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Compte-rendu analytique par Jean-Marie SeeuwsCafé Citoyen de Caen (11/10/2008)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Démocratie et Citoyenneté

En tant que citoyen : de quoi suis-je responsable ?

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AVERTISSEMENT : L’enregistrement de ce débat a été assez mauvais, aussi certains passages inaudibles ont été soit supprimés, soit reconstitués le mieux possible.

Animateur - Bonjour à tous, bienvenue à cette nouvelle séance du café citoyen. Le thème d’aujourd’hui est : en tant que citoyen de quoi suis-je responsable. Vous aurez deux heures et puis vous rendrez vos copies à la fin du débat. Vue comme ça la formulation est un peu scolaire mais nous pourrons débattre de manière actuelle sur ce thème. Je vais donner la parole à la personne qui a proposé ce thème.

1 - Pourquoi ai-je posé cette question ? Même si la question peut paraître un peu scolaire, la réponse ne l’est pas. En fait je n’ai aucune réponse à cette question. Pour moi la question de responsabilité me semble extrêmement ambiguë. Scolairement la responsabilité c’est pouvoir répondre de ses actes, on sait ce que cela signifie, même les enfants le savent et justement responsabilité, réponse et cela dans toutes les langues du monde. Antwort, verantwortung en allemand, orbet, otbetchbehhoctb en russe, odpowieda, odpowiedaialnosc en polonais. Et pourtant ce mot a été corrompu uniquement pour voir la responsabilité au niveau du pouvoir. Un grand patron, un grand fonctionnaire, sont responsables, cela signifie quoi, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent. Par contre si leur politique échoue, rien ne se passe avec ces gens. Cela évidemment démoralise la société cela incite les gens à voir ces gens qui gardent le pouvoir et qui considèrent que la responsabilité est leur propriété, ils répondent devant personne en cas de coquille. Et donc cette démoralisation incite les gens à un comportement anarchique. On peut avoir l’illusion que l’anarchie était terminée au 19° siècle, au début du 20° et bien non il y a des gens qui sont toujours là. Par contre on voit des comportements d’irresponsables dans le mouvement syndical qui parfois provoquent des grèves sans en avoir besoin ou bien au nom d’une certaine doctrine, qui est défendable, mais les méthodes, on se bat jusqu’à la mort, par exemple les ouvertures des magasins le dimanche, même si tout le monde autour y est favorable. On voit des pseudos écologistes qui vont se battre contre absolument tout, le nucléaire, contre les centrales électriques, contre les éoliennes, tout leur gène, tout cela me semble nuisible à notre société, à notre progrès. Enfin en tant que citoyen quelles sont mes responsabilités, qu’est-ce que je dois faire, me réduire à l’état d’un pion qui vote alors que les élections ne sont pas forcément la réflexion de l’opinion publique, aller dans la rue, faire des démonstrations, pourquoi pas, mais on sait très bien que ça ne marche pas. J’ai eu l’occasion de voir comment ça marche dans les pays scandinaves, ils détestent les démonstrations de rue, ils savent pertinemment que ceci ne mène nulle part et donc les syndicats se comportent de façon à ne pas inciter le gens à faire grève mais à négocier. Les négociations en France, depuis un bon demi-siècle, marchent très, très mal et donc la question reste ambiguë et la réponse n’est pas si scolaire que ça, comment je peux exercer ma responsabilité en tant que citoyen de ce pays, même si je ne suis pas français de souche.

Animateur - Beaucoup de questions ont été lancées, on va essayer d’y répondre en donnant la parole et en gardant en tâte cette question, en tant que citoyen de quoi suis-je responsable. Je pense que tous les termes sont importants dans cette question.

2 - J’ai apprécié cette intervention, la présentation du sujet mais il y a une chose qui me frappe tout de suite, ça me semble une accusation, j’ai ressenti ça très fort, je crains n’être pas le seul. Il me semble que quand on parle de responsabilité, de quoi suis-je responsable en tant que citoyen, je crois qu’il y a une attitude de base à avoir, c’est de connaître nos institutions, de savoir ce que c’est être citoyen et pour ça il faut une formation civique. Or ce qui me frappe en France, actuellement, c’est probablement mon cas, je reconnais qu’en instruction civique j’ai des lacunes graves malgré ma bonne volonté. Il y a une formation civique extrêmement réduite, voire annulée. Dans ma formation j’ai eu une année seulement dans mon poste d’enseignement un enseignant d’instruction civique, c’est très peu et je me rends compte qu’à l’école il y a très peu d’initiation du fait à être citoyen. J’ai lu un livre sorti il y a un moment, destiné à la quatrième qui traite du comment on peut s’engager en tant que citoyen mais déjà en étant préadolescent. Je crois qu’il faudrait mettre l’accent là-dessus avant d’accuser nos responsables, il faut réfléchir nous-mêmes, qu’est-ce que nous faisons pour connaître comment fonctionnent nos institutions et savoir comment en cas de difficulté, de carences, savoir comment les transformer.

Animateur - IL faut relier ces deux interventions, en tout cas je vous propose cette piste de réflexion sur le phénomène de déresponsabilisation. Est-ce qu’aujourd’hui vous avez l’impression qu’on a plus tendance à se déresponsabiliser soi-même, notamment en faisant en sorte que ce ne soit pas nous le responsable et bine évidemment toujours l’autre. Et puis comment vous percevez ce dont notre premier intervenant a parlé, c'est-à-dire le fait qu’il y ait des dirigeants, reconnus comme tels, ils s’affichent comme cela, qui finalement ne sont pas considérés comme véritablement responsables, ou quand ils sont responsables, ils ne sont pas vraiment coupables avec tout ce saucissonnage de la responsabilité.

3 - En fait il y a déjà une question très importante à se poser pour fixer quelle est notre marge de responsabilité quand je suis citoyen que je fais partie d’une société, quelle est ma place au sein de cette société. Deuxièmement est-ce que je sers d’abord mes intérêts personnels sans me préoccuper de ce qui se passe autour de moi et quelles peuvent être les conséquences.

Animateur - Effectivement la différence est importante, citoyen c’est une partie de la question, en tant que citoyen de quoi je suis responsable, on peut s’interroger de savoir si on est capable aujourd’hui de savoir quel est du ressort de notre intérêt personnel et quel est ce qui ressort de l’intérêt général, est-ce qu’on arrive à discerner tout ça ?

4 - La question étant, en tant que citoyen de quoi « je » suis responsable, qu’est-ce que « je » risque et de quoi « je « « pourrais être coupable. Je vais prendre un domaine dans lequel tout citoyen n’est pas forcément compétent néanmoins il reste responsable, je suis responsable dans un domaine dont je n’ai pas les compétences. Par exemple on va imaginer qu’une personne que je ne connais pas tombe devant moi. De quoi suis-je responsable de devoir porter assistance à personne en danger. Quand on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je ne fais pas. Si je le fais qu’est-ce que je risque, si je ne fais pas qu’est-ce que je risque. Il est bien évident qu’une personne à terre c’est une question de compétence, je ne suis pas médecin, en secourisme je n’y connais rien, je sais que je dois porter assistance à personne en danger, or là je ne sais pas quoi faire. Donc par voie de conséquence, si je ne sais pas quoi faire et que je prends la décision de ne rien faire je vais forcément être coupable, donc je risque d’être mise en examen pour non assistance en personne en danger. Voilà la question à se poser, que dois-je faire pour prendre conscience qu’on est responsable d’une situation inattendue compte tenu du fait qu’on n’a pas les compétences pour répondre à ce qui se passe devant nous.

Animateur - Sur la différenciation de la responsabilité du citoyen face à des événements particuliers et il est intéressant de savoir en quoi cette responsabilité m’oblige à faire des choses dans lesquelles je ne suis pas compétent.

