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Compte-rendu analytique par Jean-Marie SeeuwsCafé Citoyen de Caen (13/01/2007)

Animateur du débat : Boris Vaisman

» Politique et Société

Qui écoute les SDF ?

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Animateur - Bonjour à tous. Donc aujourd’hui le café citoyen porte sur le thème : qui écoute les SDF ? Alors thème j’ai envie de dire malheureusement d’actualité parce qu’il faudrait que ce ne soit pas qu’un thème d’actualité mais bon, nous avons l’occasion d’en parler, c’est très bien. Je vais commencer par lire la contribution de la personne qui a proposé le thème et qui ne peut être là aujourd’hui, je la lis in extenso.

« Chaque année, au retour de l'hiver, nombre d'associations et d’organismes sociaux s'insurgent du sort des SDF et entendent réveiller les consciences à coup d'actions médiatiques. Certains les qualifient de démagogiques et d'autres les portent aux cieux. Les politiques quant à eux, conscients de l'enjeu électoral que constitue la mise en scène de Leur "bonne volonté", n'ont d'autre réponse que de légiférer et de légiférer encore, comme si la Loi était la solution de toute chose. De fait les foyers et autres centres d’accueil ne répondent qu’en partie aux exigences fondamentales de chaque être humain que sont les besoins de sécurité, d'intégration, de considération, d'affection et de participation. Englués de lois et de règlements intérieurs ils offrent certes en nombre limité et pour un temps réduit quelques lits et quelques pseudo conditions d'hygiène mais, néanmoins, ils ignorent surtout un besoin aussi incontournable que le gîte et le couvert : le besoin de dignité. Celui-ci passe par le droit à la Parole et à la libre circulation.

Que veulent les SDF ? Un toit ? Un travail ? A manger ? De l'argent ? Peut-être... Mais il veulent avant tout nous dire leur vérité et leur réalité, lesquelles sont sûrement bien loin de toutes les études statistiques et de tous les sondages dont nous sommes abreuvés.

Beaucoup de monde réfléchit sur le sort de ces hommes et de ces femmes vivant dans une réalité ignorée ou à peine entrevue ; beaucoup de monde pense et parle en lieu et place de ceux qu'une société consumériste au modèle social éculé a conduit à la pauvreté et à la marginalisation, mais au fond : Qui écoute les SDF ?

Animateur - Je vous laisse maintenant la parole.

1 - Ce que je voulais dire tout simplement, déjà je souhaite une bonne année à tout le monde et que tout le monde sorte de la merde parce que moi ça fait plus de trois ans que je suis à la rue. C’est ma copine qui m’a sorti de là, maintenant à deux on va s’en sortir. La société nous laisse vraiment tomber, ça c’est clair et donc moi je me suis battu contre le CPE, il y a des gens qui peuvent en témoigner. Quand on n’a rien à manger on est obligé de faire la manche, et quand on fait la manche les gens ne nous regardent pas, et ça, ça ma fait vachement mal au cœur. Maintenant on a beau être poli, gentil, moi je n’ai jamais volé, je n’ai jamais fait de prison, et il y a des moments j’ai l’impression qu’on nous pousse surtout à faire vraiment des choses quine sont pas biens, moi je n’en fais pas parce que j’ai un cœur et quand je peux aider un SDF et bien je l’aide. C’est surtout cette société, ce gouvernement qu’on a maintenant, j’espère que ça va changer, j’espère qu’il y aura plus d’évolution. Moi je cherche du travail, je n’ai pas de permis et ben ça n’intéresse personne, et surtout quand on n’a pas de logement tout simplement ben voilà on ne vous propose rien. Tout simplement c’est ça on veut que les gens se sortent de la merde mais on ne leur permet pas d’en sortir. On est dans une ville de merde, moi je vous le dis, je sais que ce mot est grossier mais pour moi c’est vraiment de la merde on a une vie de merde. J’espère que bientôt tout ce gouvernement s’en ira et que la société puisse nous regarder que ce soit moi ou ma copine et tous les autres qui sont à la rue , que je connais et j’espère qu’au moins les gens déjà nous regardent et qui voient ce que l’on fait. Voilà, merci.

Animateur - Bon on commence avec un témoignage, c’est surtout difficile de parler après un témoignage, après quelqu’un qui sait ce que c’est. Donc on va essayer de faire un débat qui va être à la fois certainement à base de témoignages des gens qui sont ici, mais aussi à base de réflexions pour au moins ici pendant deux heures écouter les SDF dé&jà. Donc monsieur parlait tout de suite de faut que clairement quand il fait la manche les gens ne le voient pas, qu’est-ce que cela signifie, essayons de regarder ensemble nous-mêmes, nous qui ne sommes pas SDF, ne pas voir un SDF est-ce que cela a des conséquences peut-être psychologiques sur nous-mêmes, cela nous montre un état de la société que vivent les autres que nous avons la chance de ne pas vivre. Toutes ces réflexions ce serait bien de les mener pour voir au fond ce qui fait que lorsque monsieur dit : personne ne nous regarde, sous-entendu personne ne nous écoute non plus, pourquoi ?

2 - Je vais répondre à monsieur, le sujet d’aujourd’hui ressemble étrangement au sujet que j’avais proposé l’année dernière. Donc c’est vrai que je ne donne pas une pièce quand je vois un SDF,mais moi-même dans le passé je me suis posé la question et Jean François a répondu avec son cœur, moi j’ai parlé avec mes chiffres c’était : la France est-elle en train de se paupérise. Donc…….

[interruptions diverses.]

Animateur - Pour éviter les dialogues comme ça, c’est bien que chacun puisse prendre la parole. C’est vrai que les témoignages sont intéressants, les réflexions le sont aussi. Je laisse à chacun la capacité… Monsieur je vous en prie.

3 - Moi, je voudrais vous dire une chose, j’arrive à un âge, je vais vous dire j’arrive à un certain âge quand même, je vais vous dire une chose, vous n’allez pas me croire si vous voulez. Le premier patron que j’ai rencontré m’a dit nous c’est simple on embauche entre 20 et 25 ans maximum. Alors il me dit votre date de naissance, ben je lui dis, écoutez j’ai plus de 25 ans, ça ne se voit peut-être pas mais enfin je ne les ai plus. Le deuxième me dit est-ce que vous conduisez, je lui dis oui je conduis, alors il dit je veux bien vous embaucher. Il me dit qu’est-ce que vous faites dans la vie en particulier. Je lui dis je suis tailleur de pierre de puis 1967 et je suis tailleur de pierre marbrier, il me dit ah bon vous commencez à m’intéresser, avez-vous de la qualification. Je lui montre, il me dit je ne pourrais jamais vous payer ce prix là. Je luis dis et bien écoutez vous m’embauchez comme manœuvre et ben il me dit après tout pourquoi pas ? J’ai des références et tout bon ben. Il me dit vous m’écrivez une petite lettre et puis c’est bon. J’attends toujours.

Animateur - Ce témoignage nous montre la situation difficile des gens qui n’ont pas de travail et qui se retrouve à la rue. Sous deux formes, la première effectivement être âgé, aujourd’hui avoir plus de 45 ans c’est difficile lorsque l’on est au chômage pour retrouver quelque chose et deuxième chose, le droit social fait en sorte aussi que lorsque l’on a trop de qualification et que l’on est en face d’un patron qui ne peut pas forcément payer ces qualifications il ne peut vous embaucher même si vous n’avez pas de travail et que vous avez besoin d’argent. Alors évidemment on trouve toujours des astuces et heureusement qu’on peut en trouver mais il n’empêche que toutes ces choses, à travers ces témoignages on se rend compte que rien finalement ne favorise, au-delà du beau discours, l’insertion, et c’est donc compliqué et à fortiori facile de se retrouver à la rue lorsqu’il y a une suite de conséquences négatives dans la vie.

4 - Bon, la question qui écoute les SDF, je pense que tout le monde les écoute un peu surtout en hiver, mais qui essaye de les comprendre ? La question est là parce que on voit que des SDF il y en a de plus en plus, on trouve même des gens qui ont un semblant de travail, un travail précaire, qui sont en fait, à cause de leur manque de domicile, privés de tous les autres droits, le droit de voter notamment qui deviennent peu à peu des non citoyens, et je pense que c’est contre ça qu’il faut lutter. Qui écoute les SDF ? Les associations sont pléthoriques je ne sais combien il y en a à Caen, mais à Paris il y a une quantité phénoménale d’association dans tous les domaines, le métro les autobus, les brigades d’aide aux personnes sans abri, il y en a énormément mais où est le résultat ? C’est comme les restos du cœur plus on distribue de nourriture plus il y a d’affamés. Où est le remède ?

