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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Christelle GANIERCafé Citoyen de Paris (08/04/2017)

Animateur du débat : Mehdi Guiraud

» Politique et Société

Les élections sont-elles utiles ?

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Présentation du sujet :
Les élections correspondent à l’élévation d’un individu au-dessus d’un groupe. L’utilité, c’est la satisfaction d’un besoin.
Quels sont les besoins ? Il y a des besoins particuliers et des besoins collectifs. Les choix se font selon la priorité des besoins qui dépendent du contexte. Il y a des besoins qu’on ne connaît pas encore.
La personne qu’on élit doit pouvoir faire les choix et y répondre.

1. LA DEFINITION DE L’ELECTION

1.1. La désignation de quelqu’un
L’élection est un processus de nomination de personnes qui seraient à même de gérer les affaires. Par l’élection, j’accepte que des personnes prennent un rôle, aient des responsabilités. Il ne s’agit pas (pour moi) d’une élévation mais d’une prise en charge par quelqu’un qui me donne confiance. Je peux croire en une personne qui m’inspire. Ce qui me convainc, c’est ce qui sort d’elle.
Le choix doit se faire par compétences et qualités.

1.2. Représentant du peuple VS simple décisionnaire
Il y a deux façons de voir les choses :
Le politique = représentant du peuple -> aujourd’hui, il y a une fracture liée à la perte de confiance
Le politique = simple décisionnaire
L’élection est utile pour élire un représentant, sinon, c’est dangereux.

1.3. Le choix d’une voie
L’élection, c’est plus le choix d’une voie que d’une personne.

2. LES LIMITES DU SYSTÈME ÉLECTORAL ACTUEL

Le système électoral actuel n’est pas parfait. Cette façon n’est pas forcément appropriée (utile), nécessaire pour le bien commun ou pour mener un projet à son terme.

2.1 Une perte de confiance et de motivation
Il y a une perte de confiance envers les dirigeants.
Peut-être que les décisions sont biaisées par les intérêts personnels ou des lobbies, inconnus des citoyens.
Le système électoral a tendance à nier quelques réalités et à en mettre d’autres en avant par idéologie.
“L’élection, c’est pas un truc qui me motive souvent sauf s’il y a des nouveautés”.

2.2 Un manque de connaissance et d’informations
Quand on vote, on choisit consciemment mais il y a une part d’intuition car la connaissance n’est pas toujours approfondie. On ne peut pas avoir un avis sur tous les sujets. Il y a un tas de sujets qui nous dépassent.
On manque peut-être d’informations pour prendre cette décision. On est majoritairement capable de prendre la meilleure décision pour le groupe si on a des informations. On est tous capable de gérer, à même de se forger sa propre opinion. Il est certainement possible de trouver une voie commune à tous. On a tous une définition du bien commun.
Peut-être que tout est dans la pratique. La démocratie est un organisme vivant. C’est dans la pratique qu’on peut mettre en place des aménagements en ayant certains objectifs même si ce sont des idéaux. Il faut prendre le temps, ce qui est en contradiction avec la société de l’instantanéité.
Aujourd’hui, on subit les affres de la désinformation (cf Trump). On est assez peu éduqués à discerner.

Il y a un besoin d’information, d’éducation des citoyens. Il y a un problème d’éducation civique.
Ne serait-ce pas une volonté de la classe dirigeante que les tâches politiques ne soient entre les mains que d’experts ? On rabaisse les gens. Vous n’êtes pas capables ! On dirige mieux un peuple de moutons que des personnes éduquées. L’information est aujourd’hui biaisée, pas contradictoire, pas plurielle
Importance de l’éducation et de l’esprit critique. Penser, ça s’apprend, par la lecture, les débats...
Il faut avoir le temps, les ressources. On a l’impression aujourd’hui que c’est une lutte alors qu’il y a plein de moyens de comprendre le monde.

3. D’AUTRES MANIÈRES QUE L’ELECTION

Il semble qu’il y ait pas mal de problèmes. Est-ce que le principe même des élections est à remettre en cause ? Y a-t-il d’autres moyens possibles dans la forme, dans la durée pour obtenir des décisions collectives plus efficaces ?
Il faudrait peut-être que ce soit plus naturel.