5 - J’ai trouvé votre intervention tout à fait pertinente. Vous avez appuyé le trait sur les personnes disposant du pouvoir .Alors c’est pareil, en France il existe la cour des comptes, on se marre parce qu’en fait il n’y a pas de sanction derrière, le rôle de la sanction en fait. Ce constat en fait est le résultat d’une observation, d’une analyse. Après se pose le problème de la publicité sur les faits observés et qui doivent être nécessairement sanctionnés. Le problème, ceux qui disposent du pouvoir, à priori, se pose en face le problème de la sanction sur telle ou telle faute grave commise, non pas pour une divergence dans l’analyse ou dans l’observation mais si cette faute grave est réelle. Or il y en a, il y en a quelque soit le segment observé, donc c’est là notre responsabilité. D’ailleurs nous sommes ici ensemble à discuter en tant que citoyens c’est aussi probablement que nous avons pu observer des disfonctionnements de société. Donc je dirais que là, nous avons notre part de responsabilité. Par contre où nous avons effectivement notre responsabilité c’est dans le quotidien, dans notre comportement nous avons, nous aussi, à nous interroger. Je vais l’illustrer avec un fait qui me touche actuellement, j’ai une femme malade, je ne prends pas de VSL (véhicule sanitaire léger), je vais la conduire au lieu de son traitement. Vous allez avoir le même voisin qui va appeler le VSL alors qu’il a sa voiture pour faire le même parcours. Donc d’un coté il y a une attitude responsable et de l’autre irresponsable, je prends parce que j’y ai droit. Après quand on s’interroge sur les déficits de la sécurité sociale, ces petits comportements quotidiens de chacune ou de chacun qui peuvent être sujet à sanction je dirais. Ce n’est pas parce qu’on a droit à quelque chose qu’on est obligé d’en abuser. Mais il y a un fait récent, c’est le problème de la situation des bourses. Vous avez tous les experts qui faisaient la promotion sur des choses qui partaient en dérive, qui aujourd’hui nous disent qu’effectivement c’est normal que ceci arrive pour telle ou telle raison. Mais avec la même attitude je dirais au premier chef, nous notre devoir de citoyen est de s’informer, de discuter et de poursuivre jusqu’à qu’il y ait sanction des responsables de ce disfonctionnement.

Animateur - Si je comprends bien, pour vous, le citoyen est responsable de tous ses faits et gestes, il doit faire en sorte que son comportement soit le plus irréprochable possible et que chaque fait et geste soit régulé en fonction de cette notion de responsabilité, il doit avoir cette volonté d’être responsable et donc d’analyser tant bien que mal chaque fois ses faits et gestes . C’est ce qu’on entend aujourd’hui dans le monde, notamment du point de vue écologique, tous les petits gestes qu’il faut faire pour sauver la planète, chacun y mettant du sien on pourra faire en sorte de résoudre les problèmes qui sont planétaires. Ca c’est effectivement une question de responsabilité mais ça veut bien dire si chacun prend sa part de responsabilité, dans le mot responsabilité il y a une notion de poids, on décharge le poids sur le tout le monde, chacun prenant sa part on arrive à résoudre les problèmes.

6 - Moi je voulais rappeler qu’un homme conscient est un homme responsable et un homme responsable est un homme libre. Le citoyen doit être, plus que tout autre, sensible à ce genre de maxime car il est porteur, disons, de la liberté de chacun. C’est important je crois, ça résume tout ce qui a été dit jusqu’à maintenant. Avec les responsables sur le plan politique car effectivement il ne faut pas s’abstenir, il ne faut non plus soutenir des causes indéfendables, il ne faut pas soutenir par exemple, ce qui a té dit un peu, le terrorisme, les actes de terrorismes, il ne faut soutenir les gens qui violent la loi, c’est un devoir premier. Alors il y a une question qui est fondamentale là-dedans dont on n’a pas parlé, c’est le problème de conscience. La conscience c’est la base de tout. Qu’est-ce que la conscience, c’est la conscience du bien et du mal. Si on n’a pas cette conscience là dès le plus jeune âge, je ne vois comment on peut devenir un bon citoyen. On a parlé d’instruction civique, vous savez si à un enfant on n’a pas su lui dire c’est bien ou c’est mal, comment voulez-vous qu’il puisse se comporter plus tard en citoyen, ce n’est pas possible. J’ai lu récemment l’article d’un psycho-pédiatre, qui fait autorité, il s’appelle Naouri, il a reçu dans son cabinet un père qui n’arrivait à maitriser son fils, un jeune gamin de sept ou huit ans. Ce gamin s’est comporté de façon horrible dans le cabinet, il renversait tout, il touchait à tout et son père lui disait, ah ! Tu sais c’est à monsieur, ceci vaut cher etc., etc. Au bout d’un moment le psychiatre lui a dit, mais vous ne lui dites jamais non, ah ! Non jamais je lui dis non, c’est fasciste.

Animateur - Là on arrive aussi à cette question de l’éducation. De quoi suis-je responsable on peut aussi s’interroger, de qui suis-je responsable, de quoi, sous-entendu, les générations qui vont nous suivre, je pense que ça fait partie de la question de citoyenneté.

7 - Je vais peut-être, avec mon interrogation, ajouter à la confusion, je suis depuis le début du débat un peu perdu pour répondre à la question. On a cité beaucoup d’exemples qui vont un peu dans tous les sens même s’ils sont tous réels et intéressants mais qui me semble-t-il ne forment pas forcément une cohésion. Alors déjà la question que j’ai envie de poser, si je la pose c’est que je n’ai pas la réponse, peut-on considérer que le citoyen est un tout, est-ce qu’on est toujours citoyen de la même manière. Je crois qu’on ne peut être citoyen de la même façon en fonction de son âge. Un enfant est peut-être citoyen mais sa responsabilité sera différente de celle d’un vieux comme je suis. Vous avez cité le fonctionnaire, est-ce que c’est alors le citoyen qui est responsable ou est-ce le fonctionnaire, n’est-on pas obligé de faire une séparation entre les deux. On a également le citoyen électeur, c’est un autre individu et sa responsabilité par conséquent est différente. Si on suit le précepte de Damien, qui à juste raison pense que pour voter il faudrait au moins connaître la société dans la quelle on vit, c’est un vœu pieux, si on appliquait cette règle il n’y aurait plus que 5% de votants, avec un effort peut-être 10%. On a aussi évoqué les experts, les experts sont-ils citoyens ou simplement experts. Je reviens donc à la responsabilité, par exemple celle d’un citoyen père de famille, c’est d’élever ses enfants, de les éduquer normalement, de la meilleure façon possible. Le citoyen électeur je viens de le dire, sa responsabilité est d’essayer de ne pas voter bêtement, de s’informer, etc. etc. Je pense donc que citoyen est un terme générique derrière lequel il y a énormément de type de citoyen et par conséquent énormément de formes de responsabilité.

Animateur - Vous avez raison d’insister sur la notion de citoyenneté, le terme de citoyen, en fait la question est c’est quoi être citoyen, de quoi suis-je responsable, c'est-à-dire que des fois on est citoyen, des fois on ne l’est pas. On peut essayer de se poser la question quand je suis citoyen qu’est-ce que je fais, je suis citoyen, je fais quoi, je suis quoi, j’essaie de m’attacher à quoi, quels sont mes buts, qu’est-ce que j’essaie de faire et de quoi suis-je responsable finalement.

8 - On a parlé tout à l’heure de la prise de conscience du citoyen, je pense que c’est la première étape. Mais une fois qu’on a pris conscience de ça, qu’est-ce qu’on fait. Moi je suis consciente qu’il y a des gens dans la rue et que ça ne va pas, je suis consciente que dans le monde tout le monde ne mange pas à sa faim, je suis consciente de tout ça, mais en même temps est-ce que je suis responsable de tout ça. Je ne pense pas et à mon niveau comment je peux faire pour que ça évolue avec mes petits moyens. Je pense que c’est quand même une question à se poser, on ne peut pas demander d’être responsable de tout ce qui se passe, d’avoir une attitude exemplaire en tant que citoyen, parce que nous sommes citoyens et de nous demander, par exemple je prends quelque chose de très basique, on nous demande de trier nos déchets, c’est une bonne chose en soi, mais on ne demande pas aux entreprises de faire de gros efforts. Qui pollue le plus actuellement, ce n’est pas le citoyen qui ne trie pas ses déchets, il faut être honnête. Par contre on va quand même nous mettre ça sur le dos, si vous ne faites pas ça, vous vous rendez compte la nature… On va nous dire en tant que citoyen il faut faire des prises de conscience, il faut avoir des attitudes civiques, c’est ce qu’on nous dit, et puis finalement quelque part on nous assène de plus en plus de taxes et finalement ça nous pèse beaucoup. Finalement toutes les difficultés on peut mettre une toute petite pierre à notre édifice mais la prise de conscience doit être collective.

