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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Benjamin BALLCafé Citoyen de Lisieux (12/05/2005)

Animateur du débat : Benjamin BALL

» Europe

Le citoyen peut-il porter une double paire de lunettes, l'une française l'autre européenne ?

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Pour commencer, l'assemblée déplore l'absence totale de volonté de la part des décideurs européens d'œuvrer en faveur d'un sentiment de citoyenneté au niveau du continent : les élections au Parlement sont découpées nationalement ; l'élaboration du traité constitutionnel s'est faite en l'absence totale de toute consultation des citoyens... A l'inverse, chaque pays peut avoir l'impression que l'Union empiète sur sa culture et son mode de vie : l'exemple des fromages est évoqué. Le problème de la diversité linguistique est abordé. Faut-il donc opter pour une langue unique des échanges européens ? Et dans ce cas, laquelle? Anglais ? Espéranto ? Latin ?

Un intervenant tente de reformuler le sujet du débat : y a-t-il un conflit entre l'intérêt national et celui de l'Europe ? Comment concilier intérêt général et intérêt particulier ? Une autre reformulation émerge ; de même que la psychologie de l'enfant analyse le développement de la conscience en trois "blocs" (soi-même, l'autre et le monde), de même la conscience citoyenne peut être pensée selon trois modalités : le pays, l'Europe et le monde.

Mais c'est le Traité Constitutionnel qui occupe tous les esprits. Un premier avis est formulé, en faveur d'un Oui pour l'instauration des droits de l'Homme à l'échelle européenne, et d'un Non pour le reste du texte. On s'accorde à critiquer la primauté de la "concurrence libre et non faussée" qui ne peut que niveler par le bas. Une personne se livre à une analyse du Traité comme une vaste farce : il ne répond pas aux problèmes de la période (l'industrie textile par exemple) ; il est unanimement vanté par les médias, qui n'envisagent qu'une seule réponse ; par ailleurs, il ne faut plus faire confiance ni aux politiciens, ni aux technocrates.

Le débat rebondit sur une question de "politique-fiction" : si le Traité en l'état avait été rédigé par une assemblée constituante démocratiquement élue, serions-nous plus d'accord pour dire oui ? Murmures dans la salle : ce ne serait pas le même texte ! Quelqu'un répond clairement : non, car il reprend les traités antérieurs, ultra-libéraux, inspirés entre autres pas l'A.G.C.S., ce qui est bien proche de la directive Bolkenstein. On s'accorde à dire que l'Europe devrait servir de frein à la mondialisation libérale, mais qu'il n'en est rien !

Où nous emmène-t-on ? Quel sens a tout cela ? On déplore d'abord la perte de la sensation d'appartenir à un corps social, la perte d'un certain idéalisme. La construction européenne n'a pas de sens aux yeux des citoyens. Notre société n'a rien à proposer, et le citoyen n'a plus du tout confiance dans ce qu'on nomme l'establishment.

L'assemblée réaffirme son attachement aux valeurs républicaines, notamment à la liberté de pensée et à la solidarité. Nous vivons, dit un intervenant, dans une société qui consomme bêtement, qui pille les ressources de la planète pour du profit. Les citoyens doivent s'emparer de ce problème et exiger une attitude plus responsable de leurs dirigeants. Le thème de l'environnement nous ramène au débat sur la Constitution : à cause de la suprématie de la concurrence, on ne peut remettre en cause la croissance, source d'encore plus de dégradations, on y recommande une agriculture hautement compétitive... Ne serait-il pas plus intelligent de consommer selon nos besoins, et ce qui est produit à proximité ?

Le débat s'oriente sur la notion, déjà discutée, de la citoyenneté : celle-ci présuppose information et liberté d'expression ; or, c'est la "communication" qui remplace l'information ; il est donc impossible, dit un participant, pour la plupart des gens d'être vraiment citoyens, faute d'une information digne de ce nom.

Ayant l'impression que le débat s'éloigne du sujet, quelqu'un repose le problème du sentiment d'appartenance à l'Europe, et se fait l'avocat de l'élan créateur contenu dans la constitution, "qui rassemble plus qu'elle ne divise". Tollé général : la salle objecte le simulacre de démocratie, le droit des citoyens à discuter le contenu du Traité, le caractère anti-social du texte. D'aileurs, une Constitution qui contient des politiques rappelle de bien sinistres souvenirs ! On discute ensuite de la notion de libéralisme, et de son antinomie radicale avec la solidarité.

Sujets proposées pour le prochain débat :

1- Sommes-nous toujours en démocratie ?
2- Quels droits l'entreprise a-t-elle sur ses salariés ?
3- Sommes-nous dans une période de réduction de nos libertés ?
4- Peut-on réformer l'administration française ?
5- Faut-il apprendre à vivre avec cent euros par mois ?

Interventions

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