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Compte-rendu synthétique par Charlène LE NUÉCafé Citoyen de Paris (12/07/2010)

Animateur du débat : Victor BRUN

» Environnement

Comment notre environnement contribue t-il à façonner notre santé et notre qualité de vie ? Et comment, en retour, agir sur notre environnement pour obtenir un cadre de vie plus sain ?

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L’APPA (Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique) est une association qui travaille depuis plus de 50 ans sur la pollution atmosphérique en collaboration avec des élus, des acteurs économiques, des industriels, etc. mais également plus largement sur toutes les problématiques liées aux répercussions de l’environnement sur notre santé ainsi que sur les problématiques liées au changement climatique.

Le thème du débat est introduit par Guillaume Vera-Navas, représentant de l’APPA. L’objectif du débat est de tenter de percevoir le ressenti des citoyens quant à l’impact de l’environnement sur notre santé et notre qualité de vie et également d’aboutir à des propositions afin d’agir en faveur d’un environnement plus sain. Hippocrate, déjà, était conscient des relations qui pouvaient exister entre environnement et santé et recommandait un environnement plus sain pour une vie plus saine. Cependant, cette question n’est réellement prise en compte par les Institutions que depuis les années 90’, on pourra citer l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui a réellement commencé à jouer un rôle important à partir de 1995.
Avant de commencer le débat, il convient de repréciser ce que nous entendons par « santé » et « environnement ». La santé ne se limite pas à l’absence de pathologie mais recoupe également la qualité de vie et notamment, l’hygiène, l’alimentation, les pratiques sportives, etc. Il faut également prendre en compte nos inégalités face aux pathologies et la vulnérabilité de certaines catégories spécifiques de personnes. Le concept d’« environnement » quant à lui ne renvoie pas uniquement à la nature mais englobe également tout ce qui nous entoure : notre cadre de vie, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols et notre alimentation notamment.

Le débat commence par une discussion autour de l’utilisation de l’automobile, facteur auquel chacun pense tout naturellement. En effet, l’utilisation de la voiture serait l’un des principaux responsables de la pollution atmosphérique. Même si les règlementations concernant les émissions des gaz des automobiles apparaissent aux participants présents comme étant de plus en plus restrictives, la nuisance est encore bien réelle et l’un des participants affirme même que 30 000 morts/an seraient imputées aux particules fines émises par les véhicules diesel, particulièrement dangereuses pour les personnes fragiles, or, ce sont justement les véhicules diesel qui sont aujourd’hui favorisés par l’industrie automobile. Ces particules fines sont cependant considérées comme étant les moins polluantes. Certaines des personnes présentes rêvent ensuite d’une cité sans voitures avec des modes de transports collectifs plus conviviaux, sécurisés et non polluants. D’autres sont moins radicales et imaginent des voitures non polluantes et silencieuses ou bien encore un système de covoiturage ou d’ « Autolib » sur le modèle du Vélib, ce qui permettrait d’endiguer le phénomène d’appropriation physique du véhicule, où bien plus qu’un objet utilitaire permettant de se déplacer, le véhicule est un symbole identitaire, marque de puissance et de virilité. Un autre participant imagine enfin un système convivial de tapis roulants qui nous permettrait de cheminer sur un parcours plein de verdure tout en gardant la possibilité d’échanger avec ses congénères. A ces propositions alternatives est cependant opposé l’argument selon lequel les nuisances dans les transports collectifs (bruits et odeurs) sont insupportables et dissuadent bien des gens de délaisser leur voiture.

La discussion se poursuit ensuite sur l’impact de la pollution liée à l’agriculture. Les participants évoquent notamment l’utilisation de pesticides, de fongicides, d’engrais et autres substances qui aurait pour conséquence une baisse considérable de la spermatogénèse chez les agriculteurs ainsi qu’une augmentation des malformations génétiques des fœtus. L’un des participants affirme cependant qu’aujourd’hui l’utilisation de ces produits est bien plus règlementée qu’il y a 30 ans et qu’on reconnaît désormais un certain nombre de pathologies comme étant intimement liées à l’utilisation de certaines de ces substances par les agriculteurs.

Mais comment avoir une réelle idée de l’impact de l’environnement sur notre santé ? Les controverses sont constantes entre les scientifiques, le taux de mortalité imputé à l’environnement variant de 3% à 80% selon les experts. Se pose alors la question de l’indépendance de l’expertise et également de la forme de démocratie la plus adaptée afin de traiter ces questions. En effet, face aux experts, les gens sont dans une position d’écoute passive et non active et volontariste en tant que citoyens conscients de leur responsabilité personnelle pour l’intérêt collectif.

A mi-terme du débat, le représentant de l’APPA, Guillaume Vera-Navas, intervient afin de synthétiser ce qui s’est dit et d’orienter le débat vers la deuxième partie de la problématique discutée : « Comment agir sur notre environnement afin d’obtenir un cadre de vie plus sain ? »

Parmi les acteurs de la lutte contre les problèmes environnementaux, on pense aux ONGs. Cependant, aucune ONG ne serait intervenue afin d’alerter l’opinion publique sur la catastrophe écologique du Golf du Mexique imputée à BP. Cela s’expliquerait par le fait qu’elles seraient achetées par les plus grands groupes pétroliers mondiaux comme BP.

