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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (30/09/2003)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Comment définir la culture ?

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Nous sommes partis du constat que le mot « culture » était galvaudé, recouvrait à la fois des notions confuses et multiples. En même temps le sentiment que ce concept exprimait quelque chose de vital pour nous nous a conduits à préciser ce que nous entendions exactement par « culture ».

Pour certains, la culture c’est (ou ça devrait être) d’abord un patrimoine, un bien commun sur lequel chaque citoyen peut s’appuyer, un « socle » ferme et rassurant dont nous avons hérité des siècles passés. Même si tout le monde ne connaît pas Molière par cœur, tout français moyen en a un vague souvenir pour l’avoir étudié en classe. Cette définition se rapproche de la notion de « culture générale », qui est l’ensemble plus ou moins étendu des connaissances que nous avons retenues de notre cursus scolaire.

Pour d’autres, la culture est l’ensemble des usages qui nous a façonnés à notre insu et nous permettent de vivre ensemble. Ces usages comprennent nos habitudes de vie, mais aussi notre langage, notre morale, notre façon de penser, nos représentations symboliques… Bref, en ce sens la culture se rapproche de « civilisation ».

Que ce soit en tant que patrimoine ou en tant que civilisation, l’idée de culture est étroitement dépendante de la notion d’Histoire : on définit une culture par rapport à un Temps et un Espace donnés. La culture de l’Angleterre Elisbéthaine est différente de celle de l’Angleterre actuelle, même si celle-là a laissé des traces sur celle-ci. On s’aperçoit aussi, avec le recul, que le temps qui passe opère un tri entre les éléments culturels destinés à perdurer ou condamnés à disparaître, ce tri étant aléatoire ou fonction de leur valeur : pourquoi se souvient-on plus aujourd’hui de Pierre Corneille que de Thomas, plus célèbre que son frère à l’époque ? Se souviendra-t-on dans cent ans de Loft Story ? Certaines innovations culturelles peuvent aussi faire peur au moment de leur naissance (comme le jazz) et entrer dans les mœurs quelques décennies plus tard. La notion de culture est donc liée au regard distancié qu’une société porte sur son propre passé.

Certains participants font remarquer que notre culture actuelle est faite d’un enchevêtrement d’influences, traces de notre Histoire qui s’ajoutent à la pluralité des modes de vie des différentes composantes de notre société : il y a la culture punk, la culture ouvrière (qui tend à disparaître), la culture paysanne etc… Nous sommes tous d’accord pour considérer qu’il n’y a pas de sous-culture. Cependant quelqu’un souligne le danger de ghettoïsation qui guette certaines catégories sociologiques : les jeunes, notamment, ont tendance à s’enfermer (ou on les enferme) dans une culture qui les coupe d’autre chose, qui les empêche d’aller voir ailleurs.

Cette pluralité d’influences a le mérite d’offrir à chacun la liberté de construire sa propre identité culturelle : il y a la culture dont on hérite du fait de notre éducation, et la culture vivante, celle qui se constitue sous nos yeux, dans laquelle chacun peut s’insérer et devenir créateur : peut-être l’un d’entre nous est-il en train d’écrire un livre qui fera date ?... Dans cette double composante, à la fois statique et dynamique de la culture, certains ont tendance à fétichiser le patrimoine comme quelque chose de rassurant, au mépris de la culture vivante, plus inquiétante parce qu’à inventer. C’est l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes…

Enfin nous nous sommes interrogés sur les rapports de la liberté et de la culture. Le savoir est souvent l’enjeu de combats politiques et religieux (cf l’histoire de la science). L’idéologie dominante d’une société utilise la culture comme moyen de propagande ou de répression. Face à elle des mouvements marginaux se développent véhiculant d’autres valeurs, plus subversives. Certaines cultures sont absolutistes : nazisme, islamisme…Mais doit-on parler de culture ou simplement d’idéologie ?

Aujourd’hui dans notre société, sous l’influence de la mondialisation et des chaînes satellites les repères culturels ont tendance à éclater, les différences entre les peuples s’atténuent. Certains redoutent une uniformisation et voudraient protéger le paysan auvergnat comme espèce en voie de disparition ; d’autres se réjouissent de ce brassage comme d’une nouvelle richesse et saluent l’avènement d’une culture mondiale.

Quoi qu’il en soit tout le monde est d’accord pour affirmer qu’il n’y a pas de culture sans ouverture sur les autres, sans élévation de l’âme. La culture est ce qui nous distingue des animaux, et donc en tant que telle à protéger, dynamiser, vivifier comme quelque chose de précieux.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du mardi 28/10/2003

- Sommes-nous manipulés ?
- L’euthanasie : faut-il légiférer ? thème retenu
- Quelles incidences le capitalisme a-t-il sur nos existences ?
- Comment financer la solidarité ?
- Qui sont nos moutons noirs ?

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