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Compte-rendu synthétique par françois harotteCafé Citoyen de Nancy (27/11/2013)

» Politique et Société

"Les Vieux"

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Café-citoyen Nancy (MJC Pichon)
Mercredi 27 novembre 2013
Une dizaine departicipants
« Les vieux ! »

Comme on dit « Les jeunes », pourquoi ne pas intituler notre thème « Les vieux » même si c’est un brin provocateur ?

Nelly, qui avait proposé le sujet et qui a fait carrière dans le médico-psycho-social, introduit l’échange. « Si l’on revient cent ans en arrière, dit-elle, on constate un chambardement énorme. A sénescence et sénilité ont succédé dans les années soixante « 3ème âge » pour une retraite en autonomie, puis « senior » à partir de 45 ans, et « 4ème âge » lors de la perte d’autonomie. Avec l’apport et les formations médico-psycho-sociologiques, la psychogériatrie, la psychométrie -et suivant le handicap, parfois atténué par l’environnement culturel- on a davantage fait la différence entre ce qui relevait de la vieillesse et du pathologique. Des tests se sont affinés pour clarifier ce qui relevait des dégénérescences notamment cognitives et de la démence ». Nelly affirme aussi qu’avec l’accord de la personne et surtout son envie, son plaisir, son vouloir et son désir de se projeter, on parvient à bien retarder une dégénérescence des cellules qui commence à partir de l’âge de 25 ans. On peut donc lutter en s’entraînant. Le vieillissement démographique était déjà annoncé dès les années 70 ».
Laurent lance un tour de table pour connaître le sentiment de chacun.
« Jeune/vieux ou vieux/jeune cela existe depuis toujours, il n’y a pas d’âge » avance Ingrid. « Les vieux, c’est les autres ; la génération d’avant » lance Noëlle. Alain dit que la vieillesse « c’est pas [son truc]. « Peut-on la retarder et la reculer ? » Antoinette, la doyenne, toujours motivée et curieuse dit « ne pas se sentir concernée ». Françoise demande « davantage d’échanges entre les générations, car autrefois il y avait plus d’ambiance et d’entraide au sein des familles ». Sophie évoque le livre « La dame en bleu », de Noëlle Chatelet, qui l’a bouleversée. Depuis cette lecture, Sophie dit : « Vivement que je sois vieille ! Car ralentir « à côté » de cette dame âgée, c’est voir tout, autrement ; avoir un autre regard sur la vie : soit davantage de l’expérience que de la sagesse » précise-t-elle. Clémentine évoque sa grand-mère, alerte, et la possibilité de se lancer dans une colocation étudiant-personne âgée (comme cela existe à Nancy). Elle croit à la solidarité intergénérationnelle et dit qu’on peut même sauter une génération (grands-parents avec petits-enfants). Laurent confirme, en citant sa nouvelle expérience de beau-grand-père. François dit être aussi intéressé par la reconnaissance de l’état de bonne santé (qui régresse) en regard de l’espérance de vie, évoque l’utile prise en compte des problèmes qui vont arriver comme le financement des pensions, réversion, l’inégalité entre hommes et femmes, la dépendance, voire la souffrance et le décès… Les jeunes du baby-boom seraient devenus des papy-booms toujours actifs et réactifs…
Suivent alors des échanges passionnés sur les thématiques suivantes : dans le travail, la complémentarité entre les jeunes et ceux qui partent à la retraite ; les règles pour le moment du départ à la retraite ; la place des nouvelles technologies dans les relations entre jeunes et moins jeunes.
• Chacun s’accorde à dire que l’expérience des plus anciens devrait être davantage mise à profit dans le monde du travail. Les tutorats et contrats de génération sont évoqués… Ingrid, qui a vécu aux USA, regrette qu’en France, particulièrement, on considère vite que « tous les anciens sont atteints d’Alzheimer », que « la complémentarité entre jeunes et vieux est un enrichissement mutuel indispensable ». Alain est en désaccord : selon lui, la société actuelle compte sur des anciens (bénévoles, retraités) pour aider et motiver des jeunes. Les activités périscolaires pourraient être une bonne occasion de relancer cette transmission entre générations (Laurent)… Sophie souligne l’intérêt d’aller chercher des personnes âgées, curieuses, qui peuvent capter les plus jeunes…
• Un large accord se dégage sur la souplesse professionnelle et le choix personnel du départ à la retraite. « Ne pas imposer d’âge » (Alain), pouvoir quitter un travail progressivement serait une bonne chose (Ingrid), selon la pénibilité et le potentiel de chacun. Offrir la possibilité à des jeunes de travailler moins quand les enfants sont petits (Noëlle). On doit pouvoir mieux adapter certains postes de travail, être à l’écoute et penser moins à la rentabilité (Sophie, puis Nelly).
• Les ordinateurs et Internet suscitent la contradiction. Françoise considère les nouvelles technologies comme un élément déstabilisant le travail (« robotisation et copiés-collés devant la télé ou avec son mobile… ») Clémentine constate, au contraire, que ces outils de communication, plus rapides et pratiques, facilitent le dialogue et la transmission entre jeunes et vieux.
Le débat évoque l’hypothèse d’un vote spécifique des « vieux ». Cette idée est plutôt invalidée [1]. « Une jeune bique deviendra une vieille bique ! » lance Nelly. En revanche, la discussion laisse de côté les questions liées à la fin de vie, thème du débat de décembre (programmé antérieurement) [2].
En conclusion, Nelly regrette que l’Etat ne paie pas sa part de cotisation pour les fonctionnaires d’Etat ; Ingrid que le recul de l’espérance de vie en bonne santé ne soit pas pris en compte. Noëlle affirme que la fin de vie est précieuse, en tant que temps de mieux-vivre ; Alain qu’on se doit de ne pas s’arrêter tant qu’on peut ; Antoinette que la famille reste un lieu privilégié, y compris avec les nouvelles technologies ; Françoise évoque la sérénité d’un au-revoir apaisé avant de décéder en paix dans la nuit, « un idéal ». Sophie parle de jubilation de la vieillesse, ce que Clémentine confirme en demandant qu’on parle plutôt de seconde jeunesse. François fait remarquer que le psychiatre Christophe André, dans une récente conférence sur la sérénité notamment a constaté que la période la plus favorable s’avérait, de nos jours, être entre 50 et 75 ans…

