“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Béatrice ChevalierCafé Citoyen de Caen (30/03/2009)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Démocratie et Citoyenneté

La démocratie est-elle en danger ?

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Café Citoyen à la maison de Quartier de la Pierre Heuzé

Rappel du fonctionnement :
- Débattre d'un sujet de société
- Tout le monde peut prendre la parole en la demandant
- Construire une discussion collective

Le Café Citoyen se déroule en 3 temps:
- Le débat
- Présentation d'ouvrages par les bibliothécaires
- Choix du thème du prochain Café Citoyen

« La démocratie est une vieille dame, il faut en prendre soin ». Elle est effectivement en danger. La démocratie est-elle si ancienne ? Oui, c'est une notion qui remonte aux grecs. En France, le renouveau de la démocratie est associé à la Révolution Française et à l'abolition des privilèges. Être démocrate, c'est donner la parole à tous. Accepter d'entendre ceux qui ont une autre opinion que la votre. Composer avec cette opinion différente permet de prendre une décision plus éclairée. Cela renvoie à la notion de pluralité. En France, la démocratie se matérialise lors des élections. C'est une délégation de pouvoir du peuple vers le personnel politique. Qui dit « pouvoir », dit « contre-pouvoir ».

Mais pourquoi la démocratie serait-elle en danger ? Les représentants politiques sont chargés de faire vivre la démocratie. Ils sont souvent âgés ce qui fait que l'on réinvente pas les façons de faire passer les messages au peuple. Ils ne veulent pas que le peuple se réapproprie la vie de la cité. C'est une caste. Le carriérisme politique met en danger la démocratie car il la sclérose.

La démocratie est en danger car :
- On assiste à une perte des acquis sociaux,
- Il y a un risque de revenir à l'ancien régime avec une répartition des richesses de plus en plus inégalitaire,
- Il y a un rapport de classe : les plus instruits prennent facilement le pouvoir,
- La société de consommation pousse à l'individualisme par l'intermédiaire notamment de la télévision,
- Souvent on nous permet de parler mais on ne nous écoute pas,
- Les politiques mettent en danger la démocratie par des pratiques malhonnêtes. Ils ne donnent pas l'exemple,
- « On est prisonnier de la soif de pouvoir »,
- La politique est une profession,
- Les politiques ne connaissent pas la « vraie vie ».

La crise accentue-t-elle le fait que la démocratie soit en danger ?
- Oui, car elle accroît le pouvoir de l'argent et les privilèges que ce dernier procure,
- Le premier ennemi de la démocratie est l'argent avec le pouvoir qu'il donne à certains sur le plus grand nombre.

La démocratie de proximité :

Le peuple conserve-t-il la possibilité de s'exprimer? Oui, il existe des formes expérimentales d'expression du peuple. Par exemple, à Caen, la municipalité tente d'instaurer la démocratie participative. La démocratie aujourd'hui se limite malheureusement aux périodes électorales. Ce n'est pas suffisant. Il faut recréer le lien entre le peuple et les élus. Le démocratie participative est dans cette optique très intéressante. Oui, mais attention, on voit bien que dans le cas des Assises de la Démocratie Participative, le cadre reste fixé par des élus. Est-ce de la participation ou une forme de manipulation ? Y a-t-il débat contradictoire ? Des comptes-rendus ?

La démocratie est une peu vieillotte car elle ne s'exerce pas assez en proximité. « On commence par s'investir près de chez soi, puis progressivement à plus grande échelle ». Toutefois, il existe le risque que la démocratie de proximité parcellise la vie politique et que chacun ne s'occupe que de ses petits problèmes en oubliant de réfléchir à la gestion des problèmes communs. La démocratie de proximité pourrait aussi devenir une juxtaposition de préoccupations individuelles car le peuple n'est pas éduqué à la citoyenneté. Cela demandera du temps. La citoyenneté, cela commence par consacrer du temps aux autres. Actuellement, les difficultés font que les gens se replient sur eux mêmes ce qui nuit à l'exercice de la citoyenneté. Au contraire, on peut penser que la démocratie de proximité permet de donner la parole aux gens de rechercher avec eux des solutions aux problèmes auxquelles ils se confrontent quotidiennement. L'habitant possède une sorte d'expertise de son environnement, il est important que les politiques en prennent connaissance.

Que faire si c'est pas mon candidat qui est élu ?

