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Compte-rendu analytique par Jean-Marie SeeuwsCafé Citoyen de Caen (25/04/2009)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

La presse et les médias sont-ils encore des informateurs et des médiateurs ?

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Animateur - La presse et les médias sont-ils encore des informateurs et des médiateurs ? Je vais donner la parole à la personne qui a proposé le thème la dernière fois pour qu'elle nous expose pourquoi elle a choisi ce thème-là.

1 - Tout simplement parce que en fait on peut se poser la question de savoir si les médias aujourd'hui ont encore une utilité dans une démocratie comme la nôtre. Comme aujourd'hui on a... Si j'ai bien compris on introduit puis après... D'accord. Je suis un néophyte dans cette participation active. Démocratie participative et contributive puisque j'ai bien compris que le Café Citoyen c'était sa première acception c'est-à-dire on contribue au débat citoyen. Donc, voilà. J'ai préparé quelque chose d'assez rapide. Cela va être forcément lapidaire, provocateur, pour permettre éventuellement nous permettre d'échanger là-dessus. Aujourd'hui, on a trois grands chapitres qui s'ouvrent dans le débat. Démocratie participative, interactivité, journalisme citoyen ou citoyen journaliste, savoir de quel côté on se situe. On sait aujourd'hui aussi qu'il y a une grande relation qui est en train de se fonder entre un média et un public, c'est-à-dire soit on est plutôt presse écrite, soit on est plutôt presse parlée, soit on est plutôt presse télévision. Et on sait aussi que parfois on met en conjonction nos propres intérêts, c'est-à-dire qu'on regarde la télé, on écoute la radio et on lit la presse. Et si on a peu de moyen parce que la presse écrite coûte chère, on sait aussi que l'on regarde peut-être plus la télé et on écoute un peu plus la radio. Et on écoute aussi la radio à d'autres moments certainement qu'au moment où l'on ne regarde pas la télé. On sait aussi qu'il y a des gens qui ne regarde que la télé et qui n'écoute pas la radio et qui ne lise plus la presse. Hormis une presse que l'on lit, c'est celle du quotidien, ce que l'on appelle la presse quotidienne et régionale. Et en particulier dans notre région, j'imagine qu'on lit tous très souvent Ouest-France en particulier, mais il y en a bien d'autres j'imagine. Je ne fais l'apologie d'aucune presse particulière mais si peut-être que j'ai un regard ou des regards plutôt experts que néophytes. Mais cependant, d'amener du débat, je prends parti puisque j'ai un parti pris professionnel. Aujourd'hui, est-ce que l'on peut considérer que la presse reste médiatrice et est-ce qu'elle reste informatrice ? [...] Je disais encore médiateur ou encore informateur, c'est parce que je me demande si la presse peut encore devenir quelque chose qui informe. Est-ce que les journalistes c'est encore une profession qui amène de l'information - comment on dit souvent, vous savez - neutre. Parce qu'à mon avis la presse neutre n'existe pas. Il y a des presses. Il y a une façon de traiter l'information. Il n'y a pas d'information s'il n'y a pas fait et s'il n'y a pas accompagnant le fait un commentaire. Donc, forcément, le journaliste, quel qu'il soit est un citoyen ordinaire. Donc forcément le journaliste amène son propre commentaire par rapport au fait. Que vous lisiez un même fait sur Ouest-France, sur Libération, ou que vous l'écoutiez à France Bleue ou dans le groupe Radio France, ou que vous le regardiez à travers le prisme de télévisions commerciales ou ultra-commerciales, comme TF1, M6 ou Canal +, ou que vous regardiez la même information de nouveau à travers le groupe France Télévisions, évidemment, je pense que vous en avez tous fait je dirais l'expérience ou la même expérience, forcément c'est traité de manière différente. Mais c'est aussi parce que dans ces presses-là, on sait bien aussi qu'il n'y a pas, même si on tente de le croire, il n'y a pas "la voix de son maître". Il y a "la voix des maîtres". Les équipes de journalistes ne sont pas des équipes qui sont à la botte, ou à la cheville, ou je dirais le doigt collé sur la couture du pantalon, au service de certains, comment dirais-je, décideurs politiques ou économiques. Même si c'est une réalité. Même si tout cela traverse évidemment l'ensemble de l'information qu'on donne. Si, vu le public que l'on est, et la moyenne d'âge que nous avons, on peut considérer que la bonne expérience, c'est le fameux référendum sur la Constitution, enfin sur ce qu'on appelait le Traité Constitutionnel de l'Europe. On a bien vu il y a eu des partis pris dans la presse et en particulier ne confondez pas les journalistes et les éditorialistes. Si je dis cela c'est parce que vous avez dans Ouest-France par exemple tous les jours un éditorial, c'est écrit par un éditorialiste et non pas par un journaliste. Même s'il est quelque part journaliste. Mais quand on écoutait à cette grande époque les éditoriaux de Guetta, ou d'Aphatie ou de François-Régis Hutin, je pense que ces noms-là vous les connaissez, ou quand on lisait ce qui était écrit dans l'Express, évidemment on sentait vers quoi il tendait. Mais ils étaient éditorialistes. Après il suffisait de parcourir un peu les pages pour voir quelles étaient les positions ou même dans Le Monde, évidemment j'ai oublié Le Monde, mais ça allait de soi.

Animateur - On va essayer d'en garder un peu pour après ?

1bis - Je pensais qu'il fallait faire...

Animateur - L'idée c'est de faire en sorte que la parole circule, que tout le monde puisse participer. Mais, ça veut dire que vous aurez certainement d'autres choses à nous dire. C'est très bien. Moi, je pose seulement la question : est-ce que c'est vrai que le paysage médiatique a si changé que cela ? Est-ce qu'il a tant changé que ça ? Vous nous dîtes qu'il y a de plus en plus de manières d'écouter les informations. Et puis on peut se poser la question : qu'est-ce que c'est que l'information ? C'est quoi de l'information ? C'est quoi être informé ?

2 - C'est très bien ce que tu viens de dire parce que justement ça introduit ce à quoi je pensais depuis tout à l'heure. Est-ce que les journalistes sont encore des informateurs ? Il faut définir ce que signifie l'information. Et pourquoi le terme médiateur qui veut dire quelqu'un qui sert d'intermédiaire entre le public, l'homo vulgaris, et les décideurs au niveau de l'Etat, ceux qui ont une responsabilité politique ? Alors là, on peut resté très interrogatif. On peut aussi se poser la question : est-ce qu'il y a des informations qui ont une réelle importance, qui sont complètement ignorées du public et même des informateurs ? Il y a toute une question philosophique là derrière. Pourquoi l'information en même temps que la question de l'éthique ? Quel est le rôle réel de l'informateur, du médiateur ? Je ne sais pas qui a proposé le thème, parce que médiateur ça fait penser à média et média ça représente beaucoup de choses mais dans la langue classique un médiateur c'est quelqu'un qui servait d'intermédiaire pour régler un conflit entre deux personnes et dans la pensée moderne, média, on ne dit plus médiateur on dit média, c'est ceux qui sont censés informer. Je peux citer l'expérience que j'ai faite en 1968, chacun était dans ses habitudes professionnelles, d'études de forme de vie familiale et il y avait une révolution qui était en cours, tout le monde était perplexe. On pouvait se jeter sur toute sorte de journaux, on se rendait compte que la réalité de ce qui se passait. Même quarante ans après, je crois qu'on n'a pas encore compris si on va jusqu'au fond des choses. Même en lisant, personnellement c'est la méthode que j'avais adoptée, je prenais chaque fois que je pouvais, je passais deux ou trois heures chaque jour, à lire la presse de l'extrême droite à l'extrême gauche, ou de l'extrême gauche à l'extrême droite, pour essayer de comprendre et me former un jugement personnel individuel. A part ça, où je pouvais prendre l'information et jouer un rôle de médiateur, médiateur ce n'est pas décideur, c'est par rapport à l'entourage immédiat que l'on fréquente quotidiennement.

Animateur - Oui, de toutes façons, médiateur et média ont la même origine. D'ailleurs, ça a donné aussi le mot médium, c'est l'intermédiaire entre deux personnes ou deux entités. On va essayer... Il y a une question double quand même dans cette question. On parle d'informateur et de médiateur. Ce n'est quand même pas la même chose. Et on peut aussi se poser la question : finalement à quoi ça sert de s'informer ? A quoi ça sert et pourquoi on s'informe ? C'est un sujet pas si facile que ça. A quoi ça sert finalement de s'informer ? Quand vous prenez quinze jours de vacances, que vous êtes coupé du monde, est-ce que ça vous manque ?

3 - Je crois qu'il y a une antinomie forte entre les formats qu'on nous propose aujourd'hui dans le monde des médias et la complexité de la société. En gros, la société est de plus en plus complexe et les formats de plus en plus courts. A la télé, les sujets font en gros une minute trente dans le journal. Dans les journaux, je ne sais plus à combien de mots on est, mais on ne doit pas être à beaucoup dans un article. Sauf un article de fond, un article éditorial, et il n'y en a pas beaucoup. Donc, après forcément, j'ai l'impression que l'information est bridée parce que là où on aurait besoin de se poser, de comprendre, d'avoir des positions non tranchées, d'avoir des choses longues, des choses qui demandent de la réflexion, de la compréhension, justement du débat, on a des choses rapides, assénées vite fait. D'un coté, de l'autre, on ne sait pas trop bien mais finalement, et y compris sur Internet d'ailleurs, parce que quand on regarde les éditos sur internet c'est tout aussi pauvre que dans la presse écrite, et finalement on a l'impression d'avoir une déconnexion, à mon avis parce que les formats ne correspondent plus. Dans une société de plus en plus complexe, on aurait besoin d'avoir des gens, ou de plus en plus pointus, ou on aurait moins besoin d'avoir de l'info immédiate parce que justement c'est compliqué. Du coup, il y a des décalages qui se créent à tel point qu'aujourd'hui on fait de l'info sur n'importe quoi. On nous fait deux jours sur Ségolène Royal et Zapatero. On s'en fout. Je veux dire on s'en fout complètement. En toute objectivité, ça n'a strictement aucune importance et pourtant les journalistes nous en font des tonnes à coup de petits papiers. On balance un petit papier. On invite deux ou trois spécialistes, un coup de droite, un coup de gauche, qui vous expliquent en cinq minutes le bien fondé ou pas de tel ou tel, et c'est tout. Aujourd'hui le monde est devenu, il a un fonctionnement erratique, il a un fonctionnement complexe, on ne comprend plus bien ce qui se passe. Il faut se poser. Moi, je rêve que les journalistes nous disent un jour : "eh bien, aujourd'hui on ne fait pas le journal parce que c'est trop compliqué. L'info, elle arrive trop vite. Laissez-nous le temps de l'ingurgiter, de l'appréhender pour servir quelque chose qui tient la route.".

