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Compte-rendu synthétique par Vincent GosselinCafé Citoyen de Laon (15/09/2010)

» Environnement

La croissance est-elle le seul moyen de développement durable ?

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ARCADIE DE LAON

Café citoyen du 15 septembre 2010
« la croissance est-elle le seul développement durable? »

Le débat est ouvert à 20h

Ce débat, voté au dernier café, prend comme orientation la croissance économique comparée des pays et les premières interventions posent immédiatement la question de la qualité de cette croissance au regard de l'empreinte écologique, c'est à dire de l'impact de l'activité économique de l'homme sur la nature.

Très concrètement, le taux de croissance exprimé en pourcentage signifierait peu de chose dans la mesure où il ne prend en compte que le quantitatif et pas le qualitatif de cette croissance. Un intervenant souligne également la contradiction entre la croissance a priori infinie et les ressources naturelles limitées. La cohabitation entre « croissance » et « développement durable » relèverait pour certain de l'oxymore.

Sur ce point, un autre participant parle de cercle vicieux de la croissance comme une course sans fin au « toujours plus »: plus de besoins, plus de valeur pour les actions, plus de ventes de biens, plus de chiffre d'affaires... Il n'y aurait plus aucune remise en question de ce principe de la croissance comme moyen de vie et de survie de notre société.

L'idée est avancée également que les écarts de croissance supposent qu'on ne peut pas aborder la question de la même façon selon les pays, alors même que la croissance doit être pensée dans un système global. Ce contexte souligne toute la complexité de repenser la croissance. Le regret de voir dans la croissance une accumulation d'égoïsmes individuels est exprimé de même que celui du déficit de la notion de solidarité dans le concept de croissance.

Le débat s'oriente ensuite sur la responsabilité des décideurs politiques, économiques, syndicaux dans cette définition de la croissance comme seule clef de voute du développement. Un participant estime que ces décideurs doivent proposer une autre vision du développement que la seule croissance.

D'autres interventions positionnent autrement cette question en estimant que le fait de mettre la croissance au cœur du développement doit d'abord être une réflexion individuelle. Chacun doit se poser la question de son comportement et de son action par rapport à la collectivité. A ce moment apparaît la notion de décroissance comme une alternative.

La décroissance est définie au cours du débat comme une consommation plus rationnelle qui va à l'essentiel, à l'utile et qui recherche la proximité et l'écologie; une consommation qui ne passe pas forcément par l'argent mais qui peut prendre la forme d'un échange de service; un système de pensée qui base le développement des sociétés non pas sur la croissance mais sur d'autres valeurs comme l'entraide, la solidarité. Un intervenant définit simplement cette perspective comme un développement des relations humaines.

Un autre intervenant souligne quant à lui que la croissance est en quelque sorte le propre de l'homme depuis les débuts de l'humanité. L'homme croît en nombre et ses besoins notamment en nourriture croissent avec lui. L'augmentation des besoins semble être une constante de l'humanité.

Un participant précise que l'homme ne peut effectivement pas se passer de consommer, ne serait-ce que pour ses besoins primaires, mais il peut adopter de manière individuelle un comportement raisonnable dans sa consommation. Il faut toutefois être vigilant car s'il existe des marges de manœuvre importantes dans les sociétés d'abondance, il ne faut pas faire de cette réflexion un dogme qui s'appliquerait à tous sans distinction. Ce serait une provocation de demander à des gens qui ont peu de consommer moins au nom du bien commun.

La crise économique est alors évoquée comme un contexte favorable à la réflexion sur le mode de développement. Cette crise pourrait montrer les limites d'un système qui baserait le développement sur la seule croissance des richesses. La réflexion pourrait amener le changement des comportements individuels certes nécessaire mais insuffisant, et le changement des comportements collectifs des sociétés, indispensable.

Un participant évoque le fait que pour nourrir la croissance, on crée des besoins et des frustrations qui n'existaient pas. Quelqu'un de comblé et d'heureux a priori participe moins à la croissance. Aujourd'hui, l'homme a réduit l'autorégulation de l'espèce en réduisant la mortalité. Cette volonté d'augmenter la vie, sa durée et sa qualité, participe largement à cette course sans fin à la croissance des besoins. L'argent dépensé dans nos société pour avoir encore plus pourrait être mieux employé s'il servait à réduire les écarts de croissance entre les pays.

Un débatteur propose une distinction possible entre une « bonne » croissance qui répond aux besoins réels des consommateurs et une « mauvaise » croissance qui créerait des besoins sans cesse nouveaux pour s'alimenter.

A contrario un autre intervenant estime que la croissance des besoins est inhérente à l'homme qui veut toujours plus que son voisin, et pour qui les biens possédés sont un moyen d'identification sociale. Toutes les sociétés sont inégalitaires toutefois, une croissance juste est une croissance partagée par tous. La mauvaise croissance serait dès lors celle qui ne profiterait qu'à une petite partie de la communauté. Par ailleurs, la réduction des inégalités est également un vecteur de croissance. Ce cercle vertueux participerait au bonheur collectif.

Un participant ajoute que les besoins de l'homme sont illimités. La croissance se nourrit de ses besoins et apporte la richesse à une communauté. Dès lors, la communauté plus riche devient plus sûre et plus attractive. La décroissance apparaît ainsi contraire à l'intérêt collectif. L'homme recherche le bonheur et il va le chercher dans les communautés les plus riches et les plus sûres. La croissance va alors de soi mais elle est destructrice puisque consommée. Pour que la croissance soit moins destructrice, il convient de ménager les ressources premières limitées en favorisant le recyclage dans une perspective de croissance durable.

Un autre débatteur, s'il doute que la richesse soit le seul critère du bonheur, estime quant à lui que la croissance doit avant tout être partagée entre les hommes et entre les générations, avec une dimension écologique indispensable. Le débat met en évidence également le partage de la croissance dans une dimension internationale.

En réponse, un autre intervenant précise que le partage de croissance se fait déjà naturellement par la délocalisation d'entreprises; toutefois ce partage de croissance est largement contesté dans les sociétés qui voient partir des implantations économiques.

Un participant doute quant à lui que le partage de croissance soit une bonne chose dans la mesure où l'occident par ce vecteur impose un modèle qui ne convient pas forcément à tous, ajoutant que la délocalisation a un coût écologique important.

Pour être un véritable vecteur de développement durable, la croissance pourrait donc être partagée de manière équitable. Un intervenant précise que le partage de la croissance est déjà en cours puisque les taux de croissance des pays en développement sont largement supérieurs à l'occident.

Dès lors, de nouveaux éléments sont apportés au débat pour définir la bonne croissance. Un intervenant précise que le partage de la croissance « économique » est insuffisant pour réaliser un vrai développement durable. La croissance économique doit être accompagnée de la croissance, de la culture, de l'éducation, du droit des femmes... Un autre débatteur précise que la croissance de la démocratie est également essentielle au développement durable d'une société.

Un participant propose que l'échelle de valeur soit la « dignité humaine » pour savoir si la croissance peut être le vecteur d'un développement durable. Un large débat s'ouvre alors sur la confrontation des concepts de moralité et de croissance avec, sur ce sujet, des avis très partagés.

A l'issue du débat, il est décidé de participer à « la semaine des cafés citoyens » en organisant le prochain débat le mercredi 24 novembre sur le thème commun « Quelle place pour le citoyen dans la prise de décision politique? ».

Le débat est clos à 22H

Interventions

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