Animateur - Là vous nous parlez de chose intéressante parce qu’à l’inverse d’autres interventions, on a insisté sur le fait que chacun est responsable de tous ses gestes, vous nous dites, mais non, je ne suis pas responsable de tout. Je ne suis pas responsable de tous les grands malheurs de la planète, de tout ce qui se passe dans le monde ou dans ma ville et donc je ne dois pas tout prendre, même si on essaie de m’en coller le plus possible. Vous vous sentez accablée, je pose cette question, est-ce que vous Vous sentez accablée par tout ce qu’on vous demande, tous les devoirs qu’on vous oblige à respecter. Est-ce que vous pensez que c’est cela qui va nous permettre de devenir de plus en plus citoyen, ou pas.

9 - J’irais même un peu plus loin que ça, moi en tant que citoyen, je me sens responsable de rien du tout mais vraiment et de moins en moins et je ne veux surtout pas qu’il y ait quelqu’un qui vienne me dire le contraire. Alors je m’explique, si on est dans un système qui se veut démocratique il y a un certain nombre de pré-requis pour ça. Déjà la société on sait où elle va, est-ce qu’on a décidé ensemble de sa direction et par délégation ou directement on a donné notre pouvoir à nos représentants qui sont censés aller dans la direction que l’on a voulu donner. Ca c’est un premier pré-requis d’un système démocratique où l’on est censé ensuite être responsable. Deuxième chose, aujourd’hui par rapport à ça, moi je suis désolé mais je ne sais pas du tout où l’on va et en plus on ne me l’a pas dit, ma société je me rends compte qu’elle ne va surement pas dans la direction que je veux et j’ai même l’impression qu’elle ne va pas dans la direction que la majorité veut. Ce n’est pas grave, elle y va quand même, et je n’ai pas l’impression de pouvoir faire grand-chose. Chaque fois tous les cinq ou six ans on délègue le pouvoir à des gens qui sont en plus toujours un petit peu les mêmes, globalement, ils ne représentent rien en plus, c’est à dire qu’il n’y a pas de vision de la société, il n’y a pas des idées de se dire dans vingt cinq ans nous voulons que le pays soit là, nous voulons qu’il se passe ça et donc nous allons faire un certain nombre de choses pour y arriver. Il y a la résolution marketing des petits problèmes quotidiens des gens, mais il n’y a pas de vision et ensuite on se rend compte même, que même s’il y avait ça, aujourd’hui notre pouvoir en tant que citoyen il est circonscrit au pays, un petit peu à l’Europe, mais c’est déjà moins vrai, et en tout cas à rien d’autre. Donc la société qui est une société aujourd’hui mondialisée dont les interactions sont très fortes, dont la direction est peu connue, moi je ne veux pas aujourd’hui être responsable de quoi que ce soit dans son fonctionnement. Je crois même bien que c’est là le problème. Je voudrais revenir à ce que disais l’intervenant précédent, nos politiques eux par contre qui sont là depuis quand même un certain temps, savent très bien nous dire de quoi nous sommes responsables, alors qu’en fait il n’y a pas de responsabilité réelle. Si je voulais vraiment être responsable, par exemple je pourrais tout à fait me droguer, fumer, boire jusqu’à plus soif sans que jamais, à partir du moment où je ne fais de mal à personne, sans que jamais personne vienne me trouver quelque chose à redire. Alors aujourd’hui, la société n’est pas du tout là dedans, on est dans une société qui va dans un principe d’où les responsabilisations généralisées par des moyens, je dirais de plus en plus sécuritaires, même si je mets des guillemets à sécuritaires, qui fait en sorte que j’ai de moins en moins de responsabilité y compris sur moi-même. Je comprends qu’on puisse se poser la question, parce qu’en plus la question est parfaitement légitime puisqu’il y a une antinomie normale entre le fait d’être citoyen et celle d’être responsable, deux choses qui relèvent à peu près du même champ sémantique. Paradoxalement on se pose la question, je trouve ça très intéressant et moi j’y réponds, de rien, c’est bien là le problème.

Animateur - D’accord, il y a plusieurs choses qui ont été abordées. D’abord est apparue la question du degré géographique, en tant que citoyen, mais citoyen de quoi ? On a parlé des nations, évidemment parce que la nation est depuis deux cents ans le berceau de la citoyenneté, le siège de la citoyenneté et aujourd’hui on est arrivé à un niveau mondial mais finalement on ne se reconnaît pas citoyen du monde aujourd’hui, malgré le fait qu’il y ait de plus en plus des problèmes qui touchent tout le monde et de manière globale. Cette idée de citoyenneté, il faut aussi qu’on s’interroge sur qu’est-ce qu’on peut faire en tant que citoyen, mais citoyen de quoi, du pays, de l’Europe, du monde, de la ville, de nos quartiers, de la cité ? Et puis on revient sur cette idée, si on parle de responsabilité il faut aussi se poser la question de la vision politique, le fait de se sentir tous ensemble engagés dans une aventure démocratique, on va tous ensemble décider d’aller vers un endroit donné, ça s’appelle une vision politique , le corps électoral a décidé d’aller vers un endroit donné. Comment voyez-vous cette dimension de la politique et notre responsabilité à l’égard de cette dimension.

10 - Je prends la suite de ce qui vient d’être dit, le rôle du citoyen est double. Il y a effectivement ce dont il a besoin naturellement pour vivre, dans son appartement, un groupe d’humains, on est des mammifères, on se reproduit entre nous, il y a cet aspect là, l’aspect animal. Et puis après il y a l’évolution qu’a apporté l’homo sapiens qui fait qu’on se joue aussi une comédie, on va jouer un rôle dans une société. On peut être comédien, on peut être homme politique, je les mets cote à cote c’est un peu exprès. Et puis ça peut se décliner sur de multiples formes, le fonctionnaire, le fonctionnaire de quoi, il y a des fonctionnaires dans tous les services, dans tous les domaines, je dirais que chacun va se donner un rôle qui est un peu plus que le strict nécessaire de l’animal pour agrémenter la vie entre humains. Je dirais que c’est là que se pose pour moi la question de la citoyenneté, cette conscience de vivre dans une cité et c’est là-dessus à mon avis qu’on va partager un regard commun, même si chacun choisit le rôle qu’il va jouer. Voilà la responsabilité c’est un petit peu dans le rôle qu’on veut jouer indépendamment de la stricte nécessité pour vivre, d’une part on est animal et d’autre part on est un homme conscient d’une autre réalité que le simple fait d’être un animal. C’est là que se pose la responsabilité au sens du citoyen.

Animateur - On revient sur cette notion de cité, et on ne voit pas bien cette notion de cité, c’est avant de se sentir responsable on a délimité, on a tracé une limite au-delà de laquelle on n’est plus responsable. Aujourd’hui connaître ces limites et comment se sentir responsable finalement d’un monde dans lequel on n’a plus vraiment d’accroche.

