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Compte-rendu analytique par Charlène LE NUÉCafé Citoyen de Gournay-sur-Marne (13/04/2011)

Animateur du débat : Charlène LE NUÉ

» Économie

La décroissance est-elle envisageable?

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« La décroissance est-elle envisageable ? «

La personne ayant proposé le thème du débat lors du café citoyen précédent l’introduit en affirmant que la croissance est le mot d’ordre de la plupart des gouvernements. Elle véhicule une connotation positive comme d’autres termes tels que développement etc. face à d’autres mots à la connotation péjorative tels que pays sous-développés, etc. Elle présupposée comme étant positive et indispensable au développement d’un pays. La non-croissance, voire la décroissance, sont quant à elle qualifiées d’alternatives mortifères dans certains et, de par ce présupposé, ne sont même pas envisagées. Or, alors qu’on sent poindre la fin des ressources de la Terre et de sa capacité de résilience, et qu’on ne peut guère plus envisager de croissance infinie dans un monde aux ressources finies, n’est-il pas temps d’envisager la décroissance, de se demander s’il existe une autre alternative à ce modèle qu’on a tant de mal à remettre en cause ?

- Réfléchir sur la décroissance est essentiel, ce ne sera pas pour maintenant. Comme je vous le disais tout à l’heure, il faut une préparation, une maturation et comme on nous a dressé pendant tant d’années à la croissance et à la consommation ce sera très difficile. C’est probablement une issue à laquelle il faut songer très sérieusement car on va dans le mur sur le plan économique et sur bien d’autres plans. Ce sera le fruit d’une lente maturation car cet élan de croissance est non seulement vécu mais également voulu et c’est dur de se battre contre la tendance, la mode, etc. primo et secundo car le travail a été tellement bien fait durant des dizaines d’années que revenir en arrière c’est comme une locomotive qu’il faut arrêter, faut mettre les moteurs à l’envers, c’est extrêmement difficile, mais déjà de pouvoir se réunir, en parler, de voir de plus en plus de gens qui font le choix de vivre dans la décroissance, c’est encourageant. Il se passe tellement de choses, les prémices sont lancées, phases d’étude, d’expérimentation de la décroissance. Est-ce la seule issue ? Je ne sais pas. En tous cas, c’est une issue intéressante qui mérite d’être étudiée et qu’on en parle ensemble.
- Moi je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il faut lancer la décroissance mais j’éprouve une certaine crainte par rapport aux femmes, peur d’un retour en arrière, que les acquis soient remis en question, laver les couches des bébés, etc. Peut-être des sacrifices à faire ? Si ça nous empêche d’avoir une vie active, c’est grave.
- Notre débat tombe en même temps que la déclaration de Nicolas Hulot… Il faut une alternative à la croissance, tout va super vite, on a l’impression d’être dans un système sans fin, sans fond.
- Reportage sur décroissants : courageux, ils sortent du système et sont en autocratie (autarcie ?) et ça fait peur. Y penser c’est une première étape, après jusqu’où peut-on aller ?
- Moi j’ai l’impression que la décroissance est une notion occidentale. Je ne suis pas sûr qu’en Chine la décroissance soit un concept qui leur parle parce qu’ils ont l’impression d’atteindre un niveau économique qui va enfin permettre à la population pauvre d’avoir accès à certaines choses… Terme un peu provocateur mais justifié en occident. Terme provocateur qui évoque la répartition des richesses. Les pays émergents veulent devenir aussi forts que nous. La décroissance concerne ni plus ni moins que la répartition des richesses. Pays émergents qui deviennent aussi forts politiquement et économiquement.
- Il sera très difficile de faire admettre à des gens qui ont accès au confort qu’on leur a vendu d’y renoncer. On leur a vendu des notions piégantes : confort par rapport à la consommation, industries derrières. En parler pour éveiller les consciences. C’est un débat presque philosophique. Tous les mouvements importants dans l’humanité sont passés par des approches philosophiques. Il est important d’en parler ensemble.
- Ne pensez-vous pas qu’une certaine décroissance est déjà en route ? Parce que c’est devenu cher mais pas seulement ! On est aussi conscient qu’il ne faut pas acheter de denrées qui viennent de trop loin.
