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Compte-rendu analytique par Jean-Marie SeeuwsCafé Citoyen de Caen (09/12/2006)

Animateur du débat : Pierre-Michel Bon-Gloro

» Démocratie et Citoyenneté

La multiplication des lois conduit-elle à la déresponsabilisation des citoyens ?

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Animateur - Bonjour à tous, je vais ouvrir le débat traditionnellement en rappelant la charte de la Nouvelle Arcadie. Le café citoyen est un espace libre de parole avec une seule obligation, on prend la parole l’un après l’autre, c’est moi qui la donne, on n’interrompt pas la personne qui a le micro et on attend son tour avant d’intervenir et dans la mesure du possible on évite d’instaurer simplement un débat entre deux personnes, on essaie de synthétiser un peu sa pensée d’attendre éventuellement pourquoi pas deux ou trois interventions avant d’intervenir de façon à éviter trop d’allers et retours entre deux ou trois personnes de façon à ce que tout le monde puisse parler. Le sujet voté la dernière fois est « La multiplicité des lois déresponsabilise-t-elle les citoyens ? » La personne qui a proposé ce thème étant présente je lui donne la parole pour ouvrir le débat.

Juste une parenthèse pour vous dire que Marc Houssaye, président du Café Citoyen de Caen, est absent aujourd’hui, il est à Bordeaux où vient de s’ouvrir un Café Citoyen. Ce genre de démarche se multiplie maintenant, à Metz aussi il y a un café à venir, à Nantes dans les prochains mois, à Paris aussi. C’est très encourageant pour nous, peut-être faut-il y voir un regain d’intérêt et qui permet à la Nouvelle Arcadie de prendre plus d’ampleur.

Voilà je vous laisse la parole sur votre sujet.

1 - J’ai choisi ce sujet pourquoi ? Ce que je voulais dire c’est un peu trahir le sujet ou inversement je ne sais pas, c’est que je pense que multiplier les lois qui interdisent nous rend infantile, alors que les lois qui autorisent peuvent être intéressantes. Multiplier les lois peut être nécessaire dans les cas extrêmes mais ça ne peut pas être pérenne. Évidemment c’est très utile pour les avocats car trop de lois permet plus facilement de tourner la loi. Trop de lois régissant notre vie fait que l’on ne sent pus concerné par exemple par des devoirs de morale. [L'intervention ci-dessus est pratiquement inaudible chaque mot ayant un écho. Elle est donc très résumée. Ceci est probablement du à une mauvaise tenue du micro.]

Animateur - Donc le problème de la multiplication des lois avec comme corollaire un tel grand nombre de lois qu’elle peuvent se contredire et finalement il suffit d’aller fouiller dans l’arsenal juridique pour orienter en sa faveur ou en la faveur de celui qu’on défend si on est juriste en faveur des intérêts de celui qu’on défend avec justement un ensemble de loi auxquelles plus personne ne s’y retrouve.

1bis - [intervention absolument inaudible]

Animateur - Par exemple, je mets ma musique très fort dans mon appartement, est-ce que je m’interroge sur la réglementation ou est-ce que je me réfère à mon bon sens, aux bons usages.

2 - J’ai un monsieur à côté de chez moi et je me suis déjà plainte plusieurs fois et il continue à mettre de la musique et ça chante et ça danse jusqu’à quatre heures du matin, on met le tam tam. Alors j’ai porté plainte, après il a jeté quelque chose dans mon volet, alors maintenant la prochaine fois qu’il recommence je vais voir les HLM. Il n’y a plus de moralité parce que si on injurie quelqu’un de mon âge et bien c’est normal, non mais il est venu m’engueuler il a dit j’ai droit de mettre de la musique.

Animateur - On a bien compris la difficulté, ce sont des soucis de voisinage on va dire. Vous avez le droit, vous venez de prononcer le terme, vous avez le droit.

3 - Je crois que le sujet est la multiplicité des lois, alors je trouve que c’est un peu hors sujet de parler de bruit dans l’immeuble, je trouve que c’est deux choses complètement différentes. Il y a beaucoup de lois, c’est vrai, mais après cela un voleur reste un voleur, après la loi va changer, on parle de mettre en examen des jeunes enfants de plus en plus jeunes, mais la loi pénale est toujours là pour les voleurs, pour les assassins. Je trouve que ce qui est complexe c’est plutôt en matière civile où il y a une complexité, les lois évoluent, se chevauchent, il y a une jurisprudence abondante et qui peut quelquefois se contredire. C’est là à mon avis qu’il y a complication. Après l’histoire avec les voisins c’est une question de citoyenneté, la loi n’y changera rien.

4 - Justement c’est quelque chose d’accessoire, ce sont des choses qui arrivent au quotidien et face aux difficultés on est bien d’accord que ça n’a rien à voir avec le droit pénal, mais quelle est la réponse de la loi ? On revient toujours à la responsabilité des parents, de l’éducation, de la citoyenneté, tout ces concepts très séduisants pour des gens de nos âges, mais quid, qu’est-ce qu’on fait après pour répondre à ces genres d’agressions, certes minimes mais particulièrement éprouvantes pour des gens qui doivent endurer cela, quelle est la réponse de la société actuelle, c’est la même que celle du voisin de madame.

5 - Vous appuyez beaucoup là-dessus, sur la musique des jeunes, je vais vous dire, au-dessus de chez moi, il faut dire que ce sont des immeubles de la reconstruction avec une isolation phonique absolument lamentable, j’ai des voisins des personnes âgées qui sont levés tous les matins à 6 heures pour faire la vaisselle, ça m’empêche aussi de dormir. C’est une question de civisme, je ne vais appeler la police parce qu’ils font la vaisselle à 6 heures du matin. Non je ne déforme pas.

Animateur - Je tiens à relever la dernière intervention, finalement que peut-on entrevoir derrière ce qui vient d’être dit, c’est qu’en effet un arsenal juridique c’est une chose reste à s’interroger sur les dispositifs qui se chargent de les faire appliquer. En effet une réglementation trop pléthorique amène le problème des modalités d’application. On peut penser et estimer que justement peut-être aujourd’hui il y a un certain relâchement des usages, finalement chacun se réfère à l’organe exécutif, ça peut être le juge, le législateur, mais il ne se penche pas lui-même sur l’usage qu’il fait des lois.