11 - Ca pourrait peut-être nous aider à progresser dans le débat, réfléchir à ce que c’est que d’être citoyen. Là je réagis vivement aux provocations de Boris, il y a eu toute une période où les habitants d’un pays étaient des sujets, on disait sujet du roi, c’est exact du point de vue historique. Il y a eu tout un travail de responsabilisation qui s’est fait au travers de penseurs, de gens qui ont pu agir, qui ont créé des clubs de réflexion comme on dit maintenant et qui ont amené progressivement à amener la démocratie à pousser chaque individu à se reconnaître responsable de l’évolution sociale collective et non pas seulement être sujet et dire oui c’est peut-être discutable en conscience mais je suis soumis à une autorité, je suis sujet du roi ou sujet d’un prince, d’un comte etc. Je crois qu’il y a eu un changement qualitatif extraordinaire qui s’est fait à partir de ce moment-là. Je pense au mot de Socrate qui subissait une crise philosophique intérieure profonde, disant si tu connais tes paramètres tu connaitras l’univers et les dieux, à partir de ce moment tu te sens responsable et Socrate a été jusqu’au bout dans son attitude de citoyen.

Animateur - Cette référence sujet, citoyen, je pense que c’est intéressant parce qu’on va revenir à la question de souveraineté qui est la base même de la notion de responsabilité. Or quand vous parlez de sujet on ne parle plus véritablement de responsabilité puisque la souveraineté est liée au roi qui est le souverain. En démocratie c’est le peuple qui est souverain.  Comment relier aujourd’hui cette notion de souveraineté, comment elle évolue, comment évolue cette notion de souveraineté, cette notion de responsabilité dans le corps social, à priori on fait partie de ce corps social.

12 - On va commencer par la notion de responsabilité et en même temps se poser la question, qu’est-ce que ça veut dire être citoyen ? Selon mon voisin de droite, il y a plusieurs pistes pour être citoyen, on a des chapeaux différents et des responsabilités différentes dans la niche respective. Selon mon voisin de gauche c’est pire, cette notion de responsabilité est diluée jusqu’à devenir néant. Alors sur ce plan là, responsabilité et souveraineté également, mon opinion est la suivante, je peux prendre plusieurs chapeaux, être un bon père de famille si j’arrive et donc assurer le bien être de mes enfants, être un bon professionnel évolutif réagissant correctement aux besoins des gens sur lesquels j’exerce un pouvoir, concrètement mes étudiants. Mais pour moi être citoyen ce n’est pas un chapeau différent, c’est un chapeau que je ne retire jamais, c’est une sorte de combinaison de tous les états ensemble. Alors être citoyen c’est un bon père de famille, bon professionnel quelqu’un qui respecte les lois et non pas seulement la lettre des lois mais l’esprit des lois et qui se comportement décemment vis-à-vis de ses voisins. Le problème est que normalement si nous voulons influencer sur notre souveraineté, sur l’avenir de la société, cela ne suffit pas. On peut être très bon, être mère Theresa ou Saint François et on ne fait rien parce qu’on n’ pas le moyen parce que le pouvoir dont je parlais dans ma première intervention ne nous aide plus. Alors y a-t-il un moyen de sortir de ce dilemme, sachant que notre responsabilité se dilue, la seule chose que l’on peut faire c’est élire un représentant qui va être un petit rouage dans un organisme, finalement on arrive à l’assemblée nationale ou au sénat là où ils exercent des compétences quelconques, là l’un des plus grands fonctionnaires de notre pouvoir qui propose de donner des moyens financiers à des voleurs fiscaux ce qui a provoqué le scandale que tout le monde sait. Cela prouve la compétence se dilue également on arrive à ce qu’on appelle la borne limite de Peter, cela signifie que les gens progressent jusqu’ à un niveau où ils ne savent plus rien. Alors maintenant je termine de la façon suivante, moi je suis un accro d’internet, je pense que nous commençons à avoir des moyens de nous battre contre cette hiérarchisation qui est naturelle, qui est le résultat d’une évolution historique, mais nous pouvons avoir un peu plus de démocratie directe, nous pouvons mettre en relief des choses qui nous gênent, nous pouvons essayer d’influencer la justice française qui n’est pas si mauvaise que ça. Il y a une chose dans la justice française qui est très mauvaise depuis trois siècles, la justice française ne veut jamais être responsable de ses erreurs, corriger une faute juridique en France, c’est la galère. On commence maintenant à avoir la possibilité de se battre contre cela et c’est ça qui constitue une partie de la responsabilité citoyenne. Voyez l’affaire Seznec qui a été enterrée définitivement même si, même parmi les juristes, il n’y a plus un seul magistrat en France qui croit encore à la responsabilité de Seznec et pourtant l’affaire a été enterrée. Nous pouvons grâce à cette manifestation de démocratie directe essayer de responsabiliser ces gens là et ceci fait partie de ma responsabilité en tant que citoyen.

Animateur - Beaucoup de choses, je vais en prendre deux. D’abord même si la mode n’est plus au chapeau, cette question de chapeau est intéressante, ça permet d’imager les choses, on peut avoir plusieurs casquettes, en tant que chef de famille, mère de famille, on peut être fonctionnaire, on peut être professeur etc. et en même temps il y a pour vous un chapeau commun, un dénominateur commun qui est celui du citoyen, chapeau de citoyen. on ne va pas aller jusqu’au bonnet phrygien mais on peut aussi aujourd’hui se poser la question de savoir qu’est-ce que c’est ce dénominateur commun, qu’est-ce qui fait qu’on est tous citoyen et on a tous les même chapeau. Ensuite vous nous parlez de démocratie plus directe, démocratie qui permettrait de se sentir plus utile, en tout cas de sentir qu’on est plus capable d’avoir un ascendant sur les lois de la société. Vous avez parlé d’internet on peut essayer d’imposer des solutions pour mettre en place des outils qui nous permettraient d’avoir plus d’impact sur le fonctionnement de la société.

13 - Sur Sur les différents citoyens, effectivement je serais plutôt d’accord de dire qu’il n’y a qu’un seul chapeau citoyen. J’ai regardé dans le dictionnaire la définition de responsable, j’ai pris celle qui m’intéresse, c’est celui qui réfléchit, qui pèse les conséquences de ses actes. C’est effectivement le cas d’un citoyen, il pèse la conséquence de ses actes et les oriente dans le sens qui lui semble être normalement le bien commun. Alors ce que je voulais dire, qui a été longtemps expliqué par un intervenant précédent que je reformulerai ainsi, c’est qu’effectivement, le citoyen ne peut être responsable de quelque chose que lorsque l’organisation de la société dans laquelle il est lui permet d’agir et de pouvoir avoir une action sur les différents éléments, les différents rouages de cette société, se dire cela dépend de moi, je peux avoir une action sur cette chose là. Or on s’aperçoit qu’il y a énormément de choses sur lesquelles on n’a plus vraiment accès, ou alors c’est une galère phénoménale, ce n’est vraiment pas facile, il faut une volonté du diable si vous permettez. Alors j’entendais également le citoyen c’est celui qui obéit aux lois. Alors je vais juste vous rapporter l’article 35 de lé déclaration des droits de l’ homme et du citoyen de 1793 parce qu’il y en a plusieurs, donc l’article 35 dit : »Si un gouvernement viole les droits du peuple l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».Donc effectivement il y a peut-être des limites hors desquelles le respect des lois pour le citoyen ne doit plus se faire, ne peut pas se faire.

Animateur - Je pose simplement une question, avez-vous l’impression, le sentiment d’être aujourd’hui de moins en moins responsable des choses qui arrivent à notre société.

