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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Pascal BrunoCafé Citoyen de Ajaccio (28/09/2010)

Animateur du débat : Pascal Bruno

» Politique et Société

Vivre et survivre en Corse toute l'année

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La séance qui réunit un peu plus d'une vingtaine de participants est ouverte à 21H00 par Pascal Bruno.

Ainsi que convenu 5 thèmes sont proposés au vote:

Les violences
Jeunes et personnes âgées en Corse
Le foncier
La spéculation
Vivre et survivre en Corse toute l'année.

C'est le thème n°5 "Vivre et survivre en Corse toute l'année" qui est choisi.

Pascal fait une confidence à l'assistance. Un assistant d'un maire lui a rapporté les propos de l'édile pour lequel il travaille " Quand les gens descendent dans la rue, quand ils crient voire font usage de violence, cela fait du bruit, beaucoup de bruit mais rien n'avance car bien souvent ces accès d'humeur ne sont pas relayés par des propositions programmatiques".
Donc l'utilité n' en est pas grande.
Les élus, même instruits de la thématique de manière détaillée par leur entourage administratifs, s'autorisent souvent à classer le dossier une fois l'accès d'humeur populaire passé.

Critiquer pour critiquer ne sert pas à grand chose, il faut proposer.

Il indique qu'il tient plus à ses enfants qu'à lui-même et qu'il se bat pour eux et leur avenir. Le café citoyen n'a de sens qu'en étant une démarche d'avenir.

Plusieurs thématiques concernant le thème choisi ont été abordées par les participants:

Coût de la vie en Corse

Le coût de la vie en Corse est indéniablement plus élevé en Corse que ce soit au niveau des transports ou de la nourriture.
Chaque année des articles dans Corse Matin reviennent au printemps sur le niveau des prix élevé dans les supermarchés ou au niveau des carburants.
Il n'y a aucun discounter alimentaire sur l'île.
Aucun supermarché ne distribue des carburants en Corse contrairement à ce qui se passe sur le continent. C'est à ce prix qu'il peut y avoir autant de petits pompistes qui maintiennent des emplois sur l'île mais c'est ce qui explique en grande partie la cherté de l'essence.
Les prix des carburants sont similaires dans l'île et la concurrence qui bénéficierait aux consommateurs ne joue pas.
De plus, il n'y a que deux sites de stockage d'essence en Corse, ce qui limite aussi la concurrence.
L'afflux des touristes pendant la saison estivale a un effet sur le niveau des prix pratiqués tout au long de l'année. C'est ainsi que des magasins alimentaires sont surdimensionnées hors saison d'où une majoration des prix pour compenser ce surcoût.
Il y aussi des monopoles de fait.
Par exemple il est très difficile de trouver du Pepsi cola dans les cafés. Pepsi Cola ne pénètre que très peu le marché Corse. Par contre le Groupe Pampryl auquel appartient Pepsi Cola vend ses jus de fruit en Corse. Mais quand un bistrotier vend un jus de fruit, il vend parallèlement 100 Coca Cola.
Une protection des produits locaux existe de manière marquée. Orezza a un quasi-monopole dans les restaurants insulaires.

Le fait que nombre de lecteurs de cartes bancaires tombent mystérieusement en panne durant l'été a aussi un coût pour les consommateurs qui ne peuvent plus bénéficier du débit différé.

L'exclusion , même si elle est moins marquée que sur le continent touche aussi la Corse

Des personnes âgées en sont parfois réduites à fouiller dans les poubelles des supermarchés où , contrairement à ce qui se pratique sur le continent, de la javel n'est pas déversée pour rendre définitivement hors de consommation tous les produits.
Une personne âgée expliquait lors d'une récente émission radiophonique qu'elle en était réduite à la grivèlerie d'aliments et était obligée de " manger " en faisant ses courses.
Des foyers pour SDF, que ce soit à Bastia ou Ajaccio, paraissaient inutiles il y 10 ans alors qu'aujourd'hui on manque de places.

Quelle pourrait-être la réaction citoyenne face à ce coût de la vie élevé?

On n'est plus dans la société de consommation telle celle des trente glorieuses qui apportait une réponse aux besoins réels d'équipement des ménages et qui marquait un progrès social incontestable.
On est dans une société d'hyper consommation où des besoins artificiels sont crées.
Un participant à la réunion se déclare inquiet par le Nouvel Ordre Mondial que l'on présente comme inéluctable;
Or, personne, du moins parmi les citoyens de base, ne sait ce qu'il recouvre et ce qu'il réserve.
Il ne faut pas que des gens pensent et formatent le monde à notre place.
La pluralité doit se substituer à la pensée unique.
Sur internet, il y a des exemples encourageants de démarches citoyennes et de manières différentes de penser le Monde.
De plus, il est symptomatique de l'hégémonie culturelle de la société de consommation que le moral des Français soit mesuré à la seule aune de leur consommation de biens et de services.
La croissance doit forcément trouver des limites car elle intervient et se déroule dans un monde qui n'est pas extensible.
Sans remonter aux théories de Malthus, au début des années soixante dix, le Club de Rome préconisait déjà une croissance zéro alors même que nous étions en plein des " trentre glorieuses".
N'oublions pas non plus que l'un des slogans de Mai 1968 était" Mieux être plutôt que plus avoir".
Il faut maîtriser la croissance effrénée car elle peut entraîner la rivalité entre nations notamment dans l'accès aux ressources naturelles et engendrer des guerres.

