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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Blaise Hersent-LechatreuxCafé Citoyen de Caen (01/03/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Peut-on gouverner sans mentir ?

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Le mensonge semble intimement lié à l'art du politicien. De moins en moins accepté, il contribue grandement à l'actuel discrédit dont sont victimes les gouvernants. Une partie des interventions a porté sur la description des différents types de mensonges rencontrés et leur évolution au cours des cinquante dernières années. Le sentiment général est qu'il y a globalement moins de mensonges, moins d'affaires, mais que leur retentissement est démultiplié par le phénomène médiatique, ce qui provoque une impression plus grande de mensonge. La responsabilité de la presse a d'ailleurs été fortement soulignée. Tout d'abord, les médias sont à l'affût des petites phrases, des paroles chocs, des raccourcis qui ne relèvent pas toujours du souci de vérité. Ensuite, l'information est tellement abondante que les moyens de vérification ne sont pas suffisants, ce qui pose la question du véritable contre-pouvoir dont sont investis les journalistes. Enfin, en décidant de cacher certains événements par d'autres, ils participent au mensonge par omission.

D'autres formes de mensonges ont été évoquées. Citons le mensonge par incompétence (dire une chose fausse en toute bonne foi), et le mensonge politicien, plus inquiétant car intimement lié à la formule démocratique : être élu, c'est séduire, et donc être quelquefois obligé de dissimuler des résultats désavantageux. Il fut d'ailleurs noté que les mensonges augmentaient en période électorale (mensonge envers l'adversaire, mensonge sur ses propres résultats, promesses que l'on ne tiendra pas).

Certaines interventions ont ensuite souligné l'ambiguïté de la phobie collective du mensonge, qui peut amener les pires drames, au nom de la vérité. Par ailleurs, le mensonge est quelquefois inévitable. Telle la simplification explicative qui trahit la vérité, ou bien l'interprétation et l'utilisation des chiffres pour servir une argumentation, provoquer un état d'esprit ou de confiance nécessaires. Le médecin quelquefois ment au patient, pour l'aider à lutter contre sa maladie. Et nous-mêmes, ne mentons-nous jamais ? Comment demander à des élus des comportements que nous ne pouvons assurer pour nous-mêmes ? Et serions-nous prêts à entendre toutes les vérités ? D'ailleurs, si les politiciens mentent, c'est parce que les électeurs ont peu de mémoire, et acceptent finalement ces mensonges. Comme cela a été déjà dit ici, on n'a que les politiques que l'on mérite.

L'assemblée s'est accordée à reconnaître que ceux-ci sont au départ sincères, mais que leur détermination se dissout dans le sapropèle mensonger. Leur volonté s'use à force de concessions accordées aux structures, et aux groupes de pression, à commencer par les partis, où l'on est forcé de se mentir à soi-même pour se conformer aux idées du groupe. Ensuite, le pouvoir, parce qu'il est la traduction en actes d'idées ou même d'idéaux, est forcément générateur de mensonges. L'histoire a souvent donné tort à des idées politiques qui revendiquaient, éventuellement de bonne foi, de bons résultats, ce qui s'est avéré mensonger. "L'idéal n'est-il pas en soi un mensonge ?" a fait remarquer un intervenant.

Finalement, on peut retenir de ce débat que la responsabilité des politiciens concernant leurs mensonges a été plutôt minimisée, et que force était de reconnaître que les responsabilités étaient partagées par les médias et les citoyens, mais aussi par les structures. Plus encore, le mensonge semble être un épiphénomène du fonctionnement démocratique, car en l'absence de mandat impératif, on assiste à une course aux promesses (qui lorsqu'elles ne sont pas tenues, deviennent une forme de mensonge). Il ne faut pas s'étonner que le jeu de séduction électorale n'offre quelquefois à celui qui veut être élu d'autre choix que de mentir.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du 11 mars 2000 :
- Diplomatie signifie-t-il courtoisie ou hypocrisie ? 2 voix
- Le droit d'ingérence. 4 voix
- La cohabitation est-elle une bonne chose ? 3 voix
- Liberté et égalité sont-elles deux notions incompatibles ? 10 voix

Interventions

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