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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (24/02/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

La violence des jeunes

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La violence est une utilisation abusive de la force. Elle est de ce fait en totale contradiction avec l'ordre des lois. Pour l’heure, ce qui semble préoccuper les citoyens, c’est l’accroissement des actes de violence, qui plus est chez les jeunes.

« La violence résulte d’une disparition du droit », lance un citoyen. Le droit est l’ensemble des règles qui définissent les rapports entre les individus au sein d’une société. Alors que dans le monde animal, ces rapports sont nécessairement des rapports de force - force physique ou d’intimidation - , dans une société humaine, il y a nécessité de remplacer ces rapports de force par des contraintes acceptées en commun, et auxquelles chacun se soumet de plein gré, car il comprend qu’elles sont le corset de sa liberté.

Le recours à la violence est le constat que ces règles de droit sont inopérantes. Ce constat est le plus dramatique que puisse faire une société. En s’abandonnant, même à titre provisoire, à la violence, elle accepte de renoncer à ce qui est son essence même : l’organisation des liens entre ceux qui la constituent.

Il existe différents types de violence. La violence physique, la plus apparente, la violence verbale, et toutes les petites « incivilités » que l’on rencontre dans notre quotidien. Mais il existe des violences moins visibles, plus pernicieuses, comme celles qui ont trait à l’économie. « Ne pourrait-on pas qualifier d’actes violents ces licenciements massifs que les entreprises pratiquent, aux dépends des ouvriers ? », s’interroge un intervenant. Avoir un travail est un droit. Et lorsque le pouvoir est exercé au profit de quelques puissants, il y a déchirement du droit, donc acte de violence. La pire forfaiture est d’utiliser les lois, en l’occurrence celles du marché et de la concurrence, pour justifier des actes qui leurs sont contraires.

La violence chez les jeunes nous inquiète. Elle est visible dans les comportements d’agressivité. Ces agissements se manifestent le plus souvent dans l’inconscience. Pour autant, il nous faut savoir ce que signifie cette violence pour ne pas se borner à la condamnation. Tout d’abord, il n'existe pas de génotype de la violence. La violence est un « phénomène phénotypique ». Ce sont les facteurs extérieurs, environnementaux qui rendent les êtres violents. Il nous faut donc nous pencher sur les règles de notre société qui stimulent la violence.

Car les valeurs véhiculées par notre société « sont loin d’être porteuses de respect et de tolérance ». L'argent est magnifié. Le paraître est roi. Dans ce climat, « le maître d’école n’est pas celui qui détient le savoir et qui le dispense, mais celui qui ne gagne que dix mille francs par mois ». Chez les jeunes, il semble important aussi de s'apparenter à un personnage. La société ne semble plus véhiculer de morale, de valeurs qui servent à l'identification, à la construction d'un individu. La télévision possède certainement un grand impact sur les jeunes comme il a été dit pendant le débat. Mais le tube cathodique n’est que le reflet de notre société.

Il a été souligné que l’on suivait de plus en plus les enfants dit « inadaptés » dans le but de les « recadrer ». Le danger de cette démarche est de sombrer dans le déterminisme. Et quelle est cette société qui peut se permettre de qualifier un individu d’inadapté alors qu’elle ne lui apporte sûrement pas les bases pour se construire et se découvrir ?

Nous pouvons dire que la violence est un mode d'expression. Mais que le message délivré n’est pas nécessairement déchiffrable par ceux qui l’expriment. Qui pourra alors répondre à leurs attentes ignorées ? Certains dans la salle affirment que la construction d’espaces citoyens dans lesquels les jeunes pourraient se retrouver pour s’écouter et être écoutés serait un bon moyen pour canaliser cette violence.

Il faut sans plus tarder donner une place à cette jeunesse et la considérer comme une force motrice. L’impétuosité de la jeunesse est « une énergie bénéfique pour la société ». A condition de lui donner les moyens de pouvoir s’orienter à bon escient.

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