6 - Moi je pense, la responsabilité, quelqu’un peut oublier en fait parce que les gens ont plus conscience de leur droit que de leurs devoirs. Or la loi existe à la fois pour définir le droit des personnes mais aussi les devoirs. La loi a quelque fois trop tendance par démagogie de privilégier les droits par rapport aux devoirs et ça c’est un problème qui fait que les citoyens attendent beaucoup de la loi pour eux mais moins pour les autres. Je crois que ce phénomène est très caractéristique de notre société et on s’éloigne en ce sans de ce qu’on appelle la loi intemporelle qui est la loi fondamentale. Alors justement ces loi de circonstance, pourquoi sont-elles de circonstances, parce qu’elles sont le fait de vote qui traduisent beaucoup plus disons le sentiment de l’opinion publique avec ce que cela comporte comme incohérence et disons qu’elle provoque de la responsabilité collective plutôt qu’individuelle. Il y a un certain nombre de lois qu’il faut prendre en compte et notamment la loi sur le fond d’indemnisation de garanties des assurances. Malheureusement celui comment une infraction et qui commet des dégâts importants quelquefois n’est pas assuré et c’est couvert par le fonds d’indemnisation. Qui paie, c’est les autres. Vous avez également l’indemnisation des victimes civiles d’infractions, qui paie, c’est la collectivité, c’est le contribuable. Tout ça c’est fait pour déresponsabiliser le citoyen. Je me rappelle, ça remonte loin, c’était en 1952 en cours de droit à Toulouse, j’avais un professeur qui disait la responsabilité collective déresponsabilise les gens dans l’avenir.

Animateur - Cette intervention sur la distinction entre les droits et les devoirs est intéressante. Juste une parenthèse, Auguste COMTE, le père du positivisme, cette doctrine qui consiste à voir cette régulation des société de façon formelle, uniquement gérée par des lois et la jurisprudence, avait aussi mis en balance dans sa thèse, que finalement il n’y avait pas de droit, il n’y avait que des devoirs du citoyen vis-à-vis des autres ou du citoyen vis-à-vis de la société et que par voie de conséquence ceci aboutirait à une certaine forme d’harmonie. C’est le premier point, le deuxième point, vous avez levé la distinction entre les lois et l’entendement des citoyens par rapport à ces lois. Il faudrait se poser la question de savoir qui fait les lois finalement, qui formulent les lois ? Juste un chiffre, à l’assemblée nationale 95% des lois sont le produit de l’exécutif, ce sont les projets de loi, celles qui appartiennent à l’initiative parlementaire représente seulement 5%.

7 - La compréhension des lois n’est pas accessible à tout le monde, sis vous n’avez pas fait d’études, il y a plein de gens, les lois ça ne veut rien dire pour eux.

8 - D’abord je considère que dès l’instant où l’on forme une communauté, la communauté ce peut être à partir de deux personnes, il faut se fixer des règles. A plus forte raison lorsque l’on est dans une communauté de niveau national, les règles sont forcément obligatoires. Alors si j’ai bien compris l’intervention de monsieur Dumont, il considère que les lois empêchent de citoyen de réfléchir, qu’à contrario si les gens étaient suffisamment éduqués qu’ils aient suffisamment de savoir-vivre il n’y aurait pas besoin de lois. Ceci dit il n’y a pas que des lois répressives ou organisatrices des comportements. D’autre part est-ce que l’on ne confond pas la multiplicité des lois avec le fait que souvent elles sont mal bâties, ceci étant probablement la conséquence d’une démocratie mal vécue. Que 95% des lois soient préparées par l’exécutif est un fait mais les autres sont rédigées par les mêmes types de fonctionnaires. Le mal est surtout qu’elles sont trop souvent le fruit de circonstances ou de pressions, qu’elles se chevauchent et parfois s’annulent par qu’elles ne sont pas claires. Récemment nous avons eu ici même un débat sur une loi en préparation, celle sur la prévention de la délinquance. On y trouvait à mon sens trop d’articles rédigés en faisant référence à des articles d’autres lois appartenants à d’autres codes. Ainsi par exemple on écrit à l’article x de la loi ; cet article modifie ainsi l’article tant de la loi du tant et annule l’alinéa y de l’article n de la loi z. Pour comprendre ce qui a été voté il faut se munir de tous les codes. De plus trop souvent les décrets ne suivent pas ou même corrigent la loi. Parfois même la loi n’est pas applicable. J’ai l’exemple d’une loi d’août 2004 dont l’article 89 à ce jour et malgré de nombreuses circulaires o courriers, après même une réunion à Paris de tous les préfets s’avère à ce jour toujours inappliquée parce qu’inapplicable en l’état des textes existants. Ce flou dans les textes est-il la cause de la multiplicité de loi ou en est-ce la conséquence.

Animateur - Sur la complexité des lois, il est vrai que l’on observe de plus en plus, je n’ai pas le chiffre en tête, de lois qui ont du mal à trouver une sortie faute de décret d’application, tout simplement parce que l’exécutif chargé de mettre en œuvre bute sur l’inapplicabilité pure et simple.

9 - Juste pour dire qu’on peut être citoyen et ignorer la totalité des lois et vivre simplement en conscience. Je prends en exemple beaucoup de gens que je connais qui n’ont jamais lu aucun texte de loi que ce soit dans leur formation à l’école ou ailleurs, ils connaissent à peine la manière dont est bâtie la république. On peut très bien vivre en tant que citoyen et ne pas connaître la loi. La raison pour laquelle il y a des tribunaux des avocats etc, etc des notaires et j’en passe, forcément des députés, des gens dont le métier est la loi. Comme tout le monde n’est pas agriculteur tout le monde, tout le monde ne cultive pas son lopin de terre ne sait comment faire pousser un poireau, ce n’est pas utile aujourd’hui, la société lui amènera moyennant finances. Pour moi la loi est un peu cela, un peu comme l’agriculture c’est le pré carré de quelques personnes. C’est le cas dans notre société française, ce n’est pas le cas dans d’autres sociétés comme la société britannique par exemple où les lois ne sont pas faites de la même façon, chez nous si vous n’avez pas vu le débat à l’assemblée vous pouvez aller vous faire habiller. On ne connaît pas la teneur de toutes les lois on ne sait pas de quoi elles sont faites, on imagine qu’elles ont une raison d’être. [ Fin de cette intervention inaudible]

Animateur - il y a un terme fort dans le sujet, c’est le terme de responsabilité, on dit souvent : nul n’est censé ignorer la loi, c’est une formule célèbre de la république que l’on pouvait entendre en 1792, 1793 lorsque les grands principes de la constitution tenaient sur quelques pages, aujourd’hui c’est bien compliqué. Nul n’est censé ignorer la loi, comment fait-on aujourd’hui pour s’y retrouver, comment fait-on pour être responsables.