Animateur - Il n’y a certainement pas dans votre discours de lien de cause à effet dans le fait que plus on distribue de nourriture et plus il y a de SDF, on a bien tous compris ce que vous voulez dire. En tant que faire se peut, je laisse d’abord la parole à ceux qui n’ont pas encore parlé et dans l’ordre où j’ai vu les mains se lever, donc ne soyez pas trop impatients ça arrive. Alors pour essayer de répondre à la question d’aujourd’hui, qui écoute les SDFF, malheureusement j’ai l’impression que tout le monde les écoute aujourd’hui. Je dis cela parce que j’ai envie de donner un autre angle d’approche. Tous les hivers effectivement c’est médiatisé comme disait le premier intervenant, on a toujours les mêmes marronniers dans la presse, à la télé, en hiver quand cela devient terrible pour les gens qui vivent dehors, même si effectivement l’été on en entend moins parler. En ce moment l’association » Les enfants de Don Quichotte » qui milite pour rendre visibles les gens qui vivent dehors, et bien tous les politique sont là, ils signent la charte que l’association a mise au point, ils dorment peut-être avec eux. J’ai l’impression qu’ils les écoutent mais est-ce qu’ils les entendent, est-ce qu’ils entendent réellement les besoins pour essayer de trouver des solutions. On peut facilement écouter puis ne rien mettre en place, mais entendre c’est difficile, c’est vraiment comprendre. Moi c’est comme cela que je l’entend, est-ce qu’on entend vraiment les besoins est-ce que l’on comprend ces besoins des SDF qui sont pour moi le fer de lance de ce qui pourrait se passer si la société de délite totalement. Alors dans votre intervention vous souligner le fait qu’en ce moment au moins tout le monde les écoute, sous-entendu ils sont au cœur de l’actualité, c’est plutôt cela, au travers d’associations de mouvements divers et variés, au travers même d’un projet de loi qui visiblement est en train de se monter. Je ne veux pas anticiper votre pensée mais à travers votre discours j’entend aussi nous sommes en période électorale et ça tombe bien de les écouter de faire en sorte que, ce que le premier intervenant lorsqu’il disait, les politiques quant à eux sont conscients de l’enjeu électoral que constitue la mise en scène de leur bonne volonté, c'est-à-dire là aujourd’hui il y a un mouvement, on voit des tentes, on entend les associations on parle des enfants de Don Quichotte, qu’est-ce que cela signifie derrière, est-ce que cela aura un impact, espérons le mais en tout cas comme l’intervenant précédent j’en doute.

5 - Bonjour, je me présente parce qu’il faut que vous sachiez d’où je viens. Je suis travailleur social auprès des SDF d’une part, je suis avec des gens que je côtoie tous les jours. On a créé une association à Caen qui s’appelle »toi sans toit pas sans voix », cette association est débutante mais a l’ambition de donner la parole justement, pas d’entendre les SDF à savoir qu’elle est constituée majoritairement de personnes sans domicile fixe accompagnées de personnes comme moi mais jamais de façon plus importante qu’ils le sont eux-mêmes. C’est vrai qu’un certain nombre de démarches nous sont plus faciles à nous qu’à eux mais il n’empêche que ces démarches là on essaie de porter celles qu’eux-mêmes souhaitent voir mises en œuvre. Donc dans un premier on est dans une posture où l’on essaie de se faire connaître, notre association et nos objectifs, ensuite on aura l’ambition d’être reçus par les politiques et enfin on aura l’espoir que les besoins qu’ils sont à même d’énoncer seront entendus et que des solutions y seront apportées. En clair ça veut dire que la population des SDF n’est certainement pas une population homogène. Les personnes sans domicile, cela va du salarié pauvre à la personne installée dans la rue de façon chronique depuis plus de dix ans. Je ne sais si vous imaginez ce que cela peut représenter comme perte de repaire et en tout cas comme difficulté à intégrer ce qu’on est en train de leur proposer comme le droit au logement opposable. Le logement ils y ont eu accès pour la plupart d’entre eux, simplement c’est difficile de s’y maintenir d’avoir une attitude toujours acceptée par les autres c’est difficile d’accepter la promiscuité des autres qui ne fonctionnent pas comme vous. Donc vous voyez les difficultés de ceux qui ne sont pas SDF, les SDF le ressentent quand ils intègrent un logement normal. Voilà c’était plus sous forme de témoignage que d’apport à la discussion que je voulais apporter ici. J’ai amené un communiqué remis à la presse que je peux faire circuler si vous le voulez bien.

Animateur - Dans votre intervention je retiens deux choses, la première c’est vrai que lorsqu’on pose la question, qui écoute les SDF, c’est supposer qu’ils parlent or souvent ce sont les gens qui parlent à leur place e la preuve, il en faut. C’est vrai d’ailleurs aussi deuxième c’est que quand on dit les SDF on a l’impression qu’il s’agit d’une population complètement homogène alors que les SDF c’est aussi comme les français chacun a sa vie, ses expériences, sa parole et c’est vrai que peut-être n’étant pas une population homogène ils ont des difficultés diverses et variées auxquelles les associations essaient de répondre.

6 - Je voulais revenir sur un point dont monsieur a parlé, l’attitude des politiques, je n’en sais rien je ne suis pas politique, mais dans notre attitude à nous les gens qui passons quine les regardent pas, je crois qu’effectivement c’est assez difficile, il y a une certaine gène, on n’est pas toujours à l’aise, on ne sait pas trop quoi dire, on ne sait pas s’il faut sourire, on ne sait pas comment faire. Je trouve que c’est beaucoup plus facile d’acheter un journal, je n’ai rien contre l’itinérant, le débat n’est pas là, c’est plus facile d’acheter un journal, on a l’impression d’un échange si vous voulez. C’est peut-être faux, j’ai entendu parler de choses très compliquées à propos de l’itinérant, je n’en sais rien, mais je trouve que c’est plus facile il y a un échange.

7 - Je pense qu’on peut devenir SDF du jour au lendemain et même avec un travail, c’est ça le souci. C’est difficile à assumer devenir SDF du jour au lendemain, comment le dire à vos collègues, la feuille de paie où l’envoie-t-on, le mois suivant je ne sais pas, aller vers une association, oui j’ai un salaire mais je n’ai pas de toit, c’est psychologiquement très difficile. Des gens qui restent des années dans cette situation là psychologiquement ne peuvent plus raisonner comme nous, ils ont une vie sociale difficile ils ne peuvent plus consommer comme tout le monde. Donc je pense qu’on a n’ a peut-être pas un regard par rapport à ça , s’admettre SDF c’est comme pour toutes les différences, c’est toujours difficile, que ce soit handicapés ou quoi que ce soit les gens ne les regardent pas et SDF c’est pareil.

Animateur - Oui c’est effectivement compliqué de voir la différence de voir celui qui n’a pas de toit comme celui qui est handicapé, cela nous « renvoie » des choses ce serait peut-être bien de voir comme disait madame peut-être nous amender nous –mêmes et voir ce qu’on pourrait faire.

8 - J’ai un peu l’impression que l’histoire se répète, aujourd’hui globalement on est tous assez content de ce qui s’est passé avec les enfants de don Quichotte. Une fois encore une association a pris en charge les SDF en tous les cas ceux auxquels elle avait accès, ce qui a mis en avant la problématique rencontrée, une fois de plus cela se passe en hiver. Le regard que l’on a est assez simple, c'est-à-dire que quand il fait très froid, comme nous aussi même bien habillés on a froid on se rend compte qu’il y a des gens dans la rue. Puis en Avril ou Mai quand il commence à faire plus beau je pense qu’on oublie. Je pense que l’histoire se répète parce qu’il me semble qu’en 86 quand Coluche a crée le resto du cœur, c’était un peu dans cet état d’esprit, il avait créé les restos du cœur en disant voilà on crée cela pour les gens qui n’ont rien, on espère bien que ça ne va se faire que cette année là et que derrière les politiques vont prendre le relais. Les politiques avaient dit la même chose que cette année-là c’est-à-dire qu’ils ont commencé à être tous intéressés. Malheureusement Coluche est mort, cela fait vingt ans et les restos du cœur existent toujours. Je pense que s’il pouvait se retourner dans sa tombe il se retournerait. Moi ce qui m’inquiète l’élection présidentielle est dans quatre ou cinq mois maintenant, quid après l’élection présidentielle avec ce qui vient de se passer avec les enfants de don quichotte. Les politiques nous promettent quelques dizaines de milliers de logement pour les SDF alors qu’il en faudrait quelques centaines de milliers. J’ai l’impression que globalement on est très contents de se qui vient de se passer, je suis très interrogatif par rapport à ça.