Le citoyen ne doit-il pas alors exercer un rôle fondamental en pointant du doigt ce mutisme et en dénonçant la dégradation des conditions nécessaires à l’épanouissement de l’humain dans son environnement ? N’est-ce pas également au citoyen de se prendre en main et d’agir localement pour son intérêt vital ? Une question sous-jacente apparaît alors : « Comment l’homme peut-il sortir de la logique d’une productivité toujours croissante où l’utilisation des substances telles que les engrais et pesticides apparaît comme une nécessité ? » Vraisemblablement, ce sont les exigences du système économique actuel qui contraignent l’utilisation de ces substances et l’impératif d’une productivité toujours croissante. Or, nous sommes tous des rouages du système économique, aussi, il en va de la responsabilité de chacun. « Penser global, agir local ». Chacun peut faire des économies à son échelle sur sa façon de se nourrir, de se chauffer et plus globalement de consommer. Un mode de vie plus simple et plus frugal ne signifierait cependant pas pour autant une moins bonne qualité de vie ou une alimentation carentielle.

Si apparaît le besoin de produire toujours plus, cela est intimement lié à la surpopulation selon l’un des participants. Ce phénomène ne devrait qu’être amplifié dans les années à venir et soulever encore d’autres problèmes tels que l’insuffisance d’eau potable et de produits de première nécessité. Cependant, la production alimentaire française serait de 40% excédentaire par rapport à nos besoins réels. On peut en effet estimer que la Terre est surpeuplée avec nos critères de consommation actuels : la demande ne pourra jamais être satisfaite à terme si nous continuons dans une consommation effrénée. En pensant d’autres modes de consommation, basés, pourquoi pas, sur la fraternité et le partage des ressources, on règle le problème de la surpopulation et l’on pourrait parvenir à une meilleure équité, une meilleure justice sociale.

Nous avons vu ici le poids que pourrait avoir chaque individu à son échelle. Cependant, l’un des participants affirme la nécessité pour les pouvoirs publics de contraindre l’individu. Si l’on attend que chaque individu se décide à agir localement, cela peut prendre un certain temps, peut-être trop de temps. Mais les pouvoirs publics ont-ils la réelle volonté de s’atteler à ces questions ? Vraisemblablement, trop d’intérêts entrent en ligne de compte pour que les politiques se décident réellement à agir.

Concernant, la pollution engendrée par l’agriculture, diminuer notre consommation en viande apparaît comme une solution potentielle à explorer. En effet, 23% des émissions de gaz à effet de serre seraient dus à l’agriculture, et la surconsommation de viande serait responsable à elle seule de près d’un tiers des émissions de l’agriculture. Pour produire une protéine de viande, il faut énormément de protéines végétales. Aussi, réduire notre consommation en protéines animales permettrait de libérer et d’exercer moins de pression sur les terres et ainsi de diminuer l’utilisation d’engrais et de pesticides. L’un des participants demande alors comment compenser la diminution de l’apport protéinique ? En réalité, la question ne se pose pas, sachant que notre consommation est aujourd’hui, de loin, excédentaire à nos besoins. Favoriser une agriculture de proximité permettrait également de réduire les émissions de gaz à effet de serre et notre consommation énergétique. En effet, pour produire 1kg de haricots verts, il faut environ 6 litres de pétrole s’ils viennent par avion d’Amérique du Sud contre 0,1 litre s’ils sont produits localement.

Face aux dangers représentés par les pesticides et autres substances chimiques utilisés dans l’agriculture, la solution qui s’impose à certains des participants est la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. D’autres participants arguent cependant le prix coûteux de ces produits et leur délai de consommation bien trop court.

L’assemblée conclut le débat en affirmant qu’il ne faut certainement pas opposer les leviers d’action individuels et collectifs qui apparaissent plutôt comme étant complémentaires. Les individus, en tant que consommateurs, peuvent exercer un poids énorme afin d’obtenir un environnement plus sain. Et par le seul exemple, on peut certainement parvenir à convaincre son entourage de faire de même. L’action individuelle pourra parvenir à faire prendre conscience aux politiques et aux industriels de la nécessité de changer pour durer, et les inciter à prendre des décisions en faveur du respect de l’environnement. Les décisions seront vraisemblablement prises en fonction de la demande sociale et nécessitent l’impulsion collective. L’assemblée insiste également sur la nécessité d’une action qui ne soit pas franco-française mais internationale, les problèmes environnementaux ne s’arrêtant pas à notre frontière mais étant d’ampleur globale.

Enfin, l’animateur du débat fait le point sur l’ensemble des propositions faites par l’assemblée afin d’œuvrer pour un environnement plus sain :
• Alternatives à la voiture : ville sans voiture avec des transports collectifs plus conviviaux, tapis roulants, covoiturage, « Autolib »
• Changement de modèle économique
• Réduction de la consommation (dont de la consommation de viande)
• Agriculture biologique
• Devoir d’exemplarité de chaque individu et des entreprises
• Contraintes imposées par les Institutions

Interventions

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