Animateur - Je retiens deux choses. D'abord, premièrement, avec la rapidité et la quantité d'informations qui sont traitées dans les médias, est-ce qu'on ne perd pas quelque chose ? Est-ce qu'il n'y a pas une accoutumance finalement, une sorte d'accoutumance à l'information ? Et puis, vous parlez des formats courts, est-ce que ça n'invite pas plus à la communication qu'à l'information ? Les formats courts, télévisuels ou autres, puisque c'est souvent très court.

4 - Moi, par rapport à l'information, en tant que citoyenne j'estime que j'ai, et le droit, et le devoir, de m'informer. J'ai le droit d'être informée. J'ai le devoir d'être informée. Ce qui me pose question, j'ai quelquefois l'impression que je suis un peu captée, c'est-à-dire que j'ai l'impression qu'il y a deux visions du monde. Il y a celle que je regarde, que je peux regarder à travers différents journaux. Quand je lis un éditorial et bien ça m'amène à me poser des questions et à réfléchir et puis j'ai l'impression à un moment donné que l'audimat, je pense notamment aux journaux télévisés, est plus important que l'information que l'on va me donner et que quelque part je suis un petit captée, qu'il y a une vision imposée des choses. C'est-à-dire si je regarde la une, si je regarde la trois, si je regarde la deux dans les cinq minutes qui suivent, je vais trouver quasiment la même information avec un regard qui va être quasiment le même. J'ai l'impression qu'on m'impose une information et que ça ne me permet plus, moi, d'avoir ce recul pour avoir, pour croire dans ce qu'on me dit. Je pense que l'un des problèmes aussi de la presse, c'est ça. Ils sont aussi en recherche de crédibilité. Et qu'est-ce qu'on nous montre ? Quelle est la vérité ? Je pense à l'information notamment quand il y a eu les problèmes de la Roumanie à Timisoara, on nous a montré effectivement des choses, on a vu des cadavres et on apprend quelque temps après, et bien non, ça n'existait pas, c'était monté de toute pièce. Donc, il y a toutes ces questions sur c'est quoi cette information que l'on diffuse ? Où est-ce qu'on peut aller la chercher ? Et comment se faire réellement une opinion, ce que moi je souhaite me faire, à partir de tout ce qu'on diffuse je souhaite me faire ma propre opinion.

Animateur - Vous parlez de l'esprit critique et puis vous rappelez que comme beaucoup d'institutions le journaliste, en tout cas les médias souffrent également de cette méfiance du citoyen qui est grandissante. Toutes les institutions aujourd'hui souffrent de cette méfiance du citoyen et effectivement c'est vrai aussi pour le journalisme, pour les médias. Est-ce que c'est un bien ? Est-ce que c'est un mal ? On peut s'interroger là-dessus.

5 - Déjà, répondre à votre question, madame l'a fait mais je répète. Vous demandiez s'il était normal d'essayer de s'informer. Effectivement, c'est un devoir. On est citoyen, on est censé participer à la gestion du pays par notre vote et il est donc normal par conséquent que l'on s'informe. Alors, est-ce que l'information on la trouve exclusivement dans la presse ? C'est une autre question. D'ailleurs, je fais une distinction entre presse écrite et presse audio. La presse écrite, on fait un acte volontaire pour la lire. Il faut qu'on l'achète et il faut qu'on fasse l'effort de la lire. La télévision comme la radio, la radio peut être un peu moins, mais la télévision beaucoup plus sûrement, on l'a subie pas au sens péjoratif du terme mais on allume sa télévision et éventuellement on tombe sur un journal télévisé en attendant le programme choisi. On ne fait pas forcément un acte volontaire de la regarder. En France, je ne sais pas si c'est une particularité mais en tout cas c'est une constatation, par rapport à d'autres pays européens, on lit peu. Les journaux nationaux les plus grands tirent à 400 ou 500 mille exemplaires. En Grande Bretagne, c'est plusieurs millions. En France, un journal coûte environ un euro. En Grande Bretagne, 40 centimes. Ensuite, selon moi, dans la presse écrite, il y a deux types, deux grands types en tout cas, avec peut-être des subdivisions. Il y a le journal d'information qui se veut comme tel, et le journal d'opinion. Par exemple, à tort ou à raison, je vais classer Ouest-France dans les journaux d'information, le Figaro et Libération dans les journaux d'opinion. Ce qu'on lit dans Libération ou dans le Figaro on peut admettre qu'il y ait une certaine orientation. C'est plus embêtant de le constater dans Ouest-France ou dans un autre journal qui se dit strictement d'information où l'information ne devrait pas être teintée d'opinion. On relate un fait et on essaie de le faire de la façon la plus objective possible. C'est probablement un rêve, c'est rarement constaté, mais ça devrait être comme ça. Il n'y a rien de plus grave, dans le sens de la recherche d'information, que de tomber sur des informations tronquées. Une information tronquée ce n'est pas forcément un mensonge, ça peut être une information sortie de son contexte, ça peut-être le moment où on la diffuse, ça n'a pas forcément le même sens ou le même impact en fonction du jour où on la diffuse. Pour terminer, pour moi, la presse c'est une espèce de catalogue qui va indiquer l'actualité, ensuite si ça m'intéresse je recherche le complément d'information soit sur Internet, soit dans les livres, soit éventuellement dans mes petites connaissances mais en tout cas jamais je ne prends une information de la presse comme argent comptant.

Animateur - Il y a une chose intéressante à mon avis, c'est le statut du journaliste. Il est quand même bien malmené aujourd'hui. On veut qu'il nous apporte des informations brutes sans qu'il y ait de teinte politique et en même temps on voudrait qu'il nous explique le monde. C'est un peu particulier, qu'en est-il de l'analyse du journaliste qui est censé aussi de nous aider à progresser, nous lancer des pistes pour notre réflexion personnelle ? Et puis on parlait du devoir de s'informer, est-ce que finalement ça ne veut pas dire qu'on est finalement assez fainéant ? Est-ce qu'on n'a pas une démarche fainéante ou passive à l'égard du monde qui nous entoure ? Est-ce qu'il nous intéresse tant que ça le monde qui nous entoure ?

6 - J'avais vu un film qui était un exemple sur les méthodes de presse qui pouvaient être tout à fait honorables et vous avez eu tous les informations sur le problème du Watergate qui avaient conduit malgré tout à de sérieux problèmes pour un certain président. Là on peut dire que la presse en l'occurrence a été tout à fait professionnelle puisque d'abord on avait pu éplucher sur les sources d'information, la véracité des faits rapportés, les contrôles de l'information, la recherche d'informations croisées pour vérifier la véracité. Donc, ce travail journalistique avait été fait correctement. Mais je pense que nos journalistes ne sont pas moins professionnels que les journalistes outre-atlantique. Par contre, on observe chez nous un mécontentement généralisé sur la qualité de l'information reçue. Vous le faisiez justement remarquer : le déclin progressif mais constant de la presse écrite. Un transfert s'effectue vers les livres d'auteur où le fait est beaucoup plus analysé, développé, interprété, on remarque au contraire que les livres se développent alors que la presse décline, ce qui est dommageable. C'est dommageable parce qu'à tout pouvoir il faut un contre pouvoir et l'un des faits qui à mon point de vue peuvent traduire notre mécontentement à l'égard de la presse, c'est cet effet que l'on trouve à l'origine à la télévision, c'est l'effet zapping. L'effet zapping, c'est-à-dire "un clou chasse l'autre". On va faire une semaine sur un fait, d'ailleurs on peut s'interroger sur l'intérêt du fait rapporté, notamment quand on nous parle que Ségolène Royal a un compagnon, moi excusez-moi je m'en tape totalement, aucun intérêt, j'ignore toujours quel est le père de l'enfant de notre garde des sceaux, mais je m'en tape aussi. Donc en fait, le fait comme ça d'orienter l'information vers des faits qui ne sont pas significatifs et avec un intérêt général, dans le fond je me dis quelque part il y a manipulation, volonté de manipulation, c'est ça qui est gênant. Qu'un journal d'opinion défende une thèse, c'est totalement normal puisque c'est un journal d'opinion, là je ne suis pas choqué, mais je suis choqué par contre lorsque les règles de comportement journalistique ne sont pas respectées et là en l'occurrence je pense qu'elles ne le sont pas.

Animateur - Vous nous dites quand on parle d'information, l'information ça a un sens précis. Ça veut dire qu'on met en forme, on forme, on met en forme. Pour vous, cette manière de fabriquer l'information ne forme pas le citoyen, ne fait pas en sorte que le citoyen progresse dans la découverte de la vision du monde qu'il aurait. On peut s'interroger là-dessus. Mais en même temps, est-ce que ce n'est pas si difficile que ça : cette information là n'est pas d'intérêt général, celle-là elle l'est...

