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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (04/11/2011)

Animateur du débat : Laurent Watrin

» Économie

Peut-on changer de système économique ?

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Une quinzaine de participants pour ce débat nancéien dans le cadre de la « semaine des cafés citoyens ». Le rendez-vous lorrain ouvrait le bal de l’événement national. Des échanges fructueux, des interrogations, des propositions et, au fond, de l’espoir !

Le premier tour de table permet de dégager une définition commune du « système économique ». Catherine et Philippe évoquent un ensemble de « règles » qui libèrent les échanges de biens et de services dans le cadre d’une certaine « politique ». Mais « c’est d’abord un système marchand » dit Christine, employée dans le domaine de la gestion, participant pour la première fois à un café citoyen.

Nouveau venu, lui aussi, Eric précise qu’on n’a « pas toujours été dans le même système qu’aujourd’hui ». L’économie « laisse plus ou moins de place au public et au privé » selon Christian, et « il faut que le système laisse toujours vivre la minorité ».

Marie-France fait le parallèle entre l’économie et la gestion du budget familial. L’animateur ajoute l’étymologie - l’économie c’est « la gestion de la maison » - et tente une définition synthétique : le système économique est un système d’échanges des productions, tirées des ressources de notre planète, permettant de satisfaire les besoins évolutifs de la société humaine dans le cadre d’une rencontre entre l’offre et la demande. Peut-être y’a-t-il plusieurs systèmes économiques, suggère l’animateur pour clore cette première partie.

Un deuxième tour de table met en lumière les incompréhensions, partagées par la majorité des présents, à propos du système actuel, dans lequel on parle beaucoup de finance et de dette.

Christine avoue, comme d’autres, « ne pas comprendre tout ce qui se passe.» Une majorité de participants a le sentiment que les « politiques eux-mêmes sont dépassés par le système ».

« On est au bord du gouffre », lâche tranquillement Philippe. Mais « quand on veut, on peut… un rééquilibrage est possible ». Ce citoyen « optimiste » croit à une amélioration « à condition de rester dans la démocratie ».

Le mot « équilibre » revient souvent. Pour retrouver cet équilibre, « les citoyens doivent faire davantage de politique, davantage de syndicalisme » préconise Christian, qui se présente comme un chômeur qui préfère les débats comme celui-ci plutôt que le matraquage de la télévision quotidienne. Selon Christian, « le système économique a besoin d’arbitre, et l’arbitre, c’est l’Etat ». Christine n’est pas convaincue car « aujourd’hui, tout est mondialisé… »

A l’invitation de l’animateur du café citoyen, Fadil évoque son secteur d’activité professionnelle : la sous-traitance automobile. Fadil explique la soumission des grands constructeurs aux ordres et aux demandes exorbitantes de rentabilité des actionnaires qui contrôlent les groupes : « Ils dictent leur loi aux entreprises et favorisent les délocalisations ». Malheureusement, souligne Fadil, cette situation touche les PME en cascade. Christian, qui croit aux vertus marxistes, enfonce le clou : « notre système est trop libéral, il a des effets nocifs ».

Philippe estime qu’il « ne faut pas jeter la pierre à l’actionnariat », malgré « les dérives et les abus». Fadil en convient, mais il invite chacun à prendre connaissance des chiffres : « lorsque les entreprises du CAC 40 versent à leurs actionnaires 5 fois plus que ce qu’elles ont reçu de leur part, il y a un gros problème ! ». Philippe tempère une fois encore : « le CAC 40 représente peu dans le marché mondial. Aujourd’hui, c’est l’Asie qui donne le ton… et nos politiques sont trop corrompus » par l’argent de notre système, pense-t-il. Mais son optimisme reprend le dessus : « il y a des entreprises équitables » qui considèrent encore l’actionnariat de manière utile. « Ce sont les gouvernants qui nous ont mis dans ce foutoir », selon Fadil, qui utilise une image enfantine : « nos dirigeants sont comme des gosses qui jouent avec des menottes en plastique : c’est facile de les casser !».

Alors, peut-on réellement changer ce système économique ? Tout le monde semble penser que la tâche n’est pas si aisée. « Avant de trouver les solutions, il faut informer et former les gens », préconise Fadil. L’éducation et les médias sont donc considérés comme prioritaires… Sophie avoue ne pas comprendre le système financier ; elle profite de sa parole pour poser quelques questions sur la monnaie, le crédit, la finance... L’actionnariat d’entreprise et l’actionnariat financier sont distingués : le premier permet, schématiquement, de financer les investissements pour la production, le second sert uniquement les actionnaires et contribue aux bulles de spéculation.

Eric se demande « pourquoi les oligarchies financières parviennent à mettre le monde en coupe réglée » et pourquoi « la taxe sur les transactions financières a du mal à se mettre en place » ? Celle-ci est pourtant une recommandation forte, et très majoritaire, du parlement européen, comme le précise l’animateur.

Pour relancer le débat, l’animateur évoque une réalité alternative : un système d’échanges économiques peut échapper au chaos ambiant grâce à une monnaie parallèle, comme celle qui vient d’être lancée à Saint-Dié-des-Vosges. « C’est comme le SEL (NDR : système d’échange local) » s’exclame Sophie, qui s’exprime, elle aussi, pour la première fois dans un café citoyen. Evidemment, ces systèmes locaux ne règlent pas le problème de l’économie mondialisée…

Le dernier tour d’échanges essaie de répondre à une question simple : le citoyen peut-il agir pour changer le système économique ? Jacques considère que « nous devrions consommer juste ce qu’il nous faut ». Cette responsabilité citoyenne semble embarrasser Christine : « la morale, elle est aussi chez les décideurs du système. On ne peut pas tout demander au citoyen ». Faire pression sur les élus est une piste exprimée par plusieurs participants.

Bernard, qui vient de nous rejoindre, raconte : « je fais partie d’une banque solidaire et j’ai demandé un certain nombre de papiers auxquels j’ai droit. Mais impossible de connaître la rémunération des administrateurs de la banque ! Eh bien, j’ai l’intention d’obtenir la réponse !». Bernard pense que chacun a les moyens de reprendre le contrôle et de ne plus se laisser faire. Le contrôle et la confiance sont les maîtres mots de cette fin de discussion.

Christian croit encore aux partis politiques. Plusieurs préconisent par exemple « le non-cumul des mandats », dit-il, et c’est sans doute une piste qui « permettra de libérer des places » afin que de nouvelles personnes s’investissent.

En résumé, voici les réponses à la question du débat :
- demander des comptes à son banquier
- faire pression sur les politiques
- s’investir dans un parti ou un syndicat
- s’informer sur l’économie

Pour finir, les participants votent le prochain sujet de débat :
- Comment réveiller la conscience citoyenne ? (12 voix sur 15)

RDV est pris le vendredi 2 décembre 2011, à la MJC Pichon de Nancy, 18h30.

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Les autres sujets proposés :
- Droits et devoirs du consommateur ?
- Trop de niveaux de pouvoir en France ?
- Zone euro : quelle solidarité européenne ?
- Comment relancer l’artisanat ?

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