3.1. L’élection sans candidat
On définit un rôle et ensuite on choisit la personne. La personne est choisie en fonction d’un objectif. Si l’objectif change, son mandat se termine. Mais ce système n’est pas applicable à grande échelle, à 60 millions de personnes.

3.2. La démocratie liquide
Il est important de laisser la liberté à la personne de s’impliquer ou de décider de reporter son pouvoir. Il s’agit de laisser la possibilité au votant de voter lui-même ou de confier son vote à quelqu’un. Il n’y a pas de notion de mandat. On désigne quelqu’un qui vote ce qu’il veut.
Ex : “J’estime que sur l’environnement tu as les connaissances pour choisir ce qui sera le mieux (méritocratie)”. “je ne veux pas m’en occuper, donc je désigne quelqu’un”.
[La démocratie liquide, aussi appelée démocratie délégative, est une forme de gouvernement démocratique où le pouvoir de vote est confié à un délégué plutôt qu'à un représentant.]

3.3. Le tirage au sort
Avec la liberté de s’inscrire sur la liste.
Le tirage au sort remonte à l’antiquité (seuls les citoyens participaient, pas les esclaves).
On peut tirer au sort plusieurs personnes, ce qui permet la non spécialisation. Exemple du jury d’assise
Mais c’est un système qui a des inconvénients. Il n’est pas représentatif si c’est seulement l’élite et les choix peuvent être orientés.
“Je n’aime pas le tirage au sort car les choix des personnes désignées sont forcément orientés" comme pour le président de la commission européenne. On retrouve le tirage au sort dans les oligarchies. La solution proposée serait de ne pas révéler les identités comme pour les agents secrets.
Sur la question de l’élection par tirage au sort, cf le documentaire “N’importe qui ?”. L’idée du tri est fondamentale car il n’est pas possible que n’importe qui soit élu car les charges sont d’importance. La personne élue doit être briefée par des experts. En fait, ce serait eux qui gouverneraient. Mais il y a un avantage : il faudrait que n’importe qui puisse être capable d’où l’importance à accorder à l’éducation.
Cf le jeu de Tarot : la carte que tu sots n’est pas une réalité absolue mais un signe.
Côté philosophique : ce que tu crois être bon ne l’est pas forcément.

3.4. L’élection de plusieurs personnes
L’élections de plusieurs personnes, d’un groupe, de plusieurs groupes, d’experts. Ex : un groupe pour l’agriculture, un groupe pour l’économie. Tous les membres du groupe disent comment gérer les affaires.
“Projet miroir 2017” : comparaison des promesses des candidats avec les initiatives citoyennes.

4. UN CONTROLE
Quel que soit le mode de désignation, il est utile si les votants ont un contrôle (possibilités, moyens, mécanisme de contrôle). Il faudrait alors éduquer les gens et avoir la possibilité par un contrôle judiciaire de mettre devant les tribunaux, les personnes qui n’ont pas rempli leur charge et de les sanctionner.
Il y a déjà le droit de manifestation et de faire appel à un juge. Mais est-ce que ces droits fonctionnent aujourd’hui. Avec l’état d’urgence, il y a une tension énorme avec l’expression citoyenne. En principe, c’est le cadre qui permet ça mais en ce moment, il y a-t-il une liberté ou pas ?
Avec l’état d’urgence, l’ensemble de la population n’est pas suffisamment informé des libertés privées. On utilise le prétexte de la sécurité pour grignoter sur les libertés. Mais les rassemblements sont encore possibles (meetings, rassemblements sportifs…). Là, dans ce Café Citoyen, on discute.

L’idée de Montesquieu était qu’il y ait toujours un contre-pouvoir pour permettre un équilibre des pouvoirs. Ainsi aux USA, on trouve le système du “check and balance” (exemple de l’Obama care, Muslim ban).
En France, à l’Assemblée Nationale, est-ce que cela existe ? Exemple de la loi travail qui a été imposée malgré l’opposition. Il y a eu la Nuit et le Printemps, debout pendant l’état d’urgence. L’état d’urgence est là pour arrêter les terroristes. La liberté d’expression n’est donc pas contrôlée. Il y a donc bien l’idée d’un contre-pouvoir.