6bis - La presse gratuite qui se développe de plus en plus avec les distributions de journaux au sortir des gares.

7 - C'est un sujet absolument impossible parce que ça part dans tous les bouts. Il aurait fallu faire la distinction entre presse écrite, télévision, radio. Les choses auraient été peut-être plus faciles. Simplement, quand on parle de fait, moi je regarde mon journal de ce matin, Le Bocage Libre, et dans les faits j'ai un cycliste renversé par une voiture, j'ai des pierres qui chutent du clocher etc., une série de cambriolages. Cette conception des faits, qui est celle des faits divers, ben oui ça existe bien évidemment et on sait très bien que depuis 1830 ça marche même plutôt bien parce que c'est ce qui fait vendre les journaux. On va revenir tout à l'heure sur ce point. Mais en même je suis allé voir, juste dans une petite revue de presse, ce qui se passe à Toulouse, et je lis l'américain Frixel veut fermer son usine. L'autre annonce la fermeture. Encore plus loin, suppression d'emplois avec des chiffres. C'est-à-dire que là j'avais pris, comme ça au hasard, plusieurs titres sans les cibler et sur la même réalité j'avais une formulation qui était radicalement différente. Alors, en fait, je suis moins pessimiste que vous parce que je pense qu'on est en fait, non pas surinformé, tout a été dit. Par exemple , qu'est-ce que vous dite en une minute trente ? Ca y est top, je coupe ! Je passe à autre chose. Eh bien non, ça m'arrive moi aussi d'écouter France culture et je vous promets quand vous avez un sociologue comme Dubet qui cause cinquante minutes, ou même ce matin sur France inter, il a à peu près cinq minutes, il dit par exemple un truc tout bête, il dit effectivement si je suis en 1965, si je suis catho je vais probablement acheter La Croix, si je suis communiste je vais acheter l'Huma et de fait j'achète en même temps une identité et pas simplement un mode d'information. De façon évidente, on a conscience des conditions de production .La presse, elle a à faire avec l'argent. Il faut qu'elle vive. Il faut qu'elle paie des salaires. Du coup, ça pose le problème de la publicité. Elle a à faire avec le pouvoir, qu'il soit politique locale, politique nationale et on sait très bien, là du coup c'est l'autre problème, c'est celui de la communication. Dans un échange avec Luc Sénelle, journaliste à Le Monde, sur l'éducation, il titrait : "Darcos va dire dans sa conférence de presse...". Je lui dis comment vous pouvez le dire ? La conférence de presse n'a pas eu lieu encore, sous entendu vous avez travaillé, pour vous documenter vous avez téléphoné au service de communication du ministère et vous êtes à ce moment simplement le relai, de mon point de vue vous ne faites pas votre boulot de journaliste. Il semble de fait que la presse, si on est sur l'information je crois qu'il n'y a pas de problème. Le problème, c'est plus d'être aidé à trier, l'information il y en a partout après tout dépend de ce que l'on met comme avant. Et quant à la médiation, moi ce que j'attends de la presse, c'est à la fois qu'elle m'aide à comprendre le monde un peu moins mal que je ne le fais et en même temps qu'elle me permette d'avoir une vision pluraliste. Alors, le dernier point pour rassurer sur tous ces points. Moi, je pense que la distance critique, on l'a. Une astuce toute bête par rapport à la presse écrite, c'est plus difficile pour la télé, vous laissez votre journal dans un coin et vous le rouvrez trois semaines après et vous regardez tout ce qui est superficiel et qui tombe d'emblée, parce que bien évidemment tout ce qu'on disait sur le petit théâtre politicien n'aura probablement plus aucun intérêt. Par contre il y a d'autres articles qui vont prendre de l'intérêt et du sens. Si vous êtes dans un journal qui fait son boulot logiquement vous devriez regarder quelques articles, pas forcément tout le journal, mais quelques articles. Et l'autre point ce que nous faisons nous, ce que font les éducateurs, c'est de se poser la question "qui parle ?", "qui parle ?" donc évidemment "de quel point de vue ?". Et une fois qu'on a cette précaution, on ne va pas tout faire, de façon évidente, je suis désolé monsieur, mais Ouest-France c'est un journal démocrate chrétien, donc qui aura aussi un point de vue. Il n'y a pas un journal de faits. Dans Libération, je vais trouver des faits et des points de vue, dans le Figaro je vais le faire et souvent je le fais avec plaisir parce que je fais une revue de presse depuis maintenant cinq ans sur Internet, grâce à internet justement ça me permet de ne pas acheter le Figaro tous les jours. En réalité vous prenez un fait sur lequel il y a de la castagne et vous regardez les titres et ensuite prenez le temps de regarder l'article lui-même. Très souvent, moi j'ai vu souvent avec le Monde, des titres qui n'ont presque rien à voir avec ce qui est dit à l'intérieur. Donc tout ça c'est des éléments qui font qu'on a le moyen pour avoir un esprit critique, heureusement à commencer pour un truc en 1 minute trente, vous voyez bien que le journaliste à la télé, annonce un truc, montre une illustration et fait un micro trottoir, une fois que vous savez ça, il y a plein de choses que vous comprenez.

Animateur - Vous nous rappelez que l'esprit critique aujourd'hui existe. Aujourd'hui, est-ce que c'est le rôle des médias de nous inviter à développer notre sens de l'esprit critique ? Est-ce qu'il y a d'autres endroits ? J'imagine que l'école en fait partie. Mais est-ce que dans ces endroits on nous apprend l'esprit critique ? Et est-ce que vous avez le sentiment que cet esprit critique se perd aujourd'hui ? Cette méfiance vis à vis de la presse, on peut s'en réjouir éventuellement puisque c'est toujours quelque chose d'assez positif finalement quand on commence à critiquer.

8 - En ce qui concerne l'information, c'est vrai que bien informer c'est mettre au courant, renseigner, renseigner avec des sources sûres et vérifiables. Ca, c'est important et c'est, disons, de permettre au téléspectateur, au lecteur, à l'auditeur de pouvoir réfléchir. Évidemment, on a dit que l'instantanéité de l'information n'incitait pas à la réflexion. Le contraire de l'information c'est la désinformation. On en a déjà plus ou moins parlé. C'est aussi la manipulation, c'est-à-dire le faux scoop quoi, on part d'un faux bruit et on fait monter la mayonnaise. J'ai souvenir d'un journaliste dont je tairais le nom bien évidemment car il est encore vivant, qui avait fait croire à une véritable interview de Fidel Castro. En réalité, c'était un bobard qui a été repris par toute la presse en France. Ensuite il y a aussi ne pas informer, le non dit, alors ça aussi c'est très important, on ne nous dit pas tout malheureusement. Et puis il y a des sujets tabous, par exemple on a beaucoup parlé du SIDA en Afrique mais on a oublié de nous dire que les pays développés ne faisaient aucun effort pour aider les Africains à combattre le SIDA, et même le plus fort, les multinationales pharmaceutiques ont fait pression sur les laboratoires locaux pour ne pas produire les génériques. Alors, quand on parle des génocides africains, ou au Brésil ou en Asie, e bien on peut comme on dit battre sa coulpe et se dire vraiment les journalistes qu'est-ce qu'ils font ? Alors moi je voudrais dire pourquoi les journalistes agissent ainsi ? Eh bien c'est que, premièrement il faut vendre du papier, ça on l'a dit, on vend du papier à tout prix parce qu'il faut vivre. On sait que même si la presse est dans sa grande majorité financée par les patrons du CAC 40, elle a besoin encore de faire des scoops, de manipuler la vérité, dans beaucoup de cas pour pouvoir attirer le chaland. Alors on peut aussi se poser la question, est-ce que le lecteur, est-ce que les gens premièrement ont le goût de la lecture ? Si les gens avaient le goût de la lecture la presse écrite marcherait mieux qu'elle ne marche actuellement. Il semble qu'il y ait une majorité de français qui ont perdu le gout de la lecture, je ne sais pas si c'est parce qu'ils l'ont mal acquis, ou bien parce qu'ils sont trop paresseux, ils préfèrent regarder des images qui choquent plutôt que d'approfondir la lecture d'un article de fond, quelquefois même de pouvoir lire plusieurs journaux, ça c'est important aussi, mais tout le monde n'a pas la force et le courage de lire plusieurs journaux. Alors je dis que là il y a peut-être quelque chose à faire. On a parlé de médiateur. Médiateur, qu'est-ce que c'est ? Un médiateur c'est quelqu'un qui rapproche les gens, le citoyen entre autres, qui les rapproche autour de la vérité, de ce qui est la réalité et pas de jouer sur la polémique. Parce que la polémique, tout ce qui est excessif normalement il faut s'en méfier. Or, les journaliste qu'est-ce qu'on voit actuellement ? On fait enfler la polémique sur n'importe quel sujet, même les plus banals. Donc on peut se poser la question aussi sur le public, pas seulement sur la presse.

Animateur - C'est marrant parce qu'aujourd'hui j'ai l'impression que la plupart des gens disent finalement qu'on en fait de trop, que les journalistes en font de trop quitte à trouver des formules comme vous dites, à en rajouter, à faire de la polémique. En même temps il n'y a pas si longtemps que ça, on n'avait pas beaucoup de canaux médiatiques. Il n'y avait qu'une chaîne de télé, il n'y a pas si longtemps que ça. C'est marrant, on n'était pas très content non plus de ça, on n'est jamais content finalement, qu'est-ce qui est gênant aujourd'hui ?