Animateur - Vous souligne le fait que comme pour beaucoup de choses on a tendance à oublier, qu’il y a eu dans le passé des actions, vous avez parlée de Coluche, on peut parler de l’abbé Pierre 30 ans avant. Effectivement l’histoire se répète à chaque fois on est contents des projets de loi qui se mettent en forme et puis pourtant depuis trente ans malgré les projets de loi il y en a toujours autant. Vous voulez ajouter quelque chose.

8bis - Ce que je veux préciser, c’est que j’ai surtout l’impression que les politiques s’en foutent, les associations prennent le relais, en tous les cas de mon point de vue pour ce que devraient faire les politiques et une fois de plus Coluche l’a fait il y a vingt ans, l’abbé Pierre l’a fait il y a cinquante ans, les politiques ne prennent toujours pas le relais, il n’y a toujours aucune action politique d’envergure pour pallier à ce problème. La preuve en est pour quelques milliers il y a quarante ans, quelques centaines mêmes il y a quelques dizaines d’années, aujourd’hui ils sont quelques milliers. Donc le problème semble s’aggraver et rien n’est fait.

Animateur - Les politiques ne font rien, c’est ce que vous dites en tout cas. J’entends tout à l’heure le fait que les SDF peuvent perdre leur droit de vote puisqu’ils n’ont plus de domicile, simplement je pose une question, n’y aurait-il pas un lien de cause à effet ?

9 - Moi ce que je veux dire tout simplement, je remercie déjà au niveau de la charité parce que pendant deux ans j’ai vécu dehors, Gérald le sait, j’ai connu le froid, j’ai connu la faim, j’ai connu le gel et tout ça. A partir de là bon, les gens qui n’ont pas connu la rue, je pense qu’il y a des gens qui peuvent parler mais qui n’ont pas connu la rue, le problème est que s’ils n’ont pas connu la rue ils ne peuvent pas parler, pour moi c’est des gens qui racontent n’importe quoi. Moi j’ai connu la rue pendant deux ans, maintenant la différence aussi c’est qu’il y a un truc au niveau du gouvernement, on a à manger l’hiver ça veut dire que l’été on n’a pas le droit de manger. Donc à partir de là c’est qu’on est des êtres humains, on a le droit de manger hiver comme été, donc à partir de là si on ne mange pas l’été on peut mourir de faim. Vous voyez tous les jours, j’ai attrapé une maladie, je vomis tous les jours parce que j’ai dormi dehors, maintenant cette maladie on ne peut pas la soigner, ma copine peut en témoigner, elle est là, tous les jours je crache, maintenant j’ai les poumons qui sont enroués, à partir de là personne n’en tien t compte et même les médecins me disent on ne peut rien faire. Ça c’est la rue, quand j’ai vécu dans le froid dans la neige le verglas et tout ça. Ce que je veux c’est que les gens comprennent un peu que de toutes façons on nous laisse tomber et ça j’en ai marre il faut arrêter ça, d’accord, j’en ai marre.

Animateur - On voit aussi qu’effectivement il n’y a pas que les conséquences immédiates, il y a aussi les conséquences après. Monsieur parle de sa maladie alors qu’il n’est plus à la rue, il a subi un préjudice très fort et effectivement aujourd’hui il en souffre encore. Donc il y a vraiment nécessité d’écouter de comprendre et de laisser parler peut-être. Mais en tut ça ce qui est certain, ici on a plusieurs exemples probablement, chaque exemple est différent on l’a dit tout à l’heure alors que faire pour corriger tout cela. Faut-il légiférer comme le premier intervenant j’ai lu la contribution le disait, faut-il être plus fin plus psychologue, parler à chacun avec les moyens que cela demande ? J’ouvre le débat.

10 - Je suis la petite amie du monsieur qui vient de parler. Moi ce qui me fout en rogne, c’est que quand on va au marché quand on leur demande à manger gentiment, poliment même avec le sourire, il y en a qui vous donne à manger et d’autres qui vous disent vous n’avez qu’à trouver du travail. Nous on veut bien travailler mais on n’a pas de diplôme, on n’a rien qu’est-ce qu’on doit faire, si on veut trouver du travail il faut nous aider. Moi c’est ça qui me fout en rogne, voilà je voulais le dire.

Animateur - Ici tout le monde exprime sa pensée, alors on reprend ici les causes, pas de travail pas de diplôme, conséquences négatives, donc comment sortir de cette spirale ; la société doit-elle s’amender, chercher les moyens de remettre, j’ai envie de dire dans le fil normal de la vie les gens qui n’ont pus de toit, en a-t-elle les moyens d’abord, est-ce possible, est-ce qu’il faut légiférer. Est-ce que la société française aurait les moyens de faire en sorte je dirais par un coup de baguette magique que les gens qui n’ont plus de toit en trouve un, et un travail, parce que quand on a un toit il faut aussi se réinsérer complètement dans la société, En avons-nous les moyens peut-être que d’aucuns vont répondre ?

11 - Je suis un peu surpris parce que ce que j’entends c’est plus de la charité que, c’est bien la charité mais je pense que ça ne résout pas le problème. On parle de politique, je préfère dire politicien parce que je dirais en gros ce n’est pas que tous les politiciens se valent, mais il n’y en a guère les uns pour racheter les autres. Donc c’est un problème de société un problème sociétal à mon avis. Je croyais que quel que soit le gouvernement de droite ou de gauche il y avait des experts prévisionnistes. Et quand on voit, je dirais depuis, le problème ne se pose pas qu’aujourd’hui, que ces gens n’ont pas su prévoir que ce soit au niveau du logement, du type de société dans lequel on est,parce qu’on est dans une société qui est une machine à exclure les plus faibles et qui je dirais on ne se posent pas trop de question parce que derrière tout ça, il y a, il faut le dire, une certaine volonté de ne pas voir les choses lucidement de n’ appréhender le problème que sous l’angle politicien. Aujourd’hui grâce à Internet on sait ce qui se passe ailleurs, dans la plupart des pays européens on a beaucoup moins de SDF qu’en France, tout simplement parce qu’on prend les problèmes un peu plus lucidement à bras le corps, en essayent de résoudre les problèmes et non d’intervenir je dirais quand on ne peut plus le faire. Je crois que le problème posé par les enfants de Don Quichotte est assez symptomatique du fait qu’une association quasi inconnue est reçue par des ministres. Cela en dit long sur le système politicien qui fait que dés lors qu’il y a un petit problème qui se pose, tous les politiciens vont courir après. Je crois qu’il faudrait quand même que dans la société les gens qui ont des privilège se posent la question de leur privilèges, de vouloir les laisser ou pas pour avoir une société un peu plus égalitaire un petit plus lucide par rapport à tous les problèmes qui se posent. Le problème des SDF n’est pas le seul, le problème des prisons et bien d’autres sont des problèmes absolument très à vif qu’il faut résoudre et on pourrait en citer beaucoup d’autres. La charité c’est bien, résoudre les problèmes sociétaux serait encore mieux mais je crois qu’il ne faut pas se faire trop d’illusions par rapport au prochaine présidentielle, les principaux candidats sont tous issu du système et pas du tout prêts à remettre en cause le type de société dans lequel nous vivons.

Animateur - Je ne vais pas reprendre votre intervention qui comporte clairement un procès des politiciens tels que vous les nommez, qui n’ont pas intérêt à perdre leur privilège. On peut d’ailleurs se poser la question de savoir q’ils perdraient leur privilèges s’ils donnaient à logement à tous les SDF, c’est pas forcément évident, il n’aurait pas grand-chose à perdre mais peut-être plus à donner.

