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Compte-rendu synthétique par Guy ArchambaultCafé Citoyen de Meaux (09/02/2012)

Animateur du débat : Guy Archambault

» Démocratie et Citoyenneté

Habiter : un acte citoyen

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Café citoyen du 9 février 2012

Habiter, un acte citoyen

Malgré un froid glacial, une dizaine de personnes a pris le chemin de la Brûlerie.
Début des échanges vers 19 h 45.

Pour commencer, présentation de ce qu’est un “Café citoyen“ dans l’esprit de “la Nouvelle Arcadie“.
Puis, entrée dans le sujet, en lançant quelques idées pour amorcer le débat.
Le thème de l’habiter régit nos vies, et impacte l’environnement. L’adresse du domicile est un déterminant social incontestable.
Le lieu choisi pour se loger, et le type même de logement, seront déterminants quant aux impacts environnementaux. La maison individuelle isolée est sans doute la plus mauvaise solution de ce point de vue. On peut multiplier par plus de deux la consommation d’un ménage, si on intègre la dépense d’énergie liée à la mobilité en fonction de la localisation par rapport aux centres de vie (centre ville, gare, aéroport, gare routière, lieux de loisirs et de culture, etc.)
Le résidentiel est responsable de 43 % des consommations d’énergie, et 25 % des émissions de gaz à effet de serre, ce qui justifie d’adopter une démarche “negawatt“(1), de sobriété énergétique dans les comportements, efficacité énergétique dans ses choix et recours chaque fois que possible aux énergies renouvelables pour le solde.
Vouloir que 70 % des français soient propriétaires n’a plus de sens, eu égard aux attentes des nouvelles générations (génération Y) autant que pour des raisons purement économiques. Quant à la maison individuelle diffuse, elle constitue un réel anachronisme, dans une société qui doit mesurer sa consommation et préserver les ressources de la planète.

Les échanges s’engagent.
Le premier intervenant met l’accent sur les évolutions de la cellule familiale et de ses attentes. Celle-ci évolue, les besoins aussi. Le logement devient alors mal adapté. L’explosion de la cellule familiale (augmentation des divorces notamment) conduit à multiplier le nombre de logements.
Autre élément apporté au dossier, la question patrimoniale ; on construisait jadis pour plusieurs générations, avec l’intention de transmettre un capital. Au décès des parents, plus tôt en âge qu’aujourd’hui, les biens revenaient aux descendants et constituaient un apport de patrimoine qui aidait à démarrer dans la vie. C’est beaucoup moins le cas maintenant. Lorsque les parents décèdent, les enfants sont pour certains plus proches de la retraite, eu égard à l’allongement significatif de la durée de vie.
La construction faisait partie de la culture ouvrière, précisément pour assurer un patrimoine aux enfants. « Je me marie, je construis ».

Les mariages jadis étaient motivés, et la femme plus “asservie“ par le contexte économique : peu travaillaient à l’extérieur, leur offrant peu d’opportunités à quitter le foyer, même pour des raisons légitimes. Ménages donc plus stables alors, même artificiellement.
La construction jadis répond à un besoin précis, réalisée par celui qui en a besoin, d’où la typologie différenciée, et adaptée au lieu .
Il conviendrait sans doute aujourd’hui de trouver le moyen d’adapter la taille du logement aux besoins du moment. Des logements évolutifs.

Autre élément déterminant, qui se retrouvera dans les débats autour des questions de mobilité, la suppression progressive des services publics dans de nombreuses petites localités, essentiellement rurales. Que deviennent les habitants. Besoins de mobilité accrus, et plus lointaine.

Dans les années 50, on avait également des souhaits d’émancipation. Le confort était auparavant différencié, avec des différences très importantes parfois. C’est à cette époque que les choses ont radicalement changé, en raison notamment des efforts considérables de reconstruction.
Jusque dans les années 20, la construction rurale était une œuvre collective, aidée par des professionnels tels que le charpentier ou le tuilier.