9 - A priori j'ai l'impression que l'information parfaite n'existe pas. L'information qui retranscrit simplement le fait est impossible. Il y a toujours un filtre, quelqu'un qui va l'interpréter, qui va en donner sa vision et ça c'est un élément qui doit être pris en compte dans toute lecture, dans toute découverte de l'information. Il est vrai qu'avec le format télévisé on a beaucoup mis à mal cette idée parce que les gens avec la vue ont l'impression de voir la vérité. Ils l'ont vue de leurs yeux alors qu'il y a une perte de recul qui se faisait naturellement au travers de l'écrit. Quand l'information passait de bouche à oreille on était naturellement critique, le fait de voir ou de croire voir les choses fait que l'on perd un peu cette distance. Dans s'informer, moi je retiens qu'il y a d'abord se former. L'information, pour la recevoir, il faut quelque part, ne vient pas comme ça. Il faut chercher un petit peu. Il faut croiser ses sources, regarder différents médias pour avoir différents angles de vue. J'ai entendu dernièrement que l'instruction civique allait peut-être arriver à la maternelle, et un des objectifs, j'ai entendu ça avec plaisir, c'était de développer le sens critique. Alors si on développe le sens critique du citoyen, si on lui apprend aussi à prendre de la distance par rapport aux images, ce qui est toujours difficile, c'est une bonne voie. On a tendance à toujours demander beaucoup aux journalistes et à ne plus faire de travail, à simplement rester, nous on veut recevoir mais on ne veut plus filtrer, on ne veut plus prendre de la distance par rapport aux choses, on veut que l'information soit parfaite dès le départ, ce qui à priori me parait impossible. Pour parler de la formation, j'avais un autre point, c'est aussi l'information du journaliste qui intervient. La situation est toujours très complexe aujourd'hui et on s'aperçoit que sur des informations purement techniques les journalistes ont une certaine méconnaissance des sujets. C'était particulièrement flagrant lors de la crise économique où on a vu des journalistes réagir, mais réagir comme des citoyens avec une incompréhension, la plupart du temps totale, des mécanismes dont ils parlaient.

Animateur - Finalement, est-ce qu'on ne peut pas se poser cette question ci : est-ce qu'on ne prend pas l'information comme n'importe quel autre produit ? Comme si on consommait l'information, finalement est-ce qu'on n'est pas des consommateurs de l'information ? Et puis alors une autre question, si l'important est d'exercer, d'acquérir un esprit critique pour se développer personnellement, pour devenir de plus en plus citoyen, finalement est-ce qu'on a besoin des médias ? Est-ce que ça n'est pas échanger avec des gens qu'on ne connaît pas ? Pour écouter ce que les autres pensent, est-ce que ce n'est pas déjà là l'ouverture vers l'esprit critique ?

10 - Je ne réponds pas directement à la question posée. Je fais juste une remarque. Dans le contexte de crise où nous nous trouvons actuellement on peut constater un relai des médias de situations dramatiques, de plus en plus dramatiques, et j'ai le sentiment que pour que ces personnes se fassent entendre il faut des actes extraordinaires. Pour que les médias soient réceptifs, là il y a le rôle du journaliste qui prend le fait extraordinaire mais je pose la question qu'est-ce qui fait que les gens pour être entendus soient obligés d'en arriver à ce genre d'extrémité, donc ce qui veut dire qu'est-ce qui fait que la communication de ce rôle de médiateur, moi je pense qu'il y a un manque de communication entre le pouvoir et le peuple qu'essaie d'améliorer les médias. je pense qu'on en arrive aussi, au fait qu'on n'entend plus les gens et que malheureusement on est arrivé à l'attitude des médias de chercher le fait extraordinaire, et ça je le trouve dommage. Pourquoi devons nous en arriver là, est-ce qu'on ne peut pas d'abord se poser la question de la communication entre le pouvoir et le citoyen pour peut-être expliquer aussi cette frénésie du fait dans les médias.

Animateur - Je retiens cette question qui est à mon sens importante. C'est aussi à mon avis un climat général. Est-ce qu'on écoute vraiment le citoyen ? Est-ce que vous avez le sentiment aujourd'hui que le citoyen de base, le citoyen lambda, est-ce que vous avez le sentiment qu'on le délaisse ou plutôt qu'on lui prête beaucoup d'attention ?

11 - Pour ma part, j'ai eu l'occasion quand je travaillais en job d'été, de travailler dans un journal local et j'ai vu comment le journal se fabriquait. J'ai pu remarquer, moi j'étais chargé de transcrire les papiers des correspondants locaux concernant les faits divers et puis la page sportive et les nécrologies. J'ai constaté qu'entre ce que je retranscrivais par rapport aux éléments qu'on me donnait et le résultat qui était publié dans le journal ce n'était pas toujours ce que je pouvais transcrire. Alors évidemment il y a le coté synthétique, par exemple un article de 10 lignes, dans le journal ne fait plus que 2 lignes donc il y a une synthétisation du fait qui est remonté du terrain et puis pour une pratique de la lecture sûrement. Donc il y a déjà à la base une sorte d'élimination des éléments qui fait qu'on ne transcrit qu'une partie de ce qui s'est passé réellement. Première chose. Deuxième chose, la presse n'est pas uniquement la presse adulte comme on peut parler de journaux quotidiens, le Monde, Libération, l'Humanité etc. mais aussi, alors bon moi je n'ai pas de connaissance très précise de cette presse là, mais je sais qu'elle existe, c'est la presse des jeunes de 8 à 15 ans peut-être, je ne sais pas trop, peut-être plus jeunes encore, qui leur permet, ce ne sont pas les mêmes thèmes qui sont développés, quoique, mais ils sont développés différemment donc ça les aide déjà à prendre conscience de l'actualité qui peut être scientifique, qui peut être de faits divers, qui peut être politique mais qui est sûrement traitée différemment mais qui leur montre un monde différente de celui qu'ils peuvent voir à la télé lors du diner avec les parents, ça leur permet de prendre peut$-être un petit peu de recul. Et cette presse là, il y a souvent la semaine de la presse à l'école qui leur permet de discuter avec les enseignants de l'actualité. Sinon je dirais que la presse, au cours des années, a évolué parce que comme on le disait tout à l'heure il y a des groupes économiques qui ont acheté certains médias, certains journaux. Et puis il y a eu l'apparition d'internet dans les années 90 qui a permis de mettre en ligne beaucoup de journaux qui n'existaient pas avant. C'est vrai que les gens achètent beaucoup moins de presse écrite parce qu'ils ont l'accès à internet. Il y a aussi le prix de la presse écrite qui quotidiennement peut être élevé pour certaines personnes. Pour ma part je n'achète pas tous les jours le journal et quand j'achète le journal j'essaie de varier, je peux acheter aussi le Figaro, qu'Ouest France, que le Parisien etc., bon. Donc il y a le prix, notamment chez les jeunes, qui peut les empêcher d'aller pouvoir acheter leur quotidien, même s'ils ont la possibilité d'accéder aux bibliothèques dans lesquelles il y a des rayons de presse qui sont accessibles à tous. Dernière chose, on dit qu'on a du mal à prendre du recul par rapport aux faits qui nous sont diffusés dans les journaux parce qu'ils sont des sujets très courts, une minute trente, évidemment je pense que la part des médias pour accrocher le public, dans une demi heure c'est difficile d'accrocher l'auditeur d'une manière trop longue parce que la multiplicité des sujets, des sujets qui deviennent de plus en plus complexes surtout en temps de crise où les sujets économiques ne sont pas toujours accessibles, il y a quand la possibilité peut-être, moi je vois deux émissions que je regarde de temps en temps, qui me paraissent pour moi intéressantes pour prendre un peu de recul, c'est une émission qui est diffusée le vendredi soir, qui s'appelle » comme un vendredi » qui permet de prendre un peu de recul par rapport à l'actualité, et puis une émission sur la cinq le dimanche après midi où il y a des débats sur l'actualité de la semaine avec qui invités qui permettent de prendre un petit peu de recul par rapport à la presse. D'ailleurs dans cette émission il y a une analyse quelquefois assez humoristique de la presse hebdomadaire ou quotidienne qui permet de prendre un petit peu de recul. Donc on a quand même, même si c'est difficile, un peu de moyen si on cherche prendre un petit peu de recul par rapport aux faits qui sont donnés quotidiennement.

Animateur - On peut aussi citer l'émission de Frédéric Taddéi. On sent bien que c'est différent, il n'y a pas de polémique. Effectivement, ça montre bien qu'il y a quand mêle des émissions à la télévision qui donnent la possibilité de poser les choses, de réfléchir, de prendre le temps. Donc, les médias ne sont pas à caricaturer, il y a aussi à la télévision des moments qui permettent aussi aux citoyens de prendre du temps, qui permettent aux citoyens de se poser des questions, de réfléchir dans la durée. Donc, il ne faut pas être trop caricatural. Juste une petite question : qu'est-ce que vous pensez du journaliste citoyen ? Un concept qui a été développé il n'y a pas si longtemps que ça, il y a beaucoup de sites Internet qui font appel à ce nouveau concept. Et puis une autre question. On parle de médiation, mais la médiation ça va dans les deux sens, est-ce que vous n'avez pas l'impression aujourd'hui que c'est plutôt que dans un sens ? Où est-ce qu'on récupère ce que les citoyens pensent ? Où est-ce qu'on amalgame ce que les citoyens pensent ?