12 - On a parlé de moyen tout à l’heure, pour moi ce n’est pas un problème de moyen, c’est un problème de choix. Le porte-avions nucléaire va passer en cale sèche, cela va coûter 300 millions d’euros à la France pour garder opérationnel un bâtiment comme ça, ça donne une échelle de valeur, un ordre de grandeur de ce qu’on peut dépenser dans une société riche comme celle de la France aujourd’hui à un certain niveau de la société par rapport à ce qu’on ne dépense pas par ailleurs pour résoudre des problèmes plus concret, c’est un avis personnel. Les sociétés sont de plus en plus complexes, vous avez des gens qui réfléchissent à la géo stratégie, qui planifient la construction de bâtiments militaires, je prends cela comme exemple, il y aurait plein d’autres, aller visiter Mars etc, je ne dis qu’il ne faut pas chercher à progresser, mais à un moment il va falloir s’arrêter et revenir à l’heure des choix. C’est bien de toujours aller vers l’optimisation des choses, le progrès c’est aussi exclure progressivement. Un deuxième exemple il y a trente ans il fallait beaucoup de gens pour cultiver la terre, il fallait beaucoup d’ouvriers, je dirais que quelqu’un qui était à la rue pouvait trouver du travail assez facilement, un ouvrier on peut le former assez vite. Aujourd’hui il faut beaucoup plus d’ingénieurs que d’ouvriers, le problème est que si dans un parcours de vie, quelqu’un chute, il va être beaucoup plus dur d’en faire un ingénieur qu’un ouvrier. Les ouvriers ne sont plus ici, en fin de moins en moins, ils sont en Chine par exemple. Ce que je veux dire c’est que si une société comme la notre qui se complexifie c’est aussi une machine qui de plus en plus laisse des gens au bord de la route. C’est un constat qu’il faut faire et regarder et faire les comptes, et dire et bien non ça on laisse tomber et on règle d’abord ce problème là. Ce serait une volonté politique très forte et surtout décisive et non des petites recettes les unes derrière les autres qui ne résolvent pas le problème de fond. En effet donner un logement à des gens qui son compétemment hors du coup, ils n’ont plus de diplômes ils ne peuvent pus trouver de travail, c’est bien trouver un logement mais il faut payer un loyer donc il faut travailler, pour travailler il faut une formation etc, je veux dire c’est une complexité, c’était moins complexe il y a trente ans, quelqu’un à la rue 15 jours plus tard il pouvait être sur un chantier et pleinement participer à la vie économique du pays, aujourd’hui des places sur les chantiers il n’y en a pas tant que ça par rapport aux gens qui auraient besoin d’un travail.

Animateur - Vous évoquez la volonté politique, là vous évoquez simplement le système qui est en marche et qui comme une machine tourne toute seule qui exclut en même temps qui optimise ses moyens de production. Donc vous dites devons-nous, il faudrait même vous dite arrêter cette machine pour essayer de se reposer les bonnes questions pour tenter de réintégrer tous les exclus.

13 - D’abord les opérations du style « les enfants de Don Quichotte » ont certainement du mérite, mais je crains que ce ne soit que des opérations ponctuelles qui n’aboutiront pas sur beaucoup de concret, l’avantage qu’elles peuvent avoir est de sensibiliser momentanément les populations, mais on a vu d’autres opérations spectaculaires dans le temps pour ce problème ou pour d’autres qui n’ont jamais été suivies de décision concrète. Le problème des sans domicile fixe comme son nom l’indique concerne des gens qui n’ont pas de logement. On a parlé du travail, bien sur il faut y penser mais l’urgence est qu’ils sont dans la rue. Plutôt que d’inventer des lois qui vont être, si j’ai bien compris, opérationnelles en 2012, il faudrait d’abord appliquer les lois existantes et peut-être redonner au logement social le sens qu’il devrait avoir. Je ne pense pas être contredit, j’ai assisté plusieurs fois à des commissions d’attribution et ce qui m’a toujours choqué c’est de constater qu’on commence à vérifier, alors qu’il s’agit je le répète de logement social, on commence à vérifier que les ressources sont suffisantes. Je ne suis probablement pas assez instruit pour comprendre mais pour moi le logement social devrait être destiné en priorité à ceux qui ont des besoins sociaux. C’est tout simple il suffit d’appliquer la déontologie de l’habitat social et se dire donnons la priorité à ceux actuellement dans la rue au détriment peut-être de ceux qui souhaitent être mieux logés pour lesquels la solution réside dans la construction suffisante de nouveaux logements. Cela n’a pas été fait dans les dernières décennies d’où la pénurie d’aujourd’hui. Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que les politiques s’en fichent, ils constatent comme tout le monde tout au moins je l’espère mais ils ne sont plus capables de prendre les mesure concrètes, alors on va chercher des élucubrations, on va inventer des lois, comme celle SRU pratiquement inapplicable, parce qu’on fait la loi et puis au moment de la mettre en application on grignote son socle si bien qu’elle devient inapplicable. Alors pour conclure, cette opération spectaculaire telle qu’on vient de la voir, encore que si ces gens avaient un peu de réelle considération, je pense qu’il aurait été plus logique de prendre des gens chez soi plutôt que d’aller dormir deux heures avec eux pour faire bien, ne sera peut-être pas complètement inutile mais je doute dort que les choses changent. Ce n’est pas le prochain gouvernement qui y changera quelque chose, ce sont les mentalités qui doivent changer. S’il s’agissait d’un problème du au gouvernement actuel, les SDF n’auraient pas existé il y a cinq ans, or j’en ai toujours vu, peut-être moins qu’aujourd’hui mais j’en ai toujours vu. Alors plus en France qu’ailleurs peut-être, mais soyons prudent sur ce genre d’affirmation, quand je suis allé à Tokyo on m’a dit ici il n’y a pas de SDF et en promenant un jour en proche banlieue j’en ai vu un grand nombre mais cachés.

14 - Moi je voulais évoquer un problème qui n’a pas encore été évoqué, je suppose qu’avant d’être SDDF on a eu un toit, puis on a eu des soucis des dettes et tout ça pour diverses raisons. Et que le meilleur moyen d’éviter les SDF c’est d’abord la racine, c’est d’éviter qu’il y ait des saisies et de réaménager un peu mieux les dettes et de trouver des moyens pour les gens ne soient pas mis à la rue, pour moi c’est le problème de base.

Animateur - On commence à évoquer un peu des solutions, monsieur disait tout à l’heure qu’il y aura probablement une énième moi alors qu’il faudrait déjà appliquer celles qui existent, madame essaie d’envisager le fait qu’il faudrait probablement interdire en tout état de cause quelles que soient les dettes de la personne, interdire l’expulsion. Alors probablement qu’il faudra probablement légiférer, parce que si vous êtes propriétaire et que le locataire n’a plus les moyens de payer son loyer il peut y avoir des conséquences. Tout ça pour montrer que le phénomène est complexe et que probablement pour reprendre l’intervention il faudrait que la société toute entière observe d’un point de vue global les solutions à apporter puisqu’on voit que lorsqu’il y a des mesurettes il y a tout un tas de conséquences annexes qu’on ne voit immédiatement mais qui causent des troubles ailleurs.

15 - Il y a 40 ou 50 associations qui depuis très très longtemps se battent pour le logement opposable. Alors les enfants de Don Quichotte ont été sur le devant etc mais je crois qu’ils n’auraient pas eu l’audience qu’ils ont eu s’il n’y avait pas eu ce travail de fond depuis très longtemps. [Une partie de cette intervention n’a pas été enregistrée à cause du changement de cassette]

Animateur - De votre intervention très riche je retiens la première partie, vous dites que finalement l’assistance ne serait pas forcément la solution à tout, c'est-à-dire qu’on prend des décisions pour eux sans forcément leur demander leur avis et donc on prend des décisions à leur place sans les écouter. N’y aurait- il pas un autre moyen de prendre en compte les malheurs de chacun tout en essayant d’intégrer les différences pour faire quelque chose qui tient la route et qui n’est pas simplement acte de charité d’assistanat.

