“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

Bienvenue en Arcadie

Vous êtes ici : Accueil > Comptes-rendus > Faut-il légiférer sur tout ?

Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (25/04/2002)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Faut-il légiférer sur tout ?

ShareThis

Les lois constituent les bases de la vie en société. Toutefois on assiste depuis les dernières décennies à une multiplication des textes de Loi alors que paradoxalement les individus perdent de plus en plus leurs repères.

Le but même de la Loi est de donner des cadres et de régir les comportements de la vie sociale. La peur du gendarme peut protéger les citoyens de toute forme d’excès. Par exemple les USA ont réussi à faire baisser considérablement le nombre de morts sur les routes en prenant des mesures draconiennes. La Loi est aussi indispensable pour qu’un enfant se construise en lui fixant des limites. Faire comprendre l’intérêt général par l’implication de chacun dans l’élaboration d’un règlement de vie collective peut être un bon moyen de responsabiliser. Les sanctions adaptées et méritées constituent un rempart utile contre les débordements possibles. Malgré tout la transgression possible des interdits peut être également un moteur de la construction personnelle en développant chez l’individu la créativité et l’affirmation de soi.

Cependant les Lois ont tendance à se multiplier et à entraîner un certain nombre d’effets pervers. Les législateurs entrent de plus en plus dans le particularisme au détriment de l’intérêt collectif. On légifère à outrance sur les problèmes de la sphère privée alors que le niveau collectif semble se déréglementer.

On essaie de donner des réponses juridiques pour s’adapter à toutes les situations individuelles ou corporatistes au risque de créer un maquis juridique et de provoquer des contradictions mettant entre parenthèses les grands principes qui devraient régir l’ensemble du corps social.

Cette façon d’organiser la société conduit à une dévalorisation de la Loi donc de la Justice qui devient embouteillée et inefficace. On aboutit ainsi à l’inverse de l’effet recherché : trop de Loi nuit à la Loi. D’autre part la perception des délits commis est différente selon les juridictions, les classes ou les revenus des contrevenants ce qui décrédibilise la Loi elle-même et nuit donc à l’intérêt général.

Cependant la Loi, même bien conçue, se heurte à une limite : la conscience de chaque individu. Faut-il toujours obéir ? (objection de conscience, désobéissance civile, mythe d’Antigone…). Certains en choisissant de désobéir peuvent faire progresser l’humanité : le Général de la Bollardière en Algérie, le refus de la collaboration de certains nazis…). D’autres, au contraire, se sont réfugiés dans la subordination totale et ont respecté tous les cadres sans problèmes de conscience (ex : Papon).

En conclusion, si la Loi est nécessaire à la vie en société, elle ne doit pas et ne pourra jamais supprimer la part de risque inhérente au fait de vivre sur terre. On a besoin de se mettre en danger, de prendre des risques, de braver l’interdit sinon la vie perdrait toute saveur. La loi doit être là pour donner un cadre suffisamment souple pour laisser à chacun la part d’initiative qu’il veut bien prendre.

Interventions

Participer au débat

Les champ marqués d'une * sont obligatoires

Marre de retaper vos coordonnées ? Créez un compte ! Créer un compte permet d'être averti des nouvelles contributions, d'être reconnu et donc de ne pas avoir à taper ses coordonnées pour participer aux débats.

Premier ouvrage des Cafés Citoyens

Où en est l'esprit démocratique aujourd'hui ?

La démocratie, c'est nous !

En savoir plus