12 - Quelques petites idées qui me trottent comme ça, je me dis depuis un petit moment qu'en fait les journalistes font pour la plupart pas mal leur travail, ça va peut être choquer ce que je dis, enfin du mieux qu'ils peuvent. Je pense que c'est très difficile et qu'on a peut-être la presse qu'on mérite. On est dans une société, là j'ai eu l'impression tout d'un coup qu'on parlait d'une presse qui est réservée à des gens un peu intellectuels, avertis, effectivement donc on pourrait juger un peu la presse. Mais la presse s'adresse à tout le monde et dans une population ,même si ça m'énerve moi en tant qu'individu, il y a des gens qui vont être très intéressés par les petits faits divers, ce que j'appelle les chats crevés, c'est un terme générique que j'ai qui m'agace profondément mais qui ont leur utilité pour certaines personnes. Il y a la presse people qui m'agace aussi, mais s'il n'y avait pas de demandeurs, donc des gens pour les quels ce genre de presse est intéressant, il n'y aurait pas cette presse là. Alors je me dis que la presse effectivement pour moi, ça n'engage que moi, doit être informative, je ne suis pas sure qu'elle doit être médiatrice, je n'en suis pas sure, je pense qu'elle doit être informative. A partir de ce moment-là, chaque individu à partir de son potentiel et de ses recherches, ses aspirations, doit chercher si le sujet l'intéresse, des formes de recoupement parce qu'évidemment la presse, même s'ils font bien leur travail, on ne peut pas nier qu'elle peut être censurée, qu'elle peut être dirigée, qu'elle peut être manipulatrice, on l'a vu dans différents cas à différentes époques. Il y a tout un tas de raisons qui peuvent faire que ce que l'on reçoit de la presse n'est pas forcément une réalité dont on pourrait dire qu'elle n'est pas entachée par quelque chose ou pas déviée par quelque chose. Donc c'est à l'individu à ce moment là de faire ses propres recherches. Mais je pense que le sujet est complexe, la presse ne contentera jamais la totalité de la population, donc il faut apprendre aux gens à avoir sa propre recherche, sa propre démarche. Il y a des gens qui n'auront jamais envie d'aller plus loin que ce qu'ils entendent à la télé ou à la radio, il faut le savoir aussi.

Animateur - Moi, je pose cette question là : on a l'habitude de voir le citoyen lambda dans la rue prendre un journal et regarder ce que les députés disent, est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer qu'un député prenne un journal et regarde ce que les citoyens disent ? Toujours dans cette histoire de médiation, effectivement on peut se poser la question de la qualité de la médiation. Est ce qu'elle doit être là en ce qui concerne la presse et les médias ? Est-ce que ça doit être leur rôle de faire de la médiation ? Mais si vous pensez que oui, comment pensez-vous que les députés puissent, alors je parle des députés mais en gros on pourrait dire les décideurs, entendent ce que les citoyens disent ?

13 - Alors moi, contrairement à Marc, je ne vois pas beaucoup de citoyens dans la rue prendre le journal, c'est peut-être un peu ça qui me gène, je rejoins un peu monsieur seeuws qui disait au début de la réunion qu'en France on n'a pas l'habitude de lire le journal. Alors est-ce parce qu'on est des mauvais citoyens et qu'on est fainéants, je me pose la question. Est-ce que l'information est si facile à atteindre et surtout si facile à comprendre. Quand j'entends un certain nombre d'interventions aujourd'hui, je me dis quand même que parmi nous il y a des gens qui, soit ne travaillent pas, soit ont la chance d'avoir un patron, ce qui n'est pas mon cas, qui leur laisse deux à trois heures tous les matins pour pouvoir lire tous les journaux, lire internet, regarder toutes les émissions de télé. Enfin quand o n regarde tout ça et qu'on veut se faire une bonne idée d'une information, excusez-moi ça prend du temps quand même et je ne suis pas certain qu'on l'ait tous ce temps. Non seulement on ne l'a pas tous c'est clair, c'est la première chose, deuxièmement on n'a pas tous les moyens d'acheter ne serait-ce qu'un journal tous les jours. Donc si on veut une information complète et qu'il faut acheter deux ou trois journaux de tendance différente, ça commence à devenir un peu compliqué, ou alors je n'ai pas bien compris ce qui se passait en ce moment par rapport à la crise, tout le monde a du travail et de l'argent, tant mieux. Troisièmement on nous dit, super il y a des émissions à la télé où il y a des critiques de la presse etc., et on nous donne la possibilité de comprendre et de critiquer, enfin « arrêt sur image », il me semble qu'elle a été virée manu militari, ça veut dire quand même que quelque part est-ce qu'on a vraiment envie que le citoyen ait un accès à l'information, simple précis et concis. Moi vraiment c'est une question que je me pose, objectivement je ne suis pas sûr.

Animateur - Pour vous le citoyen n'aurait pas les outils nécessaires pour son propre développement. C'est clair pour vous.

13bis - On parle de formation du citoyen. Je pense… Enfin moi ce qui me surprend, enfin. C'est pas quand on arrive adulte et citoyen en âge de prendre des décisions politiques et autres par son bulletin de vote qu'on doit commencer à apprendre ou qu'on doit commencer à nous apprendre à prendre ces décisions-là. C'est en amont. Donner la capacité de quelqu'un de réfléchir, c'est pas quand il arrive à 25 ou 30 ans. C'est avant. Et si c'est pas fait, il y a une vraie interrogation à avoir - de mon point de vue - sur ce que l'on a envie que soit le citoyen aujourd'hui au regard des décisions qu'il a à prendre ou à ne pas prendre.

Animateur - Est-ce que vous voudriez bien relever les mains parce que j'ai un peu perdu le fil. La forêt de bras. En fait, tout le monde veut parler. Monsieur, je vais vous redonner la parole. Vous nous avez dit au début que vous étiez professionnel, que vous étiez dans les médias.

14 - Oui, je suis journaliste, mais en même je suis aussi ce qu'on appelle un rédacteur, c'est-à-dire que j'ai aussi en charge une ligne éditoriale. Il y a dans toutes les presses, et je dis dans les presses volontairement, une ligne éditoriale. Comme dans toutes les entreprises il y a une ligne conductrice, d'objectif à atteindre, un idéal. Et puis après en effet il y a une presse d'opinion, une presse d'information mais il y a une presse d'information et d'opinion, ça n'existe pas la presse d'information et ça n'existe pas la presse d'opinion, c'est un mélange des deux qui de temps en temps prend le dessus sur autre chose. Très rapidement pour éclairer, pour faire un peu de médiation, sur Ouest-France, c'est le seul journal aujourd'hui qui est distribué gratuitement à Mac Donald, dans les prisons et auprès des écoles. Pourquoi, bien sur, vous avez un éditorialiste, je ne fais pas l'apologie d'Ouest France, c'est pour expliquer quelque chose. François Régis Hutin, et je ne fais partie de ce groupe, éditorialiste que vous pouvez lire car il écrit encore des éditoriaux qui valent la peine d'être absolument lus, et d'ailleurs ils le sont, a dit : bien sur il faut que je vende parce que je suis une entreprise économique, j'ai besoin de gagner de l'argent aussi pour continuer à faire ce qu'il fait. Il faut bien que les gens s'approprient le papier, c'est aussi dans cela qu'il fait sa distribution. Ensuite opposer comme disait mon voisin, il n'y a pas d'opposition entre la littérature, l'écrit en livre et le journalisme, d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui des journalistes ne se sont pas trompés, ils écrivent des livres, parce que c'est nécessaire aussi pour faire savoir, mieux faire savoir. Je reviendrai aussi sur l'information et l'investigation, ce sont deux métiers fondamentalement différents. Ensuite la presse gratuite ça n'existe pas, vingt minutes ou métro ne sont pas des presses gratuites, c'est un leurre, ce sont des presses payantes qu'on donne gratuitement. Ce sont des grands groupes économiques qui ont mis en place ce fondamental là, c'est un modèle économique. Il n'y a pas à mon avis de citoyen neutre, je parle bien de là où je suis, je me sers du citoyen ordinaire que je pourrais être, mais le citoyen neutre n'existe pas. Le citoyen neutre qui lit Libération, l'Humanité, Ouest-France, qui regarde TF1 France 2 M6 France 3 dans la même journée, c'est complètement faux, c'est un leurre de faire croire cela, les gens vont chercher l'outil qu'ils veulent prendre tout de suite. On sait dans la presse écrite si on ne fait pas, on appelle ça chez nous les chiens écrasés mais c'est pareil c'est comme les chats, si on ne fait pas les chiens écrasés, je suis désolé de dire des choses pareilles, mais si on ne fait pas du chien écrasé, si on ne fait pas de nécrologie, ça ne fonctionne pas dans le rôle d'information, celui qui cherche l'information il cherche l'information au pied de chez lui. Alors on appelle ça du local pour faire tendance mais c'est surtout pour savoir ce qui se passe sur son trottoir. Un petit exemple pour vous montrer, il vient de s'inaugurer dans la rue ce matin la rue piétonne. Inauguration, au fond ça sert à quoi une inauguration, à rien. Sauf que, j'ouvre une parenthèse, dans toutes les grandes collectivités locales, territoriales, auprès des grands ministères, régaliens ou pas, il n'y a pas de service de communication, il y a des attachés de presse. Je peux vous assurer, je le disais dernièrement à quelqu'un, c'est parce que l'attaché de presse, d'ailleurs on se demande pourquoi, c'est plutôt attaché de communication qu'on devrait dire, en effet leur travail c'est de mettre en forme l'information pour qu'elle passe le mieux possible. Je dis cela parce que si on ne met pas le journaliste qui est à faire l'interview du maire de Caen, ah ! c'est bien vous avez inauguré, en effet vous avez le droit de dire, ça sert à quoi, à rien fondamentalement, sauf si on lui pose la question, ça sert ç quoi cette rue piétonne, si on ne la met en perspective, par exemple ce n'est pas un scoop mais une information pour les caennais, en fonction du vote qui va avoir lieu lundi soir au conseil municipal de Caen sur toutes les modifications du plan d'occupation des sols. Juste une autre chose on n'a pas la presse qu'on mérite on a la presse qu'on veut mériter. La presse est autant manipulée qu'elle manipule, sachez-le. Aujourd'hui dans une rédaction c'est entre, tout dépend dans quel poste on est, mais si on prend une génération généraliste, pour un rédacteur c'est environ 500 mails par jours, pur une grande rédaction et pour la rédaction qui est au-dessus c'est 2000 à 3000 mails, et il faut traiter l'information, il faut bien la traiter.