10 - Je voudrais revenir sur ce qui a été dit sur les droits et les devoirs, je pense que c’est autour de cet axe là que le débat est touffu. Le problème actuel n’est pas que les gens ne pensent n’avoir que des droits, c’est que le droit est devenu un du, ce n’est pas tout à fait la même notion. Face à cette situation qu’apparemment on constate tous, une société dans la quelle les individus réclament de plus en plus de droits au mépris des devoirs qui à priori sont indissociables, quelle est la réponse. Tout le monde est d’accord pour dire ouais ça devrait être une question d’éducation, les gens devrait avoir une conscience pour ne pas se comporter comme ça, mais ils le font et à partir du moment où ils le font quelle est la réponse qu’on peut proposer face à cette dérive de la notion de droit.

11 - Moi personnellement je suis d’accord avec les deux interventions précédentes à savoir le monsieur qui faisait un comparatif entre la perception du monde juridique et la perception du monde agricole, ça semble éloigné des citoyens mais je trouve que justement vous avez mis le doigt sur le problème, la loi et les décrets ne devraient pas être un domaine réservé à ceux qui ont décidé pour tout le monde. On est trop éloignés des décisions. A ce sujet pour se tenir informé, c’est vrai qu’il y a beaucoup de textes aujourd’hui sur Internet, il faut les lire, il faut chercher, mais il faut souligner l’intérêt d’Internet dans cette recherche de rapprochement entre le citoyen et les lois. Deuxièmement, je pense que l’une des solutions pour répondre à monsieur, il y a une perte de lien social, ce qui fait qu’aujourd’hui, tout le monde a des droits, mais alors les devoirs on les oublie complètement et pour résoudre les problème de vie en communauté comme le bruit ou autre, c’est vrai que quand on connait son voisin, qu on le respecte, on n’a pas envie de l’embêter, il y a un problème de liens entre nous.

Animateur - C’est vrai que lorsqu’il y a un lien social, avant de faire quelque chose qui serait susceptible de gêner son entourage ou de s’attribuer une liberté qui en obérerait une autre vis-à-vis de son voisin, à partir du moment où il existe un lien social, la question de savoir ce à quoi on a droit se transforme à ce que l’autre a droit, et on trouve le passage entre le droit et le devoir. Dernièrement l’ordre des avocats faisait de la Pub avec une formule : « pour évoluer dans un monde de droit » on parle de droit et non de devoir et pourtant les lois au départ c’est avant tout une notion de devoir.

12 - Je reprend ce que disait madame, il y a une question de temps, dans la vie on n’a pas forcément le temps. Pour revenir à ce que je disais tout à l’heure on ne va pas forcément spontanément vers la loi, il y a une notion de temps mais en même temps si on veut connaître toutes les lois, c’est pratiquement impossible d’une part. D’autre part moi je pense par exemple des lois d’urbanisme qui sont techniques on peut les consulter et ça donne matière à réfléchir. Par contre je suis exactement de votre avis, madame pour le domaine de la survivance en société, pour vivre en bon voisinage, la civilité dont on parle tant connaitre son voisin est un plus. [Fin de l’intervention inaudible]

Animateur - Vous revenez souvent sur la difficulté pour le citoyen à connaître ses droits et ses devoirs. Est-ce qu’on ne peut pas observer qu’on est dans une société de plus en plus complexe et que chaque nouvelle loi qu’il faut mettre en application, il y a tellement d’espaces réglementaires par ailleurs, qu’il faut des spécialistes pour les mettre en œuvre et même on n’y arrive pas toujours car les décrets ne sortent pas.

13 - Justement la question qui se pose actuellement est la complexité de l’économie du technique du scientifique. Le problème qu’il y a dans la société où l’on vit, on veut l’uniformiser, c’est ça un petit peu le problème, les gens ne sont pas tous sensibles à cette uniformisation, quand ils sont formé intellectuellement pour comprendre cette uniformité mais dans la mesure où l’on n’a pas éduqué les gens, et bien il y a beaucoup de gens qui ont du mal à accepter l’uniformisation et on peut se poser la question que je n’avais pas posé au départ, est-ce que finalement la multiplication des lois, si elle ne conduit pas à responsabiliser le citoyen, en tout cas elle renforce le pouvoir, c’est un fait et peut-être que finalement on arrive à détourner le citoyen de ses responsabilités dans la mesure où il a l’impression qu’il n’est plus qu’un citoyen passif destiné à obéir et à se mettre dans le moule.

14 - Je suis d’accord avec ce que disait mademoiselle, c’est un peu une situation idyllique, effectivement si le dialogue s’installe beaucoup de problèmes seraient évités, sauf que ça malheureusement dans une société on se heurte, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire, au contraire, chacun dans son coin il faut veiller à ce que ça prenne de l’ampleur, c’est bien évident,mais dans une société où l’on rencontre tout type de personne, je veux dire la personne qui va aller dans ce sens à celle qui va s’en foutre comme de sa première chemise , il est bien évident qu’il faut qu’il y ait un arsenal de loi .Le problème qui me gène beaucoup, on a un tel amoncellement, alors entre les lois qui n’ont jamais de décrets d’application qui perturbent quand même le citoyen au moment où elle est lancée, il se dit il va arriver cela, mais il ne sait pas s’il y a eu décret d’application ou pas, s’il y en a eu un on ne sait pas ? Une autre chose qui m’a choquée, ce n’est pas si loin que ça, faire une loi et dire surtout il ne faut pas l’appliquer, venant d’un personnage d’état, il y a de quoi perturber le citoyen. C’est la première fois que j’ai vu cela dans ma vie et ça m’a profondément choquée. Je me dis que cet amoncellement de lois qui effectivement se contredisent, même des hommes de loi n’arrivent plus à s’y retrouver, ils perdent leur latin et cela met le doute dans la cervelle du citoyen qui ne sait plus lui-même à quel saint se vouer. Effectivement il faut essayer d’accentuer la responsabilisation mais on n’est pas dans un monde parfait, on le sait, on sait très bien que l’homme existe avec ses défauts et qu’il est perpétuellement confronté à des gens qui n’en auront cure. Et puis la méconnaissance c’est fait aussi, mademoiselle parlait d’Internet, je suis tout à fait pour,n mais il ne faut pas oublier, beaucoup de gens n’ont pas accès à Internet, c’est là qu’il y a un problème, je pense qu’il faudrait que notre code, nos codes avec nos lois sont trop complexes, il y a des jurisprudences, il y a des jugements qui font jurisprudences, la loi est devenue très, très complexe, je me dis que c’est un peu tout cela qui a fait que le citoyen ne sait plus à quel saint se vouer.