16 - Je voudrais m’opposer à ce qui a été dit, je trouve qu’à chaque fois qu’on renvoie l’ensemble de la société à ce problème là, c’est finalement une manière de ne pas le résoudre. Cela fait vingt ans qu’on dit ah ! de toute façon c’est un peu la faute de tout le monde, c’est la faute de tous les français regardons dans notre conscience. Je suis navré, je travaille, je paie des impôts et si je paie des impôts c’est aussi pour que les gens qui prétendent gérer cette société fassent quelque chose parce que ce n’est pas moi à mon niveau qui peut faire quelque chose. Donc aussi à force dire c’est le problème de tout le monde on finit par dédouaner les seules personnes qui peuvent faire quelque chose. Je voudrais aussi revenir sur l’histoire des enfants de Don Quichotte, c’est peut-être de l’esbroufe, je n’en sais rien, mais ça prouve une chose, c’est qu’on parle des SDF quand ils deviennent visibles, c'est-à-dire qu’il a fallu cette espèce de coup de force médiatique pour que brusquement nos élites s’aperçoivent, diable, qu’il y avait des SDF. Il y a une question qui n’est jamais posée, c’est qui dans la rue est en contact avec les SDF pour donner ou ne pas donner une pièce, les gens qui sont dans la rue c'est-à-dire les gens par exemple qui vont faire leurs courses eux-mêmes, les classe moyennes, les élites de toutes façons qui ne vont jamais au monoprix, qui font faire leurs courses par d’autres qui vivent dans des quartiers où il n’y a pas de SDF, ces gens-là apparemment ne se posent pas de problème de conscience. Moi-même je ne donne pas à chaque fois parce que je ne peux pas et je pense qu’on est tous dans ce cas là, je donne quand je peux parfois c’est la deuxième troisième quatrième fois et là je ne peux pas parce que je n’ai pas assez sur moi parce que et bien voilà je ne peux pas. Ce discours qui consiste à dire arrêtons d’accuser les politiques, ne soyons pas hypocrites faisons notre mea culpa, je ne suis pas du tout d’accord. Si on raisonne comme cela c’est à nous de tout résoudre, ce sera bientôt au citoyen de résoudre le problème du chômage,le problème de l’exclusion en général, tiens donc, je pense qu’il faut renvoyer les élites à leur responsabilité. Il y a une élite qu’on oublie dans ce discours, c’est l’élite médiatique, avec les enfants de Don Quichotte qu’est-ce qu’on a vu, il a fallu que des SDF viennent sur Internet et qu’un acteur, c'est-à-dire quelqu’un qui appartient à l’univers des médias pour que brusquement nos présentateurs, nos animateurs se découvrent des âmes de citoyen au coeur qui saigne, ils aiment nous donner des leçons de civisme. J’y vois un problème fondamental qui est imposé par cette logique de penser que tout le monde est responsable, c'est-à-dire finalement dire c’est la faute à personne. Je veux juste terminer et rebondir sur ce qui a été dit. On ne peut pas dire qu’en Franc il y a plus de SDF qu ailleurs, allez à Moscou, allez dans certaine villes d’Italie, je ne parle même des anciens pays de l’Est. Simplement en France ils sont peut-être plus visibles, mais c’est déjà le signe d’une préoccupation. On ne peut avoir toujours ce discours disant qu’en gros en France c’est plus pourri qu’ailleurs, je suis navré mais sur cette question comme sur d’autres c’est une contre vérité. Vous souriez mais quels sont vos chiffres, pensez-vous vraiment qu’il y a plus de SDF en France qu’en ex URSS ?

Animateur - Je vais essayer de recadre un peu sur plusieurs points. Je pense qu’on a compris la première partie de l’intervention de monsieur qui était de dire et bien pas du tout, vous avez le droit de vous exprimer et de remettre les choses en place parce que vous sentez qu’on dévie mais deux choses. La première on n’est pas là pour faire des débats de chiffres on n’es pas là pour savoir si il y en a plus dans le calvados dans la manche ou en France ou en Allemagne, on n’est pas là pour ça et se battre à coup de chiffres n’est pas forcément la solution et surtout ne répond pas au débat. Deuxième chose, on est nombreux, il fait chaud l’atmosphère peut elle-même s’échauffer essayons de garder un tant soit peu notre calme, je vais vous donner la parole monsieur mais je veux aussi vous dire que la plupart du temps les gens qui parlent sont tout à fait d’accord avec ce que vous dites, il n’est donc pas forcément besoin de s’exprimer plus avant.

17 - Je suis correspondant du journal itinérant, je veux d’abord remercier le café citoyen parce que déjà en l’an 2000 suite à la mort d’un SDF dans la rue, ici à Caen, il a organisé un débat sur la misère au Pandora, je ne sais pas si les responsables s’en souviennent, je pense que oui avec les responsables nationaux du journal. Cela a donné naissance à une équipe sur Caen qui continue à fonctionner. Ce problème à Caen restons sur Caen n’est pas nouveau. Moi personnellement j’ai connu la rue dans les années 69, ce n’est pas nouveau non plus. Puis sur Caen en 1999 puis en 2003 quand mon logement a brûlé, je me suis retrouvé encore à la rue, ça fait lourd, mais c’est pas facile à vivre je suis d’accord avec toi, mais il n’empêche que ce ne sont pas des problèmes qui émergent. Ce qui est problématique c’est le manque de solidarité de chacun de chacune. Au vu de ce que je vis pour l’instant, j’ai hébergé depuis 6 ans 28 SDF ; Mais les SDF c’est bizarre ce n’est pas ceux que vous voyez dans la rue, on ne les voit pas certains. Il y a un, c’est un couple avec son enfant, son bébé, ils avaient tous les deux 20 ans, ils étaient à la rue, ils sont restés plusieurs mois chez moi. Il y a les sortants de prison, ici à Caen il y a deux établissements pénitentiaires, il n’y a rien de fait, malgré soi-disant des structures qui existent, pour qu’on puisse loger ces personnes. Il y a aussi des jeunes qui sont dans différentes structures comme le SPMO et qui n’ont rien comme logement, j’en ai de 18 ans chez moi actuellement qui est à la rue à qui on donne de l’argent du conseil général. Donc il y a toujours eu en tant que citoyen un engagement réel qui me met souvent en difficulté réelle. Je vais être probablement saisi prochainement parce que l’eau et l’électricité, le gaz, quand on est deux trois ou quatre dans une maison, ça monte. Quand je vais à EDF, on me dit vous êtes 12 à la maison, je réponds non je suis tout seul. On ne peut pas demander à des personnes de ne pas prendre de douche, on ne peut pas non plus demander de fermer les lumières. J’ai mis des lampes é&économiques, mais ça grimpe, ça met en difficulté les gens qui ont envie d’aider directement sans attendre que des structures le fassent. Évidemment c’est à petite échelle, j’ai eu la chance d’avoir la CAO qui m’a aidé. La CAO est un centre qui aide les personnes qui n’ont pas d’adresse et qui leur permet d’avoir au moins une adresse pour ouvrir un compte C’est important d’avoir un compte sinon le RMI on ne touche pas, c’est un endroit où on peut avoir une adresse pour voter éventuellement, avoir une déclaration un lieu et aussi avoir une adresse pour avoir le transport gratuit, transport gratuit qu’on a depuis peu de temps pour les personnes sans emploi. Ça aussi c’est une réalité. Alors parmi les personnes que j’ai hébergées il y a un de plus de 50 ans qui a perdu son emploi avec sa fille de 16 ans, il a divorcé et tout est tombé il a tout perdu sa maison, il s’est retrouvé à la rue. Donc de n’est pas non plus des personnes prédisposées à rester dans la rue obligatoirement le SDF. Il y a tout ça qu’il mettre dans notre tête, il y a des clichés qu’il faut balayer. Bon c’est un peu décousu. Je reprends d’autres choses, il y a quelques jours

Animateur - mais si vous lisez tout votre carnet il y a en a pour la soirée

18bis - non, non il y a trois jours madame le maire présentait ses vœux aux personnes de la mairie, elle a dit on va faire quelque chose pour les SDF on va créer un nouveau centre sur la presqu’île. J’ai regardé le dossier et en fait à la presqu’île c’est simplement la Boussole qui se déplace, rien n’est fait, on déplace un établissement pour mettre à un autre endroit mais rien n’est fait pour l’hébergement. Ça c’est purement électoraliste, c’est pénible à la fin. En ce qui concerne les élus locaux, c’est vrai qu’il faut les interpeller. Il y a un foyer qui s’est ouvert pour recevoir les personnes fragiles qui sortent de la rue c’est à Mondeville, c’est très bien fait malheureusement le personnel est sous payé, ce qui fait que personne ne se bouscule pour prendre l’encadrement et ne plus ils ont un travail de fou, ils ne sont pas payés à la hauteur de la responsabilité qu’ils ont. Ça aussi c’est un problème,l’encadrement social des personnes en difficulté, il y a eu des grèves pour ça, des établissement recevaient de l’argent pour héberger des famille ou des femmes avec des enfants en difficulté mais il n’y a pas d’argent pour le suivi social, à quoi ça sert. On fait un hébergement social et on n’a même instruit les dossiers pour qu’il sortent de la « merde » c’est encore un des mots que tu utilises, dans laquelle ils sont. Sur Caen on cumule les problèmes prisons et SDF sans vouloir les gérer. Bon je m’arrête là.

Animateur - Vous aura probablement l’occasion de le dire tout à l’heure, si simplement vous pouviez ne pas interrompre les intervenants même si je sais que ce n’est pas facile.