- Les jeunes sont très sensibles à la place de l’environnement de leurs vies
- Les gouvernements ne parlent toujours que de croissance.
- Faut-il de la croissance ? Je pense que oui. Dans l’histoire de l’humanité, est-ce la première fois qu’on parle de ce concept là ?
- Chez les Grecs, prise de conscience de la place de la nature, les rapports de l’homme et de la nature étaient déjà extrêmement prégnants, ils se posaient déjà des questions. Ils n’avaient pas atteint le confort qu’on a aujourd’hui, on ne peut pas comparer. A tout moment, des gens se sont posé des questions, les premiers instruments posent toujours des questions. Qu’est-ce que ça va nous amener ? Aujourd’hui c’est tellement important, vital de se poser des questions.
- Des milliards d’individus ont des besoins non satisfaits aujourd’hui. Parler de décroissance c’est un problème de riche. Il faut produire pour satisfaire les besoins des plus pauvres. Mais la vraie question c’est « « comment on produit, qu’est-ce qu’on produit, pour qui on produit ? Plutôt que de parler de la décroissance qui concerne un nombre infime d’individus. Le terme a la vertu de faire réfléchir et d’être provocant, mais il n’est pas sûr qu’il soit pertinent. Se poser la question de l’obsolescence programmée. Comment produire plus écologique, plus respectueux de la nature ? Problème de tous ceux qui n’ont pas accès au minimum vital. A-t-on les moyens de produire pour tout le monde sans faire exploser les matières premières ? La nature est finie, ce qu’on connaît est fini, mais il n’est pas impossible que demain on se retrouve devant des énergies qu’on ne connaît pas aujourd’hui. La croissance a du bon : moi j’aime bien mon ordinateur, mon téléphone portable, ma voiture. Ce n’est pas essentiel bien sûr mais c’est un mode de vie intéressant, enrichissant je veux bien me sacrifier pour d’autre mais ne suis pas prêt à tout abandonner comme ça.
- Vous parlez de progrès. Moi j’assimile la croissance au progrès. Est-ce qu’une fois dans l’histoire l’homme est allé contre le progrès ? Le progrès chez l’homme est quelque chose de naturel. A partir du moment où on assimile la croissance au progrès, la décroissance sera pour moi quelque chose d’irréalisable. Exemples de décroissance dans l’histoire ?
- Pendant les périodes de guerre car c’est obligatoire, sinon l’homme est poussé naturellement à toujours améliorer sa condition, améliorer ses connaissances, toujours aller vers l’avant, c’est évident.
- Vous parlez des périodes de guerre. L’homme a été contraint, maintenant si on veut dire « c’est le moment pour la décroissance », la seule solution, c’est de contraindre, de passer par la dictature. Je ne sais pas si ya une autre solution.
- Ca fait peur.
- Moi j’ai l’impression qu’on assimile décroissance à retour en arrière. Je pense que la décroissance peut être aussi un progrès. Ce qui nous réunit c’est vivre mieux, dans un monde plus juste, pour nos enfants et pour l’avenir, c’est bien un progrès finalement vu qu’on constate que là on atteint une limite et que si on ne fait rien… on risque gros. Donc moi je pense que la décroissance c’est vraiment la répartition des richesses qu’il faut travailler plutôt que d’être dans des logiques de concurrence entre pays, voire entre nous-mêmes de manière constante, peut-être que l’économie, c'est-à-dire, la base de nos échanges, car il n’y a pas que la parole qu’on échange, l’argent a son importance et c’est un outil, le problème c’est qu’on en a fait un but alors que c’est simplement un moyen. Dès qu’on sortira un peu de cette idée matérialiste, le progrès passera par une spiritualité et un désir de solidarité qui sera manifeste et ça je pense que ce sera un vrai progrès. Et ce n’est pas d’une solidarité locale dont on a besoin aujourd’hui mais d’une solidarité internationale. Les riches qui concentrent les richesses, c’est contre ça qu’il faut s’élever, cette nouvelle répartition est nécessaire et je pense qu’il faut que ça passe nécessairement par un certain type de décroissance. Peut-être dégonfler aussi la bulle financière.