14 - Je me pose une question toute simple, ce n’est certainement pas un débat qu’on aurait eu il y a dix ans, il y a vingt ans. Le citoyen revient à la mode, il faut faire des cafés citoyen, des débats citoyens etc. Je me pose la question, qu’est-ce qui a bougé dans notre société pour qu’on ait envie de reprendre ces débats, de quoi avons-nous peur. Il y a vingt ans on était relativement pas serein, tout dépend, mais serein de la perspective pour nos enfants, qu’est-ce- qui basculé, est-ce que ce sont nos politiques qui ont péché, qu’est-ce qui fait que la crainte, on a la crainte de l’avenir et qu’on a envie de reprendre la parole. Il y a vingt je n’entendais pas parler de café citoyen. Là j’ai un peu peur que ce soit remis à toutes les sauces, parce que je serais un gouvernant mal faisant je serais prêt à donner de l’argent pour que les gens discutent, est-ce que ça ca déboucher sur quelque chose tous vos discours, est-ce que ça ca changer l’avenir de nos enfants ? Je voulais aussi simplement dire, quand les enseignants demandent tant aux enfants en disant on n’est pas là pour fabriquer des producteurs,, des consommateurs, on est là pour faire d’abord que nos enfants réfléchissent par eux-mêmes, je pense qu’effectivement là il y a un travail à faire en faisant en sorte que nos enfants soient eux soit à même de répondre à la question qu’est-ce que c’est être citoyen. Donc si on laissait le temps à l’école, c’est un scandale de faire sortir un gamin à quatorze ans pour aller directement dans la production, comment pet on devenir citoyen quand on rentre à quatorze ans ou quinze ans ou seize ans dans la production. Qu’est-ce qui fait en quoi cette société a basculé, c’est vrai qu’on a peur et qu’on a envie de reprendre la parole, c’est peut-être trop tard.

Animateur - Moi j’ai l’impression d’être citoyen et pourtant je suis partout tôt de l’école. je crois qu’il ne faut pas non plus décider comment on forme un citoyen, je pense qu’il y a une part de responsabilité, on peut très bien être citoyen et être couvreur, travailler dans le bâtiment ou tout simplement faire la plonge dans un restaurant. Par contre vous nous dites qu’aujourd’hui on a de plus en plus le sentiment que les gens veulent prendre la parole, on peut s’interroger sur ce mouvement et surtout comment faire en sorte que les gens puissent véritablement s’exprimer pour que le cours des choses change en fonction de leur volonté, volonté générale.

15 - Moi j’ai plusieurs observations, j’ai été un peu contre les idées de déresponsabilisation dans un premier temps parce que je pense qu’en tant qu’être humain on est responsable. On n‘a pas toujours les moyens d’agir pour, mais c’est difficile de dire qu’on perd toute responsabilité. Par contre les interventions qui sont venues dans ce sens ont attiré mon attention sur le fait qu’on a parlé de démocratie, le citoyen est responsable en démocratie. Moi la question que je me pose aujourd’hui, sommes-nous encore en démocratie. Le pouvoir est plutôt confisqué par des élites qui ont tendance à passer d’un poste à l’autre, on essaie d’aller de l’opposition au pouvoir, du pouvoir à l’opposition et c’est vrai qu’on voit souvent les mêmes personnes qui font carrière si bien que le citoyen a tendance à être laissé de coté. Les gens qui font carrière sont professionnels et finalement finissent par mieux connaître nos besoins que nous, tout au moins en ont l’impression. Donc il y a aussi le fait en démocratie, la démocratie a été inventée par les grecs à l’échelle de la cité, c’est vrai qu’agir au niveau de la cité c’est facile, aujourd’hui dans la mondialisation il est clair qu’il y a une autre taille, on a à faire à des cultures qui se rencontrent et c’est encore moins évident de se comprendre et d’échanger quand on ne se connaît pas. Il est clair aussi pour moi qu’aujourd’hui on a un peu une perte des valeurs humaines. Tout à l’heure j’entendais parler de qu’est-ce qu’on fait quand une personne est à terre, c’est vrai qu’aujourd’hui on a perdu cette notion de fraternité qui est pourtant dans note triptyque de la république, il est clair que quelque part c‘est le cœur qui parle et plus le droit à ce moment là. Donc il est important quand on est citoyen de rester homme on ne passe pas d’une casquette à une autre, donc il faut réagir aussi avec le cœur et je pense qu’il important aujourd’hui de réfléchir en effet à comment on peut reprendre un peu la main. Il est vrai que ce n’est pas facile aujourd’hui de reprendre la main, comment va-t-on faire pour trouver des moyens d’action. Alors il y a sans doute des pistes, internet permet d’avoir des dialogues virtuels, de retrouver des places de débat, il y a beaucoup de choses à inventer, à réinventer pour reprendre un petit peu le pouvoir et les responsabilités qu’on a perdus.

Animateur - A priori, de plus en plus c’est marrant, au début du débat on avait le sentiment que le citoyen était responsable de tout, après on a eu cette idée que finalement on est responsable de pas grand-chose, on n’est pas au courant on n’a pas décidé de l’endroit où on veut aller. Pour autant j’ai envie de vous dire qu’est-ce qui fait que notre société fonctionne aujourd’hui, notre société fonctionne d’une certaine manière, nous consommons tous et effectivement en tant que citoyen nous ne sommes pas responsable mais en tant que consommateur par exemple.

16 - L'animateur a posé la question suivante : est-ce que j’ai l’impression d’être de moins en moins responsable ? A cette question je ne réponds pas parce que je me demande responsable de quoi. Il est évident que je ne peux pas être responsable de tout mais contrairement à ce que dit Boris qui se sent responsable de rien, peut-être que moi en tant que citoyenne je peux être responsable de quelque chose. Donc pour moi en tant que citoyenne avec mes petits moyens je vais être responsable d’essayer de mettre en œuvre ce à quoi je crois en  étant persuadée que je viole personne et donc ça rejoint ce que tu as dit tout à l’heure, chacun avec ses petit moyens, mieux consommer, trier les poubelles même si mon voisin à coté ne fait rien, je ne m’occupe pas de mon voisin, je ne cherche pas à savoir si Pierre Paul Jacques fait mieux ou plus mal que moi, j’essaie de mettre en œuvre ce à quoi je crois. Je voulais reprendre ce qu’a dit monsieur par rapport à ce que je disais précédemment. Si quelqu’un tombe par terre qu’est-ce que je fais, agissons avec le cœur, oui, nous sommes tous d’accord. Mais si j’écoute mon cœur et que je ramasse la personne et qu’elle se trouve paralysée et bien on me jette en prison. Tout citoyen ne connaît pas les bons gestes. Madame dit on appelle, c’est la réponse mais est-ce que tout le monde aurait fait pareil.

17 - Je suis d’accord avec vous, je ne sais pas quoi faire non plus mais la première chose que je fais, il n’y a pas besoin d’avoir fait des études pour ça, c’est d’appeler les pompiers ou la police. Par rapport à ce que disait monsieur tout à l’heure, je reviens toujours à l’éducation, vous disiez qu’il y a vingt ans il n’y avait pas de café citoyen, je dirais aujourd’hui heureusement qu’il y a un café citoyen parce que sinon personne ne se parlerait, personne ne se parle, c’est grâce au fait qu’il y a un café citoyen qu’on peut se parler les uns les autres. Mais j’en reviens toujours à l’éducation parce que moi je remercie mes parents de m’avoir élevée très sévèrement. Aujourd’hui, on en parle beaucoup, c’est la démission des parents, il n’y a plus aucun respect des professeurs. Il y a encore quelques années j’avais la trouille des profs, un petit coup de règle sur les doigts, ce n’était pas méchant et mes parents ne venaient pas voir le professeur qui m’avait donné un coup de règle sur les doigts et n’allait pas donner un coup de poing dans la figure du professeur.

Animateur - Il y a mot que vous avez prononcé qui à mon avis est intéressant qu’on n’a pas encore utilisé, c’est le mot de respect. Ce mot a toute son ambigüité aujourd’hui, on nous demande d’être de plus en plus respectueux envers la loi, pour autant j’ai envie de vous demander, les lois de plus en plus sévères, est-ce qu’être de plus en plus respectueux l’égard de la loi, des lois qui sont de plus en plus importantes, est-ce que ça fait de nous de meilleurs citoyens.