19 - Je pense qu’un certain nombre de personnes peuvent avoir accès au micro. Je voudrais reprendre un certain nombre de choses sur l’aspect politique de la situation, je crois qu’il ne faut pas croire que la machine sociale qui était évoquée tout à l’heure fonctionne toute seule, elle est agile cette machine sociale, il y a effectivement des choix politiques qui y président, il ne faut pas se raconter d’histoire. Les moyens, les salaires qui assurent l’encadrement des personnes en difficulté découlent aussi d’un choix politique. Si on veut mettre des gardiens au lieu de mettre des éducateurs, ça se traduit pas par le même service, ce n’est pas la même façon d’occuper les gens ni de leur donner une mission. Je voudrais qu’on n’ait pas un raisonnement simpliste à savoir, sans domicile égal comme solution logement. Une personne sans domicile c’est une personne qui a des difficultés multiples, ce n’est pas forcément quelqu’un qui a toujours été privé de son logement, c’est quelqu’un qui parfois s’en est privé lui-même. Dans les difficultés que quelqu’un peut avoir dans sa vie il peut y avoir des fractures il peut y avoir des événements qui font qu’on n’est plus en capacité de rester dans son logement et avoir une vie sociale normale ,et à cette difficulté aujourd’hui souvent connue par la plupart des gens visibles dans la rue, à cette difficulté là il n’existe pas des moyens d’accompagnement,n ou il n’existe pas pour eux la volonté et la possibilité de refaire la démarche de pousser la porte de là où on pourra les aider. Il existe des CMP, il existe des lieux d’écoute des lieux de parole mais qu’on on est trop en difficulté, quand on est trop enlisé dans sa difficulté, quand on est trop mal dans sa difficulté on n’utilise plus les médicaments ou on les utilise mal. Donc je voudrais dire que la solution du logement ne réglera rien pour beaucoup d’entre eux c’est de l’hébergement qu’il faudrait, c’est des solutions intermédiaire, et c’est m^me parfois tout simplement un lieu de vie. Le but de notre association, je m’excuse ce n’est pas pour attirer l’attention sur l’association, mais c’et de faire valoir l’idée qu’ à Caen au lieu que les gens soient dans la rue toute la journée, ils puissent être dans un lieu aussi simple soit-il, deux ou trois cabanes de chantier, qui ne soit pas bien entendu dans la plain e à Ifs ou à Fleury, non en ville mais que dans ce lieu on puisse aller s’asseoir sur une chaise , lire un journal comme n’importe lequel de chez nous quand il rentre chez lui au moment de midi. Ça n’existe pas pour les SDF, a lors on peut leur dire vous nous emmerdez vous êtes entrain de vous alcooliser, vous êtes dans la rue vous avez vos chiens vous avez ceci vous avez cela, mais où voulez-vous qu’ils soient d’autres. C’’est ça le problème posé dans notre environnement quotidien, et à ça il n’y a pas de réponse. Le but de notre association encore une fois c’est d’essayer de faire émerger ce besoin là et que d’une façon ou d’une autre on y trouve une réponse. Ça c’était ce que je voulais dire de ça, ensuite je voulais dire que pour les difficultés des gens que j’évoquais tout à l’heure, elles sont complexes, en dehors de l’aide à la santé, de l’aide à la gestion, elles vont de l’aide à la relation parce que parfois la relation est devenue quasi impossible, moi je peux vous dire qu’il y a des gens à Caen qui marche à longueur de journée sans adresser un mot à personne et même pas à nous, c’est bonjour, au revoir, il ne peut rien engager il ne peut y avoir ne serait-ce que le début d’une amorce d’une sortie de cette situation. Enfin je crois qu’il faut avoir conscience, je suis désolé, là encore je fais le contraire de ce que je disais, je prends la parole à leur place et certains sont là j’aimerais bien qu’il la prenne, mais c’est pas si simple que ça, d’abord parce que ça veut dire qu’il faut parler de soi et ça c’est pas simple et puis c’et plus facile d’écouter parfois ou penser que les réponses sont mauvaise ou pas suffisantes.

Animateur - Je retiens deux choses dans ce que vous dites, la première c’est que, j’ai cru comprendre que vous distinguez bien la notion de différence entre logement et hébergement et il serait intéressant de pouvoir expliquer un peu plu. La deuxième vous dites que les gens sont tellement parfois désocialisés qu’il n’y a plus de communication possible avec eux. J’essaie de faire le lien avec l’actualité, lorsqu’on parle de droit au logement opposable, lorsque l’on envisage le fait que un ou plusieurs SDF de leur propre chef aillent devant un tribunal ou se fassent assister d’une association qui elle-même aille devant le tribunal, est-ce qu’il n’y a pas méconnaissance du sujet de la réalité quand vous dites qu’il est déjà difficile de dire bonjour. J’ai pu fréquenter les tribunaux moi-même c’est déjà très compliqué c’est un endroit ritualisé difficile d’accès avec un jargon souvent impressionnant, est-ce qu’il n’y a pas justement une méconnaissance telle du sujet lorsque monsieur disait nos privilégiés, ceux qui font les lois ne les voient même pas, ests-ce qu’il n’y a pas dans cette façon de parler du droit au logement opposable un déni de réalité qui fait que très concrètement il sera très difficile d’aller devant un juge pour avoir un logement. C’est une question que je pose à la cantonade je ne demande qu’on y réponde d’un coup.

20 - Bonjour chers amis, premièrement on parle beaucoup de Don Quichotte, d’abord c’est sur la région parisienne il est sur Bordeaux, il est sur Nantes, mais est-ce qu’il est sur Caen ? Non. C’est à nous de créer quelque chose pour qu’à Caen on fasse quelque chose. Voilà c’est la première des choses. La deuxième question, on parle des SDF, mais un SDF c’est quoi ? C’est les personnes qui sont dans la rue, qui sont dans la journée dans la rue comme moi qui suis à la charité, et la nuit ai l’occasion de dormir, mais dans la journée et ben qu’est-ce qu’ils font, ils traînent dans la rue. Il y en a d’autres qui ont des logements mais qui ont du mal à payer leur loyer, qu’est-ce qu’ils font ils traînent dans la rue. Pour traîner dans la rue il faut avoir du courage, je félicite tous ceux qui sont dans la rue. Quand j’ai entendu l’autre jour sur une radio qu’un homme disait qu’il touchait 1400 euros par mois en tant que SDF et qu’il avait cinq enfants, c’est bien les allocs familiales, et qu’est-ce qu’il fait de ses enfants, ils sont où ses enfants ? Voilà j’ai terminé.

Animateur - Donc effectivement, peut-être aussi qu’à Caen il y a des SDF, que les médias sont dans des villes plus importantes où est des associations médiatiques et à Caen il y a des actions. Je me souviens du débat au cinéma Pandora, il y a deux ou trois ans maintenant, quatre ans voilà comme quoi ça passe vite, où l’on avait entamé les mêmes discussions où finalement on se rend compte qu’a propos des SDF pas grand-chose hélas n’a avancé au niveau de la municipalité.

21 - Je suis bien contente de ce qu’a dit monsieur à ma droite parce que c’est un peu ce que je voulais dire au sujet de SDF qui sont sans domicile fixe. On parle de toit mais il y a tout ce qui va avec, il l’a très bien dit je pense ; Je voulais surtout aussi dire que je trouve un peu dangereux le discours de monsieur là las tout à l’heure qui disait ou mais c’est l’état en fait ce ne sont pas les autres, mais l’état c’est nous et qu’avant tout ça ne p eut être, ce n’est pas exactement ce qu’il a dit mais c’est un truc un peu dangereux. Il y a à la fois bien sur ce que devrait faire l’état et qu’il ne fait pas malgré les lois, il y en a qui existent, je ne veux pas les dire il y a en qui existent sauf qu’elles ne sont pas appliquées. Alors voilà, quand on lit dans la loi de 98 la lutte contre l’exclusion est un impératif national fondé sur le respect impératif, mais voilà justement, un impératif national fondé sur le respect de l’égalité de tous les être humains, ça veut tout dire et ne rien dire, c’est un impératif national mais parmi tellement d’autres impératif nationaux que vous pensez bien que ce n’est pas un impératif national prioritaire, il faut savoir lire entre les lignes. Donc il y a ce phénomène là, je veux dire on ne peut être dissociés du devoir de l’état, parce que le devoir de l’état ce sont des élus qui ont été portés au pouvoir par notre conscience individuelle, on vote on choisit on est là pour aussi dire ce qu’on souhaite et dire ce qu’on veut comme type de société. Et ce que je crains je ne veux pas être trop optimiste,mais je crains qu’effectivement à coup de petites réformettes et de petites décisions prises au niveau de l’état on aboutisse à rien parce qu’effectivement chaque année on voit le même problème se reposer à la même époque et on s’aperçoit l’année suivant à la même période que rien n’a été résolu et que le problème s’est aggravé et il continuera à s’aggraver forcément à partir du moment où on ne redonne pas à chacun la possibilité d’avoir déjà l’écoute et la possibilité d’échanger pour ce dont il a besoin et ce dont il, ce qu’il peut faire, non seulement avoir l’ écoute mais qu’on apporte une solution à ces problèmes et surtout qu’on apporte du travail. Je veux dire tout le temps qu’il n’y aura pas de travail pour chacun il y aura de la misère et ça on l’oublie un petit peu et je veux dire que ne c’est pas en disant ben si il y a un mouvement qui était très bien fait. Ça a l’avantage il vaut mieux faire ça que de ne rien faire du tout on est tout à fait d’accord mais j’ai peur que ça ne résolve pas les problèmes qu’on retrouvera, je ne veux pas en faire le pari parce que qu’on ne parie sur la misère des gens mais j’ai bien peur qu’on retrouve les mêmes problèmes à la même époque l’année prochaine.