15 - D’abord une précision à propos de la phrase : nul n’est censé ignorer la loi. Cela n’a jamais voulu dire que chacun devait connaître toutes les lois. Cela veut dire que le prétexte de ne pas connaître une loi n’était pas un motif de relaxe ou d’acquittement. Autrement dit, ne pas connaître une loi ne peut pas être une excuse, on ne peut pas dire : je ne savais pas donc je ne peux être condamné. Donc on n’est pas obligé en tant que citoyen, en tant qu’individu, de consulter tous les codes chaque matin en prenant son petit déjeuner. On peut vivre très sa journée sans se demander en permanence si ce que je vais faire est conforme à la loi, à l’exception du code de la route si on circule en voiture. Quand aux lois elles-mêmes il faut rappeler qu’elles ne créent pas que des droits, mais aussi des devoirs, cela a d’ailleurs été dit. D’ailleurs chaque fois qu’une loi crée un droit elle crée un devoir pour un autre. Prenons pas exemple celles qui régissent les relations entre parents et enfants, comme l’obligation alimentaire vis-à-vis des parents, c’est un devoir pour l’enfant, c’est un droit pour les parents. On pourrait sur ce sujet s’étonner qu’il faille une loi pour qu’un enfant s’occupe de ses parents ou réciproquement, mais l’actualité a rappelé que même une éventuelle prochaine présidente de la république avait du utiliser la loi pour obliger son père à respecter des devoirs, c’est donc que la loi peut être nécessaire pour pallier à l’irresponsabilité de certains. Donc quand il y a conflit et j’en reviens à la différence entre ce qui se passe tous les jours et ce qui peut se passer quand il y a conflit, c’est là qu’on retrouve la loi mais si on n’est pas soi-même professionnel on va consulter un spécialiste. Il n’est donc pas obligatoire et tant s’en faut que chacun connaisse les textes, mais encore une fois on ne peut se passer des textes dès l’instant où l’on vit en collectivité. Par exemple Vincent parlait tout à l’heure de l’urbanisme, heureusement qu’il existe des textes qui empêchent de construire n’importe où, n’importe comment. Toutefois et ce n’est pas contradictoire il faut bien constater que trop de lois faites comme elles sont faites ne facilitent pas leur lecture et donc leur compréhension mais c’est le travail des professionnels ou des spécialistes. Il y a aussi des lois qui restent inapplicables peut-être par volonté politique. J’ai l’exemple récent d’une loi d’août 2004 dont l’article 89 malgré des dizaines de pages de circulaires d’explication, plusieurs réunions dont une à Paris de tous les Préfets devant Nicolas Sarkozy, reste aujourd’hui en Décembre 2006 toujours pas appliquée faute d’être applicable parce contraire à d’autres textes restés en vigueur. C’est un exemple parmi des dizaines, de décision votée par les députés mais rendue inapplicable par l’administration à cause d’une rédaction incomplète. On peut se demander si c’est volontaire ou non.

Animateur - Pour revenir à la responsabilité au regard de la multiplication des lois, dans ce que vous avez dit, il y a quelque chose qui transparaît, vous faites allusion à l’entendement de l’esprit général d’une loi, est-ce que justement cette augmentation permanente de la complexité ne se traduit pas, parce qu’il faut quand même bien faire appliquer, vous parliez des circulaires d’application, elles s’adressent bien en premier lieu au fonctionnaire, est-ce que cela ne se traduit pas pour le citoyen à l’arrivée par un arsenal d’interdictions, et ce que finalement aujourd’hui ce qui gène le citoyen, je traduis le questionnement par rapport à votre sujet, est-ce qu’on ne passe pas progressivement à la responsabilité par entendement des lois à une époque de déresponsabilisation par l’interdiction pure et simple de tas de choses. Alors on arrive à se dire si ce n’est pas interdit je le fais.

16 - Je voulais dire de manière moins explicite, depuis le début je suis tout à faite d’accord avec le couple droit/devoir comme la face et le revers d’une même médaille. Le problème du tout droit, j’ai l’impression qu’on est aussi peu informés de nos devoirs, le tout droit et l’absence de devoir vont ensemble. Le problème est déjà dans nos écoles, pour ma génération en tout cas on a des cours d’éducation civique au collège seulement, si on veut s’éduquer sur le juridique il faut suivre des cours de droits sociaux, mais l’éducation civique au collège, c’est les heures de récréation, il n’y a aucun débat ou ce sera sur des réponses toute faites des choses sans nuances qui ne donnent pas à réfléchir, le bien et le mal sont déjà prédéterminés. La question de la loi, des droits et des devoirs c’est quand même lié à la morale à l’éducation et il y a un problème, un gros problème dans l’éducation aujourd’hui, on fait tout pour nous rendre inculte, tout est fait pour que l’on ne se préoccupe que de notre petite personne, on flatte les élèves, on leur demande de s’exprimer, d’aller vers des choses individualistes, j’adore l’art mais tout est orienté sur l’art sur l’expression individuelle et par sur la vie en commun, la nécessité d’apprendre,le respect des choses qui transforment l’individu. C’est effrayant j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose du genre, en nous flattant, occupez-vous de vous et pas de nous, on gère tout pour vous et finalement on arrive à devenir des citoyens passifs et quand on redevient conscient de ce qui se passe, c'est-à-dire de l’illusion de la supercherie, il y a un pouvoir qui obscur qui nous dépasse et qui nous fait croire à une toute puissance du citoyen qui nous fait agir dans l’esprit du tout droit. Je ne suis pas du tout au courant des lois de mon pays, des droits et des devoirs, ce que je sais c’est que j’aimes mes voisins, j’ai de bonnes relations avec mes voisins ce que je veux c’est qu’on s’entendent bien qu’on mènent une vie agréable dans le respect les uns des autres et c’est vrai que le problème du droit et du devoir c’est à l’école que cela se joue d’abord.

Animateur - C’est vrai ce que vous dites est intéressant vous avez bien fait le rapprochement entre les deux notions duales. A ce stade du débat on fait le rapprochement systématique entre la transformation de l’esprit de la loi en droit et l’individualisme, parce que finalement le droit a quelque chose de restrictif, une fois qu’on a envie de faire quelque chose on s’interroge pour savoir si on a le droit ou pas, une fois que c’est fait on est satisfait, c’est terminé. Le devoir c’est autre chose, le devoir c’est l’inverse, c’est l’ouverture vers l’autre. Donc en effet, vous parlez de votre génération, ce n’est pas seulement la votre qui est touchée, c’est tout le monde, l’individualisme on peut le constater est présent dans la société au travers des générations, chacun s’interroge de plus en plus sur ce à quoi il a droit. Vous avez bien fait le lien entre ce couple individualisme et droit à.