18 - Il y a eu beaucoup de choses dites depuis une heure et quart. Je dirais, on ne nous dit pas tout en 2008, cette émission dominicale, le lundi matin, non pas au café citoyen, mais dans les cafétérias des entreprises, fait fureur, c’est repris auprès des gens qui travaillent. Comme disait monsieur, pourquoi il y a tant de gens qui parlent dans les cafés citoyen ou qui ont besoin de s’exprimer et pourquoi il y a une touche humoristique qui plait aux gens qui reprend la vie politique dans ce genre de sketches humoristiques c’est qu’on a le sentiment vis-à-vis des députés, des sénateurs, le président etc., c’est que contrairement à nos espérances il n’y a peut-être pas le retour que l’on attend, il y a des déceptions et les gens ont besoin de s’exprimer, le droit de dire que ça ne va pas que ce qui se fait, se dit en haut lieu ne correspond pas à ce que l’on souhaite. On le voit en terme de pouvoir d’achat, on le voit actuellement avec la crise financière, les gens ont besoin d’exprimer leurs frustrations pour leur intérêt privé qui constitue globalement l’intérêt général parce qu’ils sentent que les hommes politiques au point de vue économique ne prennent pas les décisions qui représenteraient l’intérêt de la population, c’est pourquoi il y a autant de gens qui veulent s’exprimer, qui désirent donner leur avis, qui désirent comprendre et de réfléchir à des actions. S’exprimer pour moi c’est faire partie d’une société, d’un ensemble de gens qui ont des expressions, des points de vue différents, c’est aussi pouvoir observer pour connaître les avis des uns et des autres et pouvoir analyser et en ayant observé de faire son propre jugement et reprendre les gens qui sont autour de moi. Etre citoyen c’est écouter les autres, c’est comprendre l’évolution de la société et c’est aussi en ayant observé, ayant compris, pouvoir agir, entreprendre des actions en tant que citoyen. Ca peut-être des actions dans son quartier, personnellement j’ai le cas d’une association de quartier depuis à peu près huit ans avec soit du bénévolat pour des fêtes ou dans des clubs d’activités, j’essaie par cette adhésion pouvoir apporter une action dans l’intérêt de la population du quartier. Ce qui est indispensable en tant que citoyen, c’est se dire, moi je paie des impôts, je travaille, je gagne de l’argent mais je reverse une partie de ce que je gagne à l’état, aux collectivités et me dire cet argent que je donne, j’ose espérer qu’il est bien utilisé. Ce qui est important c’est de se dire, on râle parce que le français râle souvent, c’est vrai qu’on dit on paie des impôts , est-ce que cet argent s’il est bien utilisé peut servir aussi dans l’éducation, la réfection des routes etc., dans des actions publiques qui là ont pour vocation de mettre en application la responsabilité du citoyen, c'est-à-dire je participe à la société par différents moyens et avec les moyens on met en action des activités, des applications pour l’intérêt général, dont je peux profiter même si par exemple une personne célibataire sans enfant directement elle en fait profiter d’autres. C’est peut-être ça aussi être citoyen en payant des impôts et puis en essayant d’écouter et puis de respecter et d’agir pour les autres.

Animateur - Vous parlez des impôts qui sont une sorte de contribution des citoyens. Moi j’ai envie de vous poser la question, à nouveau, pour vous chaque citoyen n’a pas les clefs pour pouvoir prendre des décisions, mais est-ce qu’on n’a pas les moyens de chercher aujourd’hui. J’ai envie de me faire l’avocat du diable, d’abord je n’ai pas vraiment l’impression qu’on ne puisse pas agir sur notre propre vie, finalement quand même, on peut se poser la question sur notre propre comportement et sur notre capacité à nous intéresser au fonctionnement de la société. Il y a quand même beaucoup de choses, on a parlé de médias, je pose cette question est-ce que vraiment on n’a pas de moyen pour devenir de plus en plus citoyen et de devenir de plus en plus responsable et pouvoir agir en conscience. Une deuxième question, qu’est-ce que c’est le bien commun.

19 - Je peux comprendre que certains dans la dilution de la responsabilité, dans l’individualisme, dans un monde globalisé où l’on ne sait plus qui est responsable, on ne sente plus responsable. Mais moi personnellement je me sens responsable au sens du terme fondamental. C'est-à-dire que je dois avoir conscience, même si je ne sais pas tout, si je n’ai pas conscience du bien et du mal ça ne servira à rien. Vous savez il y a des gens très compétents, ils ne sont pas pour autant responsables. On voit bien à tous les niveaux, même au niveau supérieur, quand on voit par exemple ce qui s’est passé à la bourse, on nous dit ce sont des gens très compétents, ce sont des types formés dans les plus grandes écoles, comme polytechnique, quand vous voyez les erreurs qu’ils commettent, vous vous dites, après tout ils sont peut-être très compétents mais ils sont vraiment irresponsables. Alors il y avait une notion fondamentale, la responsabilité, on n’en a pas beaucoup parlé c’est la notion de faute. Effectivement quand on est responsable on doit répondre de ses fautes. Il s’est passé une chose à la fin du 19° siècle et durant tout le 20° siècle la notion de faute a disparu peu à peu au profit de la notion de risque. C'est-à-dire, moi je me rappelle un professeur de fac qui nous disait, le jour où la notion de risque se développera considérablement il n’y aura plus de responsabilité, ce sera la déresponsabilisation totale. C’est ce qui se passe actuellement, les gens, quand vous avez un accident avec quelqu’un, il vous dit voyez mon assureur. Vous écoutez un message radiophonique ou télévisuel concernant, j’ai vu l’autre jour un message de Generali où Zidane disait, avec vous je suis responsable. Avec vous, pourquoi, c’est l’assureur qui est responsable ou c’est moi qui est responsable. Voilà une chose qui s’est passée dans notre société, c’est qu’on est complètement déresponsabilisé, je paie, j’ai une assurance, donc je ne suis pas responsable. Je fais n’importe quoi, ça il faudrait réfléchir, qui paie c’est le collectif. Alors voilà il y a un transfert de la responsabilité sur la collectivité, si le citoyen ne veille pas à ça il faut que l’on soit solidaire, c’est important la solidarité, c’est un mot dont on n’a pas parlé encore.

Animateur - Il y a une chose qu’on peut aborder ici, c’est le fait de sentir personnellement en tant que citoyen, la conséquence de nos actes et de sentir ce que cela apporte chez nos concitoyens. Alors je sais qu’on est dans une société un peu individualiste mais est-ce que ce sentiment n’est pas à développer pour que justement on ait ce sentiment de responsabilité plus développé.

20 - Lutter contre l’individualisme à la télévision, internet et tout ça, oui ça renvoie la responsabilité dans une sphère du pouvoir c'est-à-dire une lutte entre adultes, c'est-à-dire une comédie. Moi je voudrais revenir à quelque chose de plus m&métaphysique, je ne sais pas. Quand j’ai vu le flyer qui proposait le sujet, je me suis immédiatement demandé mais qu’est-ce qui nous arrive qu’est-ce qui fait qu’on ait besoin de débattre maintenant alors qu’il y a vingt ça n’existait pas. J’ai une réponse qui me parait assez anodine, c’est la naissance c’est le fait qu’on soit manifeste en tant que créature, notre responsabilité dans ce champ existentiel entre ce qui est manifeste et ce qui ne l’est pas .Par exemple la joie, on peut être responsable de la joie, on peut être responsable d’inventions, de beauté, on peut être responsable, je ne sais pas comment ça se sait, je dirais que « je » est un peuple, chacun a une vision du monde et il faut réussir à résoudre cette équation là.

Animateur - Sous cette intervention poétique il y a plein d’idées, notamment votre formule qui est « je » est un peuple, je pense qu’on peut se poser la question de la pluralité au sein du citoyen et comment on sent cette pluralité en nous-mêmes. Je pense qu’on va essayer de poser la question de manière à y revenir en tant que citoyen, de quoi suis-responsable avec votre idée assez poétique.