Autre déterminant du logement, l’attachement au “travail“ : « J’ai du suivre mon entreprise ». Mais intervient un facteur financier : « L’entreprise part à Vincennes, mais se loger là coûte cher ».
Une spéculation sur le foncier et l’habitat se développe toujours là où se crée une activité. Elle profite à des personnes qui ne participent pas à cette richesse et oblige les acteurs à “s’exiler“, là où le logement est moins cher.

C’est alors que se développent les lotissements “à la campagne“, où « les gens ne se parlent pas. Ce sont de véritables dortoirs. Il n’y a plus communication ».

Autre élément de réflexion, on assiste à la mise en commun de services pour la mobilité (Velib, Autolib, etc.). On aura sans doute un jour la même démarche dans le logement. Cela fait penser à la Fondation Rotschild ou aux Cités Radieuses.

Un constat lourd de conséquences, « le lien social a été cassé par le zonage. On atteint la limite du système. Les besoins en mobilité vont dépasser les possibilités. Il faut réintégrer l’activité et les commerces au cœur des lieux de vie ».
Ghettoïsation. Développement de lotissements fermés (Marne le Vallée). Est-ce le modèle de société souhaitable ? Quid des impacts sur l’environnement ?
Selon une récente étude de l’Ademe, pour les habitants en périurbain : si on ajoute la mobilité, on multiplie les coûts d’énergie des ménages par deux.

Changements de mentalités en cours.

La notion d’habitation évolue. Quels besoins ? Que fait-on lorsque les enfants partent ?
Rappels : 40 % des français sont laissés pour compte, ce qui constitue un facteur déstabilisant pour la société. Quid du partage ? Il manque 900 000 logements. Problème des logements vacants.
Notre société est fondamentalement inégalitaire. Elle fonctionne sur un mode de consommation débridé. On s’est créé beaucoup de besoins qui portent le seuil de pauvreté à un niveau très élevé.

Inégalité salariale. Rappel des chiffres. Salaire médian : 1400 euros net/mois, comptabilisé chez pour les actifs.
Lorsqu’on possède son logement, la question des revenus ne se pose pas de la même façon.

Parmi les grandes tendances, ré-habiter la ville. Des activités se créent autour de nouveaux logements, kiné et boulanger, signe qui indique que ceux-ci sont destinés à des retraités.

Chacun expose des exemples connus, pour illustrer les difficultés à se loger eu égard aux prix pratiqués.

Quelles solutions ? Faut-il plafonner le prix des logements ? Mauvaise idée, car cela bloquerait l’accès aux logements, en abaissant le turn over. Sauf si cette mesure est associée à des mesures sociales. Il faut en outre construire un nombre suffisant de logements et bloquer la spéculation.

Habiter en ville, à Paris, appelle des moyens très importants.

Des pistes pour l’avenir
L’avenir résidentiel, à l’aune de ces considérations, pourrait alors passer, pour toutes les catégories sociales, par des maisons plurifamiliales (comme au Québec ou en Allemagne) ou des petits immeubles à taille humaine (R+2 ou R+3) sur des espaces paysagés partagés (exemple des pays du Nord de l’Europe). On y prendrait logement pour une durée non déterminée et aisément révocable. On paierait, non pas le seul local, mais “l’habiter“, véritable service comprenant certes le local, mais également l’entretien des équipements, tant pour maintenir ceux-ci à un haut niveau de performances, le même pour tous à la base, que pour optimiser la ressource (eau, énergie), et limiter les risques pour la santé (entretien des systèmes de ventilation par exemple). L’action sociale, si elle s’avère nécessaire, pourrait s’exercer sous la forme d’une aide directe, permettant de minorer la charge des familles concernées. Elles seraient toutefois correctement logées.
Parmi les évolutions, sera la notion de “partage fonctionnel“. Il est imaginable que les habitants partageront un jour les équipements tels que tondeuse, taille-haie ou automobile. Des expériences existent déjà. On peut également imaginer que les immeubles de logements collectifs comportent à terme des laveries communes pour l’entretien du linge, économies d’énergie et convivialité à la clé (de tels équipements existent dans les pays du Nord de l’Europe et aux États-Unis). Cette disposition n’est d’ailleurs pas une idée neuve, déjà mise en œuvre par l’architecte de la Fondation Rothschild, Henry Provensal, et dans les réalisations du groupe Maisons Ouvrières, dès le début du XXe siècle à Paris.
La localisation est étudiée pour pouvoir nourrir la population dans un rayon « acceptable » : reterritorialisation.
Approche fonctionnelle.
Ne faudrait-il pas solliciter massivement la Caisse des Dépôts (obliger), débloquer des moyens pour bâtir. Doubler le plafond du livret A.
Il devient urgent de repenser l’aménagement du territoire.