- Cela dit j’ai l’impression qu’il y a des tas de choses dont on n’est pas au courant, j’ai l’impression qu’il y a des choses obscures dans les strates des sphères du pouvoir qu’on est loin d’imaginer. Ce qui fait qu’en ce qui me concerne, j’ai toujours l’impression que les débats qui sont pourtant utiles car ça permet de s’exprimer, tout est tellement caché que bon on dégonfle un peu la baudruche mais on ne pourra pas faire grand-chose. Ya des moments je me sens tellement désespérée de l’évolution de la société, je me dis qu’on est tellement manipulé, ça me paraît insurmontable pour l’homme intelligent. La manipulation est colossale, colossale !
- Moi pour en revenir sur la décroissance, je voudrais parler de quelque chose que j’ai entendu : « c’est un problème de riche ». Deux façons d’être décroissant : car on estime que c’est bien, pour nos enfants, pour la planète, etc. c’est compliqué car les gens sont attachés à leur consumérisme. Si je prends mon expérience personnelle ou ceux d’amis qui connaissent une diminution de revenus, on est finalement sur la pente décroissance et en fait ça va aussi, je peux me passer de tous un tas de choses. L’aurais-je fait moi-même si j’avais gardé le même niveau de vie ? Non. De toutes façons le système est en train de se bouffer lui-même, il rejette de plus en plus de gens, le système va vers la décroissance naturellement et est emmerdé car ne sait pas comment s’en sortir – « pas pour tout le monde » - mais on attendant plein de petits gens qui consomment un peu c’est quand même beaucoup, je ne suis pas d’accord avec vous, je pense qu’on va y aller obligatoirement, ce serait mieux bien sûr si les gens en prenaient conscience d’eux-mêmes mais l’important c’est quand même le résultat.
- C’est un peu comme la maladie, quand on est très malade, on se rend compte de l’importance de la vie, de l’amour des autres, etc. Comme quoi on a un peu oublié, on est tellement absorbé qu’on oublie. La société c’est pareil, elle est très malade, la société occidentale donc elle a perdu pieds un petit peu, elle a perdu la réalité des choses.
- Elle est malade mais pas pour tout le monde
- Oui bien sûr mais n’empêche que le sentiment général c’est quand même le mal-être.
- Vous savez j’écoute tous les jours France inter où on appelle plein d’associations et je suis éberluée de toutes les associations qui se montent pour aider les gens. Tous les jours 4/5. Il y a beaucoup plus de solidarité en France qu’on ne peut le dire.
- Moi je ne pense pas que la décroissance puisse venir d’une solution internationale, même nationale. Elle ne fait partie d’aucun programme politique mais plutôt d’associations. Ca restera local, isolé pour commencer et peut-être même pour finir. Je ne vois pas comment ça peut monter et comment parvenir à une volonté politique.
- La volonté politique tu ne l’auras peut-être pas mais à un moment donné, les politiques seront obligés de suivre, surtout dans les sociétés démocratiques, s’ils voient que ça prend de l’ampleur et que ça leur apporte des votes. C ‘est toujours le plus grand nombre qui fait bouger les choses. Les plus riches sont en minorité. Dès que les choses bougent, ce n’est pas seulement quand on est dans la merde, c’est quand on commence à toucher aux classes moyennes. Moi je suis optimiste, je pense que ça va aller de plus en plus mal et que donc ce n’est que comme ça que ça pourra bouger.
- Souvent aussi on associe de manière systématique décroissance et écologie, or je ne crois pas que l’écologie soit le problème fondamental. C’est d’abord un problème moral et éthique. Avant tout ces problèmes moraux et éthiques, ce sont dans les associations qu’on fait bouger les choses, les asso ne sont pas que des lieux de discussion mais aussi des lieux d’expérimentation. Ya des expérimentations de partout qui montrent comment une troisième voie pourrait fonctionner.
- Je pense que si on parle que matériellement parlant et pas spirituellement, on est foutus, il faut intellectualiser les choses, sinon on est foutus, on va être dans l’instant. Il faut absolument penser à tout ça, c’est une réflexion, c’est nécessaire.
- Je trouve que c’est contradictoire avec ce qu’on disait au départ, c’était une idée de riche. Or ça va être subi.