17 - Je voudrais abonder dans votre sens, mademoiselle, je suis professeur, je n’aurais pas dit autre chose que ce que vous venez de dire. L’école est coupable, le système éducatif est coupable de fabriquer des fètards permanents qui deviendront de futurs fascistes quand ils se réveilleront. On leur demande sans arrêt qu’est-ce qu’on pourrait faire pour rendre le lycée plus agréable, dans le règlement intérieur les droits des élèves font cinq pages, leurs devoirs une demie, je n’exagère pas, je le constate tous les jours. On vit constamment dans cette démagogie, toujours donner raison aux jeunes de leur donner cette image illusoire que de toutes façons il a tous les droits qu’il faut l’écouter. Alors cela vient de 1989, la loi d’orientation de Jospin l’élève est le centre du dispositif, le petit roi centre du monde. On a des jeunes de 18 19 ans qui sortent avec un bac et qui sont au bord de l’illettrisme, on ne peut pas leur demander de comprendre les lois puisqu’ils ne comprennent déjà pas leur propre langue. Je pense que c’est quand même très rassurant d’entendre des gens de votre génération s’apercevoir de cela, ça me redonne un peu d’espoir dans l’avenir. Quand vous dites que c’est une sorte de dictature soft, c’est exactement ce qui est en train de se passer, nous sommes dans le meilleur des mondes, c’est amuse toi avec ton MP3, la star ac surtout ne te fatigues pas trop pour tes études et puis de toute façon on allège les contenus, un peu comme dans 84 de Georges ORWELL. Par contre je ne suis pas d’accord avec ce que vous disiez que toutes les générations sont confrontées au même problème, c’est complètement faux depuis vingt ans maintenant on est dans le culte de l’individualisme, qui est devenu le culte du narcissisme, c’est la conséquence directe de la venue au pouvoir des post-soixante -huitards, trotskistes, véritables staliniens qui ont érigé leur slogan « il est interdit d’interdire » en véritable loi sacrale. On arrive à des situations absurdes, les enseignants n’ont plus la moindre autorité aujourd’hui vous voulez coller un élève pour une faute grave, vous passez pour un fasciste avec contestation, droit d’élève à se défendre avec un adulte, vous savez comme les avocats dans les séries américaines. Maintenant les enseignants sont fliqués, il n’y a pas d’autre mot par les inspecteurs qui agissent de plus en plus comme la division des affaires internes dans les téléfilms américains. Par contre à l’autre face c’est vas-y exprimes-toi, c’est toi le roi du monde, le monde t’appartient, bien sur quand tu t’apercevras qu’il n’y a pas de place pour toi dans cette société on ne sera plus là pour t’aider parce que tu consommes, alors consommes de 12 à 35 ans et n’en demandes pas plus. Je crois que vous avez dressé un tableau très sombre mais qu’on n’est pas obligé de partager de l’autre côté de la barrière.

Animateur - Une petite précision, donc je n’ai pas à donner un avis en tant qu’animateur mais l’exercice est parfois difficile, entre la synthèse de ce qui vient d’être dit et son avis personnel. Ce que je voulais dire, je ne pensais pas que ce soit un avis strictement personnel, que la société toute entière s’oriente quand même vers un individualisme et il ne me semble pas que ce soit les générations de 1968 qui partent au Maroc pour vivre leur retraite parce que le niveau de vie leur permet de consommer plus. C’est juste ce que je voulais dire mais je suis animateur je ne donne pas mon avis normalement.

18 - Je suis d’accord avec monsieur, je voudrais ajouter, on dit que maintenant il y a des zones de non droit en France. Alors on a l’impression suivante, c’est psychologique, on a réussi à mettre finalement des personnes dans des ghettos, j’insiste sur le mot ghetto, je n’aime beaucoup ça mais pourtant, on a remisé ces personnes qui sont entre elles, qui n’ont plus rien à voir, qui sont isolées du monde extérieur, qui sont dans les banlieues, dans certaines banlieues, ce qui fait que ces braves gens isolées complètement se fichent pas mal des lois qu’on peut faire pour éviter qu’elles cassent des voitures. Si bien qu’au contraire plus on va mettre de contraintes, les lois on va les casser comme on casse des murs. Tans qu’on ne se sera pas intéressé à ces zones de non droit il n’y aura pas grand-chose à faire, néanmoins il faut quand même légiférer, si on laisse faire on n’arrivera pas à résoudre le problème de fond. [Cette intervention est très résumée car difficilement audible]

19 - Je souscris totalement à ce qui vient d’être dit, mais effectivement j’ai peur que l’arsenal juridique et le cadre législatif pèse bien peu en comparaison d’un mode de vie qui est tourné uniquement vers l’individu, vers des désirs consuméristes. On excite constamment les désirs personnels, individuels, on ne fait que ça et la télé dans ce cadre là a un pouvoir énorme et une puissance que l’individu jusqu’à présent n’ a jamais connu, à laquelle il n’a jamais été confronté, et dans cette évolution, je crains qu’il soit extrêmement difficile d’arrêter ce processus par un simple cadre législatif toujours plus pléthorique et à partir de là je crains que le « je veux » qu’on excite constamment reconduise à une sorte de barbarie jusqu’à que l’individu replongé dans l’état de nature et face à lui-même en fait, face à la nature et aux autres individus puisqu’il n’y aura plus de lien social au final progressivement, à partir de là et bien on va retombé dans une dictature puisque se sera une nécessité vitale, je pèse mes mots, et je crains qu’on arrive à cette extrémité rapidement. Il y a également la corruption généralisée à tous les échelons de la société, où l’on voit que même les politiques sont tournés vers leurs « je veux » plutôt que « vers ce que veulent les autres » plutôt que d’aider leurs concitoyens à gérer leur quotidien leurs problèmes et les faire évoluer les faire se développer, le problème central il est là.

Animateur - Comment émanciper, comment s’assurer de l’émancipation des citoyens et de leur responsabilité vis-à-vis de la société. Pour rebondir je donne un petit exemple, les bagnoles n’ont jamais été aussi puissantes et les limitations de vitesse aussi restrictives, on donne envie de, on a nos petits caprices et en même temps à chaque petit caprice on met une barrière supplémentaire qui du même coup multiplie la difficulté pour l’individu, le citoyen à s’y retrouver et à adopter le bon comportement.

