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Compte-rendu analytique par François ToutainCafé Citoyen de Caen (13/07/1998)

Animateur du débat : François Toutain

» Politique et Société

Les quotas de femmes dans la vie politique

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1 - On peut entendre actuellement des avis divers sur l'introduction d'un quotas qui obligerait les partis politiques à présenter des femmes aux élections. C'est un petit peu le problème. Pour lancer le débat, je pourrais apporter directement ma position. Mais c'est peut-être un peu trop brutal. Personnellement, je suis contre le quotas de femmes. Je serais pour, en effet, qu'il y ait autant de femmes que d'hommes à l'Assemblée. Je voudrais que ce soit une conséquence logique d'une évolution politique, et pas une obligation qui, en plus, enlève derrière quelque chose de profond qu'est le symbole d'unité de la nation française dans l'Assemblée Nationale. Celle-ci est censée voter les lois pour l'ensemble de la nation, et pas représenter un quelconque groupe. Or, si on veut introduire un quotas de femmes, c'est qu'on sous-entend que l'Assemblée Nationale représente le groupe des hommes. Je pense que si on commence à dire "on met un quota de femmes", on divise l'unité nationale en deux groupes, et à ce moment-là, on peut imaginer qu'on la divise aussi en d'autres groupes que la séparation sexuée. On peut imaginer qu'on veuille un jour trouver mille raisons de trouver des quotas, c'est-à-dire des séparations de la population. Tout ceci, bien entendu, si on considère que la nation, c'est une adjonction d'intérêts différents. Mais, l'idée à la base de l'Assemblée Nationale, c'était quand même l'idée d'une unité. Au-delà de leurs aspirations personnelles, des gens pouvaient prétendre au bien collectif. Introduire une séparation entre les hommes et les femmes en mettant les quotas ne me semble pas une bonne idée dans cet égard, même si, dans le fond, c'est pour augmenter la place des femmes dans la vie publique et que cela est intéressant. Cependant, il y a un côté idéologique qui choque.

2 - J'abonde entièrement dans votre sens. Les quotas, tels qu'ils sont prévus actuellement par les partis politiques, seront plus ou moins verrouillés d'une manière ou d'une autre. Alors qu'il y a une ooportunité pour que les femmes fassent elles-mêmes leur place dans les conditions que vous venez de décrire. Cela est très important. J'ai déjà parlé de la période de mutation que nous vivons, et de l'arrivée de l'ère scientifique. Jusqu'au XVIIIe siècle, on a vécu sous l'ère agricole. Du XVIIIe à nos jours, l'ère industrielle. C'était la force animale qui, pendant l'ère agricole, était le principal facteur de création de richesses. Puis, ce fut la force animale surmultipliée par la machine durant l'ère industrielle. Aujourd'hui, nous sommes dans l'ère scientifique, et c'est la force intellectuelle, déjà surmultipliée par la machine, qui est le principal facteur de création de richesses. Et, alors là, les femmes vont avoir leur mot à dire. D'ailleurs, elles sont commencé si vous regardez dans l'éducation, la santé, le droit... Elles vont pouvoir jouer un rôle aussi plein que celui de l'homme. Elles risquent donc de se fourvoyer, et nous aussi, si nous nous dirigeons vers les quotas.

3 - En tant que femme, je n'aimerais pas être à l'Assemblée Nationale pour remplir un quelconque quotas. Mais, à supposer que j'ai envie d'y être, j'aimerais bien que ce soit pour défendre mes positions, mes idées, pour représenter les gens - pas simplement en tant que femme quoi !!

4 - Vous souhaiteriez être à l'Assemblée Nationale au sein d'un parti, y être toute seule, ou au sein d'un nouveau parti ?

5 - Je n'ai pas de réponse là-dessus pour le moment.

6 - Je crois qu'il y a une chose importante qu'il faudrait peut-être voir au départ, c'est pourquoi on est dans cet état de fait, et qu'il n'y a pas de représentation proportionnelle des femmes dans toutes les assemblées qui existent. Monsieur parlait de la période agricole (intervention n°2). Je pense qu'autour de la femme, il est attaché surtout le fait qu'elle a longtemps était mère de famille, et reponsable de la gestion familiale, et elle n'avait pas le loisir, du fait des très longues tâches qui lui incombaient, de s'engager dans la vie sociale. J'ai l'impression que cette vie sociale du côté des femmes commence justement à évoluer, mais par la base, ce qui est une bonne chose. On voit de plus en plus de dames qui ont des rôles dans des conseils municipaux, dans des partis, des syndicats. Avant d'arriver à un gestion au niveau nationale, je pense qu'il est bon qu'il y ait cette progression. Si vous discutez avec des femmes, si vous leur demandez quelles sont leurs opinions politiques, combien vous répondront " Je m'en fous ". donc, c'est très difficile, quand on s'en fout, de...

7 - Quand même...

8 - Dans vos milieux intellectuels, il y a des engagements, oui. Mais dans les milieux simples ? Même syndicalement, ils ne s'engagent pas.

9 - Peut-être est-ce parce qu'ils n'ont plus confiance dans les partis politiques ou les syndicats, c'est aussi simple que cela.

10 - Ce n'est pas une question de confiance, ce sont des personnes qui ne sont pas éduquées.

11 - Mais ce n'est pas propre à la femme !

12 - Non, mais celle-ci ayant en général à sa charge des travaux plus difficiles, plus longs, ne se sent pas libre de sortir pour aller à une réunion politique ou syndicale.

13 - Je pense que si la femme n'a pas " d'opinions " - j'utilise votre expression sans trop savoir ce qu'elle recouvre à vos yeux - c'est parce qu'elle se rend compte qu'avoir des idées, et faire partie d'un groupe, c'est ne plus être libre. Dans quel que groupe qu'on soit, il y a une sorte de pensée de groupe qui se créée.

14 - Quand vous parlez de groupes, vous parlez de groupes existants, ou vous pensez aussi aux groupes à venir ?

15 - N'importe quel groupe. Les groupes à venir, on ne les connaît pas.

16 - Évidemment, mais si on ne fait pas confiance du tout aux groupes, la chose est difficile.

17 - Je suis convaincue que ce n'est pas avec du vieux qu'on fera du neuf.

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Interventions

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COLY Diany

mercredi 02 janvier 2013 21:42:47 +00:00

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