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Compte-rendu synthétique par Nicolas BAGUENARDCafé Citoyen de Paris (18/08/2010)

Animateur du débat : Victor BRUN

» Démocratie et Citoyenneté

Comment sortir le citoyen de sa résignation ?

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Comment sortir le citoyen de sa résignation ?

Café citoyen du 18 aout 2010.

Le thème présuppose que le citoyen est résigné.
Le premier intervenant dit que les jeunes sont en colère, mais ils ne savent pas comme s’organiser. Il existe pourtant des manières de s’organiser pour sortir de sa torpeur.
Puis, il est indiqué qu’il y a une idée d’abandon dans la résignation. Mais ne peut-il pas y avoir une cause profonde à cette résignation ? Les préoccupations matérielles ne sont-elles pas comme une compensation face à cette résignation ?
Une intervention mentionne que la résignation du citoyen se traduit par une montée de l’absentéisme. Il y a une baisse constante de la participation d’élection en élection.
Un participant indique qu’en tant que citoyen, il se sent résigné en politique. Le système politique actuel imite le modèle d’une société privée avec des dirigeants et des salariés. Il se sent plus impliqué sur un niveau local. La démocratie est faite de deux choses, la démocratie représentative et de démocratie participative. La démocratie participative peut s’appliquer à un niveau local, mais pas l’être à un niveau national.
Il y a aussi le domaine social dans lequel peut s’appliquer l’action associative. L’expression peut se faire au niveau associatif. Cela montre une réaction à une forme d’inertie du pouvoir. Les dominants sont satisfaits de la résignation des citoyens face au pouvoir.
Un autre citoyen dit qu’à la lecture d’un livre, il a lu un livre qui porte sur le thème de la résignation du citoyen. Finalement, on ne fait que souffrir des répercussions d’un système mis en place après guerre. Les injustices se sont aussi installées dans des privilèges sociaux. Le système serait bloqué par le partage des richesses, sur la répartition des richesses et l’état providence. Le système économique s’est scélorosé lui même. Il faut sortir du système de l’Etat providence.
Un autre intervenant précise qu’il existe aussi à l’étranger des associations où des personnes qui parviennent à agir. Il y a aussi de la mixité sociale dans ces associations qui n’existe plus de nos jours en France. Aujourd’hui, il y a un fossé entre les classes sociales, entre les ouvriers et les intellectuels notamment qui se creuse. Lorsqu’il y a des associations inféodées au pouvoir politique, le système ne bouge plus.
ll est rappelé que le citoyen est résigné à ne pas exercer sa citoyenneté. L’essentiel de son temps est passé à la consommation, au travail ou la production. Nous sommes conditionnés par ces contingences qui nous éloignent de notre rôle de citoyen. Le citoyen ne comprend pas la finalité de voter. Il est nécessaire à ce que le citoyen se réapproprie son rôle de citoyen. Il faut un élan collectif qui permette de mobiliser. Cela peut passer par plusieurs biais, aller dans la rue, la désobéissance collective, la manifestation. Il faut une action collective pour faire bouger les choses. La réflexion individuelle est indispensable mais pas suffisante.
Une intervenante indiqu’il existe énormément de mouvements qui se développent comme l’Arcadie un peu partout. Les notions de démocratie et de république ne sont pas apprises à l’école, mais dans la rue et dans le vécu. La problématique de la citoyenneté n’est pas nouvelle. La vraie question est la répartition entre dominants et dominés.
Il est rappelé que les préoccupations alimentaires et quotidiennes amènent le désintérêt à l’égard de politique. L’abstentionisme est aussi un mode d’expression qui montre un désavoeu de la vie politique actuelle.
Une personne indique que nous sommes tous des personnes, mais pas tous des citoyens. Lorsqu’on est citoyen, on ne peut pas être résigné. Nous sommes dans un régime présidentiel. Les citoyens se déplacent pour les élections qui ont un intérêt. Par définition, un citoyen ne peut pas être résigné. Un habitant n’est pas forcément un citoyen, on s’auto-désigne citoyen. Il faut agir au niveau local pour avoir une vision globale. L’action locale est la manière la plus efficace pour agir sur la sphère politique. Le niveau associatif est la meilleure façon de pouvoir agir pour s’exprimer et avoir une sphère d’influence.
Une intervenante rajoute que le problème est la communication. Du mouvement associatif doit sortir de la résignation du citoyen. Il existe des initiatives mises en place par des associations qui permettent de sortir de la torpeur actuelle .
