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Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (25/11/2003)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Idéalisme et compromis

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Chacun de nous a déjà expérimenté dans sa vie la confrontation douloureuse entre ce dont il a rêvé et ce qu'il est effectivement possible de réaliser… Que ce soit au niveau personnel ou professionnel, on est souvent obligé de trouver des stratégies de conciliation entre le possible et l'idéal. Ce que l'on constate au niveau individuel est aussi un fait au niveau de la gestion collective d'une société, et même au niveau international : à l'ONU on accepte que des Etats qui ne respectent pas les Droits de l'Homme soient adhérents, bien que ce soit contraire à l'esprit de la Charte. L'art du compromis est donc à la fois le fait du politique et du simple citoyen essayant de mener sa vie. Faut-il le regretter ? Doit-on mettre plus d'idéal dans notre vie ?

Nous avons défini l'idéalisme comme une propension à aimer plus les idées que la réalité elle-même. C'est une attitude face au monde qui naît souvent à l'adolescence et qui devient chez certains un trait de personnalité. Attention cependant à ne pas confondre idéaliste et rêveur, ce qui serait une caricature. L'idéaliste croit en certaines idées, aspire à transformer le monde réel afin que ses valeurs, qu'il considère comme absolues, y soient développées. Au-delà de cette attitude purement généreuse, nous constatons que les idéaux servent aussi, malheureusement, à manipuler les foules : n'a-t-on pas sacrifié des générations entières au nom du Paradis ? L'idéalisme, quand il devient un système idéologique, peut mener à l'intégrisme... Le problème aussi c'est que nous n'avons pas tous le même idéal pour notre société : en quoi le mien serait-il meilleur que celui de mon voisin ? Dès qu'on essaie de construire un monde à plusieurs on perçoit les limites de l'attitude idéaliste : si l'on pousse l'intransigeance jusqu'au bout, l'idéaliste s'enferme dans une tour d'ivoire et se coupe complètement de la réalité et des autres. Le refuge dans l'idéal est aussi un moyen, pour certains, de fuir une réalité inquiétante : on la travestit, on l'embellit pour la rendre plus supportable. Mais à force d'aimer les idées on n'aime plus les choses elles-mêmes.

Le compromis est donc le lot de quiconque décide de composer avec la réalité, de quiconque aussi accepte de s'engager, de se « salir les mains » pour agir sur la réalité. Quand on veut réaliser un idéal, on doit accepter de passer par le compromis, de transiger… C'est aussi l'attitude de celui qui préfère dépasser les clivages des étiquettes, aller dans le camp de l'autre pour essayer de comprendre quelqu'un qui pense différemment. Cependant cette attitude peut avoir aussi des limites : elle peut servir d'argument à la classe dominante qui nous demande d'accepter les sacrifices au nom du « réalisme » ; d'autre part, si concessions il y a, elles doivent être faites des deux côtés pareillement (en cas de conflit social par exemple) sous peine de voir un sentiment d'injustice pousser certains à des attitudes extrémistes.

Toutefois, le réalisme seul aboutit souvent à une impasse : l'idéalisme est là pour éclairer le chemin, pour dépasser ce que nous offre la réalité et aller de l'avant. Loin d'opposer ces deux attitudes, la sagesse serait peut-être au contraire de les considérer comme complémentaires, comme les deux jambes qui nous font avancer dans la vie… Le sentiment d'insatisfaction face au réel nous pousse à la quête d'autre chose. En même temps tout n'est pas possible à réaliser. La vie se charge donc de nous apprendre à aménager nos idéaux, à se servir de la réalité pour rebondir. Il s'agit de tirer le meilleur parti de la réalité telle qu'elle est, de faire plus avec moins, tout en tendant à se rapprocher de son idéal. Il s'agit de ne plus voir le compromis comme un renoncement, mais comme un outil pour atteindre son idéal.

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du mardi 9/12/2003 :

- Neutralité et conviction
- Hommes et femmes : guerre ou paix ?
- A quoi sert l'Histoire ?
- Consommation : superflu ou nécessaire… : thème retenu

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