Repenser l’économie du système
En poussant la logique un peu plus loin, on peut repenser l’économie même des systèmes.
Certains composants ont une fonction bien précise, dont la pérennité des performances est essentielle, soit pour la bonne santé des habitants, soit pour la pérennité des performances de l’ensemble. On peut citer les fenêtres, la chaudière, le système de ventilation, etc. Est-il nécessaire de posséder ces équipements, lorsqu’on est propriétaire d’un logement, bailleur ou occupant ? La réponse est évidemment négative. On peut parfaitement imaginer un système où celui qui occupe paie à tempérament l’usage, comprenant l’entretien périodique, et le remplacement à terme défini (ce qui permet d’activer les réseaux de recyclage). Imaginez une fenêtre, dont on remplacerait les ouvrants tous les 10 ou 12 ans.
Il serait souhaitable de laisser le système aux mains de régies où le citoyen est acteur. Pas laisser cela à des entreprises privées.
Exemple des villes en transition.

Il faut relocaliser les activités, et ne pas développer les mono-activités. Exemples de villes où une seule usine fait vivre la ville. La fermeture sonne la mort de la ville. Penser reconversion anticipée. Cas de Ste Sigolène. Capitale de la fabrication des sacs de caisse en plastique notamment, 64 % des habitants travaille sur place. Illustration des remarques précédentes. Mais si on n’anticipe pas l’interdiction qui se développe d’en interdire l’usage, les usines risquent de devoir fermer, avec les conséquences imaginables sur l’emploi, et donc la vie même de la localité et de ses habitants, qui devront aller loin, dans cette zone rurale, pour trouver un hypothétique emploi.

Exemples de solutions comme l’auto-promotion. Exemple de Chevaigne en Bretagne.

Il faut trouver le moyen de réduire les inégalités. Le barman ne trouve pas de travail sur place, les bistrots ferment. Problème de répartition des richesses.
Établir le principe de proximité. Se nourrir dans un rayon restreint autour des lieux de vie. Trouver un système de normalisation de l’empreinte écologique. On interdit à la vente les produits qui ne sont pas normalisés.
Il faudrait appliquer la Charte de la Havane, négociée au niveau international à la sortie de la Guerre (http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane). Il s’agit d’une régulation du commerce international, qui permet d’intégrer dans les prix les acquis sociaux, les systèmes de charges, les impacts environnementaux, etc.
En revanche, le protectionnisme et la fermeture des frontières sont une fiction. Les marchandises et les Hommes ont toujours été échangés.
Crise énergétique. Il devient urgent de s’attaquer à la transition énergétique.
Impliquer les banques pour soutenir le financement des opérations de réhabilitation, via des systèmes de type « tiers investisseur ».
Exemple de Chênelet pour intégrer insertion dans la construction.

(1) www.negawatt.org

Guy Archambault

Fublaines le 20 février 2012

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Journaliste Gestion de conférences et débats Eco-construction, environnement