Un citoyen affirme que l’Etat continue à aller dans la décentralisation des pouvoirs. Si les citoyens vont voter à l’élection présidentielle, c’est qu’il y a une médiatisation de cette élection. Le local fait partie de la compréhension de la vie politique. Le citoyen pourrait alors se sentir plus impliqué en participant à la vie des collectivités locales.
Un autre citoyen dit qu’il faut agir local et penser global. Pour pouvoir voir plus grand, il faudra des fédérations des locaux qui s’organisent à un niveau supérieur. Il ne faut pas confondre citoyenneté et élection. Il n’y a pas que le vote pour prendre des décisions (le consensus ou le tirage au sort par exemple sont aussi des moyens de décision). La question de la place de l’information se pose au niveau des médias. Il faudrait une chaine de télévision de masse qui soit citoyenne. Certains ont essayé, mais ils se sont cassés les dents. Il existe aussi des modes d’expression sur internet.
La presse a un grand rôle pour retrouver une cohésion sociale.
Un citoyen veut retrouver la définition du Petit Larousse pour citoyen : ‘Le citoyen a des devoirs». Cela a été oublié. Au Japon, des jeunes refusent de passer les diplômes. Dans la résignation, il y a le rôle des politiques. C’est un peu désolant de constater que la contestation et l’information ne viennent pas à bout de l’inertie des politiques. Il est finalement dramatique de constater que trop d’informations tue l’information.
Un citoyen se demande si l’éducation nous apprend-elle vraiment à être autonome ? La réponse est négative.
Un intervenant indique une expérience personnelle : « Je discute à mon travail avec beaucoup de mes collègues. La résignation est bien là. Les citoyens sont résignés. Ils sont résignés par quoi ? Le sentiment est qu’il y a que des gens décident pour nous. Quand je regarde comment les décisions sont prises, j’ai l’impression de ne plus avoir la main. Malgré de bonnes conditions de vie, je me sens en grande galère. Comment subvenir aux moyens de mes enfants et de mes parents ? Je ne comprends pas comment le vote peut changer les choses. »
Un citoyenne s’interroge : « Inertie ou résignation ? Par mon double vécu, j’ai vécu l’inertie ici, la résignation là-bas. Une société au Liban a affiché à sa porte d’accueil : ‘il est interdit de parler de football, de loisirs, que parler du travail est autorisé». Ici, je n’ai pas voulu être résignée. Il est possible pour une personne de prendre son destin en main. Je compose, je partage, je transforme cette inertie. Je refuse que l’on me dise les textes de loi. Il y a des lois qui protègent. Mao Tse Toung a dit : «il ne faut compter que sur ses forces.» Il faut transformer l’inertie, pour avoir de l’énergie. »
Un citoyen a une proposition tirée du film «Gang of New York». Il faut un signe de ralliement (par exemple une lumière à sa fenêtre) pour pouvoir créer un mouvement collectif.
Un citoyen pense que la question des retraites agit comme un épouvantail. La résignation arrange tout le monde et notamment les dominants. Il faut mieux connaître un peu. Louise Vandelack a une réfexion sur la génétique. Se révolter est le contraire de la résignation. Il faut baser cette révolte sur la connaissance. Aujourd’hui, les émissions de télévision avilissent la population. Avant il y avait de l’accès à la culture.
Un participant indique qu’il ne faut pas attendre des choses, mais faire sur ce que l’on peut faire soi même. Certains sont résignés car ils manquent d’informations. En communiquant, en écoutant, nous nous formons et nous augmentons notre connaissance. Les conseils de quartier fonctionnent bien à Paris. Les volontaires s’inscrivent et il y a un tirage au sort. Il existe d’autres modes de décision que la représentation et notamment voter plusieurs fois. Dans les années 60, à la télé, il y avait qu’une chaîne. En ce moment, on abrutit les gens avec des programmes. Au Pakistan, ce n’est pas normal que la presse n’ait pas relayée cette information. Pour le tsunami, il y a un contexte médiatique qui fait qu’il y a une émotion. Nous sommes des humains et nous réagissons en fonction de nos émotions. On s’est retrouvé à moins de vingt personnes sur internet pour pouvoir passer des messages. Pour une révolution, seule 5 % de la population suffit. On ne nous a jamais appris à débattre. Le simple fait de débattre permet de renforcer les convictions. L’éducation nationale fortement marquée à gauche a crée des gens qui votent à droite.

