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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (07/10/2011)

Animateur du débat : Laurent Watrin

» Démocratie et Citoyenneté

Et si on tirait au sort nos représentants politiques ?

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Une dizaine de participants, dont trois nouvelles personnes, pour ce débat qui coïncide avec une actualité locale dense : le même soir, il y a le festival de Jazz à Nancy (NJP), de nombreux rendez-vous culturels et une candidate en réunion publique dans le cadre des primaires citoyennes organisées par le PS.

En préambule, l'animateur rappelle la règle du café citoyen : la parole personnelle est respectée, celui qui parle n'est pas interrompu par les autres, il n'y a pas de tribune partisane, aucun expert a priori, et l'animateur (qui peut changer à chaque débat) organise la parole en essayant de faire avancer les réflexions.

Quelques questions permettent de lancer le débat : quel serait l'intérêt du tirage au sort en politique ? Serait-il réellement un progrès ? Quels seraient ces inconvénients ? Selon quelles modalités ce système pourrait-il être mis en oeuvre ?

D'abord un rappel historique : le tirage au sort - lotocratie ou stochocratie - était utilisé dans certaines cités antiques. Catherine nous éclaire : les cités grecques, explique-t-elle, avaient choisi ce système "pour mettre fin à la notion de combat pour le pouvoir".

Une des premières voix dans ce débat - celle d'une fidèle du café citoyen de Nancy, doyenne de la salle, engagée dans le milieu associatif - avoue sa "surprise" face à un sujet qu'elle juge plutôt loufoque : "franchement, la loterie pour désigner des responsables politiques, ce n'est pas sérieux !".

Et même si le système existait dans l'Antiquité, poursuit-elle, "les citoyens sont aujourd'hui plus aptes à comprendre les problèmes" et donc... à voter pour leurs représentants.

Pour provoquer la réflexion, Jacques pense que la désignation, par les partis, des candidats aux élections politiques s'apparente déjà à un "tirage", au sein des camps politiques. Le propos fait sourire plusieurs participants au débat.

La discussion s'anime petit à petit et les réflexions majoritaires s'orientent vers des solutions opérationnelles qui permettraient de faire du "tirage au sort" une nouvelle possibilité démocratique.

Jean-Marc se déclare résolument favorable au système, non seulement pour les responsables politiques mais aussi pour la vie associative. "Chaque citoyen participerait ainsi au fonctionnement de la société", explique Jean-Marc.

Son propos met l'accent sur l'éducation à la citoyenneté. Jean-Marc estime que le "mandat" du tiré au sort devrait s'accompagner d'une formation adéquate. Enfin il précise que l'élection, telle qu'on la connaît, ne disparaîtrait pas forcément avec le système du tirage au sort.

Anne considère que le tirage au sort a surtout l'avantage de remettre en cause le système des partis, "que je connais bien de l'intérieur", dit-elle ; le choix des candidats par un parti est souvent "artificiel" et "stratégique" et pas vraiment "démocratique".

"Un de mes enfants a fait une grande école", raconte Francis, "et il ne va pas voter parce qu'il estime que les élections ne permettent pas de représenter le peuple". A titre d'exemple, Francis mentionne le projet d'agrandissement du stade Marcel Picot à Nancy pour lequel les élus, explique-t-il, décident d'engager de l'argent sans avoir consulté les citoyens. Plusieurs participants semblent partager la critique sur la représentativité du peuple.

Anne s'interroge toutefois sur les modalités pratiques du tirage au sort : quelles catégories sociales concernées ? Pour quelles assemblées ? Autre question pratique posée par Catherine : le tirage au sort ne risque-t-il pas de donner lieu à de simples assemblées de "gestion" et de "fonctionnement". Francis répond que, selon lui, ça ne sera jamais pire que le résultat des élections.

Manifestement enthousiaste à l'idée du tirage au sort politique, Anne propose de soumettre la proposition à un "député pour qu'il travaille à un projet de loi sur le sujet". Peine perdue, selon Francis : "nos élus ne prendront pas le risque de scier la branche sur laquelle ils sont assis". Rires dans l'assemblée.

La majorité des participants analyse le verrouillage de notre système politique comme un frein à ce type de réforme démocratique. Faudra-t-il une révolution, s'interroge la majorité ?

Une participante qui n'a pas encore parlé exprime sa perplexité : "il faudrait peut-être que la personne tirée au sort dise ses limites". Anne revient sur les modalités pratiques, en forme de clin d'oeil : "et si le tirage au sort se pratiquait dans chaque parti ?". Nouveaux sourires dans la salle.

En conclusion, la majorité estime qu'un système de tirage au sort politique pourrait être mis en place, plutôt sur la base d'une liste de volontaires, en conservant une partie de représentants élus, en assortissant le système d'une réformant de la durée des mandats et d'une formation adéquate. Le mot de la fin pour l'opposante du début : "je n'ai pas changé d'avis. C'est totalement utopique et impossible à réaliser".

Prochain débat le vendredi 4 novembre 2011 - MJC Pichon - 7, Boulevard Recteur Senn, à Nancy (54000). Sur le thème de la semaine des cafés citoyens.

A bientôt !
Laurent Watrin

Interventions

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Mathieu

jeudi 06 octobre 2011 11:35:34 +00:00

Bonjour,la question est amusante et provoquante à la fois .
Peut-être nécessite-t-elle quelques précisions:tirer au sort parmi un groupe déjà constitué de personnes ,volontaires pour être nos représentants? ou tirer au sort parmi les électeurs inscrits? ou tirer au sort parmi l'ensemble des personnes en âge de voter?

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Bertrand

mardi 25 octobre 2011 13:53:04 +00:00

Bonjour, Le tirage au sort est une question fondamentale à poser. Il est nécessaire de prendre connaissance du travail d'Etienne Chouard."Le suffrage universel permet de choisir les meilleurs ? On dirait que ce sont les pires qui gouvernent." Chouard. La question du tirage au sort est incontournable. Après une longue réflexion, je pense que l'absence de démocratie réelle est le dénomitateur commun des abus de pouvoir, prises illégales d'intérêts, corruption en tout genre, le tout dans un immobilisme politique coupable, et une dégradation sans précédent de notre environnement maternel. http://etienne.chouard.free.fr/Europe/tirage_au_sort.php

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Jacques

vendredi 18 octobre 2013 11:45:09 +00:00

Il est indéniable que le tirage au sort est au coeur de "la" question démocratique ; ceux qui appellent leurs frères à voter tout en leur refusant l'entendement, sont les vrais démagogues ; leur problème, c'est qu'ils ne pouvaient traiter ouvertement tout le monde d'imbécile sans avoir à expliquer par quel miracle eux-mêmes se retrouvaient en dehors du lot...
...et même au coeur de la question aristocratique : un aristocrate-vrai ne saurait craindre les jurés populaires : la cooptation à tous les échelons, ce n'était le fait que des mauvais !?!

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