Il existe toujours la possibilité d'exprimer son désaccord. Encore faut il pouvoir se faire entendre. Sinon, il faut manifester. Oui mais la manifestation n'est elle pas un signe que la démocratie ne fonctionne pas bien ? Soit que le pouvoir refuse de prendre en compte l'avis d'une partie importante des citoyens même s'ils ne sont pas ceux qui l'on élu. Soit que les citoyens qui ne se reconnaissent pas dans le choix qui a été effectué par le plus grand nombre lors des élections refusent d'admettre qu'ils ne représentent pas la majorité.

Inconsciemment, on réagit toujours par rapport à ses intérêts particuliers. Attention, on réagit pas seulement par intérêt. Au delà, il y a aussi les convictions et la perception que l'on a de la société et la façon dont on pense qu'elle doit fonctionner. On ne peut pas tout laisser faire. Parfois il faut aussi se battre pour des idées. Même si cela remet en cause le résultat des élections, donc la légitimité d'une personne élue de façon démocratique ? Être citoyen, c'est exprimer ses idées au quotidien.

« Avoir raison » :
« Dans un conseil municipal, il ne devrait pas y avoir de majorité ou de minorité. Celui qui décide doit être celui qui a raison. Dans le système actuel, même si on a raison, on n'est pas entendu ». Avoir raison, que cela signifie-t-il dans un système démocratique ? La notion « d'avoir raison » ne va pas avec la démocratie. On doit se ranger à la décision de la majorité. Chacun a « ses raisons » pour défendre son opinion mais il n'y a pas de raison universelle en démocratie, sinon celle du plus grand nombre. C'est la diversité des opinions qui théoriquement doit faire avancer la cause commune. La minorité est donc indispensable car par la confrontation des idées, elle nourrit la réflexion. Les deux camps prennent-ils le temps de s'écouter pour arriver à un consensus au profit de la collectivité ?

En tant que citoyen, comment je peux faire vivre la démocratie ?
On protège la démocratie en préservant les droits sociaux et d'expression même si cela doit passer par la lutte. Après tout en 1789, c'est la révolution qui a permis à la France d'acquérir la démocratie. C'est en quelque sorte un mal pour un bien. Parfois, il faut passer par la révolte pour faire évoluer les choses. Quand on nous provoque, c'est impossible de ne pas réagir. Quand le dialogue n'existe plus, on aboutit à la rupture qui peut parfois être violente mais elle est du fait de celui qui n'écoute pas, pas de celui qui n'est pas entendu. En quelque sorte, chacun sa violence.

Oui, mais dire cela, c'est constater l'échec de la démocratie. C'est grave.

Articulation du pouvoir :
On constate que dans le système actuel, le président de la République dispose d'un pouvoir très important. Ce n'est pas vraiment compatible avec une démocratie qui fonctionne sur un rapport équitable entre le peuple et le pouvoir. Cela génère des tensions car on sent que l'on n'est pas entendu. Donc il faut se faire entendre... Oui, mais cette puissance présidentielle a été instaurée pour lui permettre de réagir de façon efficace aux situations de crise.

A travers les échanges, on sent que l'on touche au point de rupture entre les institutions chargées de faire vivre la démocratie et les citoyens :
- Le pouvoir politique est décrédibilisé, le système menace de s'écrouler.
- L'argent est roi, il est synonyme de pouvoir. Cela renforce le « chacun pour soi ».

Peut être la crise va-t-elle permettre de rétablir des valeurs de solidarité ? Peut être que la démocratie se meurt car on n'a plus de projet de société? Les gens se concentrent sur leurs propres difficultés, ils se désinvestissent des causes collectives. Comment s'intéresser au collectif quand on ses propres problèmes à régler ? En même temps, il y a 30 ans, il fallait aussi se battre. On pensait que cela passait par le combat collectif. La jeunesse ne prend pas la relève. Elle est éparpillée à cause du contexte socioéconomique difficile : chômage... On a de moins en moins de temps pour s'occuper des autres. Pourtant, la jeunesse représente le seul espoir pour faire renaître la démocratie, il faut la sensibiliser.

Choix de la thématique du Café Citoyen du lundi 27 avril à 14h à la Maison de Quartier de la Pierrez Heuzé :
- Faisons nous assez confiance aux jeunes ? 4 voix
- Qui décide de l'organisation de la Ville ? 3 voix
- Quelle santé pour demain ? 7 voix
- Quelle est la place des jeunes dans la société ? 8 voix

Thématique retenue : Quelle est la place des jeunes dans la société ?

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