“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu synthétique par François ToutainCafé Citoyen de Paris (10/05/2004)

Animateur du débat : Thomas BRUN

» Démocratie et Citoyenneté

Quel devenir pour la démocratie ?

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Si la démocratie est, pour reprendre le mot de Churchill, le moins mauvais des systèmes politiques, il n'en demeure pas moins vrai que ce régime politique nécessite une interaction constante entre les désirs de la population et la réactivité de classe politique.

Le terme de « démocratie » est né en Grèce (dêmokratia / démos signifiant le peuple) avant de s'imposer comme le mode de gouvernance le plus respectueux des individualités et des libertés. La renaissance, puis le siècle des Lumières, ont permis une réintroduction de la démocratie en tant que système politique opérationnel. Le système démocratique moderne a ainsi un peu plus de 250 ans et ne cesse de s’étendre d'ailleurs de plus en plus à travers le monde.

La démocratie se définit comme le gouvernement du peuple par le peuple. Il rompt ainsi avec les pratiques de types monarchiques (où l’on gouverne dans l’intérêt d’un seul) ou aristocratiques (l’intérêt d’une caste est privilégié). Le système démocratique est par définition non abouti, et doit sans cesse se remettre en question. Faute de savoir se moderniser, on ne peut que craindre une dérive vers l'oligarchie. (cf Montesquieu, L'esprit des Lois). N’en sommes nous pas arrivés à cette situation en France ?
Alors que la démocratie (dans sa forme représentative) repose sur une délégation des pouvoirs du peuple, l’une des principales objections réside précisément dans le fait que la population ne se sent plus représentée par sa classe politique.

Ce qui frappe ainsi, en France tout particulièrement, c’est précisément cette crise de la représentation. « On se sent mal représenté », et ce sentiment est accentué par l’absence manifeste de projet politique. Nous avons l’impression d’un cercle vicieux. L’absence de projet entraînerait un désintéressement vis-à-vis de la chose publique.

Tocqueville avait posé dans La démocratie en Amérique la pensée suivante : L'inertie de « l'homo démocraticus » se traduit par une désaffection démocratique et par la dégradation de l'esprit public. Occupés à régler leurs affaires, les citoyens cultivent le risque de négliger la chose publique et peuvent abandonner aux gouvernants la gestion des affaires du pays. Ils s'appuient immodérément sur la puissance publique qui doit en contrepartie garantir protection et quiétude. "Au dessus de ceux là (des hommes semblables et égaux), s'élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d'assurer leurs jouissances et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux". Les individus des temps démocratiques sont infantilisés par un pouvoir qui prend en charge la satisfaction de leurs besoins. On sent poindre une critique de l'Etat-Providence. Plus largement, Tocqueville pense que l'individualisme conduit à une perte des vertus civiques.

Cette analyse de Tocqueville est particulièrement d’actualité. Les citoyens s’impliquent peu dans la vie de leur cité et on laisse à des gestionnaires le soin de régler les affaires courantes. Mieux, ce détachement à l’égard de la chose publique se traduit par une abstention des citoyens lors des élections. Voter ne servirait à rien, ne changerait rien. La France se dirige vers une forme de bipartisme, mais avec un raisonnement plus osé, nous pouvons considérer que notre classe politique est quasiment uniforme. Notre classe dirigeante n’est-elle pas en effet issue, dans sa grande majorité, des bancs de l’Ecole Nationale d’Administration ?

Pourtant, comment contester que l’individu se sente peu intéressé par la politique ? L’abstention reste importante, même si les dernières élections ont pu montrer une inversion de la tendance jusqu’à présent orientée à la hausse.
Malgré tout, le citoyen est de plus en plus en demande d’avoir prise sur les décisions politiques. C’est ainsi que la notion de « démocratie participative » est de plus en plus utilisée sans pour autant que l’on puisse mettre des moyens d’action concrets en place.

Notre démocratie doit évoluer, c’est une certitude. Deux positions sont envisagées qui ont toutes deux ont pour pilier une éducation civique largement développée. Elle seule permettrait une sensibilisation à la citoyenneté qui devrait être un devoir. De même qu’un parent d’élève doit savoir s’impliquer dans les réunions concernant l’éducation de son enfant, un citoyen doit s’exprimer sur son état, son mode de fonctionnement, mais aussi et surtout sur ses attentes.

Encore faut-il qu’il puisse disposer d’un espace d’expression… Il s’agirait principalement pour les uns d’un aménagement de la démocratie représentative, par exemple d’accroître les moyens de contrôle de la population. L’élu serait alors tenu de rendre des comptes. Pour les autres, une dose de démocratie directe doit être introduite. Il s’agit ici d’une citoyenneté active où la population pourrait être convoquée afin de décider des grandes orientations. On propose ainsi le maintien de la représentation au niveau national et l’introduction d’assemblées populaires au niveau locales.

Au-delà de ces deux propositions de réforme de notre démocratie se pose bel et bien l’actuel problème du désintérêt de la population pour le politique. Sous Péricles, lorsque l’agora était convoquée et que le quorum n’était pas atteint, des soldats parcouraient les rues avec une corde teintée de rouge. Les citoyens qui se retrouvaient avec de l’encre sur leur tunique se voyaient mis à l’amende. Plus proche de nous, la Belgique a instauré le vote obligatoire avec une amende en cas d’abstention. Nous pouvons nous demander si ce système permet une réconciliation entre les individus et la politique. En d’autres termes, est-ce aux citoyens de plus s’impliquer, de plus s’intéresser à la chose publique ? alors que, lorsque nous votons, nous sommes censés voter en fonction de l’intérêt général et non en fonction de nos propres intérêts, l’absence de projection sociale nous permet-elle d’ainsi dépasser des intérêts particuliers pour devenir, sans possibilité de détourner la notion, de vrais citoyens ?

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