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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (02/03/2012)

Animateur du débat : Laurent Watrin

» Démocratie et Citoyenneté

Quel rôle pour le citoyen dans la cité ?

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Synthèse du café citoyen du vendredi 2 mars 2012 – Nancy - MJC Pichon
« Quel rôle pour le citoyen ? » (15 participants)

En préambule, l’animateur propose quelques lignes historiques sur la notion de citoyen, comme acteur des « affaires de la Cité ». L’Antiquité sélectionne le citoyen sur des critères précis et exclusifs. La Révolution française attache la citoyenneté à la Nation. L’Europe propose une citoyenneté commune à ses Etats membres depuis 1992. En France, aujourd’hui, le droit de vote s’acquiert à 18 ans et « on ne naît pas citoyen, on le devient », selon une formule lue sur le site du ministère de l’Education nationale.

Presque tous les candidats politiques évoquent la participation des citoyens à la démocratie. Un grand nombre d’associations parlent de citoyenneté… Mais quel est, au fond, le rôle du citoyen ? Jusqu’où peut et/ou doit aller son « pouvoir » ? Quels sont ses devoirs ? Est-on forcé d’être un « bon » citoyen pour vivre en paix dans la République ?

Pour tenter de répondre à ces questions, l’animateur invite les participants à discuter trois chapitres :

- quel sentiment personnel d’être (ou non) citoyen ?
- quel contenu pour le « rôle du citoyen » ?
- quel avenir pour la citoyenneté ?

Pour commencer, Bernard – enseignant en communication orale - considère que la conscience de la citoyenneté passe d’abord par le vote. Adhérer à un parti, un syndicat, une association, sont aussi des actes citoyens, selon Bernard. Mais le rôle du citoyen requiert, d’après lui, « une certaine connaissance et une envie ».

Par ailleurs, Bernard estime indispensable de pouvoir « contrôler » l’action des personnes ayant reçu un mandat de la part. De même le citoyen doit pouvoir contrôler le fonctionnement des institutions auxquelles il prend part (par exemple une banque mutualiste). « Le contrôle est ce qui permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général », affirme Bernard.

Pour Roland, retraité, l’enseignement doit être « carré » pour faire des « bons citoyens », faisant preuve de responsabilité et d’autonomie. Car, selon Roland, « on peut être autonome et faire partie du monde ».

Marie-France, membre d’un atelier de vie de quartier, se dit « choquée » par les incivilités qui nuisent à la vie de la cité. Reprenant cette idée, Séverin - jeune actif - pense que « l’individualisme et la méconnaissance des institutions » produisent des « citoyens virtuels » pour lesquels « jeter un papier par terre devient normal parce que des gens sont payés pour ramasser ». Séverin se dit favorable au vote obligatoire.

Danièle s’interroge : peut-on juger de la qualité de « bon » citoyen ? Et les « non-citoyens » - les étrangers n’ayant pas le droit de vote - « sont-ils des mauvais occupants de notre territoire ? ». Danièle estime que le respect - de l’autre, de la société, de l’environnement - est à la base de la vie en collectivité. Le « respect mutuel » fait vivre la citoyenneté, selon Danièle, qui appuie l’idée de contrôle citoyen évoquée par Bernard, même si elle préfère l’expression de « droit à un retour ».

« Le citoyen a le droit de demander des comptes », poursuit Léonie, étudiante à Sciences-Po Nancy. Mais « la citoyenneté c’est aussi l’engagement », selon cette jeune Franco-Allemande.

Addama affirme que la citoyenneté « s’apprend à l’école ». Il faut, selon lui, remettre au programme l’instruction civique qui développe la parole citoyenne et l’intérêt général. Maëlis rejoint son propos. Etudiante, elle aussi à Sciences-Po Nancy, elle évoque sa récente participation aux Etats généraux du Renouveau, à Grenoble. Ces débats ont mis en avant la nécessité d’une Education à la citoyenneté mais les jeunes avaient peu la parole, se souvient-elle.

Maëlis pense qu’il faudrait « des cours d’esprit critique », ainsi qu’une éducation aux médias. Mais certains, dit-elle, n’y ont peut-être pas intérêt... Danièle, ex-enseignante en collège, souligne : « si on s’en tient aux textes actuels de l’Education nationale, on ne peut pas développer l’esprit critique des élèves ! ».

Nathalie se définit comme « précaire » et cite le philosophe Jacques Rancière ; elle considère certaines positions sociales comme des « freins » à la citoyenneté. « La citoyenneté, c’est le débat et l’argumentation », mais l’inégalité des paroles citoyennes serait la règle. Nathalie évoque par ailleurs le modèle éducatif anglo-saxon, ou américain, dans lequel l’élève peut dire « je ». Dans ce modèle, la forme compte moins que le fond, contrairement au système français. Addama renchérit : « en France, on met dans un cadre, dans un moule… on réfléchit beaucoup (trop ?) avant de parler ».

Erlan conteste la supériorité supposée du modèle anglo-saxon pour forger des « bons » citoyens : « l’abstention est encore plus forte aux Etats-Unis que chez nous ». Etudiant à Sciences-Po, lui aussi, il estime que « l’engagement citoyen » s’apprend tout au long de la vie. Erlan évoque, au passage, les actions de son association, le Pacte Civique, qui promeut notamment le lien entre les générations.

Pour Bernard, « l’oralité » permet l’esprit critique. D’après lui, laisser la place aux jeunes constitue une priorité pour faire évoluer la citoyenneté. Bernard note cependant la persistance française d’un « pouvoir pyramidal tellement fort » qu’il contredit cette évolution.

Maëlis dénonce la notion de « jeunes » comme catégorie, parce qu’il y a, selon elle, « autant de diversité parmi les jeunes que dans le reste de la société ». Maëlis croit aussi à l’affirmation de la citoyenneté dans le champ économique. Les SCOP (sociétés coopératives ouvrières de production) sont évoquées comme des modèles de « citoyens acteurs » de l’économie.

En conclusion, les participants de ce café citoyen proposent quelques pistes affirmant le rôle du citoyen dans notre démocratie :

- réintroduire l’instruction civique à l’école
- former à l’esprit critique
- promouvoir la citoyenneté européenne
- développer le contrôle citoyen
- faciliter l’inscription automatique sur les listes électorales
- libérer l’autonomie des personnes dans la vie économique
- changer les méthodes de management

Prochain débat : vendredi 27 avril 2012 - 18h30 - MJC Pichon.
Thème : « le vote devrait-il être obligatoire ? »
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