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Compte-rendu synthétique par Élisabeth RodotCafé Citoyen de Argentan (24/01/2002)

Animateur du débat : Élisabeth Rodot

» Politique et Société

Les droits de l'homme sont-ils universels ?

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La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) dont le texte définitif a été proclamé à l’ONU le 10 décembre 1948 est aujourd’hui un texte de référence pour les pays qui ont ratifié la charte de l’ONU c’est à dire l’immense majorité des pays de la planète. La déclaration en elle-même n’a pas de valeur contraignante, seuls les pactes que les pays ont ensuite ratifiés ont une valeur juridique (1966). Cela signifie que, pour la première fois, l’homme détient en propre un ensemble de droits opposables aux autres individus, aux groupes sociaux et surtout aux États souverains.

Malheureusement le principe d’universalité est remis en cause par certains pays notamment les pays asiatiques et islamiques qui avancent un autre cadre de référence ou de valeurs. Certains occidentaux se demandent aussi si le fondement de ces principes n’est pas purement issu de sa propre culture sans valeur universelle possible. Un exemple a été donné de la relativité des points de vue : celui des femmes voilées au Maghreb qui pour nous représentent le summum de l’oppression alors que pour elles, peut-être, il y aurait une certaine forme de liberté à pouvoir regarder les hommes…

Les pays dissidents ne manquent pas d’excuses pour échapper aux contraintes du droit international : l’Arabie Saoudite dit que la DUDH est contraire à la Charia, la Chine met en avant l’intérêt de masse à progresser économiquement et élude régulièrement la question du Tibet…

Le nombre d’exemples est abondant pour illustrer ces positions qui s’appuient le plus souvent sur des prétextes religieux et /ou économiques. Nous nous sommes demandé si le développement économique excluait le respect des droits civils et politiques. Les exemples historiques sont contradictoires. Ainsi les pays de l’ex bloc soviétique ont acquis à partir de 1990 certaines libertés fondamentales qui leur échappaient libre circulation, liberté d'association, liberté de la presse…etc. mais parallèlement s’est installée une grande précarité économique et une perte des protections sociales du passé : santé, éducation, transport…etc. Inversement dans un certain nombre de dictatures le manque de libertés politiques s’accompagne aussi du développement de la misère.

Il semble pour certains que l’opinion occidentale ne soit pas favorable aux droits de l’homme. Il existe un travail de fond à réaliser auprès des citoyens pour leur faire prendre conscience des droits inhérents à la personne humaine, au-delà de la satisfaction des besoins individuels de chacun. Les droits impliquent bien sûr des devoirs y compris de respecter ceux d’autrui. Pour un participant, les droits de l’homme sont universels parce que le texte ne se réfère à aucun fondement religieux et les principes énoncés trouvent une validité auprès de cultures différentes. Quelqu’un ajoute que le texte initial a été élaboré par un asiatique, un libanais et une américaine puis amendé par un indien. D’ailleurs si autant de pays ont pu se mettre d’accord sur ce texte depuis 50 ans c’est que les principes fondateurs ne se réfèrent pas à une culture particulière. En marge des textes internationaux certaines conventions ont été ratifiées au sein de régions du monde : pays d’Afrique (OUA), pays islamiques, pays asiatiques…s’appuyant sur les mêmes principes que la DUDH.

Pour les participants il est évident que ces cadres juridiques divers doivent s’accompagner de mesures de contrôle et de « police » quant à leur application. Il existe des structures anciennes ou nouvelles (Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, TPI ..). Ces systèmes sont indépendants des états mais semblent peu efficaces au regard de l’histoire passée et présente. Certains font remarquer qu’il s’agit là d’un manque de volonté politique de la part des États. L’exemple récent du procès « Pinochet » en est l’illustration. Quelqu’un souligne que tout citoyen dans le cadre des ONG peut faire pression pour qu’avance le droit international et le contrôle qui en découle (Par exemple Amnesty International). On peut aussi penser que celui-ci est en voie de construction à l’instar de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui devrait voir le jour en 2002. Au-delà de la contrainte imposée aux états il serait bon que la communauté humaine se penche aussi sur un droit réglementant les détenteurs du pouvoir économique afin d’éviter les dégâts d’un libéralisme sauvage.

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