Animateur - Essayons de na pas rester sur un constat trop négatif même si effectivement on se rend compte et on l’a dit disons depuis l’abbé Pierre avant en tout cas, mais depuis cette première action médiatique, cinquante ans ont passé et pas grand-chose n’a évolué pour prendre en compte les misères.

22 - Moi ce que je voulais dire à propos de certaines choses qui ont été dites à propos des restos du cœur, heureusement que Coluche a crée les restos et que ça marche depuis vingt ans parce que je pense que si les SDF n’avaient pas les restos du cœur, est-ce qu’ils auraient à manger, je pense en plus que s’ils n’avaient pas à manger ils crèveront. C’est ça mais je suis désolée quand il n’y a pas eu les restos du cœur il y a eu des gens dans la rue qui n’avaient rien à manger et qui meurent dans la rue sans rien du tout et moi je trouve ça aberrant. J’ai un autre truc, je connais une autre association c’est espace convivial et citoyen on y va tous les jours et on est bien accueillis, si vous voulez venir vous pouvez venir.

23 - Moi je vais poser deux questions, est-ce qu’il y a quelqu’un de la mairie de Caen ici présent, non il n’y a personne, c’est pas grave. Alors les questions que je veux poser, comment se fait-il qu’il y a eu 253 logements, des anciennes bâtisses d’usine qui ont été détruites, au niveau du Chemin vert, If et tout ça, je connais très bien. Tous ces logements détruits pourquoi pas aujourd’hui peut-être héberger des gens, les embaucher pour rénover. Après on va dire il n’y a pas de logements en France on préfère détruire et après c’est les propriétaires qui louent à des loyers, bref ! Après on dit il y a des SDF. Comment se fait-il qu’en France il y a des gens qui paient des impôts , ici il y a des gens qui paient des impôts, quand on voit les conneries, qu’on construit des ponts qui ne servent à rien, moi j’écoute beaucoup sans aucun doute et combien ça coûte, et on voit le nombre de pognon dépensé chaque année en France,et après on dit il n’y a pas d’argent en France et donc au lieu de faire des logements on préfère faire des conneries qui ne servent à rien. Donc à partir de là on pourra dire qu’il y a des SDF et oui et des gens même qui veulent s’en sortir on les laisse dans la merde, c’est tout ce que je voulais dire. Là franchement je suis indigné, je ne vote plus pourquoi parce que tout simplement je suis écoeuré de la France.

24 - C'est-à-dire avec mon copain et moi on fait des démarches et que les administrations nous refusent de nous aider moi je trouve ça dégueulasse.

25 - Au niveau du CCAS qui fait partie de la commune de Caen, c’est la commune de Caen qui paie, il faut avoir sis mois dans la commune de Caen, moi ça va faire plus de vingt ans que je suis à Caen et puis il faut avoir un logement depuis plus de six mois pour être aidé. Moi comme je suis à la rue on m’a refusé, voilà.

Animateur - Effectivement on se rend compte, je reprends un peu les interventions, on se rend compte déjà que l’administration soit par manque de compétence, soit par déni du problème refuse de voir les SDF et refuse de les aider, la loi elle-même est souvent ubuesque puisqu’il faut avoir comme vous dites un logement depuis plus de six mois. On finit par avoir des espèces de spirales infernales j’imagine qui s’abattent sur des gens déjà en difficulté. Je retiens la première idée que vous aviez dite, c'est-à-dire qui rejoint l’intervention de monsieur qui disait « :assez d’assistance » effectivement plutôt que d’abattre des logements est-ce qu’il ne serait pas intéressant d’embaucher voir de former des gens pour les aider à rénover, peut-être est-ce une idée utopique mais probablement tout un tas de gens se sentiraient utiles, on rejoint le point de vue psychologique, se sentiraient enfin utiles à quelque chose et construire sa maison on sait que construire sa maison a toujours été le rêve de tout homme, donc c’est aussi important d’avoir des idées comme ça qui sortent totalement de l’assistance de la charité je dirais classique.

26 - Il y a déjà plein de choses que je voulais dire et qui ont été dites. Je voulais revenir sur la visibilité, c’est vrai que des opérations ponctuelles telle Don Quichotte, mais c’est vraiment important, les restos du coeur existent depuis plusieurs années, ça permet chaque année de renouveler quelque chose malheureusement récurrent mais mon sentiment est qu’il y a une échelle dans la société et je me rends compte que plus on est, quand on a du travail comme j’ai la chance, vous avez tous les moyens d’expression. C’est nous qui manifestons, c’est nous qui votons, c’est nous qui pouvons parler. Ensuite je me rends compte que quand vous vous retrouvez au chômage il n’y a déjà quasiment plus d’organisme, je n’en connais pas de manifestation de chômeur, d’organisation vraiment structurée de chômeurs, pas comme un syndicat de salariés, vous parlez déjà moins. Et puis après petit à petit et bien vous divorcez vous vous retrouvez dans une solitude personnelle et humaine et plus vous descendez moins il y a de structure moins il y a d’organisation moins vous pouvez parler. Or on est dans une démocratie où chacun doit pouvoir parler, c’est une chose après c’est évident qu’il faut avoir une adresse pour avoir une dignité pour avoir un nom et ensuite un travail, c’est l ;a problème, le travail et l’adresse c’est le minimum de la dignité humaine. Et donc bravo à Coluche et bravo quand même à Don Quichotte, bravo à tous les travailleurs sociaux qui font plein de choses.

27 - C’est vrai qu’au café citoyen on peut louer les initiatives qui permettent de mettre des pansements, on gros c’est ce que j’appelle mettre des pansements. Ça permet notamment de rappeler cela à la mémoire de faire en sorte qu’on n’oublie pas, qu’on n’enterre pas ça profondément. Ceci dit le café citoyen est aussi le lieu où on ne s’interdit pas de rêver à d’autres façons d’organiser la société. Alors effectivement quand on dit qu’est-ce qui affecte les hommes c’est de construire leur propre maison, pourquoi ne pas imaginer de faire en sorte que cette grande initiative puisse être permise à toute personne qui veut se réinsérer. L’idée c’est aussi de faire en sorte qu’on puisse sortir du cadre, pourquoi, parce qu’à mon sens, je n’aime pas trop ce mot, mais le système dans lequel on vit essaie de nous rattraper tout le temps. Je pense que c’est la principale raison qu’on a du mal à voir dans un SDF notre semblable. C’est quelqu’un qui n’a pas de toit mais qui est seul, on l’a dit qui est terriblement seul. La solitude est quelque chose de terrible, ne plus avoir quelqu’un à coté de soi, ne plus partager les choses, être tout seul, se sentir seul au monde c’est vraiment terrible. Je crois que le fait qu’avoir des SDF montre à quel point nous-mêmes nous nous sentons seuls, on est contaminés on est un peu pris au piège mécaniquement, il y a une machine qui fait qu’on est tout seul au milieu de tout un tas de services, une mécanique consumérisme et on se sent terriblement seul mais on ne le voit pas. Je crois que cela renvoie à cette solution qu’on partage tous d’une certaine manière. Je veux rebondir sur un deuxième point , c’est cette responsabilité ,on est dans une démocratie participative, cette démocratie participative d’ailleurs est voulue, elle est affichée, d’aucuns disent d’ailleurs que la politique est un métier, pardon ? Représentative excusez-moi, donc on est dans une démocratie représentative bien évidemment qui est affichée et souhaitée par ceux qui souhaitent repousser leur mandat. On ne peut pas dire que le fait qu’il y a des personnes plus responsables que d’autres est dangereux, c’est un non sens de dire ça puisqu’en responsabilité il y a une notion de pondération et de poids, si on délégué des prérogatives à quelqu’un qu’on élit c’est justement pour qu’il y ait responsabilité. Alors il ne faut pas se cacher la face effectivement il y a un travail civique citoyen à faire par chacun de nous puisqu’on doit devenir citoyen de plus en plus, c’est une conquête. Mais également faisons en sorte que la sanction puisse exister plutôt que de répartir ce poids sur tous les citoyens ; On sait qu’effectivement la répartition devient nulle à un moment. Et le troisième point c’est le fait qu’on a toujours tendance à considérer que ces idées reviennent et qu’on ne s’en préoccupe pas et que le système s’en préoccupe puis madame disait le système s’en protège, on se protège des exclus, de ceux qui auraient des choses à dire par rapport à ce système qui les exclut et je pense que de toutes façons il y a des actions qui font qu’on élimine le pouvoir de s’exprimer sur la remise en cause système. C’est dans ce sens que j’ai pris votre intervention madame, il n’y pas rien qui est fait il y a des choses qui sont faites contre les revendications et le fait de pouvoir s’exprimer et de voir remettre en cause cette façon de fonctionner de la société.

