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Compte-rendu synthétique par couasnon yannickCafé Citoyen de Tusson (16/10/2012)

Animateur du débat : couasnon yannick

» Politique et Société

De l'aide sociale à l'assistanat

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Nombre de Participants : 21 participants
Thème « de l’aide sociale à l’assistanat »

Après avoir rappelé les règles habituelles de prise de parole, propres aux échanges du Café Citoyen, l’animateur a proposé à l’Arcadien promoteur de ce thème d’en faire une entrée en matière succincte.
Ce dernier a donc précisé que pour lui, l’aide sociale était une démarche indispensable inscrite dans nos sociétés, démarche dont la noblesse de l’objectif ne pouvait, en aucun cas, être mise en doute. Par contre l’assistanat, avec la dimension péjorative que lui confèrent les usages récents de ce substantif, peut induire des conséquences altérant les effets bénéfiques recherchés.
Puis, après ces préliminaires, et en liaison avec l’animateur, il a invité les participants à s’exprimer sur le sens qu’ils donnaient à ces deux formulations.
D’une manière générale et dans un premier temps, les intervenants se sont rapidement accordés sur les définitions proposées, sur le bien fondé de la solidarité légitime et nécessaire que l’on retrouve dans toutes les structures organisées et sur le risque d’effets pervers imputable à l’assistanat.
Certains ont rappelé que cette solidarité a toujours existé et qu’elle se manifestait jadis d’une manière naturelle, parfois imposée par les conditions de vie, parfois choisie et délibérée.
Les battages, avec les moissonneuses-batteuses passant de ferme en ferme, furent cités en exemple pour évoquer la solidarité entre fermiers puis entre les nombreux partenaires, des plus jeunes aux plus anciens. Les relations s’instauraient de sorte que la réciprocité des échanges évitait la dimension péjorative de l’assistanat.
Cette solidarité que certains désignent comme l’entraide de voisinage, s’est déplacée, au cours des dernières décennies vers une forme de professionnalisme avec une gestion administrative. Les aides sollicitées comme un droit, auprès des pouvoirs publics, induisent la réduction des rapports humains entre les personnes d’un même village et la montée en puissance de l’individualisme, de l’isolement et des comportements asociaux.
Quelques jeunes, présents dès le début de la réunion, ont fait le constat que les propos se concentraient sur les populations en âge de travailler. Ils ont alors exprimé le fait que l’assistance aux personnes âgées s’inscrivait, à leurs yeux, dans le présent débat. Ils ont en outre rappelé l’importance que prenait à leurs yeux la valeur pédagogique de l’exemplarité.
Certains participants considèrent que les aides ou le soutien des maisons spécialisées dans le domaine de la gérontologie ou du handicap doivent présenter un caractère exceptionnel. La solidarité privée doit, selon eux, se manifester dans le but de permettre aux personnes concernées de vivre dans la cellule familiale. L’exemple d’une personne ne touchant que le smic, mais faisant preuve de compassion a été cité. Son organisation et son dynamisme lui ont permis de garder ses proches auprès d’elle.
La question des victimes de la maladie d’Alzheimer a été évoquée en mentionnant toute la légitimité des maisons de jour dont certaines familles peuvent profiter.
Parmi les effets pervers dénoncés dès le début de notre débat, l’inadaptation des aides augmente considérablement le mal être de ceux qui, actifs, produisent les richesses nécessaires au financement de ces aides.
De la même manière l’inadéquation entre les besoins vitaux et les soutiens accordés, la tendance à dévier vers les contributions liés au confort constituent, pour certains, une invitation à l’oisiveté, à la fraude, aux comportements inciviques dont le but premier est de profiter du système.
Cet assistanat provoque aussi, pour les bénéficiaires des différents aides, le mal être issu de la non satisfaction du besoin d’exister dans le regard des autres. La dépersonnalisation et la notion de droit peuvent laisser à ceux qui reçoivent ces appuis l’impression d’entendre « reçois mes aides et tais-toi ». Les dysfonctionnements constatés dans les banlieues se propagent dans les zones rurales et le mal être se rencontre partout, avec la recherche de compensation dans la toxicomanie, les provocations et l’agressivité inhérente aux refus de l’autorité établie.
Ces phénomènes provoquent une forme de gangrène dans des pans entiers de nos sociétés.
Pour corriger ou limiter ces effets pervers, il faudrait pouvoir les mesurer, les qualifier et apporter les mesures appropriées à la réduction de ces conséquences négatives mais les coûts liés à ces analyses et aux vérifications s’avèrent supérieurs à ceux qui sont générés par les fraudes elles-mêmes ou par les dysfonctionnements constatés. Les gestes liés aux contrôles, humainement légitimes ne sont économiquement pas rentables.
Au niveau d’une démarche globale, la résolution des difficultés a été envisagée par la simple diminution des besoins d’aide, chacun ayant la possibilité de vivre correctement des fruits de son travail. Cela nécessite une refonte complète du système et relève de l’utopie, ce qui a permis à l’un des arcadiens présents d’évoquer l’octroi d’un revenu minimum universel à la personne. La valeur culturelle du travail évolue avec les progrès des sciences et techniques, les métiers se transforment et la rareté des activités salariées se manifeste au niveau planétaire. Un projet de société déjà débattu en Allemagne conduit à laisser le libre choix de participer, peu ou prou, aux activités liées au fonctionnement de la structure. Les membres de cette société reçoivent tous un revenu minimum universel quelle que soit leur implication en matière d’activité. Pour les tâches non valorisantes jugées indispensables, une gratification incitative est octroyée à ceux qui les prennent en charge. Dans ce type de société, la perception de culpabilisation de ceux qui n’ont pas d’emploi et l’impression d’être exploités de ceux qui se considèrent dans l’obligation de travailler disparaissent en même temps que l’inquiétude et la jalousie liées à la rareté du travail.
Quelques jeunes, dont l’absence en début de réunion excuse leur méconnaissance de nos règles de fonctionnement, ont voulu souligner que certains gestes de solidarité, tels que la prise charge d’un auto-stoppeur, se raréfiaient avec les constats de différence physique ou culturelle. Ils ont également exprimés le souhait de voir mis à la disposition de tous les éléments d’une meilleure connaissance des droits en matière d’aide sociale. Ces interventions ont permis à quelques participants d’évoquer le juste équilibre entre les droits et les devoirs avec le besoin naturel de réciprocité.
YC. Le 8/1/2012

Interventions

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