“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

Bienvenue en Arcadie

Vous êtes ici : Accueil > Comptes-rendus > Peut-on être heureux en période de crise ?

Compte-rendu synthétique par Christelle GANIERCafé Citoyen de Paris (02/07/2016)

Animateur du débat : Mehdi Guiraud

» Politique et Société

Peut-on être heureux en période de crise ?

ShareThis

Après la présentation de la charte des cafés citoyens et des modalités de prise de parole, Mehdi Guiraud a présenté le sujet en l’absence de la personne qui en avait fait la proposition : Qu’est-ce que la crise ? Qu’est-ce qu’être heureux ?
Il y a plusieurs crises : militaire (guerre), économique (chômage), de transition (époque industrielle vers numérique)… Celles-ci créent des angoisses comme tout changement. Mais comme tout changement, n’est-ce pas aussi une source de motivation pour se réinventer ?

1. LA CRISE

1.1. Quelle définition de la crise ?

Plusieurs définitions ont été proposées :
- C’est un tout, une crise avec un grand C, un ensemble de crises (économique, militaire, mondiale) aux multiples facteurs : immigration, pauvreté…
- C'est une crise identitaire : isolement voulu ou pas, replis sur soi
- C'est une crise systémique, de sens : Dans quelle direction va-t-on et quel sens on y met ?
L’immigration n’est pas liée à une envie mais à une contrainte : on y trouve la promesse d’une vie meilleure.
Aujourd’hui le capitalisme domine et au nom de cette idéologie, il y a des guerres, des flux migratoires.

1.2. Quelle réaction ?

Il y a plusieurs types de réactions, « Ça dépend où on polarise notre regard » :
- Le repli sur soi, le renfermement, la tristesse, l'angoisse.
La crise migratoire, identitaire avec le contexte du Brexit entraîne un sentiment d’exclusion, de fragilité de la France qui reste néanmoins une destination de rêve, d’espoir.
- On s'ouvre aux autres.
- Des actions citoyennes émergent et s’organisent. On peut agir pour renforcer ces actions, par le bénévolat par exemple.

2. COMMENT ÊTRE HEUREUX DANS UN TEL CONTEXTE ?
« Comment moi, je peux être heureux personnellement et au sein du collectif ? »

2.1. Personnellement

- Ne pas être en décalage entre ce que je veux et ce que je fais.
- « S'autoriser à » comme s'autoriser à être heureux et se donner les conditions pour y arriver. Mais qu'est-ce qu'être heureux ? « Il ne faut pas avoir peur du bonheur, c’est juste un bon moment à passer ».
- Profiter des bons moments.
« faire du bonheur de petits riens. Oublier les problèmes d’ailleurs et être là ».
« La vie est un chemin. Il faut profiter des jolis moments ».
- C’est à chacun de créer les conditions de son bonheur, de son mieux être, c’est personnel. Chacun décide comment s'adapter aux éléments extérieurs qui s'imposent à soi.

2.2. Au sein du collectif

Des instants partagés : Les instants de bonheur sont toujours avec quelqu’un d’autre. La crise donne-t-elle l’occasion de partager (recevoir et donner)?

La pression sociale – la contrainte : On peut évoquer la notion d’être et avoir : Aujourd’hui, pour être heureux, il faut avoir. Se pose donc la question de « Comment être dans l’être dans un monde de l’avoir ? »
Ça serait lié à l'éducation, à ce qu’on nous apprend. Nous subissons le poids de la pression sociale ; on veut décider pour les autres. On peut faire un parallèle avec la loi travail : on contraint sans écouter les avis. Est-ce qu'on a le droit d'imposer une manière de voir ?
La crise de la quarantaine, comme la crise d’adolescence, c'est signifier que « J’ai envie de faire autrement ! », que « Je veux me réapproprier ma vie, mon schéma ».
La notion de crise est donc liée à la contrainte : Il y a crise quand on veut sortir du cadre. Il est donc important d’apprendre à vivre ensemble avec la complexité du cadre commun. Il s'agit d'être libre dans un cadre commun. Il y a l'idée de négociation entre l'individu et le milieu avec lequel il vit, entre l'humain et le collectif.
On a du mal à sortir des dogmes qui peuvent créer des conflits.

Le collectif est primordial : Le collectif est primordial, on peut d'ailleurs évoquer l'intelligence collective. Sans le collectif, le bonheur n’est pas possible.
L'individu, l'humain est la base de tout mais le collectif est incontournable. Aussi, il faut arrêter d'être contre (« interdire d'interdire », « l'Enfer, c'est les autres »). Il faut être en accord avec soi-même et ce en quoi on croit sans pour autant rejeter tout le reste.

