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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (22/05/2004)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Europe

La question des langues en Europe

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L’Europe, c’est désormais 450 millions d’habitants et vingt langues officielles. Cette question des langues en Europe s’est posée en vue d’étudier ce que l’espéranto pourrait apporter aux Européens. Précisons qu’aujourd’hui, il n’y a pas au niveau européen de volonté d’établir une langue unique.

Même si le mouvement espérantiste ne désire pas instituer une langue exclusive à l’échelle européenne, l’assemblée s’est d’abord penchée sur l’éventualité d’une langue commune aux Européens. L’idée d’une langue commune apparaît pour certains comme le résultat d’une confrontation de l’Europe avec le monde anglo-saxon, du moins comme une réponse à l’hégémonie de l’anglais, langue de fait internationale.

Il est vrai que l’anglais s’est imposé comme la langue transculturelle par excellence. 47% des Européens parlent l’anglais. Quelques chiffres significatifs : 24 chanteurs ont concouru lors du dernier concours de l’Eurovision. Un a chanté en Français, 17 en anglais. L’anglais est par ailleurs devenu quasiment indispensable dans certaines activités. Ceci est particulièrement vrai dans le monde scientifique, où les colloques sont en anglais et où les publications sont exclusivement rédigées en anglais. Internet, et le monde de la communication en général, est également très imprégné de la culture anglo-saxonne.

L’harmonisation existe déjà au sein de l’Europe en matière d’armement, d’économie. L’harmonisation culturelle, tout du moins linguistique, détruira-t-elle la diversité européenne ? Pour certains, ce n’est pas inéluctable, même si le danger existe. La devise de l’Europe nous invite d’ailleurs à « l’Unité dans la diversité ». Pour d’autres, l’harmonisation est synonyme d’uniformisation. Ce qui pose la question suivante : une langue parlée véhicule-t-elle forcément sa culture ? L’anglais transporte-t-il en son sein une culture hégémonique anglo-saxonne, voire américaine ?

Le danger réside en effet dans le fait de penser l’harmonisation comme un outil de destruction de langues, de cultures. Les langues de chaque pays européen font partie intégrante de leur culture et de leur histoire. S’il doit exister une langue commune, ce serait dans un souci de transversalité, dans des contextes particuliers qui nécessite de la rapidité (bourse, instances européennes, etc.).

D’un point de vue philosophique, l’autre est intéressant lorsqu’il reste à découvrir. Une langue qui nous reste étrangère participe grandement à la découverte de l’être humain par l’altérité qui en résulte. L’espèce humaine peut très bien vivre sans langue unique et universelle.

La solution de l’espéranto, brièvement abordée, permettrait pour certains de freiner une certaine mainmise sur la culture par l’anglais. L’idée d’une langue nouvelle serait susceptible d’apporter également un nouvel élan basé non sur la domination d’une culture par une autre mais sur la mise en commun dans la création d’une culture commune et entièrement nouvelle. Pour d’autres, l’utilité de espéranto ne diffère guère de celui de l’anglais. A ceci près qu’il serait très difficile de faire apprendre une langue inconnue à 450 millions d’Européens. Une autre solution proposée consiste à faire en sorte que chaque européen soit capable de parler trois langues.

Évidemment, le débat raviva celui sur l’Europe plus généralement. Force est de constater qu’aucun projet politique européen n’émerge de nos jours. Ceci est d’autant plus regrettable que les élections prochaines devraient nous y inviter. Quelques interventions dénoncent la constitution d’une Europe largement centrée autour de l’économique aux dépens de la dimension politique.

Beaucoup de questions se bousculent. Doit-on envisager une présidence et un gouvernement européen ? Doit-on et si oui comment revisiter la souveraineté nationale de chaque pays tant qu’une volonté générale d’un éventuel peuple européen ne se sera pas constituée ? Quelle légitimité peuvent détenir des élus si facilement apparentés à des oligarques ? Même si l’Europe économique a su favoriser la paix, la lenteur de la construction européenne ne passe-t-elle pas à côté des accélérations du monde ? L’utopie ne réside-t-elle pas dans un gouvernement mondial ?

Pour certains, la construction européenne est certes hermétique mais répond à des nécessités géopolitiques notamment vis à vis des « blocs » chinois, asiatiques, ou américains. Pour d’autres, la question de l’Europe n’est qu’une maigre satisfaction face aux problèmes mondiaux.

Choix des thèmes pour le café du 12 juin 2004 :
Nombre de voix | Thème
5 - Le mariage homosexuel
4 - Existe-t-il une politique commune de l’Europe ? Si oui, laquelle ?
7 - Les commémorations
9 - La publicité et le citoyen

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