Les citoyens doivent se prendre en charge. Le boycott serait une arme contre la grande distribution car il entraînerait une baisse de chiffre d'affaires. Il pourrait être tournant.
L'arme du boycott, pour être efficace, implique de rallier de très nombreux consommateurs, ce qui est difficile en pratique.
Mais il ne faut pas oublier qu'essayer de faire bouger les choses même si c'est difficile vaut mieux que de ne rien faire du tout. D'autant que peu de supermarchés peuvent se permettre de voir leur chiffre d'affaires baisser même si c'est durant une semaine. Le boycott peut prendre d'autres formes plus insidieuses mais non moins efficaces. Un professeur a demandé, dans le cadre d'une expérience à ses élèves d'entrer ensemble dans un supermarché, d'acheter chacun une seule pomme de terre et de la payer avec un billet de 20 €.Les caisses se sont retrouvées engorgées et en pénurie de monnaie.
Philippe Seguin disait qu'en France, mais c'est aussi valable ailleurs, il n'y a pas de pouvoir transcendant les intérêts et les égoïsmes, il n'y a que des rapports de force.

Un participant cite une histoire qu'il a entendue au sujet de singes en Indonésie. Des singes sur une île étaient nourris de patates mélangées de terre. Un singe a eu l'idée de nettoyer les patates et d'enlever la terre imité peu à, peu par ses congénères de sorte que les cents singes de l'île se sont mis à faire la même chose.
Le plus étrange c'est que des singes d'une île voisine qui n'avaient aucun contact avec les singes précités les ont imités comme si, à partir d'une masse critique, une dynamique immanente se mettait en place. Pour l'un des intervenants, les données de la physique quantique pourraient expliquer cette symétrie de comportement.
Un autre intervenant, tout en mettant en garde contre toute pensée magique ou invocation de la physique quantique hors de son champ, a indiqué croire par contre à l'exemplarité et à la dynamique de groupe.

Une autre forme de boycott a été préconisée par un intervenant, celui des urnes. D'après lui l'abstention lors des élections est une bonne chose car c'est un signal de défiance envoyé par nos concitoyens;

Cette vertu prêtée à l'abstention a été contestée par d'autres intervenants car la démarche citoyenne est justement de ne pas se retirer de la vie politique et de voter même blanc. Le Droit de vote est un droit qui a été chèrement acquis et qui est loin de concerner tous les pays.

La mobilisation citoyenne relayée par les élus a démontré son efficacité quand il s'est agi du rapprochement des prisonniers politiques.

Une autre manière de lutter contre le coût de la vie est de diminuer sa dépendance à la consommation.
Dans le passé, on faisait la soupe soi même avec des légumes cultivés dans son jardin ou achetés et c'était meilleur et moins cher que les soupes en sachets.

On pourrait aussi éviter de jeter ce qui peut facilement être réparé et qui pourrait ainsi être réutilisé ou donné. c'est ainsi que de nombreuses perceuses que l'on trouve dans les poubelles n'ont parfois qu'un problème minime de cordon défectueux .

La décroissance peut être une solution pour pallier les inconvénients de la société de consommation mais il faut prendre garde à ne pas diminuer la consommation car les objets de consommation sont, en même temps des objets de communication.
Pour un intervenant, la société de consommation est loin de favoriser le dialogue car elle privilégie l'avoir sur l'être.

Afin de démontrer que l'on peut rompre avec le consumérisme, plusieurs voix se sont élevées en faveur du jeûne.

Un participant considère le jeûne comme salvateur. Il le pratique depuis quinze jours par an depuis quatorze ans.
Il permet au corps de se désintoxiquer et de se réparer des agressions qu'il a subies.
Travaillant dans le secteur du bâtiment, il n'a jamais interrompu son activité pour cause de jeûne et il a même constaté un regain d'énergie au bout su sixième jour.

Un autre intervenant a évoqué le jeûne qui existe dans les 3 religions monothéistes et dans d'autres démarches spirituelles. Il s'agit d'un jeûne qui n'est pas que celui du corps mais qui invite à l'introspection et à l'élévation spirituelle.

Pascal relève le défi et envisage de jeûner le deuxième dimanche d'octobre. Il fera part de cette expérience lors du prochain café citoyen.