Animateur - il y a une chose intéressante à mon avis, vous avez pris un exemple qui nous touche, l'inauguration de la rue piétonne, de la rue St-Pierre et vous nous avez dit que le journaliste avait un devoir : il ne doit pas être complaisant, simplement rapporter ce que l'homme politique souhaite mettre dans son papier, mais essayer de creuser, donner des pistes aux citoyens, il ne faut pas que ce soit un fait brut que le politique aurait décidé. Alors à mon sens c'est intéressant de creuser la question, est-ce que vous avez le sentiment que le journaliste aujourd'hui, les journalistes aujourd'hui nous éclairent de cette manière là ou pas ?

15 - Je ne réponds directement à ta question, quelqu'un la reprendra. Je pense à la question de médiateur, dans les journaux, la presse écrite, j'ai constaté qu'il y a peu de place pour ce qu'on appelle le courrier des lecteurs. Il y a quelques journaux qui font le courrier des lecteurs, mais c'est très peu, je trouve que ça pourrait être un aspect du journal qui mériterait d'être davantage développé. Aussi d'autre part en ce qui concerne l'information, l'aspiration que nous avons tous à une information aussi claire et objective que possible, je pense que chacun est responsable, à chacun de faire tout un travail d'étude, de développement des maitrises de l'information qui l'amènera au fil de la vie à trouver des sources d'information pus éclairantes, quitte à se remettre en question. Quelquefois on peut être tellement capté, envouté par un moyen d'information quelque type que ce soit, qu'on ne se rend pas compte, finalement on est dans une espèce d'illusion. Alors il y a un souvenir qui me revenait à l'esprit tout à l'heure cité par un contestataire qui s'appelle Trederman, c'est plutôt dans le domaine de la religion, mais il cite à propos des contestations dans l'église catholique, il cite les injonctions d'Hitler aux journalistes, je ne sais pus quelle année, le peuple ne veut pas être informé, il veut être dirigé, il veut ne pas avoir à réfléchir. C'est dommage que je n'ai pas le bouquin avec moi je vous lirai ça, il y a de quoi tomber par terre. On se rend compte aussi dans le domaine où les gens ont besoin d'une information et de pouvoir réfléchir pour décider qu'il y a des gens qui décident à leur place et qui sont obstinés à le faire. Rappelez-vous dans l'histoire de l'église catholique par exemple, à l'époque quand il y avait des litiges c'était le pape qui tranchait, on disait "Roma locuta causa finita". C'est une façon élégante et cultivée de dire : "maintenant le chef a parlé, fermez votre gueule". Il faut se rendre compte qu'actuellement on en est toujours à ce stade là de différentes façons il faut toujours avoir l'esprit vigilant et critique. Il y a quelques jours il y a une émission sur Arte sur l'assemblée des droits de l'homme à l'ONU, c'était vraiment difficile. On avait par exemple des représentants de pays arabes musulmans qui commençaient par une prière en disant voilà, la seule loi qui puisse exister c'est la charia. Ca veut dire qu'en ce qui concerne l'opinion votre manière de penser est dirigée, ça peut être vrai dans le domaine religieux, ça peut être vrai dans le domaine politique, donc il faut une vigilance constante. Et puis hier soir il y avait une émission assez intéressante, oui je suis concis dans chaque aspect de mon exposé, c'était l'histoire d'Anna Politkovskaïa, l'enquête à propos du journaliste qui avait essayé de montrer le secret d'état caché derrière l'assassinat.

Animateur - Essayez d'être concis tout de même. Essayez de faire en sorte. Il y a beaucoup de mains qui se lèvent.

16 - Je ne sais pas si je vais être concise, je voudrais revenir sur trois points. Je voudrais revenir sur les lieux où le citoyen pourrait avoir à donner son opinion par rapport à des députés, ce que tu disais tout à l'heure, par rapport à des décideurs. Pour être dans une commune et pour faire partie d'un conseil municipal, nous faisons des réunions publiques. Qui vient aux réunions publiques, personne. On peut se poser la question, parce qu'en tant qu'élu il faut se la poser, est-ce que nous faisons bien notre information, quel message on veut faire passer, néanmoins ce sont des choses qui concernent le quotidien, comme un plan local d'urbanisme, on a que les élus qui viennent alors que tout le monde est concerné. Donc c'est comment fait-on pour que les gens à un moment donné trouvent un lieu pour pouvoir exprimer leur opinion. Je trouve que le café citoyen est un bon lieu mais je suis peut-être un peu partisane. C'est une première chose. Après je pense qu'il y a une question d'éducation, je crois que l'éducation était passée par l'école mais elle peut aussi passer par la famille, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on fait pour prendre l'information dans une famille, comment ça se passe, qu'est-ce qu'on dit en regardant la télévision, est-ce que c'est ça l'information ou est-ce que c'est autre chose, est-ce qu'on achète des journaux, est- ce qu'on va dans une bibliothèque lire les journaux parce que tant pis il y a peut-être un temps de retard mais après tout ça peut s'apprendre aussi comme ça. Donc après il y a à commencer avec l'école, on décode avec l'école, et moi après effectivement par rapport au rôle du journaliste, je n'ai pas envie de faire des procès d'intention aux journalistes, pas du tout, je me dis qu'il y a des informations que je n'aurais pas s'il n'y avait pas les journalistes, c'est clair pour moi. Alors on parle de l'inauguration de la rue Saint Pierre, moi je l'ai lue dans Ouest France. Je lis Ouest France tous les matins, je lis l'éditorial parce qu'il me fait poser plein de questions, j'apprécie ou je n'apprécie pas ce qui est dit mais ça m'interpelle. Ensuite les rubriques chats crevés comme certains disent ça m'interpelle aussi parce que quelquefois c'est ce qui se vit dans le village près du mien, que ça me montre que le problème que je rencontre dans mon village, il est le même ailleurs et qu'il y a eu des solutions auxquelles je n'aurais pas forcément pensé. L'inauguration de la rue Saint Pierre, je découvre que finalement et bien oui il y a des élus qui sont passés, que l'objectif c'est de faire voter quelque chose au budget municipal, c'est aussi d'obtenir un bulletin de vote à un autre moment parce que je crois que les élus c'est ça qui les intéresse, c'est à un moment donné pouvoir faire des choses, faire faire des choses, faire penser d'une certaine façon. Et puis j'apprends que les commerçants n'ont pas été associés, qu'il n'y a pas eu de dialogue, que les panneaux sont sortis dès le lendemain de la réunion de communication et que donc de toute façon quoi qu'ils aient dit, c'était décidé. Donc merci aux journalistes de me donner des informations, à moi après d'aller poser les bonnes questions.

Animateur - En même temps, quand on demande à tout le monde de donner son opinion, est-ce que ce n'est pas le meilleur moyen pour ne rien faire ?

17 - Ce n'était pas le but premier de mon intervention mais je veux vous dire que j'ai malheureusement constaté quelques années avant vous que les gens réclament l'information, mais que quand on leur propose, je parle au niveau municipal, on fit souvent salle vide. Je voudrais revenir sur la distinction que j'ai faite entre la presse d'information et la presse d'opinion, il m'intéresse de constater que ma façon de voir n'est pas partagée, c'est donc intéressant d'en discuter. La presse d'opinion on l'achète, globalement je pense, il y a sûrement des exceptions, soit pour se conforter dans l'opinion que l'on a, soit pour connaître l'opinion des gens qui ne partagent pas votre point de vue. La presse d'information, la plupart de ceux qui l'achètent c'est pour avoir une information brute, encore plus spécialement une information locale. Par conséquent ce qui est écrit dans ce type de journal, ceux qui écrivent doivent avoir un souci de neutralité que n'a pas le journaliste d'opinion. Entre parenthèse, vous parliez tout à l'heure à propos de Darcos, on constate tous les jours que les gens sont informés avant l'information officielle, ce n'est pas seulement avant une conférence de presse. Hier par exemple dès six heures du matin tous les bulletins d'information des radios annonçaient le verdict du CSM en ce qui concerne Burgaud, alors qu'officiellement il a été donné à 14 heures. Alors le type d'information tronquée ou orientée, je ne voudrais pas prendre d'exemple dans l'actualité politique parce que sinon ça va dévier, mais vous parliez de la rue piétonne. Un journaliste complètement neutre écrire à partir de tel jour la rue untel sera piétonne. Vous en voulez à la municipalité, vous n'êtes pas d'accord sur cette décision ; vous allez mettre l'accent sur les embouteillages que ça provoque à la périphérie. Au contraire vous êtes très favorable à la voie piétonne vous allez mettre l'accent sur le fait que les enfants avec leurs parents pourront se promener en toute tranquillité. Dans ces deux derniers cas vous apportez à l'information une opinion. Autre exemple une moto dérape dans une rue, l'information brute est de dire dans telle rue, à telle heure une moto a dérapé, le motocycliste est blessé etc. Vous en voulez à la municipalité vous direz, une fois de plus dans la rue untel à cause de trous qui n'ont jamais été bouchés une moto a dérapé, le conducteur est gravement blessé. Au contraire vous êtes très favorable au maire vous écrirez malgré les travaux de réfection et d'aménagement effectués dan s la rue untel, une moto a dérapé, le motocycliste est blessé. Ces deux exemples montrent qu'une information peut être objective et neutre ou au contraire orientée. Donc quand le lis quelque chose dans Libération, c'est rarement mon cas mais, prenons un autre exemple dans le Figaro, je me méfie parce que je sais que de toute façon c'est probablement orienté en fonction des opinions du journaliste, si je lis Ouest France je veux une neutralité que je n'exige pas des autres.

