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Compte-rendu synthétique par Laurent WatrinCafé Citoyen de Nancy (12/11/2010)

Animateur du débat : Laurent Watrin

» Démocratie et Citoyenneté

Quelle place pour le citoyen dans la décision politique ?

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Synthèse du café citoyen de Nancy, vendredi 12 novembre 2010, à la MJC Pichon

« Quelle place pour le citoyen dans la décision politique ? »
(Thème de la Semaine des cafés citoyens)

L’animateur invite l’assemblée à s’interroger sur les relations de chacun avec ses représentants politiques, le droit de vote, le dialogue social, ou encore les associations, qui sont autant de rouages du « jeu démocratique ».

Une douzaine de participants - dont quelques nouvelles têtes - pour ce débat qui s’ouvre sur l’actualité récente des grèves et manifestations contre la réforme des retraites.

Une première parole considère le rôle de notre démocratie représentative : « la seule solution c’est de voter, mais nos élus suivent peut-être trop la règle de leur parti ». Réagissant à ce propos, Jean-Jacques estime que la démocratie représentative « fait tellement peu de place au citoyen qu’il faut peut-être retourner dans la rue ».

Une autre voix affirme que le pouvoir actuel montre une « incapacité à tenir compte des citoyens ». Mais « la rue n’est pas représentative de la majorité », répond Noëlle, ajoutant que, selon elle, « ce sont des minorités qui descendent dans la rue ».

Adèle rappelle que le droit de grève a tout de même apporté des « avantages, comme les congés payés ».

Jean-Jacques note que les sondages montrent une majorité d’opposants à la réforme. Il ajoute que parmi ceux qui ne font pas fait grève, il y a aussi « beaucoup de gens qui ont peur de perdre leur boulot ».

L’animateur présente l’exemple de deux entreprises lorraines – Novacarb et Saint-Gobain Pont-à-Mousson – où le dialogue social interne a permis aux salariés de manifester sans paralyser la production.

Un participant plus jeune considère qu’on devrait discuter plus, avant d'aboutir à la grève.

De manière générale, « la concertation, c’est très bien », selon Noëlle, « mais cela prend du temps et il faut savoir, au bout du compte, qui tranche ». Son avis semble partagé.

Adèle rappelle que le citoyen dispose aussi de l’occasion de s’exprimer dans des instances de démocratie participative, comme les conseils de quartiers. Dubitatif sur ce point, le premier participant à avoir pris la parole fait remarquer que « lorsqu’on râle très fort, on obtient parfois quelque chose dans un conseil de quartier, mais c’est rare ».

L’animateur souligne certaines limites de la démocratie locale : les dépenses obligatoires des collectivités, les contraintes de fonctionnement, les normes, et une marge de manœuvre financière réduite localement. Tout cela peut laisser le citoyen perplexe ou désolé.

Adèle, soutenue par une autre participante, revient sur le mécontentement, « moteur» de grève : « le mouvement dans la rue fait suite à un désaccord avec le gouvernement et il faut bien une opposition pour avancer », dit-elle.

Pour Noëlle, le terme « opposition » est négatif. Selon elle, il faut surtout qu’on puisse « s’exprimer ». Plusieurs participants interrogent alors : « s’exprimer, d’accord ! mais comment ? ».

Une dame, qui se définit comme « la doyenne de notre assemblée », raconte qu’elle n’a jamais fait grève. Elle évoque alors l’exemple de nos voisins allemands où le dialogue social paraît souvent plus ouvert et les niveaux de démocratie sont plus locales, d’où des rapports politiques peut-être plus paisibles.

Notre « doyenne » du jour fait aussi un parallèle avec la vie associative : « je m’occupe d’une association de locataires ; beaucoup réclament mais quand il faut agir, il n’y a plus personne ».

Plusieurs participants évoquent par ailleurs la difficulté d’être informé sérieusement avant de prendre part aux décisions politiques.

L’animateur demande alors quels seraient les règles de fonctionnement permettant de rendre le citoyen plus présent dans la décision ?

Une voix évoque le référendum, outil de démocratie directe. « Mais si on ne tient pas compte du vote populaire, comme ça s’est passé pour l’Europe, à quoi bon ? ». Pour plusieurs personnes, cet épisode a cassé, pour beaucoup, la confiance dans les représentants politiques. « De Gaulle a eu le mérite de respecter la voix du peuple », rappelle une participante.

Sur le référendum, le modèle suisse est « intéressant » selon Jean-Jacques. En France, le problème est que les gens « ne répondent pas à la question posée », affirme une autre personne. « C’est comme la grève contre les retraites » renchérit Noëlle, « devenue un mouvement anti-Sarkozy ». Et voilà une nouvelle salve d’échanges sur le thème des grévistes…

L’animateur relance la réflexion sur ce qui permettrait de donner une place différente au citoyen. Au fil des échanges sont alors évoqués la nécessité d’une éducation à la citoyenneté, le problème de l’abstention qui fait que nos élus sont peu représentatifs, le trop grand centralisme de notre pays, et le clivage classique droite-gauche qui serait un frein à « la construction de la société de demain ».

Un autre participant se demande enfin jusqu’à quel point le citoyen peut agir lorsque les capitaux de l’économie échappent aux politiques nationales.

