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Compte-rendu synthétique par Yves PautratCafé Citoyen de Chenôve (12/04/2013)

Animateur du débat : Yves Pautrat

» Politique et Société

Le mariage pour tous

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Ouverture de la soirée par Yves, avec un éclairage sur le contenu de la loi et sur les motivations du gouvernement (s'inscrire dans le prolongement des lois sociales antérieures, supprimer une des dernières discriminations). Yves précise que le débat de ce soir ne concerne pas les questions de la « PMA » procréation médicale assistée et de la GPA « gestation pour autrui », qui seront abordés ultérieurement. Une trentaine de personnes est présente.

Les témoins invités à l’occasion de cette soirée se présentent :
- Mathieu Moreau président de l’association Cigales (Militer pour la reconnaissance sociale de l’homosexualité, la bisexualité et la transidentité, notamment dans le but d’obtenir l’égalité des droits) ;
- Françoise Bavard de l’association Contact (Dialogue entre les parents, les gays, lesbiennes et bis, leurs familles et amis) ;
- Isabelle Ligez, directrice de l’Adosphère (Maison des adolescents) ;
- Pierre Durand, philosophe.

Le débat débute par la question : « pourquoi cette loi, une réforme du Pacs n'aurait-elle pas suffit ? Mathieu rappelle que 98% des Pacs concernent les couples hétérosexuels. Les homosexuels demandent l’accès au même droit au mariage. C’est aussi une question de sécurisation notamment lors du décès d'un conjoint avec le problème des droits de succession (héritage) et une nécessité pour des raisons familiales, notamment au sujet des enfants. Pour Aurélien, le mariage a aussi une portée symbolique et une reconnaissance familiale ainsi que sociétale.

Françoise indique que l’un de ses enfants homosexuels n’a pas souhaité la présence de sa famille lors de son Pacs, car la formalité administrative se tenait au tribunal, lieu peu symbolique pour une union…

Pour Mongi, un mariage depuis que le monde est monde, c’est l’union d’un homme et d’une femme. Il s’inquiète du problème de natalité que représente l’homosexualité et estime que cela est contre nature. Sarah répond qu'on ne choisit pas sa sexualité, on tombe amoureux. C’est difficile lorsque l’on découvre son homosexualité de se sentir normal. Et Isabelle confirme, c’est terrible de voir qu’en 2013, on en soit encore à se poser la question de la normalité de la sexualité.

Yves (de l’Auxois) vient de la campagne et s'interroge sur le mariage actuel. Est-ce le mariage qui fait la famille ? Il se pose la question de savoir si la demande de cette loi n'est pas plus forte chez les femmes que chez les hommes homosexuels et n'est pas essentiellement parisienne ?

Cécile est sensible à la lutte contre les discriminations. Si l’Etat discrimine, par exemple en refusant le droit de vote des émigrés, cela contribue à accentuer les comportements extrêmes. Elle souligne que la notion familiale s’exprime différemment selon les lieux et les cultures, donc il n’y a pas une forme unique de famille et, bien sûr, les enfants d’homosexuels ne deviennent pas forcément homosexuels.

Pour Mathieu, la nature n'est pas un argument ! La nature, c’est la loi du plus fort. La loi est civilisatrice. Sarah approuve ; pour elle l’important c’est l’amour entre les personnes. Ce qui importe aussi c’est la reconnaissance des droits, car il n’est pas normal que des jeunes se suicident ou aient peur de se faire agresser. Gaby souligne qu’il est effectivement plus simple de vivre son homosexualité dans une grande ville comme Paris.

Pierre est père de deux enfants, dont un fils qui est homosexuel. Lui se bat en tant que citoyen contre l’injustice, le fait que l'un de ses enfants n'aient pas les mêmes droits que l'autre. Françoise témoigne dans le même sens. Elle est montée à Paris avec son affiche « Pourquoi mon fils homo n’a pas les mêmes droits que son frère hétéro ? ».

Mongi souhaiterait d’avantage de temps de débat et un référendum ou même un sondage. Un autre lui répond qu'heureusement que l’on n’a pas eu recours au référendum sur des sujets difficiles comme la peine de mort, IVG, le droit de vote pour les femmes. Ils ne seraient jamais passés. Luc évoque l’homophobie, phobie signifie la peur et non la haine. Il n’y a pas de lieu pour parler de ses peurs, par rapport à des choses qui nous bouleversent.

Pierre, qui est prêtre, préférerait que l’on parle d’homo affectif et pas uniquement de l’attirance sexuelle. Il trouve légitime la revendication de ce droit au mariage pour tous, mais s’interroge sur ce que cela peut produire sur les enfants, notamment concernant l’adoption plénière…

Les sondages indiquent que le Français sont globalement pour le mariage pour tous, dit Mathieu. Par contre, le débat fait resurgir la parole homophobe. Les revendications amènent le débat plus loin : quelle société veut-on construire ? plus juste ou pas ? Quoiqu’il en soit, c’est par l’information qu’on fera avancer les choses, changer les idées reçues.

Pierre, en tant que philosophe, aborde la question de la théorie du genre, dont les antis disent qu'elle sous-tend le projet de loi. Elle chercherait à gommer l’idée que la nature nous crée d'emblée homme ou femme. L'identité sexuelle se construirait.

Christophe témoigne qu'il est élu de la ville de Dijon et qu'il officie et marie les gens. Il applique donc une loi qui lui est personnellement interdite, puisque homosexuel. Il s'inquiète des maires ou parlementaires qui refuseraient de marier des homosexuels (remise en question de l'état de droit). Il remercie Mongi d’être là ce soir, car les homophobes ne sont pas là eux, ils vocifèrent uniquement dans la rue, car ils n’ont pas d’arguments valables. En Belgique, en Uruguay, en Grande Bretagne, en Espagne, le mariage pour tous se pratique et la France serait le pays des Lumières !
Mongi complète en rappelant que François Hollande a indiqué que les élus agiraient en totale liberté de conscience et pourraient déléguer à leurs adjoints.

Pour Isabelle (Maison des Ados de Dijon), quand l’enfant va mal, ce n’est généralement pas en fonction de la sexualité de ses parents. Elle regrette la rareté de jeunes ce soir et salue les deux jeunes filles d’une vingtaine d’année présentes.

CR collectif (merci aux preneurs de notes)

Interventions

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Jacques

lundi 08 avril 2013 12:04:08 +00:00

Désolé mais moi, je ne vois pas comment échapper au "pour" comme au "contre" dès lors qu'il s'agit d'une question aussi bornée...quand bien même serait-on à la fois pour et contre le mariage...donc, ce qui m'étonne, moi, dans cette affaire, c'est que des gens qui se réclament d'un messie qui posait que l'état de mariage était un état décidément inférieur, voire prostitutionnel, se ré-crient à ce point... et s'il ne s'agît pas de sagesse évangélique, c'est bien qu'il s'agît de fric !...?
Côté laïc, je comprends fort bien combien ces petits permis de copuler tranquille rebaptisés "mariage" attachassent aux officiers de la république la reconnaissance perpétuelle de tous les puceaux de FRANCE et de NAVARRE, que les officiers de la république aient été piquer leur job aux officiers de l'église catholique-romaine : ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi, en 2013, marier n'est toujours pas dévolu à des psychologues.
Enfin, supprimer le mariage ne serait-il pas le seul vrai moyen de supprimer le problème ?

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