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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (14/10/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

La prise de risque dans notre société

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Beaucoup de débats de société, comme celui portant par exemple sur les organismes génétiquement modifiés, se caractérisent par l'incapacité à prendre une décision. Le politique a par ailleurs perdu son aptitude à donner un élan général à la société. Cette dernière se meut sans véritable direction. Aussi est-il primordial d'aborder la notion de prise de risque dans l'action politique.

Les sociétés ont de tout temps cherché à sécuriser l'univers de l'Homme. Les progrès en médecine l'attestent. Aussi « les dangers et les risques s'effacent-ils peu à peu » déclare un citoyen. Et un autre de rétorquer que chaque nouvelle invention sociale en crée d'autres; Citons pour exemple l'invention de l'avion et son risque inhérent de crash. Mais si globalement il est moins périlleux d'évoluer dans nos sociétés, « cette sécurisation se fait au dépend de l'esprit aventurier de l'Homme ». En effet, qu'auraient découvert Christophe Colomb et son équipage sans ce risque certain de braver l'Océan ?

D'un point de vue individuel, l'assemblée s'accorde sur le fait que la prise de risque doit s'évanouir au contact d'autrui. Tel est d'ailleurs le but des règles sociales. Citons l'exemple du code de la route. Le respect de ce code assure à tous les usagers de la voie publique la sécurité de ne pas avoir d'accident. Il est alors ici question de responsabilité. La question de la prise de risque prend une toute autre envergure lorsqu'elle touche aux devenirs d'une collectivité. Elle pose alors d'autres questions : qui décide d'une action politique ? Comment prendre une décision devant l'incertitude ?

La notion de risque résulte d'une fracture entre la pensée et l'action. « Il est dès lors possible d'imaginer un devenir probable à partir de l'analyse historique d'un événement ». Imaginer un risque, c'est tout d'abord poser une hypothèse. Lorsque cette hypothèse conduit à une situation dangereuse, nous admettons du risque. Cependant, n'oublions pas que le risque est avant tout conjecture. « Nous mettons trop souvent en exergue la possibilité d'un danger » s'exclame un intervenant. Et les autres citoyens de dénoncer une trop grande acceptation de la logique alarmiste des probabilités : à force d'évaluer les risques, nous focalisons sur ceux-ci. Par ailleurs, la démarche scientifique s'est considérablement développée depuis quelques siècles, notamment grâce aux travaux probabilistes de Blaise Pascal.

Depuis la Révolution Française, le raisonnement scientifique s'est vu conquérir l'ensemble de la société. Et notre pensée s'y est considérablement conformée. Les assurances et les mutuelles ne sont-elles pas le fruit d'une relation probabiliste à notre avenir ? « Auparavant, nous consultions les oracles, de nos jours, nous consultons les sondages » rajoute un citoyen. Notre appréhension du futur semble restreinte à des conjectures sans aboutissement. La plus grande erreur des Lumières fut peut-être de s'abandonner au scientisme.

Nous pouvons aisément comprendre qu'imaginer l'ensemble des devenirs possibles d'une action mène à l'inaction. Les extrapolations interminables sclérosent notre liberté de choisir. « Ne pas agir est tout aussi dangereux que prendre une décision risquée ». Les répercussions d'une action n'étant pas tous prévisibles, agir, c'est de toute façon risquer alors que ne pas agir, c'est laisser libre cours au hasard. Il nous faut donc choisir, et choisir la meilleure solution.

Le véritable sens de l'action n'est pas pragmatique : il ne s'agit pas seulement d'être habile et prudent; au demeurant, comme nous l'avons vu, nos calculs ne nous permettront jamais de tout prévoir. Aussi devons-nous prendre en compte la dynamique de l'idéal. L'utopie apporte une dimension supplémentaire à l'action. Car l'action politique, qui suppose une finalité et une stratégie, nécessite en outre la vision politique; celle qui projette vers l'avenir et qui fait du but à atteindre un centre attracteur, l'objet même de l'action.

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