- Si on vend aux politiques que la décroissance serait un bon truc, si le peuple milite lui-même pour s’appauvrir, ça arrange les politiques. Je trouve que ce serait une idée formidable si les politiques avaient cette idée là. (Plaisanterie). On ne peut pas augmenter les salaires. Plus besoin d’augmenter les salaires. La décroissance serait un bon truc. Il ne faut pas se faire piéger nous-mêmes.
- Termes génériques, on parle de croissance et de décroissance. C’est d’un problème économique dont il s’agit tout simplement. Les sociétés actuelles ont été développées essentiellement par le matériel, par une croissance exclusivement économique. On parle de décroissance uniquement économique. Sinon la croissance peut exister je ne vois pas le problème. La croissance n’est pas seulement économique, elle est aussi culturelle, sociale, etc.
- A-t-on besoin de tout ça ? De tout ce qu’on a pour être heureux ? Les gens sont-ils heureux ? Plus ils ont matériellement et moins ils sont heureux. C’est qu’il ya un problème. On se poserait aussi cette question ce serait intéressant. Est-on heureux car on a de plus en plus de ci de ça ? Est-ce ça le bonheur ? On est dans une société très matérialiste.
- La décroissance est un terme négatif.
- Le terme n’est pas bon car il est négatif alors qu’en découlerait une évolution positive de la société.
- Les gens qui on moins de revenus et qui ont adapté leur vie en conséquence ne sont pas plus malheureux. On peut vivre sans téléphone portable mais c’est bien pratique aussi. Quand on parle de la décroissance, du moins la manière dont en parlent les médias, ça fait peur.
- Jusqu’où devenons-nous aller dans la décroissance ? Les choses qu’on est prêt à abandonner nous qui sera prêt à les abandonner aussi ? La décroissance est-ce aussi abandonner les progrès dans la santé, dans les sciences ?
- La croissance aujourd’hui est-elle synonyme d’amélioration de nos conditions de vie ? La santé est négligée en France.
- Lors qu’on est dans une période de croissance, l’homme s’enrichit aussi à un niveau intellectuel. On passe plus de temps à penser, à réfléchir, à vivre qu’il y a 100 ans.
- Qu’est-ce que ça devait être ?
- En parlant des enfants, le salut peut venir d’eux. Ils surconsomment mais ont une prise de conscience de l’environnement et vivent dans une période de crise.
- Je ne pense pas qu’ils soient prêts à abandonner leur confort les jeunes.
- Je pense qu’ils peuvent changer.
- Nous les jeunes, on a connu l’opulence, on n’a pas connu la rareté, on n’a pas le réflexe de vouloir garder, accumuler. La nouvelle génération pourra peut être davantage se détacher du matériel. En ayant grandi dans l’opulence, on est peut être capable de consommer moins.
- Les pays en voie de développement nous ont observé en disant « la chance », il va être compliqué de leur dire de ne pas consommer comme nous car c’est mauvais pour la planète. Peut-être seront-ils plus intelligents que nous…
- Et la sémantique derrière tout ça ? croissance, développement, pays pauvres, sous-développés. Connotations positives ou négatives derrière. On nous a manipulés linguistiquement parlant.
- J’ai l’impression aussi que la première chose c’est qu’on n’a pas à culpabiliser de vivre confortablement, de pouvoir éduquer nos enfants, etc. il faut souhaiter ça pour tout le monde. Le problème c’est que tout le monde n’y a pas accès, ça, ça me pose problème. En Occident, ya quelque chose qui nous a été à tous enlevé, c’est le désir. Plus de désirs propres, nos désirs sont manipulés par la télévision, la publicité, etc., on est sans cesse sollicité de sorte que la liberté dont vous parliez, on a de plus en plus de mal à la vivre intimement, on est sans arrête fagocités par des informations qui ne servent à rien et qui nous prennent une part de notre cerveau, de notre imagination et donc de notre désir. Même quand on parle des pays émergents on a l’impression que ce qui fait leur force aujourd’hui c’est la volonté de rattraper le niveau de croissance des occidentaux en disant on va leur faire la nique. De la même manière, « achetez français ». Qu’est-ce qu’on en a à faire si l’objet est bon ? L’important c’est notre désir de vivre dans un confort suffisant pour que tout le monde vive heureux et en harmonie. Chacun peut le vivre de manière individuelle or on a l’impression qu’il faut toujours être dans le cadre, même nos désirs sont fagocités par tous ces médias.