Animateur - L'information brute ça existe c'est vrai, c'est ce que vous dites. Mais est-ce qu'on ne pas se dire aussi que c'est aussi le moyen de s'interroger, si on n'avait que de l'information brute est ce que ça nous amènerait à nous creuser les méninges et puis à se poser des questions et puis à aborder une piste de réflexion.

18 - Je vais revenir sur l'intervention de Fabien, moi je ne crois pas que c'est parce qu'on est dans une société qui est complexe qu'il faut que tout prenne le masque de la complexité. Désolé, mais il y a des choses qui ne font pas débat, ce sont des faits, pour peu que les choses soient suffisamment exposées avec les mots qu'il faut, et en français on a des mots neutres qui exposent des choses, et bien ça ne fait pas débat. Or moi je crois, et je ne devrais pas le dire ici, je crois qu'on a trop de débats, partout, on débat sur tout et n'importe quoi, on est obligé toujours d'avoir l'opinion des gens. Quand Damien parlait du courrier des lecteurs, c'est la grande mode en ce moment, toutes les radios généralistes se font une heure et demis tous les jours, où sur un sujet précis, elles demandent l'avis aux auditeurs. Mais les auditeurs ne font que donner l'avis qu'ils ont entendu précédemment, un coup en lisant un journal, un coup en écoutant la radio, un coup en regardant la télévision, donc çà n'apporte rien, ça n'apporte rien supplémentaire. Je crois que la véritable éducation des gens ce serait avant tout d'éliminer justement tout ce qui relève de l'opinion. L'opinion elle est orientée et c'est tout à fait possible de le faire. Monsieur Seeuws en a donné un bon exemple. Je vais vous donner un exemple pour moi qui est très significatif de cette espèce de complexification à outrance des choses, c'est le paquet fiscal. Le paquet fiscal, on a entendu tout et n'importe quoi sur ce sujet alors qu'il suffisait simplement de regarder ce que c'était. C'est quoi le paquet fiscal, on peut le dire de manière assez cohérente claire, précise, qui, on , permet, quoi, c'est assez simple et ça évite que pendant six mois, gauche et droite, s'envoient des chiffres totalement erronés à la figure à coup de médias interposés, qui permet quoi, qui n'autorise pas quoi, c'est relativement simple, si c'est relativement simple, il suffit de lire la loi et la loi est relativement simple. Tout ça permet de faire du papier, de faire du débat, de permettre à des gens de s'exprimer sur des choses qui, quand même, ne devraient pas obligatoirement faire débat. Et le débat obligatoire sur tout et n'importe quoi c'est plus faire du bruite, éduquer et faire du débat, parce que le vrai débat il doit quand même se faire à partir de choses où son avis est mis en balance, enfin voilà, ça c'est un vrai débat, ce n'est pas des opinions lancées à la figure des uns et des autres. Or ce qu'on entend aujourd'hui c'est des opinions. Désolé mais quand j'entends, l'émission de Frédéric Taddeï est probablement très bien, "Arrêt sur image" c'était probablement très bien, France Culture c'est passionnant mais infiniment chiant, mais surtout qu'est-ce qu'il y a en face de tout ça, regardons les faits. En face de l'émission de Frédéric Taddeï vous avez TF1 et la Star Ac, les experts, donc ne pensons pas que les gens ont réellement le choix de regarder. On peut toujours dire il suffit de tourner le bouton, sauf que l'éducation, le cheminement mental des gens fait que , même si les gens ont le choix, vous n'avez pas une distribution uniforme comme on dit en mathématiques sur tous les programmes. Donc je n'aime pas tellement cet argument qui consiste à dire si vous voulez regarder il n'y a qu'à regarder, ce n'est pas vrai, c'est toujours les mêmes CSP plus ou CSP qui regardent les mêmes types d'émission, on le sait bien. Donc je crois qu'il faut, ce n'est pas parce que ça existe que c'est donné à tout le monde. Allumer France 3 par exemple à l'heure de Frédéric Taddeï et oublier les experts et la star ac, ça suppose pour une très, très large majorité de la population un cheminement mental qui n'est pas acquis.

Animateur - On revient à l'éducation, et je note un point à mon avis intéressant et d'ailleurs je trouve intéressant qu'on l'aborde au café citoyen, c'est le fait que le débat n'est pas forcément la panacée, en tout cas tel que vous l'envisagez aujourd'hui, c'est-à-dire la polémique. Aujourd'hui la polémique est un fait, alors effectivement, certaines interventions ont un aspect positif, ça fait circuler des idées, en tout cas ça ne fait pas avancer le Schmilblick. Donc effectivement, est-ce que ce n'est pas une sorte de paravent, la polémique et-ce qu'elle n'est pas une sorte de paravent qui finalement occupe l'esprit plutôt qu'il ne permet l'évolution de la citoyenneté en chacun de nous.

19 - Je voudrais revenir sur les médias, leur comportement, pas seulement sur l'information, disons les personnes qui mettent en balance, toujours, qu'est-ce qu'on voit souvent, des gens qui sont d'un niveau haut placé, supérieur etc. On donne rarement la parole aux gens simples. Il y a quelquefois des choses intéressantes qu'on peut apprendre par des gens du terrain et malheureusement les gens du terrain on les interview le moins possible. Je prends un exemple, parlons de la rue piétonnière puisqu'on en a parlé tout à l'heure, bien, la rue piétonne, on a l'impression qu'à Caen c'est quelque chose d'exceptionnel, moi je suis originaire de Bayonne, ça fait plus de vingt ans qu'il y a une rue piétonne et que tous les commerçants s'en portent bien. Actuellement il y a une grande polémique, moi je pense que là, plutôt qu'une inauguration, il serait intéressant de demander l'avis des personnes dans la rue, leur dire voilà qu'est-ce que vous en pensez, est-ce que vous êtes satisfaits et surtout pour éviter qu'ils aient des idées toute faites on leur demande, expliquez-nous pourquoi, donnez-nous les motivations qui vous font dire ce que vous dites, si vous êtes contre, pourquoi quelle justification apportez-vous, si vous êtes pour quelle justification apportez-vous. Je pense que là c'est un véritable débat et ça oblige les gens à réfléchir et pas à sortir à l'emporte pièce des idées toute faites.

Animateur - La question sous-entendait que la presse et les médias étaient déjà des informateurs et des médiateurs, est-ce que déjà est-ce que c'était vrai, est-ce que c'est vrai que la presse le fut et si c'est vrai est-ce qu'elle l'a perdu, est-ce qu'elle a développé ces deux qualités d'information et de médiation.

20 - J'allais partir sur le coté médiation et Boris parlait d'éduquer et de faire débat. Un sujet qui peut être intéressant puisque dans quelques semaines nous allons avoir à élire nos députés européens. Ne croyez-vous pas que déjà maintenant, d'une part, on pourrait répondre à ces deux questions, éduquer et faire débat, qu'est-ce que c'est que la représentation européenne, à quoi sert-elle, le travail de nos députés, l'absentéisme. Vous voyez ce que je veux dire lorsque l'on parle d'informer, d'éduquer et de faire débat, pour répondre à la question, est-ce que ce travail actuellement est réalisé par les médias, et autre question, ne pensez-vous pas que c'est une question essentielle.

Animateur - Ceci dit, vous pouvez poser cette question pour un prochain Café Citoyen.

21 - Je fais partie des gens qui adorent se faire chier probablement parce que moi ce que j'ai besoin quand j'écoute France culture, certaines émissions, je parlais de Dubet tout à l'heure, d'autres sociologues, c'est que quelqu'un qui souvent vient de sortir un bouquin et qui sur une question a quand même posé un certain nombre de jalons et qui permet par rapport à l'expérience que j'ai que la question, de voir si j'ai quelque chose à faire en plus. Il y a surtout ce que je disais tout à l'heure, on a du temps, on n'est pas formaté en une minute trente. De fait par rapport à tout ça, en fait la médiation, moi si je la ramène à un truc beaucoup plus simple. Ca m'est arrivé, c'est arrivé à un collègue, vous causez une heure avec un journaliste de l'article qu'il est en train de préparer et vous regardez les deux lignes qui restent au bout du compte, vous vous demandez alors si pendant cette heure vous n'avez pas perdu le temps au journaliste et le vôtre. Ca c'est un des vrai problèmes de médiation, c'est-à-dire, ça m'arrive de temps en temps d'avoir à écrire un mot, à ce moment je dis à la personne dont je donne le point de vue, est-ce que dans ce que j'ai écris vous vous reconnaissez et ça me prend par mail, rien, quelques instants et donc je pense qu'un journaliste peut le faire. Mais un journaliste de Libération a gueulé parce que les universitaires s'étaient posé des questions en disant est-ce qu'on pourrait voir ce que vous allez dire sur ce qu'on a dit ensemble, mais non mais non je suis journaliste donc j'ai d'emblée, je n'ai pas besoin, je suis un médiateur. Là de fait c'est un vrai problème, on est dans une dimension intellectuelle, ce n'est pas simplement citoyen, c'est aussi une dimension humaine, une dimension culturelle. Et sur tout cela, quand je disais tout à l'heure qu'on a les moyens, dites-moi regardez, voilà une photocopie d'une page du Monde : Hiroshima, ce que le monde n'a jamais vu, et bien évidemment avec des photos de cadavres etc., sachant ce qu'il en est de l'explosion atomique on imagine volontiers ce que pouvaient être les cadavres. Pleine page donc, d'accord avec dessus : la censure américaine a caché les images des victimes. 48 heures après, le même journal, très suspecte photo d'Hiroshima. Tout simplement qu'est-ce qui s'est passé, il y a un universitaire américain qui travaille à Stanford qui a sorti un bouquin et qui a acheté les images par la Fondation Hoover et qui a simplement oublié de demander à Hiroshima si ces images correspondaient à ce qui s'est passé ou pas. Il n'a pas fait son boulot, évidemment le Monde disait c'est Stanford il n'y a pas de problème, moi je suis tranquille, je peux y aller. Ben non, un certain nombre de gens qui connaissent un peu le sujet pouvaient voir qu'il y avait problème. En fait ces photos, et c'est amusant, quand on fait le démenti, on remet la même photo alors que ces photos sont celles d'un tremblement de terre qui a eu lieu à Tokyo en 1923. Donc bien sur que je n'attends pas de quelqu'un qui est sans éducation de faire ce boulot là, mais au moins ça montre aux journalistes, et je vais bouclez juste sur le courrier des lecteurs, en réalité ils travaillent aussi, non pas sou surveillance, mais que leurs lecteurs ne sont pas des idiots, ce sont des gens capables de comprendre, de lire et des distancer, ce que j'ai dit tout à l'heure. Alors juste un défaut parce que c'est vrai qu'à la place du courrier des lecteurs on a mis des commentaires sur internet, et ça c'est la pire des choses parce que de fait la plupart du temps vous avez d'abord tous les groupuscules politiques qui viennent se défouler et souvent ce qu'on cherche est un complément d'analyse par rapport au travail qui est fait et le commentaire d'internet pourrait le faire. J'arrête là parce qu'il y aurait aussi des choses à dire sur la façon d'avoir des flux et on s'aperçoit qu'en fait de dont on a besoin c'est un fait mis en perspective et là on a besoin des intellectuels pour le faire, des sociologues, des économistes ou des historiens.

