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Compte-rendu synthétique par Charlène LE NUÉCafé Citoyen de Paris (19/05/2010)

Animateur du débat : Thomas BRUN

» Politique et Société

Comment intégrer les valides dans une société d'handicapés ?

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Compte-rendu du café citoyen du 19 mai 2010 : "Comment intégrer les valides dans une société d'handicapés ?"

Le débat commence par le constat suivant : 9 millions de personnes en France se considèrent comme handicapé à un titre ou un autre. Les 2/3 de ces personnes vivent en île de France, soit environ 6 millions de personnes Selon l’INSEE (enquête 98-99), 40,4% de la population déclare être affecté d’une déficience. Pourtant, selon les participants, les gens ne savent pas aider les handicapés, et notamment les non-voyants.

L’assemblée s’interroge alors sur ce qui permet de caractériser une personne comme étant handicapée. Le handicap apparaît comme étant un écart par rapport à la norme. Mais qu’est-ce qui définit la norme ? Comment peut-on affirmer que quelqu’un est valide ou non ? La majorité s’accorde à dire que la norme est édictée ou tacite mais que la majorité des gens la suive et qu’elle conduit finalement à segmenter la société.

L’un des participants affirme qu’il y a des années les handicapés étaient intégrés à la société avec leurs possibilités, chacun étant conscient des possibilités des uns et des autres. Aujourd’hui, chacun est catégorisé et ainsi placé dans une structure donnée, ce qui organise finalement la disparition des handicapés de notre société ou du moins, de leur visibilité.

La discussion se poursuit ensuite sur le terme même d’ « handicap », relayé massivement, notamment par les textes de loi. Selon l’un des participants, cette terminologie est ségrégationniste et focalise l’attention sur une différence qui ne devrait finalement par être considérée en tant que telle. Les déficiences, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, font partie de la vie et chacun de nous pourrait être amené un jour ou l’autre à être handicapé. Par le terme même d’ « handicapé », une distinction est instaurée entre les « handicapés » et les « autres » et nous mettons de côté la personne et son identité. Le découpage méticuleux des choses et des personnes fait perdre le sens de la vie en commun et altère le rapport à l’autre. L’assemblée insiste sur la nécessité de se penser autrement, de cesser de se penser en catégories pour se penser tout simplement en tant qu’humain.

L’assemblée présente s’accorde à dire que la vision du handicap que nous avons en Occident est liée notamment à la culture de l’image et du paraître. On nous montre sans cesse des corps et même des paysages parfaits, retouchés. En truquant les images, on truque finalement notre perception de la vie. Selon les participants, cette culture de l’image et du paraître rejoint la notion de norme à laquelle on nous soumet pour encourager la consommation. Je consomme pour être conforme, pour exister. Les images véhiculent des normes pour nous inciter à consommer, consommer pour paraître, consommer pour être. En achetant tel ou tel produit, je suis un homme viril, responsable, etc. En incitant la société à vouloir toujours se référer à une norme, on essaye de bannir ce qui fait l’essence même de l’humanité : la différence. La différence est l’essence même de l’humanité mais elle est aussi une source d’enrichissement incommensurable pour chacun.

L’un des participants insiste ensuite sur la nécessaire prise de conscience du fait, qu’à court terme, la majorité des personnes vivant en Ile de France seront handicapés, si l’on se réfère aux évolutions démographiques. Il est donc impératif d’agir et se mettre « au service » des handicapés. Une participante non-voyante intervient alors pour préciser qu’elle n’a pas forcément besoin qu’on lui rende service et qu’elle peut, elle aussi, rendre service à quelqu’un.

La majorité des participants se prononce en faveur d’une évolution du système éducatif afin que nos enfants apprennent le « vivre ensemble » dès la plus tendre enfance. Changer la perception de la différence dès le début même de la vie. Si nous étions habitués à la différence dès l’enfance, les lois ne seraient pas nécessaires pour assurer l’aide aux handicapés.

Le débat se termine sur la nécessité de repenser les personnes en tant que telles et non en tant que catégories, les handicapés souhaitant, selon l’assemblée, être considérés pour ce qu’ils sont dans leur totalité et non en focalisant l’attention sur l’une de leur caractéristique visible. Repenser notre conception même de la personne et adapter notre environnement à une société qui comptera bientôt plus d’handicapés que de valides.

Interventions

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joublin bernard

jeudi 08 avril 2010 07:06:58 +00:00

hors définition. Handicap lié à évaluations (du monde médical, paramédical, assurances, employeurs...), donc à normes. Devient alors pb culturel, social et économique. Hommes traités comme des choses.La médiatisation ne fait que renforcer ce biais.
cordialement à bientôt
bernard J

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FVZ

mardi 11 mai 2010 01:23:17 +00:00

@Bernars : la problématique est plutôt, dans un monde ou plus de la moitié des gens se sentent handicapés,d'une manière ou une autren quelle place est celle des "valides", minoritaires ?

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laurent

dimanche 16 mai 2010 14:54:36 +00:00

provoc', le sujet, mais utile à la réflexion. dans une société de plus en plus sectorisée, catégorisée, normée, et surtout du point de vue économique, chaque volonté propre n'est-elle pas un peu handicapée, prisonnière, dépourvue de sa propre autonomie ?

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