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Compte-rendu synthétique par Barbara ChironCafé Citoyen de Nantes (14/10/2010)

Animateur du débat : Mathieu Fleurance

» Démocratie et Citoyenneté

Quel avenir pour les médias citoyens face aux médias traditionnels ?

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Cette seconde séance du Café Citoyen de Nantes s’est déroulée en présence de dix participants. Le thème en question fut proposé par Yves Monteil, créateur et rédacteur en chef du média citoyen nantais « Citizen », lors de la rencontre précédente du mois de septembre. C’est lui qui a introduit le sujet, étant peut-être la personne présente la plus au fait des enjeux.

L’origine des médias citoyens demeure assez floue. Ce type de journalisme serait né en 2000 en Corée du Sud avec le site HomyNews1 dont le slogan « chaque citoyen est un journaliste » marque cette nouvelle ère journalistique. Ce site compte aujourd’hui plus de 50 000 adhérents dans le monde entier et est diffusé en trois langues : Anglais, Coréen et Japonais. Cette nouvelle vague a ensuite déferlé sur les États-Unis puis en France avec AgoraVox, le premier média citoyen de l’Hexagone. Le journalisme participatif, ou citoyen, est basé sur l’idée que chaque personne a la possibilité de rédiger une information et de la diffuser. L’exemple le plus parlant demeure l’encyclopédie Wikipédia qui est devenue une source d’information scientifique relativement fiable. De nombreux sites d’informations ont vu le jour en France, tel que Médiapart et Rue89 pour les plus connus. Le journalisme citoyen est également devenu un média en forte hausse notamment pour l’information de proximité, se concentrant sur une ville, un quartier et offrant un regard nouveau et plus approfondi que des médias plus institutionnels. Enfin, les médias participatifs peuvent proposer des thèmes originaux, tel que le fait le site de « La Télé libre » sur internet.

Le débat a abordé différents points liés aux enjeux des médias citoyens et de leur impact sur la société et sur les médias « traditionnels ». Ces médias sont les grandes chaines de télévision, la plupart des radios, les grands quotidiens. La première idée énoncée, sur le pourquoi de la naissance des médias citoyens, serait la conséquence d’une suppression de la liberté d’expression et la pensée que les médias « traditionnels » sont, pour certains, manipulés par les pouvoirs publics, ce qui a fragilisé la confiance qui leur est portée. Les médias sont en effet considérés comme des outils de pouvoir dont se sert allègrement l'État. De plus, les médias « traditionnels » tel que les grands quotidiens ont mis du temps à s’adapter aux nouveaux moyens de communication. Ils sont d’ailleurs aujourd’hui en grande difficultés financières pour la plupart. Certains journalistes ont d’ailleurs quitté leur journal pour construire un média citoyen où la liberté d’expression est totale et la ligne éditoriale plus libre. Le débat s’est également attardé sur la légitimité des citoyens à relayer une information. Comment attester l’information ? Tout comme Wikipédia, c’est le citoyen lui-même qui régule l’information. De plus, les médias participatifs sont soumis à la même législation que tout autre média.

Concernant la question de la formation au journalisme, les participants se sont questionnés sur les règles à acquérir pour écrire ou faire des reportages. Cette question a dérivée sur l’interrogation de ce qui fait un journaliste ? Est-ce l’école ? Sa faculté à relayer une information ? L’idée de formatage des journalistes dans les écoles a été soulevée. Les participants ont conclu que c’est surtout le message passé qui est important. Des exemples de journalistes professionnels qui ont manipulé leur information ont été discutés, comme le journaliste du Point qui a crée un témoignage sur une femme de quartier populaire. Cette histoire a provoqué un tollé après sa publication. Les médias citoyens ont révélé leur capacité à mettre à jour des scandales financiers, étatiques et politiques. Plusieurs affaires récentes ont été révélées au public par le biais de ces médias. Deviennent-ils un contre-pouvoir ? La question reste en suspend mais il s’avère cependant que les médias traditionnels les prennent en compte de plus en plus en les citant et en s’y référant dans leurs investigations.

Si l’avenir des médias citoyens n’est pas élucidé, il n’en demeure pas moins que leur influence sur les médias traditionnels et les enjeux qu’ils supposent sont bien réels. Leur croissance, et le public qu’ils touchent est exponentiel. Les médias participatifs, quelque soit leur support (papier, internet, TV, radio) marquent un tournant dans la relégation de l’information et peut-être pour la profession de journaliste. Le journalisme participatif a de beaux jours devant lui.

Notes :
- Site officiel de HomnyNews International : http://english.ohmynews.com
- Site d'AgoraVox : http://www.agoravox.fr
- Site de CitiZen Nantes : http://www.citizen-nantes.com
- Site de Mediapart : http://www.mediapart.fr
- Site de Rue89 : http://www.rue89.com

Interventions

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watrin

lundi 22 novembre 2010 17:40:33 +00:00

Le caractère "citoyen" du traitement de l'information, et la possible manipulation des nouvelles, sont les éléments d'un débat au moins aussi vieux que... l'imprimerie de Gütenberg. Et l'on peut remonter encore le temps, sans doute.

Je suis journaliste professionnel et il m'arrive de collaborer à des "médias citoyens" (agoravox, par exemple). Mais est-ce que je fais pour autant mon métier de journaliste dans ce cadre-là ? Pas sûr.

Je fais partie de ceux qui prétendent que l'information est un élément fondateur de la démocratie.

Informer est un métier inscrit dans une complexité en perpétuelle évolution. Ce métier prend en compte divers aspects : le support des nouvelles, le choix des sujets, le modèle économique qui assure le revenu des "informateurs", la manière de présenter les nouvelles ("informer" littéralement c'est "mettre en forme"), la portée de l'information, sa cible supposée ou constatée etc...

Aujourd'hui, nous voyons globalement un certain avantage à trouver, grâce au multimedia, une "information citoyenne". Mais cette information n'a pas nécessairement de valeur ajoutée, en soi. Elle n'est pas nécessairement liée au métier du journaliste.

Il me semble que la question du sens est prioritaire. Produire de l'information qui a du sens dans un monde de plus en plus complexe requiert du temps, des connaissances, et des moyens. Et si une partie des médias classiques prennent leur source, régulièrement, chez des "médias citoyens", c'est souvent par suivisme et parce que c'est la mode.

Mais c'est aussi et surtout parce que le modèle économique d'une certaine presse (écrite comme audiovisuelle) est en train de mourir. Et qu'il est toujours plus facile de copier ce qui est massif plutôt que de décrypter le sens. L'info paye de moins en moins, surtout quand notre démocratie a du mal à "faire société".

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