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Vivre en Corse ne se définit pas que par rapport à l'argent mais aussi à des valeurs :

Parler de la vie en Corse ne se réduit pas qu'à l'argent. C'est aussi parler de médecine, d'éducation, de Culture …
Il est quasiment impossible compte tenu de l'implantation de l'Université à Corte de suivre des cours du soir quand on habite Ajaccio ou Bastia.

Malgré tous les problèmes et les difficultés rencontrées, il fait bon vivre en Corse car il y a des valeurs de solidarité et de partage.

De plus, on peut se promener tard le soir dans les rues sans l'appréhension de faire de mauvaises rencontres, ce qui devient rarissime sur le continent. Les enfants peuvent aussi jouer en sécurité.

Il n'en demeure pas moins qu'il faut entretenir les valeurs de la société Corse car elles ont tendance à s'amenuiser, l'île subissant l'évolution générale des sociétés occidentales vers l'individualisme. Si on n'y prend pas garde, les valeurs vont se perdre. Il faut donc les revivifier.

D'autant que la crise économique favorise des comportements de replis sur soi et de préférence identitaire ou communautaire qui peuvent sonner le glas du vivre ensemble dans une société plurielle.

Un des intervenants a déclaré qu'il était optimiste quant à l'Avenir et qu'il ne fallait pas cultiver une nostalgie passéiste. Il faut inventer le nouveau logiciel social.
Il constate que des progrès ont été faits en matière de circulation depuis 10 ans malgré l'augmentation du nombre de véhicules.

Tous ne partagent pas cet optimisme envers l'Avenir. La crise économique favorise l'individualisme, le repli identitaire qui lui est souvent lié et la recherche de boucs émissaires.

Un membre du café citoyen se déclare pessimiste à court terme mais optimiste à long terme.
Il cite les Evangiles : " Il faut que la graine meure avant qu'il y ait renaissance".

En marge de l'ordre du jour, bien qu'en relation indirecte avec lui un débat s'est ouvert au sujet des OGM.

Les OGM participent du nouvel ordre mondial et les citoyens ne sont pas suffisamment consultés. La mobilisation citoyenne sur ce sujet ne semble pas pour l'instant pouvoir infléchir durablement le cours des choses.

Des firmes comme Monsanto privilégient le profit à la santé publique.

Il existe tout de même des signes d'espoir. Une anecdote est à cet égard révélatrice. De l'amarante a poussé dans des champs de soja transgénique. Des pesticides ont été répandus mais l'amarante a continué à pousser.
Il a donc fallu incendier la plantation. Or, pour les indiens, le feu est l'apanage des Dieux. C'est donc l'expression d'une justice quasi immanente.

Il ne faut pas jouer aux apprentis sorciers avec la nature comme cela a été le cas avec de la vache folle , l'origine du problème résidant dans le fait que la nourriture des bovidés était composée en partie de farines de poisson.

S'il y avait un référendum sur les OGM, la réponse signifierait certainement leur rejet. Mais les citoyens ne sont pas consultés alors qu'il y va de leur avenir et de leur santé.

Pour un intervenant, s'il faut être prudent, il convient toutefois de se garder de tout obscurantisme car les OGM sont peut-être un moyen de parvenir à nourrir tous les habitants de la planète toujours plus nombreux, même si d'aucuns prédisent que la population de la planète atteindra un pic de 9 milliards d'habitants avant de décroître.

Au sujet des OGM comme moyen de nourrir la planète, un des participants à, la réunion a cité André Gros qu'il a été amené à connaître et qui, agronome faisant référence, s'était vu confier par le gouvernement français après la seconde guerre mondiale, une mission sur les engrais comme moyen d'augmenter la production agricole et d'assurer ainsi l'autosuffisance alimentaire.
Même si cette mission fut un indéniable succès, André Gros, certainement devant les excès auxquels a donné lieu l'agriculture intensive et productiviste a refusé, lors d'une conversation qu'ils ont eue en 1980 de lui dire s'il était satisfait de l'exercice de la mission quI lui avait été confiée.

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Pascal conclut la réunion à 23H15, laissant les discussions se poursuivre de manière plus informelle au sein du café lui même . Le problème est essentiellement économique et surtout CORSO-CORSE; La résolution du problème ne passera que par un réveil citoyen insulaire et une marche vers un autre chemin . La CORSE mérite mieux que le malheur imposé par une poignée d'affairistes peu soucieux du développement, si ce n'est le leur . La lumière n'est pas loin,chers frères de Corse et du monde .

Interventions

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CAMMAROTA

jeudi 07 octobre 2010 10:26:28 +00:00

très interressant : sur la PRECARITE !!
Que faire donc ?

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cammarota

jeudi 28 octobre 2010 09:18:12 +00:00

j attends les prochains thèmes : si celui de la précarité est encore là, je veux bien l'aborder.

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