Le marketing politique a provoqué un comportement consumériste (“Voter pour quelque chose de nouveau”). Or, la démocratie ne devrait-elle pas être ennuyeuse ?
Peut-être qu’à un moment, on choisira un robot, un algorithme pour gérer la sécurité sociale.

CONCLUSION

Finalement, le gouvernement n’a pas forcément besoin d’être changé régulièrement. C’est plutôt la voie. Est-ce que c’est forcément une personne qui doit représenter cette voie ?

Interventions

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Jacques

jeudi 30 mars 2017 16:06:04 +00:00

Forcément, les élections étaient toujours utiles à quelqu'un : si c'était bien payé, c'était assurément utile au candidat ressorti député ou maréchal-président.
Si les assemblées permettaient un jeu de rôle destiné à brouiller toute recherche en paternité des couacs administratifs passés, c'était tout bénéfice pour les facteurs de couacs.
Si et seulement si la loi électorale était loyale, ce permettait aux habitants d'un pays de gérer au mieux les problèmes posés par la vie en société, voir les problèmes posés par la vie, tout court.

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Jacques

jeudi 30 mars 2017 16:17:41 +00:00

On pourrait parfaitement imaginer un système de gouvernement par referenda : ce serait le corps électoral qui voterait les lois...sauf que l'expérience démontrait que tout culte avait besoin d'un clergé pour se perpétuer...et que l'idée démocratique risquerait de ne pas survivre à la disparition du député : un équilibre resterait à trouver.
C'est seulement le modèle bonapartiste dont il faudrait se déprendre.

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Jacques

vendredi 31 mars 2017 16:15:52 +00:00

Les jours d'élections devraient être des jours de liesse populaire...puisqu'en FRANCE, le vote est facultatif : ne votent que ceux que les problèmes d'administration publique amusent...de "muse"...patronnes des arts libéraux.
Jour de liesse...on en est loin : sûr, cinquante pour cent feront la gueule le soir des élections.
Pour qu'une élection fût une fête, il faudrait d'abord qu'elle fût aux vendanges,ensuite qu'elle fût un jour connu longtemps d'avance, qu'elle fût un jour de semaine...que la loi électorale fabrique du consensus au lieu de fracasser le corps électoral tous les cinq ans...que chacun se sentit respecté dans ses choix de vie.
Un seul d'entre vous dit-il que le malheur n'est pas une fatalité, qu'il y a des contre-poisons qui ne coûteraient rien, le malheur cesse d'être une fatalité : il devient un choix de société !

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Jacques

mardi 04 avril 2017 11:30:35 +00:00

L'un des problèmes posés à l'électeur par l'actuelle loi électorale, c'est que le sou électoral, un vote égale un sou, a transformé les écuries électorales en entreprises quasi-commerciales : ce n'est plus l'exercice du pouvoir qui est visé par nombre de candidats, mais le sou électoral ; ce ne sont plus les électeurs qui font tourner les centrales électorales, à PARIS, mais des professionnels de la communication.
Un deuxième problème, c'est que l'administré de base n'a aucun accès aux instances où se décident les choses : tout est trusté par des professionnels de la représentation ou, dans le cas des jurés d'assises, siégeant déjà sous la menace,ne leur est soumis que des cas relevant de la psychiatrie lourde...du genre : j'aime une fille, je la tue...j'aime un gars, je le tue !...

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Jacques

jeudi 06 avril 2017 15:17:43 +00:00

On pourrait annoncer sans grand risque la déconvenue qui attendait les électeurs entre 2017 et 2023 : encore une fois ne se seront-ils intéressés qu'à eux-mêmes, n'auront écouté que les prophètes de miracles commerciaux totalement improbables : aucun n'aura demandé que soit curé le process administratif qui était finalement le seul champ sur lequel les hommes de gouvernement avaient la main.
Il était par exemple évident, au vu de l'absentéîsme des députés, qu'il fallait tout revoir des systèmes de recrutement comme des méthodes de travail de ces députés. Le vrai scandale, ici, ce n'était pas tant ce que n'avait pas fait Pénélope FILLON que tout ce qu'elle et ses pareilles étaient censées faire-et-défaire en douce entre deux élections !?!

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