2.3. Le rapport aux autres

Repli vers soi ou ouverture aux autres ?
- Il faudrait moins d'égo et plus de soi : il y a un côté très anthropocentré. Il faudrait revenir à quelque chose de plus humble. Arrêter « Je sais, je maîtrise » pour « Je sais pas, je maîtrise pas ». On se sent perdu par rapport aux autres mais « personne peut décider pour moi ». On peut accompagner mais on ne peut pas dicter son bonheur à quelqu’un. « Apprenons à être soi-même ».
- Le besoin des autres pour être heureux semble une évidence pour certains mais d'autres pensent différemment : aller vers les autres, c'est reculer. Pour eux, la vérité est en soi.
- Pour certains, il est difficile de trouver le bonheur au fond d'eux. Ils ont besoin des autres pour exister.
- La vérité est en soi mais on a besoin des autres. Il y a un équilibre à trouver.

Le paradoxe entre l'individu et la société
Le SDF est l'archétype du malheur. Mais proposer un logement à un SDF peut être une crise. Avec un appartement, il peut déprimer. Ainsi, ce qui est un problème pour la société ne l'est pas forcément pour tous.
Être SDF ou nomade est une forme de liberté. Quand on n'a plus les mêmes repères, le rapport à la vie, aux autres change. La vie et les visions sont différents, ce qui rend la communication avec les autres difficile. Se comprendre, c'est compliqué.
L'enfer, c'est les autres mais c'est aussi la solution. L'important, c'est les autres.
Il y a ainsi des personnes qui accompagnent les questions de pathologie. Mais ces ethnopsychologues sont ethnocentrés et il n'y a pas toujours d'écoute.
Le regard des autres : certains jugent compliqué ce qui est différent, comme le nomadisme.
Il ne faut pas vivre en fonction de l'autre car c'est invivable.

2.4.L'argent

- L'argent ne fait pas le bonheur, c'est une monnaie d'échange. D'autres choses que le matériel apportent du bonheur, comme le spirituel. On peut faire le parallèle entre une veuve milliardaire et un SDF : la souffrance peut-être identique (solitude et manque de liens). On peut être heureux en période de crise à condition que l'argent soit remis à sa place.
- Il y a des pathologies qui se développent face à certaines situations. Un immigré qui vient d'un pays où il ne possédait rien se retrouve à pouvoir acheter facilement, sur un simple coup de fil. Cela marque le désir de vouloir tout posséder.

3. UN FUTUR ASSURÉ PAR LE VIVRE ENSEMBLE
« Comment assurer le futur de ma famille, de mes enfants ? ». Dans la coopération, l’échange, peut-on arriver à s’autonomiser, à être moins dépendants ? Ne serait-ce pas une manière de se réapproprier le bonheur en n’étant pas l’objet, le jouet de la Crise ?
L’important pour déjouer la crise est d’apprendre à vivre ensemble.

3.1. L'éducation des enfants

Certains, pour lesquels on n'apprend pas à vivre ensemble dans le socle commun de l’école, se tournent vers l'éducation alternative comme l’éducation autonome. Dans ce modèle, c'est l’enfant qui décide et les parents l’accompagnent. Dans notre société, on a plutôt un modèle de reproduction. Or, on apprend avec la vie, au gré des rencontres. Ces enfants non scolarisés ne vivent pas pour autant en vase clos, ils peuvent être en contact avec d'autres enfants. Les enfants peuvent construire leur propre mode de pensée. Il faut les laisser être, au risque qu’ils ne soient pas armés.
Dans les écoles Montessori, Vitruve… on apprend aux enfants à être libres.
Ces enfants sont parfois mal vus et peuvent vivre très mal de ne pas être « normaux » (complexe). Certains portent un regard négatif sur ces parents considérés comme indignes, déconnectés de la réalité.

3.2. L'éducation des adultes

Le vivre ensemble passe que par l’éducation des enfants mais aussi des adultes, en entreprise.
On a des besoins communs malgré nos différences. On peut atteindre l'égalité en acceptant les différences.
Importance de la tolérance, de la bienveillance et du dialogue qui manquent aujourd'hui.
L’amour.

3.3. Placer le curseur entre la liberté et le vivre ensemble, être libre et vivre ensemble

- Il faut accepter de vivre avec des gens qui n’ont rien à voir avec nous, qui ont des idées différentes.
- Le point de départ est de se focaliser sur sa relation avec soi-même, de comprend comment on fonctionne.
Le bien vs le mal. Depuis l’enfance, on n’apprend pas à s’écouter. On a une pression énorme pour faire le mieux, ce qui ne nourrit pas le bien être collectif. Les règles qui viennent d’en haut sont intériorisées.

CONCLUSION

Le débat s'est terminé comme il avait commencé, sur la question de l'immigration. C'est une vision de la crise très occidentale.

Propositions de thèmes pour le prochain café citoyen en septembre.
- Comment être heureux en temps de crise ?
- Comment construire le futur avec nos enfants ?
- Est-il toujours juste d'être bienveillant ?
- Comment faire émerger l'intelligence collective ?
- Doit-on être utile ?
- Qu'est-ce que la solidarité ?
- Sommes nous à l'aube d'une nouvelle civilisation ?

**** Question retenue : Notre époque a-elle besoin de sens ? ****

Interventions

Participer au débat

Les champ marqués d'une * sont obligatoires

Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.

Premier ouvrage des Cafés Citoyens

Où en est l'esprit démocratique aujourd'hui ?

La démocratie, c'est nous !

En savoir plus