Wall Street, les Indignés, la FIDH (Fédé Internationale des Droits de l’Hommes), les associations solidaires avec la Palestine, les faucheurs volontaires, le Collectif Jeudi Noir, le mouvement des porteurs d’eau (Danielle Mitterrand), les Femen, …
mais aussi des mouvements moins organisés comme : les pétitions citoyennes (cyberactivisme : AVAAZ, Change.org…), les réseaux sociaux, les révoltes des paysans sans terre en Amérique du Sud, les SDF sur le canal St Martin, les militants à NDDL, la création de monnaies locales, de coopératives, le développement de la vente directe producteur-consommateur …

+ Un autre moyen pour changer le fonctionnement de la démocratie : la démocratie participative.

Intervention d’Arnold Jaccoud
La démocratie participative
Prenons l’exemple du canton de Vaud (Lausanne, Suisse) : un conseil communal contrôle la gestion de la municipalité. Alors qu’ici, pas de contrôle : la majorité municipale fait ce qu’elle veut pendant 6 ans. Pas de pendant participatif à la démocratie représentative.
- Qu’est-ce qu’une démocratie participative ? Exemple de la Suisse : les citoyens doivent décider de ce qui se passe ; ils s’enracinent dans une réalité qu’ils savent faire fonctionner. La politique n’est donc pas discréditée comme ici ! Or on attend des politiques qu’ils fassent preuve de dignité, soient porteurs d’un projet d’avenir, soient vertueux, compétents, adaptables, qu’ils acceptent un contrôle démocratique permanent. Comment aménager les choses ? Problème technique : qui décide ? Qui a le pouvoir ? Une minorité oligarchique ou le peuple ? (ex : construction de la NRL : le peuple est-il consulté pour voter et prendre une décision majoritaire ? Non.) La minorité oligarchique, d’où le bazar habituel après coup. Le citoyen ne s’exprime pas par un vote majoritaire. + Problème culturel : nécessité d’élaborer une culture démocratique participative, pour mettre en place des instances qui obéissent aux caractéristiques que nous voulons développer. Ce n’est pas une utopie (pour Etienne Chouard, le tirage au sort fait « rêver »). L’axe de la démocratie se construit très concrètement dans un dialogue permanent entre une autorité représentative légitime élue et une population de citoyens qui continuent de participer au-delà de l’élection à l’élaboration des conditions de vie qui feront l’objet des décisions de l’autorité. Il n’y a pas de crainte à avoir du contre-pouvoir. En 2002, il y a eu la création de l’expression « démocratie de proximité ». Les conseils de quartier ont été mis en place pour les villes de plus de 90000 habitants, mais pas dans les petites communes. Or il faudrait développer le pouvoir des citoyens même dans les petites municipalités, pour qu’ils deviennent des interlocuteurs reconnus de l’autorité publique. Ce pouvoir des citoyens devrait se situer dans une logique d’étayage, pas de contre-pouvoir. Les décideurs ont tout intérêt à s’appuyer sur la sensibilité du public.
- Qu’est-ce qu’être un citoyen ? Beaucoup de gens ne se sentent pas citoyens, car ils sont dans un état de dépendance, de non capacité d’agir sur les conditions de son existence. Or un citoyen est un homme debout, qui mesure l’efficacité de son action, qui donne du sens à son action. Si l’on pense que la société appartient à une minorité (aux Zoreys), comme c’est le cas dans une économie de comptoir par exemple, on n’a pas le sentiment que c’est nous qui constituons la société. Chacun se réfugie donc dans des stratégies de protection individuelle. Difficile d’en sortir quand on a depuis toujours le sentiment qu’on ne sera pas écouté. Or il faut être sûr de détenir le pouvoir de décider de sa vie pour se sentir vraiment citoyen. Pb : la société devient de plus en plus complexe ; la réalité appartient aux experts qui détiennent les informations, et sont mis au service du pouvoir, pas des citoyens. Dans ces conditions, comment les gens peuvent-ils se sentir capables d’intervenir ? Cela crée une société d’individualistes qui s’occupent de leurs affaires mais pas des affaires de la cité.
- Nous pouvons utiliser les instances participatives, les lois qui existent pour défendre notre condition de citoyen : quels sont les fondements de la démocratie participative? Il faut d’abord de l’information sur les enjeux, une information fiable, complète, claire, crédible (canton de Vaud : 8 votes par an, documentation objective reçue par chaque habitant…) Ex : Consultation sur la NRL : 200 contributions à ce jour, alors qu’il y a 850000 Réunionnais : déficit d’expression et sûrement d’information des enjeux.
Il faut aussi des experts qui mettent leur science au service des instances citoyennes.
Il faut développer la même information sur le plan administratif : quels sont nos droits ? Personne n’y connait rien. Grande difficulté à avoir accès aux informations qui concernent nos propres affaires (S. Moussajee, collectif Eveil citoyen 974).
L’éclairage doit se faire aussi sur le plan financier ; l’instance citoyenne doit être éclairé
Enfin, sur le plan politique, il faudrait être sûr que notre avis va être pris en compte.
Ce fonctionnement n’est possible que lorsque l’autorité est présente, dialogue à 3 : les gens concernés, les experts spécialistes qui détiennent les informations, et le représentant de la décision.
Intervention de Pierre Balcon
Comment le citoyen peut-il accéder aux informations ?