Animateur - Je vais prendre les trois dernière interventions puisque dans le café citoyen il y a deux parties, la deuxième étant le choix du thème pour la prochaine fois, et en priorité je donne la parole à ceux qui ne l’ont pas eue.

28 - Une anecdote significative, j’étais à la rue pendant plusieurs années et j’ai beaucoup observé le milieu. Heureusement j’ai eu la chance d’avoir une formation avant qui m’a permis de tenir le coup grâce à une certaine culture et j’ai pu réagir. H’ai voulu intervenir auprès du conseil municipal, je connaissais un responsable, un adjoint au maire d’accord pour intervenir. Voilà le problème parmi ceux qui étaient à la rue beaucoup avaient sombré dans l’alcool, si vous voulez le savoir le vérifier vous n’avez qu’à aller à la demi lune vous verrez combien il y a en qui se retrouve là pour essayer de recréer une petite société. Alors je parle à l’un d’entre eux et je dis écoute tu n’a pas envie de sortir de l’alcool, il me répond j’ai déjà fait trois cures de désintoxication il n’y rien à faire. Je lui dis tu n’aimerais avoir une activité un travail etc, il me dit quand j’étais en tôle j’ai appris à rempailler des chaises, j’aimerais bien faire ça .C’était une bonne idée et j’essaie d’en parler. Là-bas il y a suffisamment d’espace on aurait pu mettre le matériel et j’ai voulu en parler au conseil mais impossible, blocage complet, ça faisait partie des questions à la fin et on n’a pas fait attention .Je suis venu progressivement par observation et par expérience à une conclusion mais qui peut paraître amère et difficile à la plupart d’entre c’est que le problème des SDF est pratiquement sans issue. IL y en aura toujours parmi nous il y aura peut-être des actions différentes selon l’époque et l’évolution de l’économie mais c’est une impasse quoi, je ne veux pas instiller le désespoir mais le réalisme et la lucidité.

Animateur - Si tu ne voulais pas le faire c’est quand même bien imité. Deux dernières interventions, j’ai vu monsieur qui a l’habitude de terminer par une parole d’espoir.

29 - Je ceux juste revenir sur ce qui a été dit à propos du discours sur les élites. Comment peut-on dire que l’état c’est nous dans un pays où l’élection présidentielle, la dernière en date a été volée. Juste un e autre anecdote pour montrer à quel point nos élites sont en contact avec la réalité. Vous vous souvenez de la canicule, parce que justement des personnes âgées étaient nombreuses à mourir et qu’il y avait un programme de place, de prise en charge de ces corps, disons-le, c’est parti de là. Mais peu de gens savent d’où c’est parti, l’année de la canicule le cinéaste Jacques Deray est mort, sa famille appartient à la clique de l’UMP, on s’en est ému uniquement à cause de ça, parce que deux coups de téléphone ont été échangés entre des gens importants, il n’est plus possible de se faire enterré à Paris, qu’est-ce qui se passe, et là brusquement urgence nationale, Bernadette Chirac à la télé, les français doivent s’occuper de leurs vieux, c’est insupportable. Vous avez bien la preuve que nos élus sont totalement déconnectés de la réalité. Vous parliez des couches sociales, je suis complètement d’accord mais il n e faut oublier qu’au dessus de la couche des gens qui travaillent, il y a aussi les couches dans les hautes sphères, je sais que ça fait toujours démagogique de dire cela mais c’est une réalité. Demandez-vous ce qu’un assistant parlementaire je ne parle même pas d’un élu, ce qu’un assistant parlementaire connaît de la réalité, même pas de l’exclusion mais du monde du travail ils n’y connaissent rien. Quel est le modèle de notre société actuellement, en France, le modèle c’est des journalistes chargés de l’information nationale en concubinage avec des décideurs politiques. Je suis navré de jouer les Savonarole sur ce coup là mais c’est un symptôme quand même d’une société qui est explosée. Alors effectivement dans ces cas là les exclus qui sont déjà à peine visibles on ne peut pas avoir d’autre constat qu’un désespoir complet et d’échec total, mais qu’on n e dise pas que c’est la responsabilité de tous, je trouve ça un peu court.

Animateur - Alors il y aura une intervention ce sera celle de monsieur parce qu’après c’est aussi faire preuve de respect pour tout le monde que de savoir arrêter un débat.

30 - Je suis tout à fait d’accord avec monsieur qui parlait de la déconnexion des hommes politiques par rapport à la réalité. J’ai lu, pas plus tard que tout à l’heure que monsieur Coppé considère que 4000 euros est un salaire moyen qui est comment dirais-je, que la classe moyenne touche en général. Moi je ne savais pas que j’étais aussi, moi qui fait partie de la classe moyenne, j’ai pas droit à cela. Les politiques ont complètement démissionné, ils sont complètement déconnectés de la réalité c’est un fait. Alors on va terminer par quelque chose de positif, vous allez voir c’est très amusant, deux chose positives. Monsieur parlait tout à l’heure de combien ça coûte, alors j’espère que Jean Pierre Pernault n’est pas son idole parce que dernièrement il s’est vu attribuer par le conseil général des Alpes maritimes une enveloppe de 180000 euros au frais des contribuables pour aller faire le zouave dans l’arrière pays à bord d’une voiture au moteur poussé. La dernière chose, je vais mettre d’accord la personne qui est à ma gauche, on s’est un peu battu sur le nombre de pauvres ou des SDF qu’il y a à droite ou à gauche. Je vais vous lire une intervention d’un personnage, je vais vous dire qui c’est. Voilà ce que dit ce monsieur : Ce que vous appelez les pauvres, je suis désolé de vous lire c’est des gens qui gagnent un peu moins d’argent, mais comme ils gagnent un peu moins d’argent ils ont les mêmes logements que les autres, sauf qu’eux les paient moins chers et ils vivent très bien. Nous n’avons pas de misère en France, il n’y a pas ce que vous pouvez appeler les pauvres, bine sur il y a quelques SDF qui eux ont choisi de vivre en marge de la société et même ceux-là croyez- moi on s’en occupe IL y a des foyers d’accueil parce que en hiver en France aussi il fait et il n’est pas question de laisser dehors des gens qui sont dans la misère, donc nous leur donnons des asiles, on leur donne tout ce dont ils ont besoin. Mais ce sont des gens relativement rares qui ont décidé une bonne fois pour toute qu’ils étaient en marge de la société, qu’ils ne voulaient pas travailler et qui avaient été rejetés par la société. Alors la personne en question s’appelle Patrick Balkany, futur ministre de Nicolas Sarkozy si celui accède au pouvoir. Sinon pour terminer pas la peine de faire cinquante mille lois il y en a assez et les trois quarts ne sont pas appliquées. Dans notre maxime nationale, nous avons Liberté Égalité Fraternité, alors déjà ça suffit, qu’on applique ces trois principes. Et puis il y a une chose qu’on peut faire c’est traîner la France devant la cour européenne de Bruxelles pour non assistance à personne en danger etc. [Intervention tronquée à cause du changement de cassette, au moins une phrase a été coupée]

Animateur - Nous allons maintenant procéder au choix du thème pour la prochaine, j’espère que nous serons aussi nombreux et que le thème sera aussi intéressant qu’aujourd’hui.

Choix du thème pour le prochain Café Citoyen :

1 - Une fois l’élection présidentielle passée que deviendra le citoyen ? 4 VOIX
2 - Le système politique est-il verrouillé, y a-t-il une alternative possible ? 15 VOIX
3 - Après les élections, rupture ou continuité ? 4 VOIX
4 - Que faire de l’héritage de 68 ? 9 VOIX
5 - Est-ce responsable d’avoir des enfants aujourd’hui ? 19 VOIX
6 - Peut-on avoir une identité sociale sans travail ? 11 VOIX
7 - Nos politiques sont-ils trop ou pas assez populaires ? 7 VOIX
8 - Que faire des sans papiers ? 9 VOIX
9 - Au-delà du débat, nos engagements ici et maintenant ? 7 VOIX
10 - Comment chacun peut-il agis contre la misère ? 13 VOIX

PROCHAIN DÉBAT, le samedi 27 janvier 2007 à 15 Heures : Est-ce responsable d’avoir des enfants aujourd’hui ?

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