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Compte-rendu synthétique par Philippe MagnierCafé Citoyen de Dunkerque (26/01/2012)

L'empathie

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Notre tâche collective est de mettre un terme à cette forme de pauvreté qu’est la solitude, à apprendre à nous soucier des autres.
L’autre existe, et si nous l’accompagnons ; nous apprenons ainsi : le souci d’être, d’exister

Il faut admettre que nous vivons sur Terre à une époque extraordinaire. Nous avons la possibilité d'entretenir des relations avec des personnes vivant n'importe où sur la planète. Les satellites gravitant autour du globe diffusent des messages de personne à personne à travers les continents et les diverses communautés, nous reliant presque instantanément à n'importe qui, n'importe où. Nos téléphones cellulaires nous permettent de contacter sur-le-champ notre famille, nos collègues de travail, nos amis, où que nous soyons. Les ordinateurs, y compris ceux qui peuvent maintenant trouver place dans nos poches, nous relient directement à Internet.

Comment aurions-nous pu prévoir que tout en baignant dans cette mer de liens et de raccordements technologiques, subsisteraient dans nos sociétés un si grand nombre de personnes souffrant de la solitude? À une époque unique où existent toutes les formes de communications, dans un monde hyper branché, nous faisons l'expérience de la pauvreté des relations humaines.
L'amour que nous donnons (et recevons) a une incidence directe sur notre bien-être, il éclaire notre identité, nourrit notre empathie et notre esprit.

Robert Vischer, en 1872, aurait été le premier à formuler la notion originelle de l’empathie. Plus précisément, il s’agissait, à l’époque, de rendre compte d’une sensibilité produite par une projection de nos propres affects en observant un objet.
Plus tard, en 1903, Théodor Lipps, élargira la définition de Vischer, en ajoutant l’idée de "compréhension d’autrui" : C’est en observant un équilibriste et les réactions qu’il suscite, qu’il semble que les sensations éprouvées par les spectateurs s’apparentent à "entrer dans le corps" de l’équilibriste par l’observation. Ils sont ainsi, conduits à vivre des sensations proches, à tel point que s’il se déséquilibre ils craignent de tomber avec lui…
De cette façon, nous pouvons sourire en voyant quelqu’un nous sourire ou être affecté par la tristesse en voyant quelqu’un pleurer. Cela se nomme des phénomènes de contagion émotionnelle et ils constitueraient une méthode d’accordage affectif au service de la connaissance des affects d’autrui.
Mais plus précisément, pour le psychologue Serge Tisseron, il s’agit de comprendre que quatre dimensions essentielles doivent s’associer dans de bonnes proportions pour une empathie riche et nuancée:
• Etre en mesure de ressentir les émotions d’autrui ce qui conduit, dans un premier temps à être affecté par nos semblables.
• Etre capable de comprendre la culture à laquelle ces émotions sont rattachées, il s’agit de comprendre l’origine des émotions d’autrui en étant capable de déchiffrer des situations sociales liées.
• Savoir se mettre à la place d’un autrui réel ou imaginaire, sans pour autant projeter ses propres émotions. Ce qui signifie être capable de comprendre l’autre tout en comprenant que sa propre identité est différente.
• Enfin être en mesure de mobiliser les ressources nécessaires à l’entraide de ses semblables. Il est en effet possible de comprendre parfaitement, les situations sociales et les individus qui les composent sans mobiliser de quelconque forme de solidarité. A l’inverse il est possible de s’imaginer mobiliser des formes d’entraides adéquates alors que les situations problématiques d’autrui sont diagnostiquées selon notre propre rationalité.
Cette quatrième dimension implique donc de développer des formes de solidarité appropriées aux identités que nous pouvons rencontrer. Selon l’éthologue Frans de Waal, l’enjeu est capital. En effet, il semble que les processus naturels de sélection des espèces animales seraient une raison hautement significative de l’existence de l’empathie. La survie des espèces dépend des soins que les membres échangent entre eux, de la naissance à la mort. Ainsi les membres qui ont bénéficié du plus d’attention seraient ceux qui ont le plus de chance d’exister durablement.
On constate donc que les premières dimensions de l’empathie complète sont les plus simples à atteindre. Mais les différentes attitudes émotionnelles relèvent d’un champ affectif compliqué à distinguer, et, il est difficile de comprendre autrui sans projeter ses propres affects … L’enjeu est donc de réfléchir à la construction des dimensions évoquées afin de ne pas basculer dans des formes d’ethnocentrisme ou de perpétuelle contagion émotionnelle.
Il s’agit, en effet, d’aboutir au développement de systèmes d’entraides pluriels, puisqu’il s’agit de comprendre et respecter la diversité. Ainsi, l’empathie serait plus un espace de rencontre qu’un outil de définition d’autrui. Il s’agit de comprendre les manières d’accéder à des univers de significations, l’umwelt, concept construit par le philosophe allemand, Jacob von Uexküll. L’umwelt désigne le monde propre de différents êtres (humains, animales ou végétales) se partageant le même environnement et ils en possèdent chacun une expérience sensible particulière. Il s’agit de comprendre que les rapports à l’environnement et les interprétations qui en sont produites peuvent être d’une grande variabilité.
Les questions que nous nous sommes posées étaient donc les suivantes : Comment comprendre la construction de l’empathie? Il s’agissait aussi de comprendre que les êtres humains capables d’empathie sont également capables, face d’autres individus, d’en être totalement dépourvus. Il était donc essentiel de se poser également ce type d’interrogation. L’empathie apparaît au cœur de l’idée de citoyenneté et de sa construction, comment réfléchir, alors, à l’opposition classique "passion" et "raison" ? Cela exige, surement, que l’on soit attentif aux besoins des autres dans l’intention de les aider, en comprenant l’origine de leurs émotions.…
Nous avons tous besoin de soleil…

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