- Loi sur l’accès aux documents administratifs, la CADA (1978) : tous les documents administratifs sont consultables (sauf vie individuelle, secret défense et documents préparatoires – sauf ceux concernant l’environnement).
- Loi sur la motivation de certains actes (1979)
- Sites internet locaux ou nationaux
- Loi de décentralisation (2013) : objectif : améliorer les relations entre l’administration et les citoyens. Soutenir la mise en place des DATA CENTER.

Les leviers d’action et perspectives peuvent donc être les suivants : la transparence de l’action administrative, l’accès aux documents administratifs, les exigences que les citoyens doivent faire valoir dans leurs relations avec les administrations ; l’intensification des échanges en mobilisant les outils internet.

Discussion :
- Les discours d’experts sont toujours très compliqués et les décisions à prendre sont toujours simplistes.
- Démocratie et pouvoir : question au centre du débat. Ceux qui nous représentent sont dessaisis du pouvoir, depuis le 4 janvier 1973, n’ont plus le pouvoir sur les banques. Idem pour les médias, l’emploi, les guerres…Comment reprendre ce pouvoir-là ? Les partis politiques, les associations, les syndicats peuvent intervenir dans la vie publique. Problème : dans les partis, on parle plus des candidatures aux prochaines élections que du projet.
- 2 questions aux intervenants : Quelle est la position des intervenants sur l’assemblée unique ? Acte 3 de la décentralisation : un bien pour la Réunion ?
- L’enjeu est la contre-expertise citoyenne. Les citoyens sont capables de comprendre et d’analyser. Les affaires publiques ne sont pas si difficiles à comprendre.
- PB : L’assemblée unique : on entend parfois : « plus le pouvoir est dilué, mieux c’est »…Cela parait rationnel, économique ; mais si les élus continuent à se comporter comme ils le font, ce sera difficile ; de plus, les esprits ne sont pas mûrs à la Réunion pour réfléchir sur cette question. Le débat sérieux sur l’évolution institutionnelle est empêché à la Réunion à cause de la « peur du largage ».
- Les élus se prononcent sur l’octroi de mer, les niches fiscales, alors qu’il n’y a pas de dé-bat avec les citoyens.
- Développer le savoir des citoyens pour pouvoir ensuite développer leur pouvoir.
- Suisse : l’information diffusée aux citoyens n’est pas si neutre que cela ; elle est manipulée par les médias.
- Parfois, interdiction aux experts de publier leurs écrits, dans les facs. Ils publient donc sur le net !
- Débat technique : a submergé un peu l’auditoire.
- Quelle action veut-on mener ? Une fois qu’on a la meilleure information, qu’en faire ? Très important d’avoir une utopie, 1ère condition si on veut faire de la politique. La poli-tique politicienne est parfois corrompue, et elle nous coupe les ailes. Le politique a mis l’économique au 1er plan, alors qu’il pouvait faire autrement. Or, la/le politique devrait être au cœur de la société, normalement. Qu’est-ce qu’on attend pour la remettre au cœur de la société ? Comment construire au quotidien, comme le fait Attac, dans les quartiers ? + Se documenter en lisant des revues spécialisées (Monde Diplomatique…) permet de mieux comprendre de longs rapports techniques difficiles à aborder. Les conseils scientifiques sont là aussi pour examiner ces rapports et apporter un regard d’expert utile au citoyen.
- On cite les exemples du Vénézuéla, de la Bolivie, de l’Equateur, où le peuple a obtenu une réappropriation démocratique. C’est possible ! Référendum révocatoire, réappropriation des ressources naturelles, contrôle du peuple sur les élites, souveraineté populaire, gouvernement de rue. Nécessité que la population soit consciente de sa force.
- Au sujet du politique dessaisi de son pouvoir : c’est une conséquence de décisions poli-tiques. L’économie mondialisée financiarisée a besoin de gouvernements à sa botte qui feront le lien entre le socialisme et le libéralisme pour maintenir les populations sous leur coupe. + Question de l’indépendance de la justice : très importante. Il faut agir sous forme associative, avec la mise en commun de toutes les sensibilités.
- Mener des expériences dans les quartiers, concrets. Ne pas tout attendre de l’Etat, du gouvernement. Toucher à la problématique du pouvoir.
- En Suisse, le vote est obligatoire. Il faudrait que les politiques ne puissent être élus qu’à un seul mandat, et qu’ils soient révocables.
- Collectif Eveil citoyen 974 : qui gouverne à la Réunion ? La crise est due au fait qu’on n’est plus dans un état de droit : mafia réunionnaise, politique…Les lobbies font la loi, freinent le développement économique… C’est une République bananière où il faudrait « faire le ménage » : mission de salubrité publique.

Interventions

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Jacques

vendredi 20 septembre 2013 11:24:49 +00:00

Non, la démocratie ne se résumait-elle pas aux instances ministérielles supérieures : la question se posait dès la maternelle, par exemple, et c'est bien pourquoi les idéologues de tous poils se disputaient-ils l'appareil enseignant...et là, tous les systèmes proposés étaient-ils ségrégatifs et totalitaristes : tais-toi et copie pour devenir quelqu'un !!!
Côté sclérose, tout le monde était concerné ; tout le monde était menacé...les ligues de vertu comme les individus ; maintenant n'était-il pas nécessaire d'être grand clerc pour deviner que les suffrages majoritaires à deux tours favorisaient les arrivistes et les caractériels : les chiens ne font pas des chats !?!
Quant à la démocratie participative, tant qu'on n'aura pas les pieds dedans, elle n'aura que des qualités !...!

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