Animateur - Deux choses, est-ce que ça ne vous indique pas qu'il faut se méfier du sensationnel et que toutes les actualités peuvent être rattachées à ça sous couvert de mettre en place une actualité important qui touche des questions essentielles, comme Hiroshima, la question de la bombe atomique ? Est-ce que toutes les informations aujourd'hui ne sont pas susceptibles d'être propulsées par le sensationnel ? Et puis une autre chose à mon avis, c'est dommage qu'on aborde ça à la fin du débat, est-ce qu'on ne demande pas trop aux journalistes et finalement est-ce qu'on ne rejette pas les petites gens qui peuvent éventuellement avoir une opinion, mais qui n'est pas forcément une opinion qui mettrait en avant toutes les analyses extraordinaires du monde, mais est-ce qu'on ne privilégie par trop justement l'analyse très poussée, alors que les gens ce qu'ils veulent avant tout c'est dire ce à quoi ils ont envie, ce qu'ils envient de dire.

22 - Je vais revenir sur ce dont on a parlé tout à l'heure, c'est-à-dire le fait neutre, le fait que l'on va relater de la manière la plus précise possible. Les journalistes sont amenés à la faire, mais par contre ils travaillent dans un format qui est limité. Donc d'une certaine manière malgré tout par le choix d'une ligne éditoriale, par le placement du fait, l'endroit où ils vont le mettre, en première page, en dernière page, en début ou en fin de journal, ils vont déjà influencer l'information. Donc pour moi le fait neutre n'existe pas, on aura toujours d'une manière ou d'une autre un élément qui sera repris. Si on prend en ce moment, on parlait tout à l'heure de crise économique, en ce moment c'est vrai qu'on privilégie certaines informations, on privilégie le court terme. On parle de licenciements, chaque jour on a des licenciements différents, j'ai entendu une information qui n'a été reprise que très peu sur le déficit américain. En 2008 le déficit américain a été une année recorde, au mois de mars 2009 le déficit du mois a été égal au déficit de l'année. C'est quelque part déjà une piste pour nous dire qu'on est très loin d'avoir vu tout ce qui va se passer et pourtant on se concentre simplement sur 500 emplois perdus à droite, 500 emplois perdus à gauche alors qu'on voit que dès maintenant on peut anticiper que le pire est encore à avenir. Donc ça c'est un point important pour moi, c'est que le journaliste par rapport à la manière dont il va prendre l'information va influencer le traitement qui va en être fait. Mais on peut aussi se poser une autre question, est-ce que les journalistes doivent tout nous dire.

Animateur - C'est une autre question intéressante justement, est-ce qu'il n'y a pas besoin de préserver, parce quand vous nous parlez des chiffres, notamment le déficit américain, il y a moyen aussi de créer une peur irrationnelle puisqu'on ne sait pas de quoi est fait l'avenir. Est-ce qu'il n'y a pas aussi une idée de préservation de l'ordre public tout simplement dans la presse et les médias.

23 - A coté de la presse écrite, la presse télévisuelle a un impact encore plus important parce que l'image reste ancrée dans le cerveau de ceux qui l'ont vue et qui peuvent le prendre pour vérité. Effectivement ce sont des équipes énormes qui travaillent sur les infos télévisuelles, ces infos maintenant parcourent le monde, viennent par des rédacteurs de l'autre bout du monde et pour six heures de rushes il y a trois minutes de télévision et celui qui était sur place, qui a choisi une multitude d'images est lui-même surpris. Donc le journaliste lui-même est sceptique de la vérité transmise en deux minutes à la télévision parce que les images choisies par ceux qui sont en régie et qui ont des qualités essentielles aussi, mais qui n'ont pas un point de vue ciblé très particulier. C'est un petit peu le fait de savoir est-ce que ce que vois est la vérité, c'est une partie de la vérité, mais toute la vérité, sûrement pas. Et puis aussi l'accumulation de certains sujets à certain moment. Par exemple il m'est venu tout de suite l'idée de la violence dans les banlieues, la violence chez les jeunes, répété, répété pour arriver à des lois, je dirais, de répression. Pourquoi on ne fait pas les mêmes informations sur des jeunes qui font des actions humanitaires, des jeunes qui sont positifs, il n'y a pas le même, on active quand même que le sensationnel, le petit peu morbide, pas forcément le positif. Alors voilà, recherche de valeurs, à savoir.

Animateur - Vous avez raison de souligner que quelquefois il y a des fils politiques qui sous-tendent aussi l'information, les éditoriaux permettent de légitimer des lois. Je vais donner la parole aux deux personnes qui n'ont pas encore parlé, il nous reste une minute. Par contre rien ne vous empêche de proposer, de continuer lundi en ligne, mais également de proposer un thème qui aura émergé suite à notre débat.

24 - Moi je pense que j'ai besoin de journaux, de médiateurs pour comprendre. D'abord il y a trop d'informations, je n'arrive pas à tout capter, je ne m'intéresse pas à tout. Le seul exemple que je prendrais, moi j'aime bien lire un journal qui s'appelle « le marin » qui parait toutes les semaines et à travers qui raconte dans le commerce, les relations, j'arrive à entrevoir un petit peu ce qui se passe. Mais moi, les grands nombres, touts ces informations, finalement il y en a tellement que ne capte rien. J'ai besoin d'un journal, je cite celui-là, parce que, j'avais appris qu'en Amérique pour dix bateaux pleins qui arrivaient il n'y en avait que deux qui repartaient, et que pour l'Europe, pour dix qui arrivaient pleins il y en avait six ou sept qui repartaient. Donc déjà le commerce extérieur ça donne une idée, je m'en contente, ça me donne déjà à réfléchir, si bien que ce n'est pas étonnant ce qui arrive en Amérique sur ce plan aujourd'hui.

Animateur - Voilà, c'est un exemple de l'importance de la presse qui va nous permettre de toucher tout le monde.

25 - on parlait d'image tout à l'heure, effectivement l'image a un aspect un petit plus objectif, on se dit, bon c'était photographié, il n'y a pas tout le discours mais il y un point de vue et souvent l'image est accompagnée de bruitage ce qui fait que cela dramatise parfois, il peut y avoir une musique tragique ou une musique légère qui change le sens de l'image. Je pensais à ouvrage de Bourdieu sur la télévision, il citait Godard qui disait : on ne doit pas dire "c'est une image juste" mais "c'est juste une image".

Animateur - On va rester sur cette dernière intervention en soulignant que ça ne fait pas si longtemps que ça qu'une image qui bouge est entrée dans la communication et qu'il va falloir plusieurs générations pour qu'on est acquis plus de recul quant à la capacité à analyser l'image et à ne pas trop se fier, parce qu'on a des réflexes, là-dessus. Désolé que tant de personnes aient voulu à la fin prendre la parole mais on va clore le débat et on va choisir le sujet du prochain café citoyen.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du 09/05/2009 :
1 - Le citoyen doit-il être éduquer ou s'éduquer lui-même ? 10 voix
2 - Démocratie : fin ou renouveau ? 5 voix
3 - Quel projet pour la place Saint-Sauveur ? 5 voix
4 - Les juges peuvent-ils être responsables ? 11 voix
5 - La conscience citoyenne se limite-t-elle à la nation ? 7 voix
6 - Qu'en est-il de l'égalité parentale ? 7 voix
7 - Pourquoi l'Europe intéresse-t-elle si peu le citoyen ? 9 voix
8 - Mais à quoi peut donc bien servir l'Europe ? 13 voix puis 10 voix puis 8 voix
9 - Y a-t-il un risque révolutionnaire aujourd'hui ? 13 voix puis 10 vois puis 12 voix
10 - Quelles perspectives pour la jeunesse française en 2009 ? 7 voix
11 - Quels dangers représentent les sectes ? 10 voix

Thème retenu pour le 9 mai 2009 : Y a-t-il un risque révolutionnaire aujourd'hui ?

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