[1] Une enquête de ce mois de novembre 2013 tend à prouver que les votes pour le front national émaneraient de plus en plus de jeunes aux alentours de 40%, passant les générations âgées autrefois en tête. (Entendu sur France-Info)

[2] http://www.espace-ethique-alzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/septembre2011/Livret_A4_web.pdf

Interventions

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MESSAOUDI

mercredi 30 octobre 2013 13:15:34 +00:00

Pourquoi contrairement à d'autres cultures cachons nous nos vieux ?

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Jacques

mardi 12 novembre 2013 17:39:55 +00:00

Ni nécessairement malheur, ni nécessairement naufrage, la vieillesse pose notamment la question de la citoyenneté en corrélation de la dépendance ; autrement posé, peut-on consentir aux impôts que l'on n'est plus capables de payer ? Transposé, jusqu'à quand peut-on conduire sa voiture soi-même ?
Les enfants votent-ils ? Pourquoi les vieux retombés en enfance devraient-ils voter ?!?
Promis à la dépendance presqu'autant qu'à la mort, pourquoi devrait-on en plus avoir peur de la gratuité ?

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Jacques

mardi 12 novembre 2013 17:43:39 +00:00

C'est parce que voter n'est plus un acte muri-réfléchi-responsable, que les trente-quarantenaires se disposent à voter jusqu'à cent ans...pour des nonagénaires...sans effroi aucun !?!

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