20 - Je voudrais intervenir pour quelque chose qui me gène. Je comprends très bien que mademoiselle ait la perception du système éducatif comme elle l’a eu et que monsieur étant enseignant je regrette qu’il ait la même conception. Je veux dire que le système éducatif qu’on a est le reflet de notre société. Je regrette d’entende cela, c’est la perception que vous an avez, je la respecte. J’ai des petits enfants qui vont à l’école, je m’intéresse de près à ce qu’ils font et j’ai rencontré des enseignants d’une rigueur et qui enseignent des valeurs qui tiennent, alors ça me gène qu’on fasse porter la responsabilité sur le système éducatif. Je pense qu’on a le système éducatif qu’on mérité quelque part, c’est le rôle parental qui doit être primordial. Quand on voit des parents qui derrière l’enseignant vont soutenir les gosses il y a peut-être des questions non sur le système éducatif mais surtout sur le système parental.

Animateur - oui monsieur je vais vous donner la parole. J’ai précisé les modalités de fonctionnement du café citoyen, on évite d’instaurer des allers et retours entre deux personnes. Monsieur va vous vous répondre mais je pense que ce qu’il entendait par l’éducation, c’est l’éducation au sens large, l’école est un lieu d’éducation mais pas le seul.

21 - J’ai parlé du système et non des enseignants, ce n’est pas la même chose. Vous savez très bien si vous êtes enseignante de quoi je parle de quels enfants je parle. Je pense que votre réponse sur ce vous appelé le système parental, d’abord la famille n’est pas un système contrairement à l’éducation nationale,mais je suis d’accord avec vous, ce que j’ai dit n’est pas incompatible, c’est le problème de l’œuf et de la poule. Vous dites que c’est le reflet de la société, je crois que la société finit par être le reflet de ce qu’on fait, de ce qu’on applique à l’école. Depuis longtemps à l’école on abdique par démagogie monstrueuse et je sais bien qu’on est tous briffés par notre hiérarchie, comment dire, pour ne pas trop dire cela comme je le fais maintenant, moi aussi je pense que je fais mon travail consciencieusement et bien selon les instruction officielles prétendent, on m’empêcherait de faire par exemple des conjugaisons aux élèves c’est hors programme, bien sur, qu’est-ce que vous croyez. Non ce n’est pas hors sujet, tout se joue dans l’éducation actuellement et depuis une vingtaine d’années l’idéologie a pris le pas sur les réalités. Alors quand est-ce que cela émerge, cala émerge parce que les gens des cabinets de recrutement se sont aperçu qu’on ne sait plus rédiger une lettre de motivation dans un français correct, ça fait longtemps que les enseignants disent, vous nous empêchez de faire notre métier, vous êtes en train de tuer la langue française, on va fabriquer des illettrés, ne pas maîtriser sa langue c’est ne pas maîtriser sa vie, c’est fa briquer de la frustration, c’est la route vers l’enfer. Si vous voulez et je finis ma parenthèse sur ce sujet là, j’enseigne les lettres, je vois apparaître depuis quelques années un type d’élève qui n’existait pas, un élève que la littérature intéresse qui aurait envie d’étudier des œuvres littéraires, il fait des fautes de français à chaque phrase parce qu’il sort du collège où on lui a enseigné n’importe quoi mais surtout par ça, il est bien dans sa peau, enfin il est censé être bien dans sa peau. Vraiment on fabrique des crétins pour reprendre un slogan célèbre.

Animation - Intervention très intéressante, simplement on ne peut pas parler que de l’éducation, mais vous avez raison on fait un lien.

22 - Je me pose la question, je la place sur un plan géographique ? Sommes-nous génétiquement irresponsables, le français, du moins les français parce qu’il y en a d’autres évidemment, mais au-delà d’un certain parallèle vers le sud on respecte moins les lois qu’au nord. Exemple j’ai eu le plaisir de voir à lé télévision tout dernièrement une émission d’un pays je pense que c’est le Danemark, ils ont supprimé tous les panneaux en agglomération, il n’y a plus d’interdiction officielle puisque c’est le panneau qui donne l’interdiction. On pourrait se demander si ce n’est pas un coup monté, une fiction, mais non c’est une réalité, on a vu des gens qui se laissaient passer, il n’y a pas d’accident, il n’y a pas de dégât tout le monde set satisfait, on se respecte. Sommes-nous capables de faire ça, moi je dis que génétiquement nous ne sommes pas cap ables. Non ce n’est pas avec des lois qu’on arrivera à faire ça, eux ils ont supprimé les lois et rétabli la responsabilité, essayons de le faire on verra, faisons un expérience de ce genre en France et je dirai chapeau.

23 - Monsieur a pris comme exemple l’éducation nationale. Effectivement ce genre de témoignage est très intéressant, j’ai envie de dire que l’idée n’est pas de rechercher des coupables, mais les élèves qui aujourd’hui dérivent sont coupables mais ne le font pas exprès, les parents, les grands-parents qui ont laissé la société devenir ce qu’elle est aujourd’hui peuvent aussi être coupables. Tout le monde est coupable, ce n’est pas le problème, le problème est comment on fait pour restaurer une responsabilité citoyenne, il faudrait un nouveau contrat social, moi je suis intéressée mais comment on fait à 60 millions ?

24 - Je ne peux pas répondre à votre question, mais c’est vrai qu’au lieu du terme coupable, je préférerais si vous êtes d’accord le terme de responsabilité. Effectivement quelque soit la génération on a nos responsabilités. Je ne sais, on n’est peut-être pas illettrés, je suis de la génération 68, mais je me souviens quand j’étais jeune à l’école, ce n’est quand même pas rose tous les jours, je me souviens d'humiliations, de sévices, enfin quand on est à genou sur une règle, je pense que cela ne se fait plus, je ne sais si c’est mieux ou moins bien mais peu importe je veux dire il y a une notion de responsabilité. Au niveau de la loi, c’est vrai qu’on part toujours, avec l’aide des avocats notamment dans une relation gagnant, perdant, et bien entendu il faut être suffisamment informé pour être le gagnant, et prendre un ténor du barreau pour gagner d’avantage. Ceci dit il y a quand même dans certaines lois, notamment les lois concernant le divorce, les lois concernant la gestion des établissements, on parle de médiation et je pense qu’il est intéressant au lieu d’être dans une dynamique gagnant, perdant d’être dans une dynamique gagnant, gagnant. On parlait tout à l’heure du lien social, c’est vrai que la médiation permet à chacun de se responsabiliser et de prendre en compte les intérêts de l’un et de l’autre. Au lieu de parler de notion de culpabilité c’est modifier notre rapport à la loi car entre le gagnant et le perdant il y a plein d’alternatives possibles. C’est évidemment un autre état d’esprit, c'est-à-dire que là les intérêts de l’un et de l’autre sont respectés et la responsabilité de l’un et de l’autre est engagée. Si ça existe il y a des médiateurs au niveau familial et il y a le médiateur de la république.