- « La fin de la croissance, c’est privé les pays en voie de développement d’accéder à un certain confort, etc » qu’est-ce qui serait envisageable pour être sur la pente décroissante tout en assurant la satisfaction des besoins primaires et un certain confort aux pays en voie de développement?
- Si nous on est sur la pente de la décroissance, cela ne va pas impacter les pays en voie de développement. Au niveau local, pas de problèmes pour les autres pays. Les pays émergents vont continuer à croître et pouvoir tirer des leçons de nos expériences à nous.
- Moi j’ai pas l’impression qu’on m’enlève la liberté de mon désir, je n’ai pas l’impression d’écouter ce qu’on me placarde hein.
- Si vous y arrivez super.
- A-t-on besoin de produire autant de biens de consommation ? On est en situation de surproduction où pour écouler la production, on nous balance de la publicité, du marketing, etc. situation où il faut toujours consommer. A-t-on besoin d’être à un tel niveau de production en France ? Alors qu’on jette 40% de la production alimentaire qu’on produit, qu’on a produit de surcroît avec des engrais, des pesticides, pour augmenter toujours la productivité.
- Regardez les types de manipulation qu’ils nous ont mis en place pour la grippe A.
- Mais on avait la liberté de se faire vacciner ou pas.
- Mais ya des gens qui ne l’ont pas car ils subissent l’information et n’ont pas l’esprit critique nécessaire.
- Il faut éduquer à l’esprit critique. Cheminement colossal pour être un peu libre, il faut faire un effort terrible. Réfléchir à l’information qu’on te donne, te demander si elle est valable, effort colossal. Attaque permanente contre la liberté individuelle.
- Excès d’information. Les jeunes n’ont pas le temps de prendre du recul. Dès qu’ils lisent une information, yen a une autre qui arrive voire 4 ou 5 à la fois. Effectivement, c’est le rôle des parents d’éduquer à ça. Par rapport la pub, le marketing est né au moment où l’offre est devenue supérieure à la demande. Aujourd’hui pas d’inversion du cycle, on est toujours sur ce schéma là.
- Les jeunes surconsomment et en même temps les jeunes sont les plus touchés par la précarité. Comment on associe ça ?
- Démerde, parents.
- Décroissance dans les domaines de l’éducation et de la santé. L’éducation ça va de plus en plus mal, de plus en plus de difficultés. On nous fait acheter des voitures, on pourrait les louer. Autolib comme Vélib. Ca ce n’est pas forcément de la décroissance mais un mode en adéquation avec les besoins. Ce ne serait pas le même type de croissance qu’aujourd’hui. Pression de la société : à chaque besoin doit correspondre un produit. Il faut penser plus collectif. Quelle est la nature du produit dont on a réellement besoin ? Les citoyens ne sont pas impliqués dans ces questions, ils ne votent jamais là-dessus.
- J’ai remarqué que les gens qui ont le courage de s’installer dans la décroissance ont une démarche très forte, très volontaire, ils s’impliquent énormément, ce qui me frappe chez ces gens-là c’est qu’il y a une réflexion extrêmement riche derrière. Nous là nous sommes dans la matière, nous sommes toujours dans le produit et la matière. Ces gens là ne se contentent pas de la matière, il y a une idée derrière, être plus près de la nature, plus près d’une certaine vérité. Ils se posent des questions sur le sens de la vie, la place de l’homme dans le monde et la société, c’est drôlement profond comme démarche. Nous finalement là pour l’instant on débat uniquement sur l’aspect matière, produit, consommation, c’est très limité en fait. Le mouvement décroissant est beaucoup large que ça, est beaucoup plus intéressant que ça à mon avis, peut-être qu’on pourrait aborder cet aspect, car la nature, l’environnement, la vie, le contact avec la nature tout ça est capital chez eux. Ils en ont marre de cette société. Des gens aisés aussi font ce choix, ils sont dégoûtés car d’après eux la vie n’a plus de sens, on s’est éloigné de la nature, on s’est éloigné des vérités, des choses essentielles, donc il ne suffit pas de répartir les richesses, je conçois bien que ce soit capital mais ça ne suffira pas, car le fond du problème n’est pas que là à mon avis, mais je me trompe peut-être.