21 - J’aime bien votre intervention parce qu’elle révèle je dirais une antinomie majeure entre l’individu, le sens qu’on peut avoir du bien à titre individuel, et le sens du bien commun. J’ai entendu, on a beaucoup parlé de bien individuel, qu’est-ce que moi je crois être bien pour moi-même et éventuellement pour mon voisin, ais on ne parle pas de bien commun. Moi je crois qu’il faut raiment se rendre compte que la démocratie c’est le sens du bien commun mais le bien commun il est peut-être préjudiciable, c’est comme ça, c’est la vie. Puisque nous sommes dans un groupe, une unité, et bien à titre personnel je vais pouvoir souffrir du bien commun mais néanmoins l’idée est d’avoir le sens de ce bien commun. Alors c’est compliqué, je reprends le principe démocratique, la démocratie c’est savoir où l’on va mais aussi savoir avec qui on va. Alors savoir où l’on va, on en a parlé, c’est la vision qui peut être donnée par le peuple, par ses représentants etc. Savoir avec qui l’on va, c’est justement ça qui donne la fraternité, la fraternité ce n’est pas immédiat, le sens de la fraternité au-delà de l’expression judéo-chrétienne si on a une vision citoyenne de la fraternité c’est avant tout parce que nous sommes tous conscients qu’on appartient au même système et qu’on va dans la même direction. Encore une fois direction que nous avons choisie et sur laquelle nous avons porté notre responsabilité commune. Ca c’est la base. Aujourd’hui, encore une fois c’est différent et lorsque j’entends des gens qui disent, ben oui moi je suis responsable, déjà l’idée que j’élève bien mes enfants etc., moi je n’ai pas d’enfant aujourd’hui, mais quand je vais en avoir je vais être devant un cruel dilemme qui est le suivant, est-ce que je les élève pour qu’ils soient bien dans cette société, c'est-à-dire est-ce que j’en fais des consommateurs avertis, des gens soucieux avant tout d’eux-mêmes parce que quand même on est dans un univers un peu de requin donc ça ne va pas être simple, ou est-ce que j’en fais des gens citoyens, conscients quitte à ce qu’ils deviennent totalement marginaux parce que très mal finalement dans la société dans laquelle on vit. Ca je suis désolé mais c’est quand même un dilemme et les gens qui ont parlé de leur vision de leur enfance, excusez-moi ce sont des gens plus vieux que moi, pour lesquels justement il y a vingt ans on avait encore un sens un petit peu univoque des choses. Lorsqu’on parle du poids du professeur qu’il n’a plus aujourd’hui, ben oui et pour cause. Il y a une vingtaine d’années on pouvait raisonnablement penser qu’on irait à l’école dans l’espoir d’avoir un métier et puis de réussir dans la vie. Aujourd’hui quand un prof nous dit ça, n’importe quel gamin un peu, je dirais qui connaît un peu les choses, rigole, surtout si lui-même est le fils d’un chômeur qui a bac plus six, évidemment. Donc on a perdu ce coté univoque, on a perdu cette direction qu’on voulait avoir et donc je dirais par jeu des dominos et bien le professeur n’a plus aucun pouvoir, n’a plus aucun respect, pour cause puisqu’on se demande ce qu’il représente finalement, est-ce qu’il représente le savoir, alors que le savoir peut nous être donné par plein d’autres moyens à commencer par internet, est-ce qu’il représente la capacité à être citoyen, mais c’est quoi être citoyen si on n’a pas la prétention, bien voilà je pose la question, je crois qu’il ne faut pas s‘étonner, on est passé d’une vision je dirais relativement univoque de la société, du bien commun au sens où le progrès social, le progrès industriel, chacun s’élevant dans la société d’un point de vue matériel, à aujourd’hui on est arrivé au bout et on se demande où on va bien aller. Donc forcément il n’y a plus de citoyenneté, il n’y a plus de vision, il n’y a plus du tout ce coté univoque et on arrive à des interventions qui finissent par dire moi déjà j’ai le sens de ce qui me semble bien pour moi, mais ce n’est pas la question.

Animateur - Je pense qu’on essayer de se poser la question, pourquoi finalement on se pose cette question qui pouvait sembler ne pas avoir de questionnement initial il y a quelques années, quelques centaines d’années, encore que, je pense qu’on s’est toujours posé ce genre de question. Est-ce qu’on ne peut pas essayer de voir comment évolué notre monde et si des problématiques suffisamment graves, commune et globales n’ont pas réveillé en nous des choses de l’ordre de la responsabilité ou de la citoyenneté. On se pose la question de savoir pourquoi ça revient est-ce qu’il n’y a pas des causes qui nous étouffent tous.

22 - S’il s’agissait de plaider pour gagner un procès je m’aperçois que je suis en train de la perdre. Je reviens sur mon idée, je veux bien admettre qu’il n’y ait qu’un seul citoyen, mais je continue à penser qu’il ne peut pas y avoir un seul type de responsabilité. Autant je peux considérer être responsable de ce que je fais personnellement pour des résultat qui vont être personnels, autant pour mon action que ce soit en tant qu’électeur, en tant que consommateur diluée dans un ensemble sur lequel je n’ai aucune maitrise, je refuse de considérer être responsable de ce qui arrive . Je me suis peut-être mal exprimé quand je dis que je vois plusieurs casquettes, plusieurs chapeaux, plusieurs perruques appelons cela comme on veut, mais il n’y a pas un seul citoyen. D’autre part lorsque l’on fait des références à l’Histoire, je crois qu’il faut, en tout cas je n’ai pas toujours la même interprétation des faits historiques qui ont été évoqués. Passant de sujet à souverain en tant que membre du peuple, lorsqu’on voit le résultat aujourd’hui je dirais que ce n’est qu’une question de mot, mais quelle différence y a-t-il réellement entre un sujet et un électeur, dans la pratique en tout cas, je ne vois pas de différence. Lorsqu’on évoque les droits de l’homme dans son ajout de 1793 il faut savoir ce qui se passait en même temps, on avait de bonnes idées très sympathiques, très louables, mais en même c’était la Terreur et on sait comment cela s’est terminé. Lorsqu’on relit certains discours de l’époque par exemple lors des discussions sur la nouvelle constitution plus précisément sur la façon dont il fallait définir l’électorat et qu’on est du peuple, je le dis franchement ces gens là utilisaient mais méprisaient le peuple. Donc ce n’est pas évident de faire de type de référence, en tout cas moi je dis que l’on se berce d’illusion et qu’en réalité si on a changé de mot on n’a pas changé de situation.

Animateur - Juste un petit point, la période de la révolution française est une période assez courte mais finalement très diversifiée et tout n’était pas la terreur, il y avait une progression et la terreur est une phase particulière il y a eu plein de choses avant, plein de choses après et puis même pendant la période de la terreur ce n’était pas l’égorgement de toute la terre.

23 - Moi je pense qu’on est responsable de ce qui va se passer dans le futur, il y a des gens qui ont les moyens d’être plus citoyen que nous. Quant à dire qu’on ne sait pas, moi je suis incapable de tout comprendre de toute façon donc il me semble qu’il faut qu’il y ait une espèce de délégation de gens qui prennent les décisions, moi je suis incapable de tout comprendre et donc de choisir. Moi je pense que c’est par l’éducation que tout passe et ça me choque un peu quand j’entends qu’un citoyen demain doit se faire, l’individu se construit tout seul, notre responsabilité est de faire en sorte qu’il se construise le mieux possible.

Animateur - Comment mettre à disposition des outils pour que le citoyen puisse s’élaborer lui-même, ça fait partie des méthodes d’éducation. Je pense que, ça a émergé tout au long du débat, mais vous dites moi je me sens responsable de demain, c’est peut-être cela quoi est le ferment de la responsabilité, en tout cas qui me semble important de mettre en avant aujourd’hui. Peut-être que se dire demain n’est pas écrit, on peut l’écrire ensemble ça aussi c’est une notion de responsabilité.

24 - Tout à l’heure quelqu’un a parlé de respect, je pense que l’évolution de notre société a fait que les relations se sont trouvées déshumanisées et que de ce fait beaucoup d’acteurs ont perdu énormément je pense en légitimité qui fait que finalement on ne les respecte plus. Nous sommes devenus des consommateurs et à ce titre ils attendent ce qu’ils veulent et pensent qu’à ce titre tout leur est permis. L’arrivée des nouvelles technologies a fait que tout a été déshumanisé, les gens ne se parlent plus.