25 - On ‘avait pas encore parlé de cet aspect du droit qu’est la médiation et en effet il y a beaucoup d’histoires où les gens après s’être lancés dans des procédures sans fin, finalement rencontrent le médiateur et se rendent compte u’ils n’ont plus beaucoup de griefs les uns envers les autres. Vous vouliez parler madame.

26 - Je voulais dire qu’en tant que médiateur, n’importe quelle personne du quartier peut servir de médiateur, si parfois il y a des petits problèmes qui peuvent se régler, parce que le centre de médiation il faut savoir où il se trouve pour faire la démarche et en plus parfois il faut attendre très longtemps pour être reçu, ce n’est pas accessible à tout le monde.

Animateur - En tout cas cela prouve qu’il y a une recherche puisque c’est quelque chose d’assez nouveau.

27 - Je voulais revenir sur votre exemple où je ne sais plus dans quelle ville on a supprimé tous les panneaux, je crois que cela passe par une intégration de l’interdit. Aujourd’hui tout est tourné vers la mise en valeur de notre désir personnel et on fait tout pour que notre désir devienne tyran, on est tyrannisé par la façon dont les médias, tout le système de consommation nous rendant narcissiques en fait, on n’a plus cette notion d’interdit. Pour faire ce genre de choix il faut donc intégrer l’interdit ce qui permet de retrouver des valeurs communes. D'abord poser l’interdit qui permet de se responsabiliser, mais il faut que l’interdit soit juste pour avoir des résultats positifs sur la vie et notre développement personnel. Finalement la tyrannie du désir n’est pas épanouissante on voit bien notre désir de consommation il faut la plus belle voiture, la plus belle maison et puis tout sorte de chose acquises dans un esprit de compétition don c la logique du gagnant en fait, celui qui pourra le plus assouvir ses désirs gagnera le plus. Il faut bien réfléchir là-dessus sur l’interdit et la responsabilité et c’est lié encore une fois à cette esprit de compétition, ça manque beaucoup de mesure de tempérance qui permet justement de pouvoir s’ouvrir sur l’autre et ne pas suivre ses propres aspirations et peut-être que l’interdit est la mesure qui permettra le dialogue et le rapport de m&médiation comme vous dites.

28 - Je pensais au devoir moral disons qui se démarque des lois, mais enfin c’était pour remettre dans l’éducation, c’est un souvenir personnel qui date de 50 ans, j’étais au lycée, on avait un professeur d’Histoire qui avait fait la chose suivante, écoutez. Alors il disait vous pouvez vous mettre debout, assis, vous pouvez fumer, on était en première et en maths élémentaires, c’était dans les années 50, mais il avait une autorité terrible, il n’avait de règles à mettre sous nos genoux mais il nous avait dit une fois pour toutes qu’il nous forçait à l’écouter, il nous avait dit je veux l’autodiscipline. Donc ce que je veux faire passer comme message, c’est peut-être un peu l’idéal, c’est que tout de même il y a possibilité, les gens sont plus fascinés par une sorte de devoir moral intérieur, il faut respecter une certaine autodiscipline. Ce que disait monsieur, une ville sans feux rouges, je ne sais pas bon voilà je n’en dis pas plus je n’ai pas enseigné moi-même, laissons parler les enseignants.

29 - Je suis arrivé un peu en retard, j’ai même un peu oublié la formulation exacte du thème, mais j’ai entendu ce que disait mademoiselle me fait penser au film Matrix, c’est quelque chose d’illusoire, c’est ce que j’ai cru entendre. Les gens se croient dans une illusion, dans un sentiment de liberté. Je rappelle ce que j’ai lu et que j’ai déjà dit ici, Jimmy Carter disait la fin du 20° siècle verra la production du monde satisfaite par 20% de la population active, donc ce qu’il faut pour les 80% restant qui ne serviront à rien, c’est trouver des divertissements abrutissants qui maintiendront le reste de la population frustré,mais c’est toute l’ambivalence de cette chose là, on voit bien on a entendu parler de star académie, on a entendu parler de la télé, de comment on fait et ça me rappelle Matrix, comment on superpose notre monde à un filtre qui nous fait voir autre chose que ce qu’il est. Alors des solutions, quelqu’un disait c’est la solution du « je veux » comment faire en sorte pour stimuler les principes les plus bestiaux, c’est moi je veux, je veux ça, c’est très animal très instinctif et on peut être amené dans son paroxysme à un état on ne peut plus policé. Donc après quelle solution, je n’en ai pas, la seule idée là-dessus c’est qu’il faudrait une culture et des références communes, tout le monde la voit on a tous cette culture de la télé, la publicité machin et tout ça, et quand on sortira dans la rue on aura tous une expérience commune. Donc comment retrouver quelque chose qui fédère en fait le maximum de personnes, il faudrait réquisitionner la télé et parler d’autre chose, ce serait un mouvement populaire nécessaire. Le café citoyen pourrait être le ferment qui pourrait permettre cela. [Intervention très résumée car difficilement audible]

Animateur - Donc le droit aujourd’hui comme un fléchage du citoyen dans son parcours individuel et complètement déconnecté de son rapport et surtout aux fondamentaux. et au socle du vivre ensemble.

