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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Blaise Hersent-LechatreuxCafé Citoyen de Caen (14/02/2004)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Éducation

Qu'est-ce que la liberté d’un enfant ?

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Être libre c'est pouvoir choisir et également répondre de ses actes. Même si nous en faisons l'expérience tout au long de notre vie, la liberté est difficile à cerner. Tenter de définir celle d'un enfant complique un peu les choses…

Dans la salle, un intervenant nous dit que « la construction psychologique d'un enfant nous renseigne sur ses prises de position par rapport à son entourage. A différents âges l'enfant utilise différentes manières de se confronter au monde. Il s'oppose et teste ses parents en bravant les interdits ». Cette manière de défier l'interdit, quelquefois malgré les recommandations, constitue un apprentissage personnel. Même l'erreur est instructive. L'idée de liberté fait donc son chemin d'un point de vue psychologique.

Une composante essentielle de la liberté est celle de pouvoir évoquer un ailleurs situé au-delà de la réalité à laquelle on est confronté. C'est précisément une des fonctions du jeu que les enfants sont plus enclins que les adultes à exercer. « Casser les moules » est par ailleurs une des grandes vertus de l'adolescent impétueux. Le sentiment de liberté semble donc évoluer au cours de la vie de l'enfant. La liberté est-elle identique et égale à tous les âges ? Ne devrait-on pas plutôt parler d'espaces de liberté propres à chaque moment de la vie de l'enfant ?

L'enfant vit dans un contexte familial et hérite d'un patrimoine culturel. Ses parents, sa famille, son environnement lui transmettent une façon de voir et d'interpréter le monde. Cette transmission des valeurs est d'autant plus forte et ancrée que tout enfant a besoin de l'amour et de l'estime de ses parents. Ce besoin de reconnaissance peut d'ailleurs s'élargir à d'autres modèles que nos parents : un oncle, l'institutrice, une personne célèbre, auquel on porte beaucoup d'admiration.

« Dans quelles mesures un enfant qui proclame son appartenance à une communauté (qu'elle soit religieuse ou autre) est-il libre ou influencé voire manipulé ? » pose-t-on dans la salle. Mais le milieu culturel, avec sa richesse et ses conditionnements, dans lequel baigne l'enfant étouffe-t-il sa capacité à se remettre en cause ? De plus, quelqu'un nous dit que « coincée entre un passé révolu et pesant et un futur incertain, notre liberté n'aurait finalement d'action que dans un présent ténu et fragile ». Et même si « notre monde est tellement complexe que notre liberté consiste à faire ce que l'on peut et à assumer son choix a posteriori », sommes-nous si conditionnés qu'on le pense ? J. J. Rousseau nous rappelle qu'« être libre c'est obéir à la loi que l'on se donne ». La perfectibilité de l'homme, voilà sa croyance en la liberté.

Pour certains, l'empreinte pédagogique des parents et de son environnement culturel est quelquefois telle que l'enfant ne peut plus reconsidérer ou revisiter, du moins dans un premier temps, les bases inculquées. Pour d'autres, ces cadres sont non seulement nécessaires mais également naturels. Il ne faudrait ni freiner ni anticiper mais seulement accompagner cette capacité qu'a l'enfant de remettre en cause le monde qui l'a façonné et qu'il s'est approprié.

Si la famille est surtout un socle affectif propice à l'épanouissement personnel de l'ego, elle met également en place un cadre psychologique restreignant le champ des possibles. Le milieu familial est protecteur et réconfortant mais également sclérosant. C'est pourquoi l'enfant évolue dans d'autres milieux. L'école républicaine, par exemple, permet à l'enfant de relativiser sa culture familiale. L'enfant y entrevoit de nouveaux horizons, se confronte à ses camarades de classe issus d'autres contextes familiaux. La cellule familiale n'est plus son seul référent et la maîtresse d'école prend de plus en plus de place dans son cœur, parfois au désespoir des parents.

Parallèlement à la confrontation à l'autre qui n'est pas de la famille, l'école forme le citoyen en établissant l'égalité entre les élèves. L'enfant acquiert des outils et le sens de la critique. Il n'en reste pas moins qu'il « se plie » à un moule commun. L'école uniformise. Et c'est bien là une de ses vertus. Mais d'aucuns pensent que cette socialisation se réalise aux dépends de l'éveil de la personnalité originale de l'enfant qu'une famille suffisamment informée, garante d'une éducation diversifiée, favorise.

Un autre point important du débat est la place de la contrainte dans l'éducation. Pour certains, l'apprentissage de la liberté se réalise en donnant à l'enfant une liberté totale sinon maximale. Les interdits, s'ils ne sont pas interdits, doivent être rationnellement expliqués. En lui confiant dès le plus jeune âge une grande autonomie, l'enfant doit conquérir sa propre liberté.
D'autres intervenants pensent que les contraintes émanant d'une autorité font partie de l'apprentissage de la liberté de l'enfant en tant que futur adulte. Il ne s'agit certainement pas d'assujettir l'élève à des règles strictes dans une quelconque pension ou école à la discipline de fer. Mais entre l'enfant-roi et l'éducation militaire, il doit exister un juste milieu.

En effet, pour conquérir sa liberté, il faut s'affranchir de quelque chose. Aussi, l'immersion dans un système contraignant doit également permettre à l'enfant ou à l'élève d'en dépasser la structure pour s'en détacher. « L'enfant doit acquérir le plus de choses possibles pour sa liberté future, quitte à ne pas comprendre et à subir. » explique-t-on dans la salle.

Nous retrouvons cette idée d'espaces de liberté qui accordent à l'enfant, au fur et à mesure de son évolution, des champs d'investigation encadrés par des interdits inexplicables. N'entendons-nous pas les parents dire à leurs enfants qui les questionnent sur la raison de tel ou tel interdit : « c'est comme cela un point c'est tout ». L'inexplicable nous paraît aujourd'hui peu compatible avec l'éducation, comme s'il fallait toujours pouvoir tout justifier par la raison. Pourtant, le guide n'explique pas sa leçon à son élève lorsqu'il le sait incapable d'en discerner les raisons.

Choix des thèmes pour le café du 28 février 2004 :
Nombre de voix et thèmes
14 - Mondialisation : vers de nouvelles synthèses civilisationnelles ?
4 - L'espéranto : langue universel ?
17 - Faut-il diaboliser le capitalisme ?
6 - Le sport reflète-t-il notre société ?
11 - Voyager a-t-il encore un sens aujourd'hui ?
14 - L'opinion publique : reflet ou dictat social ?

Interventions

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yasko

vendredi 09 avril 2010 18:41:26 +00:00

je recherche des info sur la lyberté et-elle necesaire pour l'education d'un enfant?

Mhoussaye

Marc Houssaye

samedi 10 avril 2010 08:17:35 +00:00

Bonjour Yasko,

Je vous propose de lire la synthèse du débat : http://www.cafes-citoyens.fr/comptes-rendus/152-qu-est-ce-que-la-liberte-dun-enfant

Bien cordialement,

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