L’animateur saisit cette réflexion pour interroger l’assemblée sur la notion de « citoyenneté économique ».

Noëlle réfléchit tout haut - « si on n’achète pas aux Chinois, ils vont crever de faim » - et finit par lâcher : « je ne sais pas comment faire pour être citoyenne en achetant des produits ». Ce qui l’amène d’ailleurs à proposer d’explorer le sujet lors de notre prochain rendez-vous.

Avant de passer au vote du prochain sujet de débat, l’animateur lance un appel aux bonnes volontés citoyennes pour redynamiser l’association du café citoyen de Nancy. Une manière de faire de la politique ?

Prochain rendez-vous à Nancy, le vendredi 17 décembre 2010 :
« Peut-on consommer de façon citoyenne ? »

Les autres sujets proposés étaient :
- Y’a t-il trop de publicité ?
- Faut-il supprimer les départements ?

L'AGENDA DU CAFE CITOYEN NANCY (18h30 à chaque fois) :
vendredi 28 janvier 2011
vendredi 18 février 2011
vendredi 18 mars 2011
vendredi 22 avril 2011
vendredi 27 mai 2011
vendredi 17 juin 2011

Interventions

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Jean-Louis Latsague

lundi 15 novembre 2010 13:05:49 +00:00

A l'évidence, il y a un certain nombre de gens, une grosse majorité pour moi, qui oublient d'être responsables. Trop de délégation conduit à trop peu de responsabilité individuelle. Un deuxième élément me semble évident : à force d'être aidés et soutenus par une bardée d'aides sociales, et à tous les niveaux, les gens finissent par considérer cela comme normal, un dû en quelque sorte. Il y a là une erreur fondamentale.
Pour clore, la place de la population en politique commence par cesser de faire semblant d'être satisfait, il est vrai la plupart du temps par peur individuelle, soit de perdre son travail, soit par manque d'audace personnelle. Mon sentiment à cet égard se place à la limite des syndicats et de la représentativité. Pourquoi ceux qui ne sont pas satisfaits ne commencent-ils pas par assiéger leurs élus ? Le téléphone, les e-mails et le courrier papier sont des outils simples à mettre en oeuvre. Ils sont représentaatifs de leurt propre opinion mais aussi d'une synergie de fait. Que tous ceux qui sont insatisfaits et capables d'argumenter commencent par voir du côté de leurs représentants politiques élus, lesquels se sont engagés le plus souvent par des promesses non tenues. Un autre outil me semble efficace. Nous finissons par accepter - pas moi - que la Sécurité Sociale est en déficit à cause de la trop grande consommation de produits et services de santé. Il suffit de reprendre le rapport annuel, consultable par le public, de la commission du contrôle des comptes de la Sécurité Sociale. C'est parfaitement faux, et facile à démontrer. Ce qui prouve que les politiques nous mentent et nous manipulent. Il serait peut-être temps que ceux qui veulent être écoutés voient aussi de quel côté on peut être crédible, et se servent intelligemment de ce genre d'argumentation. Les syndicats sont loin d'être exempts de reproches à cet égard.
En un mot comme en mille, il est temps de trouver le courage de dire haut et clair la vérité. A propos des retraites, des textes modificatifs et de l'opposition de la population, là encore, il y a des disparités qui ne se peuvent cacher. Regardez comme ils sont contents de leurs retraites, les parlementaires qui ont obtenu un statut spécial à l'unanimité de leurs votes. Comment peut-on dire ouvertement aux autres que tous doivent participer à la modification inévitable ? Comment peut-on soutenir le regard des pauvres gens qui ont oublié cet épisode ? J'appelle ça du mensonge.
Alors maintenant, ayez la gentillesse de m'indiquer un "café-citoyen" dans ma région, compris entre Divonne-les-Bains et Bellegarde-sur-Valserine. C'est la frange de l'Ain à l'Est du Jura, frontalière de la Suisse.
Merci de m'avoir lu jusqu'ici, je sais être facilement prolixe !
En toute amitié. Jean-Louis

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laurent

lundi 15 novembre 2010 16:25:04 +00:00

merci pour cette contribution. Et si vous lanciez un café citoyen dans votre région ?!

Mhoussaye

Marc Houssaye

lundi 15 novembre 2010 16:44:34 +00:00

Bonjour Jean-Louis,

Nous pouvons vous faire parvenir un pack d'affichage pour faire la promotion d'un Café Citoyen dans votre région (pourquoi pas à Bourg-en-Bresse). Vous trouverez sur cette page le visuel du pack d'affichage : http://www.cafes-citoyens.fr/files/documents/lna-affiche-preparation-implantation.pdf

Bien cordialement,
Marc Houssaye

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Tinsmar

mercredi 08 décembre 2010 11:08:49 +00:00

Pour découvrir une commune où 20% des citoyens sont à la base des décisions municipales depuis 40 ans, je vous invite à découvrir cette article : "Vandoncourt, exemple de démocratie direct en France"

http://elevons-niveau-nos-democraties.ning.com/profiles/blogs/vandoncourt-exemple-de

Ou cette article qui invite à "Créons 1000 Vandoncourt en France : http://la-cen.org/?p=837

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