Animateur - Ca rejoint l’idée qu’il ne faut considérer l’état comme la providence que tout nous était du, qu’on a beaucoup de droits et pas beaucoup de devoirs, peut-être que ça est fini, cette notion même de citoyen si tant est qu’on puisse considérer cet individu comme étant un citoyen, c’est peut-être aujourd’hui fini, on a peut-être pris conscience de ce genre de chose, notamment les ressources naturelles qui s’épuisent, des choses sur lesquelles on n’a pas vraiment d’emprise et qui finalement il faut composer avec. Il y a peut-être cette idée qu’on change d’époque aussi.

25 - Ce que j’ai entendu tout à l’heure, j’ai l’impression que l’évolution qu’on suit depuis quelques dizaines d’années est basée sur des mythes ou des idées et qu’aujourd’hui on arrive peut-être un petit peu au bout, on doit je dirais se comporter, on disait demain on aura la solution, on voit que les solutions n’arrivent pas avec ces mythes. L’idée qu’on a eu quelque part un pouvoir qui était de plus en plus technocratique, qui déresponsabilise les gens. Tout à l’heure j’ai entendu la formation, la formation est une solution et aujourd’hui on voit quelqu’un qui a bac plus six se retrouver au chômage. D’un autre coté on a perdu avec cette idéologie le respect des gens qui travaillaient manuellement, qui gagnaient leur vie de leur travail manuel et pourtant ce sont sans doute aujourd’hui ceux qui ont le plus de potentiel pour faire évoluer la société. C’est à mon avis un mythe aujourd’hui dont on voit le bout. Vous avez dit tout à l’heure il y a de plus en plus de lois, c’est vrai aujourd’hui qu’il y a de plus en plus de lois, est-ce que cela nous rend plus responsable je n’en ai pas l’impression. Aujourd’hui dans notre société quand on rencontre un problème on fait une loi qu’on n’applique pas parce déjà quand la loi est faite il n’y a pas de décret d’application derrière. Donc en fait on se retrouve avec une solution toute faite et on ne cherche pas en tant qu’individu à se responsabiliser à trouver la solution. Quand je disais tout à l’heure il faut remettre du cœur dans notre société, c’est sans doute là aujourd’hui qu’il faut retrouver des pistes, il faut qu’on réinvente un peu le moteur de notre société pour notre vision d’avenir et sans doute que cette vision d’avenir passe par l’homme et pas forcément par des aspects technocratiques.

Animateur - Je ne veux pas relancer le débat, mais vous ne pensez pas qu’il y a une antinomie sur le fait qu’on a ce sentiment d’avoir de moins en moins de pouvoir pour décider de la direction de notre société et en même temps on a de plus en plus d’obligations qui nous contraignent et qui font qu’on a de moins en moins, cet accablement d’obligation et en même temps être moins en moins responsable.

26 - Effectivement nous ne pouvons pas changer les choses nous devons nous adapter. Mais si aujourd’hui il semblerait que l’on fasse peu de cas du citoyen sinon pour le sanctionner parce qu’il va être hors la loi. Puisqu’en tant que citoyen je suis plutôt considéré comme consommateur, je dirais que notre pouvoir est là, c’est nous qui ne l’utilisons pas. Allez, rêvons un peu, faisons la grève des achats pendant une semaine, vous n’avez pas compris, on en fait une autre, vous ne croyez pas que les choses vont un peu bouger. Nous avons une responsabilité individuelle, nous avons également une responsabilité collective. J’ai une responsabilité individuelle, je vais vous dire pourquoi, je roule en 4 x 4, à Noël je mange des fraises et des haricots verts frais, c’est une responsabilité individuelle. Su r la plan collectif nous avons ce pouvoir de dire non, c’est nous qui ne disons pas non.

Animateur - Je vais rapprocher ça d’un point de vue politique il y a la question des abstentionnistes, peut-être des personnes qui s’en foutent, mais qui peut-être ont décidé de faire grève et pourtant le nombre d’abstentionnistes est grandissant, ça ne change pas grand-chose.

27 - Je me suis sentie citoyenne il y a très longtemps quand au lycée mon prof d’histoire m’avait appelée citoyenne et les garçons citoyens, citoyen untel, répond, je me suis demandé ce que cela signifiait. Au café citoyen l’intérêt justement c’est d’être là sans avoir complètement contourné le sujet et de s’interroger. Je viens juste de trouver une question qui ne répond à rien mais j’ai trouvé à travers les interventions l’action, l’action citoyenne. Serais-je citoyenne si j’agissais en irresponsable, le contraire de la responsabilité.

Animateur - C’est la question qui vient à la fin du débat. Je vais demander aux derniers intervenants d’être brefs.

28 - Il me reste moins de cinq minutes pour répondre à Jean Marie, quand on a commencé à mettre en place la démocratie, en France, aux Etats-Unis et peut-être avant c’était au bout d’à peu près vingt et un siècle. Alors on peut dire que maintenant il n’y a même pas trois siècles que ça a été mis en route. Alors au niveau de la citoyenneté mondiale par exemple il y a une prise de conscience qui se fait et j’ai vu dans un livre d’histoire de quatrième à la dernière page une photocopie d’une carte de citoyen du monde. Alors je dis il y a des étapes, je crois qu’il y a un progrès qui se fait dans l’inconscient collectif. Si on est citoyen sur un plan purement local et puis sur un plan beaucoup plus large, il y a une évolution qui est inexorable. Pour agir il faut une éducation civique dans les écoles et dans la famille, à partir cde 18 ans on est majeur, c'est-à-dire qu’à partir de 18 ans on est responsable.

29 - Donc responsabilité çà m’évoque le mot respect, j’ai cru que tu me donner la parole, ce n’était pas le cas, respecter les gens c’est de savoir communiquer, ça s’apprend la communication. J’en reviens à d’autres interventions, est-ce que, j’ai entendu à plusieurs reprises, les gens ne parlent pas, parce que j’ai l’impression les gens ne parlent parce que,

Animateur - Effectivement le fait que le monde soit irresponsable ne m’oblige pas à m’être également, rester citoyen même si le monde nous invite à ne pas le devenir

30 - Quand j’ai posé cette question, sans connaître la réponse je savais quand même une chose, je n’accepterai jamais l’aveu que je suis irresponsable parce que la responsabilité, dans ma tête va avec la dignité humaine et de cela je n’envisage pas de renoncer, jamais. Et quelle est donc ma responsabilité pour les gens qui sont mal dans notre monde actuellement, et bien lisez les bouquins d’Histoire, regardez comment ça se passe ailleurs et non pas dans les derniers siècles mais dans les cinq mille ans, partout ailleurs. On regarde le grand empire chinois qui était toujours totalitaire, là où le peuple était toujours sujet des hiérarchies et pourtant ils sont inventé la notion de mandarin qui était un fonctionnaire élu et les gens des villages finançaient l’éducation de ce mandarin. Actuellement évidemment l’éducation nationale gratuite s’en fout complètement du problème d’éducation civique, de solidarité entre les peuples. Nous pouvons quand même apprendre beaucoup sur la responsabilité citoyenne en regardant comment ça se passait ailleurs il y a fort longtemps.

Animateur - Merci pour cet élargissement du débat dans l’histoire qui n’est pas si éloignée de nous. Nous allons choisir le thème du prochain café citoyen.

1 - Les démocraties occidentales sont-elles prêtes à faire la guerre ? 14 voix
2 - Après la crise financière, quel modèle économique inventer ? 15 voix
3 - La biographie de personnage contemporain est-elle un atout ou un risque ? 4 voix
4 - Comment réaliser l’instruction civique ? 11 voix
5 - Faut-il réformer ou supprimer le sénat ? 5 voix
6 - Le président des USA sera-t-il aussi puissant dans les années prochaines ? 7 voix
7 - Quel est le sens de l’économie ? 11 voix
8 - Peut-on redevenir un citoyen après avoir commis un crime ? 11 voix

PROCHAIN CAFE CITOYEN LE SAMEDI 25 OCTOBRE 2008 : Après la crise financière, quel modèle économique inventer ?

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