30 - Je pense qu’il faudrait contextualiser le problème dans notre époque actuelle et cesser constamment de se référer constamment au passé en disant quand j’étais jeune c’était déjà ça, à mon époque c’était déjà ça. Vous étiez au lycée en 1952, ça veut dire que vous étiez au lycée à une époque où les lycéens appartenaient à une élite déjà éduquée, parfaitement capable d’autodiscipline parce que déjà totalement intégrée à une société qui avait de la place pour eux. Si vous voulez on ne peut pas tout avoir, on ne peut pas avoir d’un côté une société qui donne soi-disant les mêmes droits à tout le monde, le lycée pour tout le monde à toutes las classes de population qui n’allaient pas au lycée avant et après se demander comment cela se fait qu’il y a moins de civisme chez les jeunes, on ne peut pas constamment produite ce double discours. Il y a bien sur des liens on ne peut à la fois avoir une aspiration vers une simple démocratie qui donnerait les mêmes droits à tout le monde et s’effarer devant la mauvais éducation des pauvres, parce qu’en gros, je suis désolé d’être aussi cru, mais c’est un peu derrière les réactions qu’on entend aujourd’hui,moi je compatis, j’ai des moments de sensibilité,mais justement c’est une question compliquée mis je crois qu’il y a une erreur par rapport à loi, c’est de toujours se référer au passé, nous sommes dans une situation absolument sans précédent, l’Histoire n’est pas cyclique ce n’est pas vrai, il y a peut-être des grandes constantes mais actuellement nous sommes dans une situation, vous avez parlé d’Internet, c’est une révolution qui modifie l’essence même de la réalité, à coté l’imprimerie c’est une plaisanterie. Nous sommes bien certains que dans nos élites tout le monde n’a pas pris la mesure de ça, nous sommes à une période de mutation ultra accélérée, nous sommes dans ce qu’un sociologue appelait dans les années 60/70 le choc du futur, à un moment la technologie et tout ses corollaires c'est-à-dire le divertissement, font que non seulement les choses progressant mais qu’elles progressent de plus en plus vite et qu’on devient incapables de suivre cette accélération. Beaucoup de gens se trouvent mis sur le coté sans avoir forcément l’impression d’y être, sans avoir l’impression d’être de marginaux mais ils s’aperçoivent du jour au lendemain qu’ils ne reconnaissent plus le monde. Quand vous avez dit tout le monde a la télé, certains on dit je n’ai pas la télé et bien il faut regarder la télé, c’est une fenêtre sur le monde, on ne peut prétendre que le monde n’existe pas sous prétexte qu’on n’a pas la télé. Derrière cette question sur les lois il y a la question de l’individu par rapport à la société. [De nombreux passages de cette intervention ont été peut-être déformés car peu audibles.]

Animateur - Ce rapport entre la loi et le ressenti général, on peut faire remarquer quand même qu’aujourd’hui ce sont uniquement les techniciens de la haute administration qui sont encore capables de trouver une applicabilité.

31 - Personnellement je refuse de vivre dans un monde tout noir, où les jeunes sont mal dirigés, n’ont plus d’intentions, je pense qu’effectivement les lois, il y en a on ne les connaît pas, personnellement je ne les lis pas, une fois dans ma vie je me suis dit je vais lire les lois, j’ai lu le journal officiel pendant 15 jours ou trois semaines, j’en ai eu marre. je suis à peu près comme tout un chacun tout bêtement au courant grosso modo et effectivement je pense qu’on soit vieux, soixante-huitard ou jeune de trente ans ou jeune de quatorze ans, quand on pose la question même à des gamins au collège, je l’ai fait avec mon petit-fils, je lui ai dit as-tu parlé de civisme à l’école, le mot l’a choqué un peu déjà, est-ce qu’on te dit quels sont tes droits, est-ce que vous parlez entre vous de ce que vous n’avez pas le droit de faire, il répond pas de trop et si il y en a un qui fait quelque chose de répréhensible on en parle entre nous. Donc je crois que la responsabilité elle est au niveau déjà parental, il y a des parents sui sensibilisent leurs enfants et il y aussi une éducation de l’enseignant. Je ne crois pas que dans un collège li n’y ait pas un peu de contact avec les gamins, tout n’est pas tout blanc et tout n’est pas tout noir. On a tous des enfants des petits enfants, qu’est-ce qu’on fait autour de nous, on essaie de valoriser les sentiments de civisme. Au niveau de la loi par exemple, à Marrakech il y a eu deux crashs la semaine dernière, ils ont fait à la télé des rapports, évidemment quand on ne respecte pas le code il y a beaucoup plus d’accident, nous on a plus de loi on est plus conscients. La télé, moi j’ai eu des enfants qui ont travaillé à la télé dans la publicité aussi et bien à la télé il y a des trucs atroces c’est sur mais il y a aussi des choses magnifiques, on s’intéresse à l’écologie on s’intéresse aux animaux. [Intervention résumée car inaudible]

32 - Vous disiez il faut respecter le feu rouge, mais moi je dirai il faut respecter l’autre à travers le feu rouge donc il faut regarder l’autre avant de regarder le feu rouge.

33 - Je voudrais reprendre ce que disais madame, je ne voudrais pas non plus vivre dans une vie toute noire, ce coté Rousseau un peu cucu la praline mais tant pis j’assume. J’ai été enseignante dans divers collèges aussi bien en ville qu’à la campagne Je crois qu’il y a toujours moyen par des biais quelconques d’apprendre les élèves à se respecter, à discuter et quand vous dites que l’éducation civique on n'en fait pas, je suis désolée c’est au programme de cinquième, je ne dis pas que c’est ce qu’on peut faire de mieux mais il y a quand même une approche, et je rejoins ce que disais madame, il y a discussion avec les élèves quand il y a des problèmes bon sang, pardon ? Oui on essaie, j’ai été au collège de la grâce de dieu je crois que je sais de quoi je parle. Donc je ne dis pas qu’on arrive à faire quelque chose toujours mis on essaie. Effectivement on continue le boulot des parents mais c’est notre boulot. A propos de l’orthographe, cette discussion sur le global le semi global, ça ne tient pas la route ce sont des querelles de clocher, quand on veut apprendre à lire, pardon ? D’accord moi ce que je sais c’est qu’on peut toujours faire quelque chose. [Intervention résumée car inaudible à cause du micro et d’interruptions hors micro]

Animateur - Apprenez à parler les uns après l’autre car sinon ce n’est plus compréhensible. Je ne vais trahir un secret en disant que les enseignants aujourd’hui pont plus de difficultés qu’il y en avait avant. Sur l’orthographe on ne peut contester madame que le niveau d’orthographe demandé au bac aujourd’hui n’est pas le même que celui demandé il y a vingt ans, là-dessus il faut être objectif.

[Interruption de la transcription car enregistrement trop difficile à écouter seules quelques parties de phrases restent audibles.]

Choix du thème pour le prochain Café Citoyen :

1 - Autre justice pour emain ? Pourquoi ? Comment ? 7 voix
2 - Pour une meilleure démocratie, quels principes et quels moyens adopter ? 12 voix
3 - Quelle image de la politique donne la politique de l'image ? 12 voix
4 - Comment le citoyen peut-il changer la finalité de la société consumériste ? 10 voix
5 - Que faire de l'héritage de 1968 ? 11 voix
6 - Quelle place donnons-nous aux religions dans la société de demain ? 14 voix

Interventions

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