Un citoyen reprend : « Le Conseil de quartier du 12ème a laquelle j’ai participé a très mal fonctionné. Les associations ne représentent pas forcément le pouvoir. Il y a des moyens de participer localement pour agir et avoir un levier d’actions. Mon idée est de fédérer les actions locales pour agir au niveau national. Un site internet existe qui permet aux citoyens d’émettre des idées qui seront lues en Conseil Municipal. La représentation n’est pas le seul mode de pouvoir. Il y a des perles de participation. Il y a la possibilité de donner son idée, sa contribution. Internet est aussi un moyen d’agir. »

Un intervenant nuance : « Je suis résigné moi aussi. Mais c’est plus facile de se plaindre que d’évoquer les avantages dont on dispose par rapport à d’autres contrées. Il faudrait aussi indiquer ce qu’il y a de bien. Il faudrait aussi reconnaître que la liberté d’expression est aussi un atout. Il n’y a pas eu de guerre depuis 60 ans. Il y a possibilité de lire librement. »

Un citoyen conclu en disant que l’humanité s’est confortée dans la religion qui apportait une source de bonheur possible. Puis, la révolution française a apporté un nouveau paradigme d’idéal par ces 3 mots : liberté, égalité, fraternité. Ensuite, le paradis ce fut le communisme. Aujourd’hui, les gens croient trouver leur idéal dans le consommationisme. Pour sortir de la résignation, il faut une aspiration profonde. Il faut pondre un rêve, un idéal. Sinon, il y aura un vide. Il faut aussi réfléchir au sens de l’existence.

A la fin du débat, différents thèmes ont été proposés pour le prochain café citoyen qui aura lieu le 15 septembre:
1. Faut-il et comment repenser notre conception du travail?
2. La jeunesse peut-elle s’en sortir?
3. Faut-il persister à travailler?
4. Révolution intérieure et évolution sociale, mondiale?
5. Y a-t-il une alternative à la société de consommation basée sur le désir?
6. Quel avenir pour les adolescents de banlieue?
7. Faut-il apprendre à désobéir?
8. A quoi rêvons-nous?
9. L’accouchement et après?
10. Aime-t-on les obèses?
11. Quel est le pouvoir du consommateur?

→ Après vote des participants, c’est la première proposition qui a été retenue: «Faut-il et comment repenser notre conception du travail?»

Interventions

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Jacques

vendredi 30 novembre 2012 13:29:21 +00:00

L'une des voies de sortie de la mélancolie citoyenne actuelle est assurément le plaisir : oui, débattre doit être un plaisir.
Evidemment est-il plus facile de débattre d'intérêts vraiment supérieurs-collectifs que de ses petits intérêts personnels grimés en intérêt supérieur de la nation réunie!...
Déjà pourrait-on agir aux niveaux supérieurs en dé-professionnalisant : ici, mieux on rétribue, moins on s'attire les bonnes grâces des bonnes âmes et, en toute fin, ne vous restait que les vraies crapules !?!

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