- Je voudrais évoquer une notion à la mode : le développement durable. Son principe outre l’écologie, c’est remettre l’homme au centre du système. La notion d’Homme doit gagner du terrain dans l’organisation du système.
- Le mouvement dont tu viens de parler ça me fait penser aux hippies
- Ce n’est pas du tout le même débat. L’amour, le snif, on se foutait de tout. Le plaisir avant tout, c’était un mouvement égoïste. Les décroissants se posent des questions sur la société. Ce n’est pas mon plaisir.
- Il y a une différence entre la décroissance choisie et la décroissance subie. La décroissance est un phénomène de mode. Les gens qui font ce choix ont les moyens de le faire.
- Sur quel plan on se place ? Là, on mélange. La décroissance subie c’est de la misère. La décroissance est un choix de société.
- Le préfixe « dé- » veut dire ce qu’il veut dire, c’est l’inversion d’une tendance.
- La décroissance ce sont des gens qui le désirent, qui choisissent de vivre comme ça.
- Je pense réellement que le terme décroissance a été choisi à dessein pour provoquer des réactions. Ce dont on parle là c’est comment comprendre la décroissance. On va se dire ya des croissances négatives à stopper et des croissances positives qu’il faut continuer à développer. La décroissance n’est pas une régression.
- C’est remettre la nature au centre du système. L’homme est déjà au centre du système. Mais l’homme fait partie intégrante de la nature, c’est une question de survie pour l’humanité.
- On fait des villes les plus concentrées possibles : le plus facile en termes énergétiques. Au nom de la recherche de la décroissance, on est en train de construire des villes concentrées sans consulter les citoyens. J’écoutais Paul Ariès : le terme développement durable, l’ensemble des entreprises peuvent le récupérer, on a choisi un terme que personne ne pourrait récupérer. La décroissance est un terme suffisamment provoc pour qu’on ne puisse pas le récupérer.
- Le mouvement de la décroissance que moi je connais dont j’ai entendu parler par Attac etc. correspondait à des gens qui avaient un haut niveau de revenus et qui étaient d’un certain niveau intellectuel mais l’ouvrier de base n’en a rien à secouer. On est tous d’accord pour dire que c’est sûrement bien mais l’important c’est que le plus de personnes y aillent. La décroissance subie sera importante et pourra faire basculer les choses.
- Voici donc ce qui lierait la décroissance choisie et la décroissance subie : il y a des gens qui ont pensé la décroissance d’un point de vue philosophie et d’autres qui la subissent. A la rencontre des deux, ils risquent de se passer quelques chose car quand c’est subi faut trouver d’autres moyens d’existence et de subsistance.
- Ca ne peut bouger qu’à partir du moment où les gens ne vont pas bien. Si le frigo est plein et que ça va bien, ils ne bougent pas.
- Je pense que les intellectuels qui ont mis sur la table le terme de décroissance ont une conscience populaire et ont débuté une réflexion sur une problématique qui va être celle des prochaines années. Eux en avant-gardistes pour préparer des solutions.
- Surtout des écolos.
- La décroissance paraît un peu austère, un peu janséniste. Il sera difficile de faire venir des gens à ça.
- Le naturisme la solution lol ? Pas de problème de décroissance.
- La manie de consommer d’après ces gens là est pathétique.
- La révolution arabe est venue car le frigo était vide. Là la décroissance c’est parce que les frigos sont plein. Quand on parle d’austérité par rapport à cette démarche là, le bonheur passe-t-il par le matériel ? Par cette philosophie là ?
- Ya des gens pour qui consommer et posséder procure un certain bonheur.
- Je suis persuadé que ce dont on parle ça va arriver mais il nous faut un peu de patience. On ne peut pas en vouloir aux jeunes de vouloir tout acheter. On se pose ce genre de questions de plus en plus jeunes.
- La consommation est censée satisfaire nos désirs. Mais nos désirs nous sont enlevés, ils sont crées indépendamment de nos modes de vie. Nos désirs nous sont greffés. On nous vole notre indépendance d’esprit. Le seul moyen de satisfaire nos désirs c’est d’avoir une voiture aussi grosse que celle du voisin. C’est là-dessus que le système est fondé.
- Toutes les entreprises n’ont jamais dépensé autant d’argent en marketing. Ca fonctionne moins bien et du coup ils surenchérissent.
- Le problème aujourd’hui c’est que si tu veux avoir une place sur le marché, tu dois absolument faire de la publicité. Ca augmente les coûts de production et l’homme devient peanuts, tu délocalises, tu prends des machines.
- La pub n’a jamais coûté aussi cher, ils n’en ont jamais fait autant. Moins de retombées de vente avec autant de pub. Trop de pubs tuent la pub. De plus en plus de gens sont capables de prendre du recul par rapport à la pub même si elle conserve un impact fort.
- Les enfants particulièrement vulnérables à la pub. Nécessité de les sensibiliser.
- Problème de la surproduction plutôt que la pub.
- Derrière la notion de désir, ya la notion de choix. On pense qu’en multipliant l’offre, on facilite le choix, or c’est l’inverse qui se produit.
- Décroissance voulue : impact sur le travail ? Monsanto, ce sont des enfoirés mais ils font travailler des millions de personnes dans le monde.
- En parallèle, il nous faut repenser notre conception du travail. A la base , on travaillait pour dominer la nature, se nourrir, assurer la survie du groupe humain. Or aujourd’hui, finalement la rémunération suite au travail n’est pas indexée en fonction des richesses produites mais en fonction du temps de travail. Or si on l’indexait en fonction des richesses produites, yaurait plus de problème, on pourrait travailler tous moins et gagner du temps. Les gens craignent que l’automatisation des tâches leur vole leur travail, or on pourrait travailler tous moins, en produisant autant de richesses, si ce n’est plus. On devrait tous travailler moins, gagner autant et il n’y aurait plus ce genre de problèmes.
- C’est peut-être utopique ça !
- Ca ce serait très bien mais dans la réalité de tous les jours, si on est décroissant, on perd de l’emploi.
- Il faut repenser la société au niveau global.
- Choisie ou voulue de toutes manières on y va.
- Le reste du temps les gens vivraient, penseraient. Si les gens pensent trop c’est pas bon pour le système. On serait dans une croissance d’autre chose, dans une croissance intellectuelle, sociale.
- Il y 100 ans on travaillait beaucoup plus. Grâce à la croissance, on a une machine à laver etc., on gagne du temps. Mais on était moins dans le matériel, beaucoup plus joyeux. Il n’y avait pas la pilule, ni rien mais on était plus joyeux. Aujourd’hui, pon est matériellement plus heureux.
- Pourquoi la poursuite du bonheur ? Je pense que c’est quelque chose de moderne. Pourquoi courir après le bonheur ? En voulant poursuivre le bonheur, on engendre des frustrations et le malheur.
- Le bonheur est quelque chose d’intime.

Le thème choisi en fin de débat et qui sera traité lors du café citoyen qui aura lieu le 11 mai à 20h est le suivant: "Les nouvelles technologies facilitent-elles la création du lien social?"

Interventions

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huor vimcemt

mardi 10 mai 2011 08:32:31 +00:00

la décroissance ne serait-elle pas une envie génocidaire de faire de la place car pour nombre de politique nous sommes trop nombreux alors une précipitation vers une désindustrialisation sans une recherche pour vivre ensemble plus nombreux encore serait cataclysmique! Je trouve étonnant de parler de décroissance alors que pour moi j'ai l'impression que l'on a fait que çà depuis la fin de la seconde guerre en homogénéisant notre mode de vie vers la pétro-chimie et l'exode rural. Il n'y a pas plusieurs croissance, ou l'inverse aucune décroissance mais il y en a une celle de la nature qui veut coûte que coûte vivre et libérer son énergie toujours croissante mais pour l'humanité il s'agit de recommencer à créer pour équiper la nature et l'homme afin de service la nature et de créer des écosystèmes viables donc de croissance! A l'inverse la décroissance serait de déclarer comme réserve naturelle wwf le peu qui nous reste pour survivre et se développer et donc de continuer à véhiculer des idées de surpopulation, de spéculation, de famine ce qui pour moi est contre nature!

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